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  • Société • A nos cousins français ... Bons baisers du Québec

     

    Par Mathieu Bock-Côté 

    Un très beau texte que nous avons aimé. Un de plus, parmi tous ceux, nombreux, publiés récemment par Mathieu Bock-Côté. Le fait qu'il ait été écrit avant le carnage niçois du 14 juillet au soir, n'ôte rien, nous semble-t-il, à sa fraicheur et à son actualité.  LFAR

     

    3222752275.jpgC’est le 14 juillet. La fête nationale de la France. Un pays magnifique, qui a marqué pour le mieux l’histoire de l’humanité.

    Un pays éprouvé, depuis quelques années, par une violence sauvage à son endroit. On pense au terrorisme. On pense aussi à la violence intérieure dans certains quartiers. Le pays traverse une crise majeure.

    Aujourd’hui, la France souffre. Ses enfants sont tentés par l’exil. Plusieurs traversent l’Atlantique.

    Mère patrie

    Si la France est attaquée, c’est qu’elle demeure aussi un symbole : elle incarne la meilleure part de l’Occident. Elle conjugue liberté et enracinement, elle a le charme de l’urbanité la plus sophistiquée et des terroirs les plus féconds. Elle est chrétienne et laïque.

    Mais aujourd’hui, j’aimerais parler de notre rapport à la France. J’aimerais dire : de notre rapport à la mère patrie, mais nous avons perdu l’habitude de parler ainsi.

    Pendant longtemps, les Québécois aimaient rappeler leurs racines françaises. Alors qu’ils étaient méprisés par les Canadiens anglais, ils leur disaient ainsi : nous aussi venons d’une grande civilisation. C’était aussi une époque où on vénérait nos ancêtres. On ne les regardait pas avec condescendance.

    Mais notre rapport à la France s’est relâché. Aujourd’hui, on aime se faire croire que c’est un pays comme un autre. On le snobe même un peu.

    Par exemple, on se fait une fierté de mieux parler anglais que les Français, comme si la maîtrise de la langue de l’empire américain était un signe indéniable de modernité. Quand les Québécois répètent agressivement qu’ils sont nord-américains, ce n’est pas seulement pour rappeler une évidence géographique. C’est aussi pour se détacher une fois pour toutes du vieux pays.

    On regarde la France comme un gigantesque musée gastronomique dont les grandes heures sont révolues. Sauf que nous nous trompons. Aujourd’hui, en 2016, nous avons encore besoin de la France.

    D’abord et avant tout parce que la France demeure et demeurera toujours le cœur vivant de la langue française. Si les Québécois ont survécu comme peuple, c’est en bonne partie parce qu’ils parlaient une grande langue internationale qui leur donne accès au monde.

     

    Trésors littéraires 

    Je me demande souvent comment nous pouvons volontairement nous priver des trésors de la littérature française. Si nous lui donnions toute la place qu’elle mérite, peut-être pourrions-nous réapprendre à parler notre langue. Et si, comme on le croit, la langue française est une patrie intime, celle de nos âmes, celle de nos cœurs, il faudrait cesser de considérer qu’il s’agit d’une littérature étrangère.

    Nous aurions beaucoup à apprendre de la France. Son sens de la controverse, notamment. Là-bas, un débat n’est pas nécessairement une chicane. On admirera aussi la place de la culture générale dans la vie publique. Au Québec, dès qu’on quitte le registre du vocabulaire de base, on est accusé d’élitisme.

    Osons la formule suivante : pour les Québécois, la France n’est pas un pays comme les autres. C’est encore un peu le nôtre.

    Bonne fête nationale, cousins Français !   

    Article - repris par Causeur - initialement publié dans Le Journal de Montréal. 

    Mathieu Bock-Côté
    est sociologue, auteur du "Multiculturalisme comme religion politique"

    Le multiculturalisme comme religion politique

    Ed. du Cerf, 2016 - 24,00 €

  • Médias • « Au secours, Maurras revient ! » s'alarme l'Obs... Mais un misérable Maurras forgé par la haine et la bêtise

    A l'auteur du Voyage d'Athènes 

     

    C'est la jeune Action française Provence qui nous a fait découvrir, sur sa page Facebook, la merveille qui suit. Une vidéo où l'Obs prétend révéler, définir, enseigner (?) ... qui était vraiment Charles Maurras. « Oncle Obs vous raconte tout. Regardez », nous dit-on sur le site de l'Obs. Regardez et vous trouverez un portrait de Charles Maurras - dressé, comme un procès-verbal, par un journaliste assez inconnu et passablement inculte, nommé François Reynaert - un portrait qui est une pièce d'anthologie, un condensé de tous les poncifs, une exposition de tous les réductionnismes, tous les mensonges, tous les tics de langage, l'expression mécanique de tous les clichés, tous les pauvres éléments de vocabulaire dont il est d'usage obligé de se servir pour évoquer l'un des grands penseurs, écrivain, poète et journaliste français du XXe siècle. « Charles Maurras, idéologue antisémite, concepteur d'un nationalisme absolu et nauséabond, collabo, est l'idole de Patrick Buisson... et semble inspirer de plus en plus les discours à droite. » Rassurez-vous, sulfureux est utilisé plus loin - aussi obligatoire que nauséabond (supra) : « Pourquoi faut-il s’inquiéter du retour en grâce de ce sulfureux idéologue ? Oncle Obs plonge dans les eaux troubles de l’histoire de l’extrême droite pour vous expliquer ça. ». Ni les eaux troubles, ni l'extrême droite n'auront manqué. 

    Deux observations : la première s'adresse au lecteur inconnu, à qui n'a pas lu Maurras, le connaît peu, mal, ou pas du tout, pour lui conseiller de passer son chemin, d'aller chercher ailleurs qui fut l'auteur d'Anthinéa, du Voyage d'Athènes, de l'Avenir de l'Intelligence, de Kiel et Tanger, le poète de la Musique et de la Balance intérieure, du Chemin de Paradis et des Quatre nuits de Provence ... Il y a, sur lui, par delà son œuvre même, cent ouvrages sérieux, de grande qualité. Oubliez l'obscur Reynaert. A ce dernier s'adresse notre seconde remarque : si la gauche s'alarme de perdre son hégémonie idéologique, sa suprématie intellectuelle, comme s'en inquiète incessamment votre distingué confrère Raphaël Glucksmann, le fils d'André, continuez sur cette voie et il aura eu raison de vous mettre en garde. Vous perdrez tout. Ce n'est pas ainsi que l'on combat ses adversaires dans l'ordre de l'esprit et de l'intelligence. Sur l'importance de la pensée de Maurras, consultez donc Edgar Morin et, pour l'heure, l'indignité de votre portrait de Maurras vous intime l'obligation de vous taire.   Lafautearousseau         

      

     

    A titre en quelque sorte de réponse et d'explication, Action française Provence a eu la bonne idée - il faut l'en féliciter - d'accompagner cette indigne vidéo d'un beau texte de Pierre Boutang. On commémore cette année son centenaire. Il est, sans-doute, le principal disciple de Charles Maurras de la période contemporaine et fut l'ami de George Steiner, grand intellectuel européen juif. Il fut aussi le successeur d'Emmanuel Levinas à la chaire de métaphysique de la Sorbonne. Ce dernier, métaphysicien et juif, commentant le choix controversé de Pierre Boutang pour lui succéder, avait dit à ses étudiants : « vous êtes dans de bonnes mains. » Dédié au très indigent François Reynaert.  LFAR  

     

    Boutang1.jpg« La présence de Maurras étonne ; la séduction qu'il recommence d'exercer sur les jeunes esprits, ce second printemps de la génération spirituelle, plonge les puissants et les habiles dans la plus lourde, et plaisante, stupeur. De lui, de sa méthode, des belles harmonies qu'il a instituées, il recommence de naître un grand murmure, moins audible dans les lâches assemblées publiques ou les timides salles de rédaction, que dans les petites réunions, les pauvres chambres, où les étudiants se rassemblent, et se demandent : qu'en sera-t-il de nous, de la vérité et du pays ? »

    Pierre Boutang

    Les Abeilles de Delphes 

    L'Obs

    Action Française - Provence

  • Présence de Maurras, tous azimuts

     

    3578948983.jpg« Au secours, Maurras revient ! ». s'alarmait l'Obs, le mois dernier, dans une vidéo pour les nuls, où un journaliste indigne - François Reynaert - dressait de Charles Maurras un portrait d'une pauvreté extrême. Pauvre et faux à la fois  ! Il s'agissait de faire savoir « pourquoi on doit s'inquiéter du retour de Maurras, l'idole de Patrick Buisson ». Le même Patrick Buisson qui venait de publier un ouvrage de réflexion politique profonde, connaissant un grand succès et suscitant de nombreux éloges venus de tous les bords ... 

    Mais Nathalie Kosciusko-Morizet s'était déjà publiquement émue et indignée de cette influence de Maurras, penseur politique - dont elle ne savait rien et n'avait pas lu une ligne - sur Patrick Buisson, - mais pas seulement - du temps où ce dernier était le conseiller le plus écouté et le plus déterminant du président de la République alors en exercice, Nicolas Sarkozy. dont elle-même avait été, pourtant, porte-parole de campagne ... Drôle de monde !

    L'influence de Maurras n'avait d'ailleurs attendu ni Sarkozy ni Buisson pour s'exercer jusqu'aux plus hauts sommets de l'Etat. Ceux qui connaissent quelque peu l'histoire de la Ve République savent que Kiel et Tanger fut un livre de chevet de Georges Pompidou, alors que lui aussi était président de la République, et qu'il en fit l'un des sujets les plus remarqués d'une célèbre conférence devant les étudiants de Science Po Paris.

    En vérité, l'influence de Maurras - maudit, selon son statut officiel - n'a jamais cessé d'être une réalité, dans le monde politique, journalistique, intellectuel et universitaire, où les recherches qui lui sont consacrées n'ont jamais été aussi nombreuses et approfondies, telles celles que mène, par exemple, le professeur Olivier Dard, aujourd'hui, à Paris Sorbonne (Paris IV) ... Le même Oliver Dard qui lui a consacré un ouvrage et qui définit Maurras comme un « contemporain capital ». En réalité, dans tous les secteurs où cela importe particulièrement, Maurras est présent.   

    Hommage à Charles Maurras 1.jpgChose étonnante pour certains : l'influence et l'attrait que Maurras exerce aussi aujourd'hui sur une nouvelle jeunesse, nombreuse et ardente. Ainsi celle qui s'est rassemblée, avec quelques anciens, à Roquevaire, ce samedi [19.11] et qui s'est rendue en cortège à travers les rues de la petite ville provençale sur son tombeau pour un hommage fervent. (Illustration en titre). 

    Cette nouvelle jeunesse se retrouve dans ce qu'évoquent ces lignes de Pierre Boutang, qu'elle cite sur sa page Internet, et qui parlent de circonstances anciennes étonnamment semblables à celles qu'elle vit aujourd'hui, preuve que - fût-ce pour que quelques uns s'en inquiètent - l'influence tous azimuts de Maurras n'est pas près de s'éteindre :

    « La présence de Maurras étonne ; la séduction qu'il recommence d'exercer sur les jeunes esprits, ce second printemps de la génération spirituelle, plonge les puissants et les habiles dans la plus lourde, et plaisante, stupeur. De lui, de sa méthode, des belles harmonies qu'il a instituées, il recommence de naître un grand murmure, moins audible dans les lâches assemblées publiques ou les timides salles de rédaction, que dans les petites réunions, les pauvres chambres, où les étudiants se rassemblent, et se demandent : qu'en sera-t-il de nous, de la vérité et du pays ? »

    Pierre Boutang,

    Les Abeilles de Delphes 

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    « Au secours, Maurras revient ! » s'alarme l'Obs... Mais un misérable Maurras forgé par la haine et la bêtise

    L'Obs

    Un triste sire a encore frappé : François Reynaert vient de déverser sur Maurras sa haine et son inculture

  • Quand Sting invoque Allah au Bataclan ... Attentat à la décence ?

    Samedi soir, au Bataclan, dans un concert censé honorer les victimes du 13 novembre, le chanteur britannique Sting a choisi de chanter « Inchallah »...

    Par Thomas Clavel

    Qui a bien raison de poser la question en titre et y apporte la réponse qui s'impose [Causeur, 14.11].

    Il y a une semaine s’éteignait Leonard Cohen, dont la chanson Hallelujah résonne en chacun de nous comme un cantique éternel. « J’ai entendu qu’il y avait un accord secret / Que David a joué, et il a plu au Seigneur / Mais tu ne t’intéresses pas vraiment à la musique, n’est-ce pas? (…) Ta foi était forte mais tu avais besoin de preuves / Tu l’as vue se baigner sur le toit / Sa beauté et le clair de lune t’ont renversé » … Par ces paroles mystérieuses, à la fois bibliques et profanes, s’ouvre un des plus beaux morceaux jamais composés, mêlant à des arpèges d’une beauté saisissante ce refrain sacré, Hallelujah - Dieu soit loué ! - qui se répète inlassablement, s’élève et s’abaisse, espère et renonce, s’exalte et se brise.

    Samedi soir, au Bataclan, dans un concert censé honorer les victimes du 13 novembre, le chanteur britannique Sting a choisi de célébrer un autre Dieu. Accompagné du trompettiste Ibrahim Maalouf, il a ainsi interprété Inchallah, un des titres de son dernier album qui rend hommage aux réfugiés perdus en mer Méditerranée. « La chanson raconte l’histoire d’une famille partie sur un petit bateau. Je n’ai malheureusement pas de solution politique pour la crise des migrants mais, s’il y en a une, je pense qu’on peut la trouver en faisant preuve d’empathie. En s’imaginant sur ce bateau avec vos enfants et ceux que vous aimez » a-t-il expliqué sur scène.

    Homo Festivus ne pouvait imaginer plus belle réouverture ni plus belle rédemption pour la salle de spectacle la plus tristement célèbre de la planète : un artiste engagé chantant l’Islam et l’amour. Dans un narcissisme qui confine au délire, faisant fi de la souffrance infinie de centaines de familles, Sting allait absoudre et sauver l’Humanité de la haine des victimes à l’endroit de leurs bourreaux, des peurs occidentales à l’égard des migrations orientales, des phobies archaïques vis-à-vis des lumières de la diversité.

    Sting a tenu à préciser au public qu’inchallah était « un très beau mot », comme pour appuyer un peu plus sa pédagogie lumineuse dans l’arène même où Allah était invoqué pour l’assassinat de 130 personnes, il y a un an.

     

    Souhaitant probablement faire définitivement taire les allahou akbar des terroristes, cet Inchallah très maladroit les a bien au contraire fait résonner.

    Il y a des choses que la pudeur commande de ne pas faire. Mais cette pudeur gagne rarement les hommes de spectacle que l’hubris finit toujours par métamorphoser en prêtres. La grande messe des émotions faciles et des absolutions immédiates a tellement corrompu la société du spectacle que tout artiste qui se respecte se croit sommé par la Providence de remettre les hommes de leur péchés, de leurs angoisses, de leurs préjugés, de leurs peurs.
    Samedi soir, Sting n’a pas pris la mesure de l’événement auquel il était convié. Il aurait probablement pu se contenter de jouer ses titres classiques. Et pourquoi pas rendre un double hommage en interprétant ce merveilleux Hallelujah, bien plus consensuel, bien moins violent, bien moins violemment prescriptif.

    Mais la promotion de son nouvel album et la propre célébration de son âme ne pouvaient se contenter d’une simple dédicace aux disparus du Bataclan.  

    Thomas Clavel

  • Médias • Les 3 « pan sur le bec » aux 2 journalistes, seuls bons moments d'une « soirée primaire » ennuyeuse...

     

    Mur-bleu gds.jpgIls voulaient tous tellement bien faire - ou, plutôt, ne pas mal faire - qu'on aurait dit qu'ils s'étaient rognés les ongles et que, de fait, ils se retenaient pour ne pas faire de faute : résultat, un moment long, très long, de sept monologues en même temps, à peine coupés par moments d'un - rare - bon mot ou de ce que l'on espéra jusqu'au bout, mais en vain, voir devenir un réel débat entre eux...

    Bref, une soirée vraiment ennuyeuse, et même, disons-le, pénible. Même Copé n'a pas fait rigoler, c'est dire !... On a beau s'intéresser au sort de son pays...

    Il y a quand même eu une chose réjouissante, ou, si l'on préfère, trois, mais qui n'en font qu'une : quand les deux meneurs de jeu Pujadas et Elkabbach se sont sèchement fait remettre à leur place : deux fois pour Pujadas et une pour Elkabbach.

    En ce qui concerne Pujadas, Sarkozy et Fillon ont eu raison de le « casser », comme disent les ados dans les cours de récré. Sarkozy en lui rappelant qu'il représentait le service public, et que sa façon de procéder, en ce qui concerne les accusations de Ziad Takieddine était « indigne ». Et, d'ailleurs, le David n'a pas insisté. Pas plus qu'il n'a insisté lorsque, à la fin, Fillon lui a reproché de toujours couper la parole, de ne pas laisser parler pour aller à l'essentiel. Sa Suffisance a prudemment, les deux fois, battu en retraite plus vite que son ombre...

    sans-titre.pngPour ce qui est d'Elkabbach, il aurait mieux fait de suivre l'injonction restée célèbre - au point, maintenant, d'appartenir à l'histoire, du moins celle du journalisme - de Georges Marchais : « Taisez-vous, Elkabbach !». S'il s'était tu, au moment où il a cru finaud de s'en prendre à Bruno Le Maire, le décrétant déjà éliminé, il se serait évité le juste « recadrage » de ce dernier :

    « Mais qu'est que vous dites Jean-Pierre Elkabbach ? (...) Vous connaissez déjà le résultat de dimanche ? Vous savez ce que vont voter les Français ?... Vous savez il y a une France des sondages, il y a une France des journalistes, (...) elle a le droit de le commenter. Et il y a la France des Français... » - « On en reparlera lundi matin », l'a alors interrompu Jean-Pierre Elkabbach. « M. Elkabbach. Je suis candidat à la primaire, ça mérite tout simplement le respect de votre part »

    Les internautes et utilisateurs de twitter s'en sont d'ailleurs donné à cœur joie, aux dépens de ce pauvre El Kabbach. La palme revenant selon nous (on ne peut bien sûr citer tout le monde) à Pierre Courade et Renaud Dély : 

    - de Pierre Courade : « Je trouve J-P Elkabbach plus en forme que lors des débats entre René Coty et Guy Mollet »

    - de Renaud Dély : « On dira ce qu'on voudra, J-P Elkabbach sans Georges Marchais ni Raymond Barre, c'est plus ce que c’était » 

    On pense ce que l'on veut de Sarkozy, Fillon ou Le Maire, mais tous les trois ont bien fait de reprendre ces journalistes pontifiants, et ces trois escarmouches ont été les seuls bons moments d'une soirée qui n'est même pas « à oublier d’urgence ». Elle l'est déjà, oubliée...

    Rappelons seulement, pour finir, que le but de cette chronique n'est pas de donner des consignes de vote ; nos lecteurs le savent : depuis notre création, des consignes de vote, lafautearousseau n'en donne pas, considérant que son rôle est de contribuer autant que faire se peut à la royalisation du pays, et que chacun de nos lecteurs est parfaitement capable, en conscience, d'aller vers le candidat de son choix ; nous n'allons pas nous diviser, tombant dans les pièges du Système, ni perdre de vue l'essentiel : notre action quotidienne inlassable en vue du Bien commun.

  • Donald Trump sur les traces des Gracques ? Bis repetita ?

     

    Par Thomas Flichy de la Neuville

    Deux-mille ans les séparent mais le tribun romain Tiberius Gracchus et l'Américain Donald Trump semblent avoir quelques points communs. De là à voir les grandes lignes d'un semblable destin ? Cette réflexion à partir de l'Histoire [Causeur, 7.11] et d'un épisode aujourd'hui lointain, nous rappelle la fragilité, le caractère inexorablement éphémère de la stabilité politique et même de la puissance. Au lendemain de l'élection présidentielle américaine et à la veille d'élections européennes majeures, il est utile de s'en souvenir. LFAR

     

    photo_7.jpgLa campagne présidentielle américaine, qui prend fin aujourd’hui, n’est pas sans rappeler un célèbre épisode de la République romaine : celui de l’élection de Tiberius Gracchus au tribunat de la Plèbe. Issu de la noblesse plébéienne, Tiberius Gracchus se caractérisa en effet par la radicalité de ses réformes. Selon Valère-Maxime, « il avait l’habitude de répéter devant tout le monde qu’une fois le Sénat liquidé, tout le pouvoir devrait aller à la plèbe ».|1] Mettant en cause la perpétuelle infidélité comme l’inutilité militaire des esclaves, il se heurta aux grands propriétaires et osa entreprendre « quelque chose d’énorme » nous narre Florus.|2]

    Sa loi agraire prévoyait en effet une redistribution de terres d’une telle ampleur qu’elle affaiblirait définitivement l’autorité du Sénat. Tiberius Gracchus eut contre lui les principaux faiseurs d’opinion, notamment le grand prêtre Scipio Nasica, qui fomenta une émeute à son encontre en 133 av. J.-C. Or les présages étaient défavorables à Tiberius: «  Au petit matin chez lui,  il prit les auspices. Leur réponse fut tout à fait sinistre. Sortant de chez lui il se blessa le pied au point de se fracturer un doigt. Ensuite trois corbeaux firent entendre un chant de mauvais augure à son encontre ».|3] Mais mystérieusement, quelques signes visibles l’engagèrent à poursuivre, notamment les graffiti lisibles dans les portiques et sur les murs des maisons.|4] Bannie des enceintes officielles, notamment du Sénat, la parole populaire, gravée sur les murs, l’encourageait à ne pas céder.

     

    La campagne politique de Trump aura des répercussions immédiates sur les élections à venir en Europe.

    th.jpgSa campagne fut haute en couleurs puisqu’il « mélangea le sublime à la bassesse ». |8] Il lutta constamment contre les manipulations de ses paroles : quelque temps avant son assassinat, il leva la main à la hauteur de la tête pour signifier que sa vie était en danger. Mais ses opposants se précipitèrent au Sénat prétendant que Tiberius réclamait une couronne puisqu’il avait fait ce geste.|6] Afin de contrer le populisme des Gracques, le Sénat acheta l’autre tribun de la plèbe, Octavius puis donna tout pouvoir aux citoyens d’assassiner Tibère. Cette fin tragique n’empêcha pas l’épisode des Gracques d’agir comme un catalyseur sur l’effondrement de la République et surtout d’enclencher le cycle des guerres civiles.

    Certes, l’Amérique de 2016 n’est pas la République du IIsiècle avant J.-C., une chose est certaine toutefois : quel que soit le résultat de l’élection présidentielle, la campagne politique de Trump ébranlera durablement la vie politique et aura des répercussions immédiates sur les élections à venir en Europe. 

    1. Valère-Maxime, III, 2, 17
    2. Florus, III, XV
    3. Valère-Maxime, I, IV, 2
    4. Plut. Tib. Gracc. 8.
    5. Velleius Paterculus, II, II
    6. Plutarque, Tiberius Gracchus, 19.2

    Thomas Flichy de la Neuville

    Enseigne à Saint-Cyr. Dernier livre : Les grandes migrations ne détruisent que les cités mortes (L’Aube, 2016)

    A lire aussi dans Lafautearousseau

    C’est reparti comme en 1400... Démondialisation et réveil des nations : retour vers le futur

  • Incroyable madame Merkel

     

    par Jean-Baptiste d'Albaret*

     

    626951329.jpg« L’incroyable madame Merkel », titraient récemment nos estimables confrères du Point. Oui, incroyable madame Merkel qui, après avoir invité les demandeurs d’asile à profiter massivement de la générosité allemande, a été contrainte de refermer ses frontières, suspendant ainsi les accords de Schengen.

    Incroyable Madame Merkel qui, tel un phare dans la nuit des égoïsmes nationaux, a indiqué « le cap des droits de l’homme » à l’Europe éblouie mais, ce faisant, a créé un immense et incontrôlable appel d’air dont ses voisins auront à supporter les conséquences : depuis la Syrie ou la Libye, ce sont des centaines de milliers, peut-être des millions de migrants qui vont tenter d’entrer sur le sol européen dans les mois et les années qui viennent.

    Situation intenable, tant pour des pays dont les capacités d’intégration économiques, culturelles et religieuses sont déjà mises à rude épreuve, que pour des migrants attirés par le prétendu El Dorado européen et, finalement, victimes de trafiquants d’êtres humains sans scrupule.

    Mais c’est ainsi. Dans l’Europe d’aujourd’hui, l’Allemagne, puissance dominante, croit pouvoir ne rien demander à personne. Décidant d’abord d’un accueil massif de réfugiés sans consulter aucun de ses « partenaires » ; menaçant ensuite de rétorsions financières les récalcitrants à sa « politique des quotas » ; accusant enfin ceux qui refusent d’obtempérer à ses diktats de couvrir l’Europe de « honte ».

    Mais qui, hormis quelques bonnes âmes françaises, peut encore être aveuglé par ce vocabulaire moralisateur utilisé dans le seul but de justifier une politique que l’Allemagne, marchant comme toujours main dans la main avec la Commission européenne, pense conforme à ses intérêts ?

    Ses dirigeants considèrent en effet que cet afflux de migrants lui est bénéfique en raison de son problème démographique. Soit. Mais, voulant imposer ses vues de gré ou de force, Berlin a sous-estimé la capacité de réaction de peuples – particulièrement à l’est de l’Europe – non encore anesthésiés par le droit-de-l’hommisme de la technocratie bruxelloise.

    La réunion des ministres européens de l’Intérieur, le 22 septembre, a débouché sur un accord en catimini : la prise en charge de 120 000 migrants (mais ils seraient en réalité 800 000…) répartis entre les différents pays. Solution ponctuelle qui ne fait que repousser le problème d’une crise humanitaire qui s’annonce longue et durable. Dans leur grande majorité, les 28 pays de l’Union refusent en effet d’ouvrir grand leurs portes.

    Du Danemark à la Lettonie, de la Roumanie au groupe de Visegrad – Pologne, Hongrie, République Tchèque, Slovaquie –, des gouvernements ne cèdent rien aux injonctions berlinoises. On ne saurait le leur reprocher. C’est même tout à leur honneur de défendre en premier lieu le bien de leur peuple.
    Mais que reste-t-il, alors, de l’Union européenne ? Rien ou pas grand-chose… Elle qui devait répartir ses efforts au nom d’intérêts partagés, se montre incapable d’échafauder une politique commune. Elle qui avait érigé en sacro-saint principe la « libre-circulation des personnes » voit des frontières nationales rétablies un peu partout.

    Quant à la France, sa faiblesse politique la condamne une fois de plus à un rôle de supplétif – rôle que François Hollande remplit avec un zèle sans pareil. Pourtant, face à cette crise qui « met en cause les fondements même de l’Europe », comme l’a dit Laurent Fabius, son premier devoir serait de se comporter en chef d’une nation souveraine, capable d’insuffler au Vieux Continent une politique raisonnable, en dehors de tout esprit impérial.

    La vocation de notre pays, sa situation géographique, son histoire, tout concourt à lui faire jouer ce rôle. Hélas, il y a longtemps que ses dirigeants y ont renoncé, laissant l’Europe se constituer progressivement en super-état fédéral assujetti à l’Allemagne.

    Que la révolte des souverainetés bafouées viennent des pays anciennement sous domination germanique et soviétique, quelle leçon pour nos élites politico-médiatiques béatement soumises à « l’incroyable madame Merkel »… 

     - Politique magazine

     

  • Affaire Vincent Lambert et Cour Européenne des Droits de l’Homme, par Jacques Trémolet de Villers

     

    jacques%20tremolet%20de%20villers%203.jpgLe 5 juin 2015, la Cour Européenne des Droits de l’Homme a refusé de condamner la France, à raison de l’arrêt du Conseil d’Etat qui autorisait la mise à mort de Vincent Lambert. Cette décision est lourde de conséquences, qui ne sont pas toutes négatives. Sur les dix-sept juges composant la grande Chambre, cinq, exprimant une opinion dissidente, ont dit l’essentiel. D’abord que cet arrêt enlevait à la Cour le droit de se prévaloir de son titre « Droits de l’homme » et d’être « la conscience de l’Europe ». Ensuite, de façon très pragmatique mais très exacte « nous ne comprenons pas… pourquoi le transfert de Vincent Lambert dans une clinique spécialisée (la mission de Santé Bethel où l’on pourrait s’occuper de lui et donc soulager l’Hôpital universitaire de Reims) a été bloqué par les autorités ».

    La Cour Européenne des Droits de l’Homme n’a pas été, et ne sera jamais « la conscience de l’Europe ». Elle n’est pas non plus, malgré son ambition excessive, la super Juridiction plus souveraine que nos instances portant ce qualificatif « Conseil d’Etat et Cour de Cassation ». A l’image de l’Union Européenne, elle est une institution sans âme, sans histoire, sans autorité – que cinq juges le proclament souligne cette réalité. Si la Cour Européenne des Droits de l’Homme avait eu le courage de trancher les questions qui lui étaient soumises en se faisant le défenseur de la vie humaine, elle aurait gagné cette autorité. Elle ne l’a pas fait. C’est douloureux pour ceux qui l’ont saisie, mais c’est dans l’ordre des choses. Il ne faut pas prendre des vessies pour des lanternes et des fonctionnaires internationaux pour une cour de justice souveraine.

    Mais ces juges dissidents ont souligné l’incroyable excès de pouvoir qui, aujourd’hui, en France, interdit à la famille d’un malade le libre choix de l’établissement où seront prodigués les soins nécessaires. On a écrit à juste titre que la peine de mort avait été rétablie pour Vincent Lambert. Il faut ajouter que c’est la peine de mort en prison.

    Les familles qui vivent des évènements semblables sont unanimes à témoigner du combat qu’elles doivent livrer sans cesse, non contre des médecins ou des infirmiers qui, dans l’ensemble, ont à cœur de faire leur devoir, mais contre l’invraisemblance des règlements, arrêtés, contraintes, qui ajoutent à leur souffrance déjà immense, une fatigue qui peut devenir insurmontable. Avant d’être judiciaire, comme le font remarquer ces cinq juges, le cas de Vincent Lambert appelle à une réflexion pratique à laquelle, seule, une autorité politique pourrait répondre. L’administration des choses, en tous domaines, même dans la santé publique, aboutit presque fatalement à la confection de nœuds gordiens que personne ne parvient à dénouer, les juges -fussent-ils européens ou simples nationaux- moins que tous les autres.

    On s’en souvient. Ce fut Alexandre qui trancha, d’un coup d’épée souverain, le nœud gordien.

    Les malades dont personne ne veut plus, les plus pauvres d’entre les pauvres, aujourd’hui comme toujours, en France, attendent un Prince. 

     

  • Le prince Louis de Bourbon en visite « officielle » dans le Morbihan ? Lettre sur la légitimité, de Pierre de Meuse

     

    Le prince Louis de Bourbon était en visite en Bretagne samedi 30 et dimanche 31 mai. A cette occasion, il a fait au Télégramme différentes déclarations reproduites avant-hier samedi sur le site internet du quotidien breton. Ces déclarations ont fait l'objet d'une Lettre sur la légitimité, de Pierre de Meuse, parue peu après dans le forum des débats du Télégramme. Elle a également été publiée sur notre page Facebook, Lafautearousseau Royaliste. Nous la mettons en ligne, nous aussi, aujourd'hui, pour une plus large audience. Est-il utile de préciser que nous en partageons les termes et l'esprit ? LFAR  

     

    955344382.jpgLa monarchie légitime est malheureusement abolie depuis 185 ans. Dans l’ordre juridique actuel, n’importe qui a le droit de revendiquer la couronne de France. Toutefois, si on le fait au nom du droit dynastique et de  l’Histoire, il faut respecter les faits historiques. Or Louis Alphonse de Bourbon, que vous avez interrogé, a commis un certain nombre d’erreurs qui en disent long sur le bien-fondé de sa prétendance.

      D’abord, il nous parle des Bourbons, « famille française depuis plus de 1.000 ans. » Faut-il rappeler que les Bourbons commencent en 1256 en tant que branche de la famille royale, et ne deviennent héritiers de la couronne qu’à la mort d’Henri III, à la fin du XVI° siècle ? La famille royale millénaire est bien la dynastie capétienne, à travers ses divers rameaux. 

      Ensuite, s’il est vrai que le Prince Henri d’Orléans est le descendant direct de Louis-Philippe, ce n’est nullement de la Monarchie de Juillet qu’il tient sa légitimité, mais de l’épuisement de la branche aînée dans les mâles à la mort d’Henri V, Comte de Chambord. Contrairement à ce que dit Louis Alphonse, il n’y a plus d’orléanisme, ni de légitimisme, d’ailleurs, depuis que, le 3 août 1873 le premier Comte de Paris reconnut Henri V comme roi de jure et renonça à porter les insignes de 1830. A la mort du prétendant de Frohsdorf, il devint Philippe VII et non Louis-Philippe II comme le réclamait une partie de sa famille, qui le déshérita pour cela. Du reste, si le terme « orléanisme » signifie une option libérale et centraliste, par opposition au royalisme traditionnel, alors Louis de Bourbon peut considérer avec regret ses propres aïeules et aïeux les reines Marie-Christine et Isabelle, ainsi que les rois Alphonse XII et Alphonse XIII, dont la doctrine de gouvernement était identique à celle de Louis Philippe. 

      Enfin, Louis de Bourbon rappelle de manière surprenante pour expliquer sa vie à l’étranger les « mesures d’exil qui ont frappé les familles royales ». Certes, mais non la sienne, qui ne fut touchée ni par la loi de 1832, ni par la loi de 1848 ni par celle de 1886 qui ne proscrit que les Orléans et les Bonaparte. Et pour cause ! Les Bourbons isabelins dont Louis est l’héritier régnaient alors sur l’Espagne, et ne songeaient nullement à revendiquer la couronne de France. Et lorsque le grand père de Louis, après la mort de son père, le roi Alphonse XIII, se découvre appelé par une vocation irrépressible à la prétendance, il va tranquillement passer sans entraves d’un pays d’Europe à l’autre, tandis que les Orléans restent frappés par la loi d’exil jusqu’en 1950, revenant ensuite dans leur patrie pour toujours sans jamais cesser de se déclarer prêts à accomplir leur devoir historique.  Car renouer les liens déchirés du charisme monarchique diffère grandement de la simple transmission d’une couronne : il y faut une longue suite de sacrifices et d’efforts, bien plus que deux voyages par an, mais un amour exclusif de notre pays, une disposition de tous les instants, une solidarité obstinée à travers les siècles. La couronne de France n’est pas un lot de consolation pour des princes injustement traités par leurs cousins. 

     

    Pierre de Meuse

     

  • Politique & Société • « Nous n’avons pas les mêmes valeurs »

    ... OU LA MORT [Le terme qui manque]

     

    Décodage d’une actualité en demi-teinte ou en plein délire, qui navigue entre deux eaux ou patauge dans le deux poids, deux mesures : dans son style et derrière son humour, André Bercoff assène des  vérités de bon sens devenues rares ... « Appui nécessaire à l'hebdomadaire » [Charlie] ? Non. Là nous ne suivrons pas André Bercoff. Par exception. Croit-il aux valeurs de la République ? Nous, pas du tout. Lui, peut-être. En tout cas, il ne doit pas être un fervent des valeurs que répand la doxa dominante ...  LFAR

    andre_bercoff.jpgOn le sait depuis toujours : la liberté ne s’use que si l’on ne s’en sert pas

    L’on ne peut dire, sur le point de la liberté, qu’en France, depuis quelque temps, nous ayons été particulièrement gâtés : à droite comme à gauche, au gouvernement comme dans l’opposition, dans l’establishment comme dans les corporations, toute critique est considérée, mutatis mutandis, au mieux, comme une atteinte au moral de la nation, au pire, comme une diffamation et donc une incitation aux poursuites judiciaires tout-terrain. Certes, par rapport à une bonne moitié du monde, nous ne figurons pas dans le peloton de queue ; mais le triomphe, dans un certain nombre de médias, du politiquement correct, l’omerta sur les opinions qui déplaisent et les sanglots longs des violons des associations diverses et variées, toujours promptes à faire un procès aux têtes qui dépassent, n’ont rien arrangé, bien au contraire. Le cas de Charlie Hebdo est différent : là, le 7 janvier 2015, il y a eu massacre à la tronçonneuse pour des motifs précis, assumés et proclamés. D’où un appui nécessaire à l’hebdomadaire, mais une stupéfaction non moins intense devant la une du journal représentant un dieu barbu et armé, surmonté d’une drôle de couronne, qui serait le criminel toujours en fuite. Alors que la motivation et l’idéologie des tueurs sont connues et répertoriées. D’où vient, dès lors, l’étrange tentation de se trouver, une fois de plus, devant un amalgame à front renversé ?

    L’histoire la plus représentative de l’étonnante confusion des esprits qui règne en ce moment dans le royaume a été fournie par ce qui s’est passé à Valence

    Donc, un jeune homme précipite sa voiture sur des militaires en faction devant une mosquée, dans l’intention évidente — et plus tard avouée — de les occire. Et c’est là que la fabrique d’excuses commence à fonctionner à plein rendement : le procureur qui déclare que rien ne prouve qu’il s’agit d’un islamiste et que la présence de vidéos de Dae’ch sur son ordinateur ne signifie rien ; la journaliste d’une chaîne de télévision qui explique que sa motivation vient du fait qu’il était au chômage depuis des mois, voire des années. Mais la palme revient sans conteste au JDD, qui retransmet l’information selon la quelle l’agresseur ne trouvait pas de place pour se garer… Effectivement, il y a de quoi avoir des envies de meurtre. Depuis, l’individu a été mis en examen pour tentative d’homicide volontaire et tout aura été fait pour que l’épisode reste dans le domaine du droit commun. Voilà pourquoi, près de quatre siècles après Molière, votre fille reste muette et la vérité également.

    Décidément, il importe de faire entrer au plus vite la Turquie dans l’Union européenne

    Nous n’en voulons pour preuve que l’infinie sagesse du président Erdogan qui, pour expliquer sa volonté de réviser la Constitution afin de faire de son pays un État fort, a cité en exemple l’Allemagne de Hitler. Voilà une direction originale, à laquelle nos politiques n’ont pas encore pensé. Il est toujours temps de corriger le tir.

    Si Michel Delpech n’était pas toute la France…

    On aimerait tout de même bien que, dans l’ADN de ce pays, il demeure encore un peu, beaucoup, énormément de Laurette. Et de tout-terrain. Et de fêtes. Et de Loir-et-Cher. 

    André Bercoff [Valeurs actuelles]

  • Charlie Hebdo : la Une de la honte

     
     
    Une tribune intéressante et non-conformiste de Benoît Rayski sur Atlantico. Faut-il le redire ? Nous ne sommes pas Charlie !
     
    La rédaction de l’hebdomadaire a identifié l’assassin de janvier. Son portrait-robot est passionnant.
     
    picture-67_0.jpgC’est un « wanted » tiré à un million d’exemplaires. Le montant de la prime – « mort ou vif » – n’est pas précisé, ce qui est dommage. L’assassin, donc, court toujours. Mais les journalistes de Charlie Hebdo savent sur lui des choses que nous ignorons. Il a plutôt une bonne tête. Une sorte de pâtre grec sur le retour. Une barbe fleurie, plus jupitérienne que mahométane.

    D’ailleurs, détail vestimentaire de première importance, il porte des sandales, pas des babouches. En outre, pour ajouter à la complexité du personnage, au-dessus de sa tête, il y a quelque chose qui fait penser à un triangle maçonnique. 

    C’est intéressant. C’est riche. Et ça ouvre de nouveaux horizons à une pensée dont les rédacteurs de Charlie Hebdo ne veulent pas qu’elle se résume à montrer du doigt les djihadistes.

    Car ça, c’est d’un commun. C’est convenu, banal. Et un journal se doit de surprendre. La une de Charlie Hebdo est à cet égard d’une réussite exemplaire. Vous auriez dépensé 3 euros, vous, pour voir la tête des frères Kouachi ? Vous auriez mis la main à la poche pour regarder une caricature de djihadiste alors qu’on nous en abreuve tous les jours ? Bien sûr que non. Tandis que là, vous en avez pour votre argent. 

    Un Dieu gréco-judéo-chrétien : c’est lui l’assassin de janvier ! Si vous voyez quelqu’un qui lui ressemble, signalez-le à Cazeneuve, à Hollande, à Valls, au premier flic venu. Et arrêtez immédiatement de vous polariser sur les djellabas, les burqas et de scruter à la jumelle les cités de Roubaix, de Saint-Denis, de Stains, de Trappes. Le portrait-robot de Charlie Hebdo nous incite à voir plus haut, plus loin. Du côté de l’Olympe. Vers le mont des Oliviers. Et – pourquoi pas – à Saint-Pierre de Rome…

    Entendons-nous bien. Il n’est pas question – et il ne peut en être question – de reprocher à Charlie Hebdo de ne pas nous avoir resservi un peu de Mahomet. Qui sommes-nous – et qui serions-nous – pour demander à d’autres d’aller se faire trouer la peau à notre place ? Mais pour autant, qui obligeait Charlie Hebdo à faire cette une, un sommet de la bien-pensance sirupeuse ? Oyez, oyez, braves gens ! Voici ce que nous annonce Charlie Hebdo. Toutes les religions se valent. Toutes les religions sont meurtrières. Un seul coupable : Dieu. Ne vous fiez pas aux apparences qui tendent ces derniers temps à accuser une religion d’être un peu plus agitée que les autres. Les rédacteurs de l’hebdomadaire (qui fut satirique) regardent pour nous le monde à l’échelle de l’Histoire et même de la Préhistoire. En janvier 2015, j’ai, comme beaucoup, souscrit un abonnement de soutien d’un an à Charlie Hebdo. Au vu de cette une, je viens à l’instant même d’y mettre fin.

    Benoît Rayski - Atlantico

     

  • Société • Nativité et résurrection à l’italienne

     Palerme, Sicile

     

    Un point de vue original et juste de Camille Pascal

    Pour l'essentiel, Camille Pascal établit par l'exemple une comparaison entre la France et l'Italie, à l'avantage de cette dernière : « L’Italie, toute République qu’elle soit, sait d’où elle vient. ». L'explication est selon nous très claire : la République italienne naît presque immédiatement après la seconde guerre mondiale, comme une suite de la défaite de l'Italie, conduite par Mussolini et la dynastie des Savoie. Elle ne procède pas d'une révolution et n'a avec la Révolution française que des liens indirects. Elle ne se bâtit pas en rupture avec l'Histoire de l'Italie, elle ne pratique pas la table rase, elle ne renie pas ses racines C'est ce qui la différencie d'avec la République française qui se tient toujours, en définitive, dans le droit fil de la Révolution française, de l'idéologie qui la fonde et, sous diverses formes, du jacobinisme et de la Terreur. Sa radicalité ne s'est jamais vraiment éteinte. Et la France continue, si l'on peut dire, d'en porter la croix. LFAR

     

    Camille%20Pascal_22222222222222.pngLa réplique scrupuleuse d’un chef-d’oeuvre du Caravage a retrouvé la place de l’original, probablement vandalisé puis détruit.

    L’événement est passé quasiment inaperçu en France mais il a eu un retentissement considérable en Italie et dans le monde de l’art. Le 12 décembre dernier, à Palerme, la Nativité avec saint François et saint Laurent, du Caravage, a retrouvé le délicieux oratoire de San Lorenzo et son cadre de stucs insensés, sculpté par le grand Serpotta à l’extrême fin du XVIIe siècle.

    Le tableau avait été peint par le maître au lendemain de sa fuite des geôles de l’ordre de Malte, soit un an avant qu’il ne soit retrouvé mort sur une plage de Toscane, dans des conditions déjà pasoliniennes. Malgré la présence à l’arrière-plan de l’ange et de saint François d’Assise en prière, cette Nativité reste d’un très grand réalisme caravagesque.

    Saint Joseph est représenté avec la jeunesse que lui donnent les Écritures mais que lui refuse le plus souvent l’iconographie traditionnelle ; tournant le dos au spectateur, vêtu d’un pauvre manteau vert et chaussé de simples pantoufles, il semble dialoguer avec les saints apocryphes imposés par les commanditaires. La Vierge, elle, a la simplicité d’une jeune femme du peuple et regarde tristement l’Enfant Jésus posé à même le sol dans une position d’abandon, qui pourrait être celle d’un sommeil profond si elle n’annonçait pas déjà son sacrifice. La tête d’un boeuf pensif contemple cette Nativité désolée par l’obscurité du jour de la crucifixion.

    Pourtant, le tableau qui était inauguré en grande pompe le 12 décembre dernier est un faux ou, plus exactement, une réplique scrupuleuse savamment reconstituée grâce à des techniques de pointe. L’original, lui, a disparu. Il a été volé sur ordre d’un mafieux et maladroitement découpé au couteau par un mauvais garçon de Naples, qui devait avoir les mêmes traits que les modèles masculins dont le Caravage aimait à faire des apôtres, des martyrs ou des Bacchus. La toile n’a jamais été retrouvée. Massacrée par les larrons chargés de ce larcin, refusée par les receleurs épouvantés et peut-être taraudés par le remords du sacrilège qu’ils avaient ordonné, elle aurait été détruite.

    Les Palermitains n’ont jamais accepté cette disparition, ils ont d’abord tenté l’impossible pour retrouver l’original puis, en désespoir de cause, ils se sont donné les moyens de cette véritable résurrection de leur Nativité.

    Tout fut alors fait pour que ce chef d’oeuvre du ténébrisme ait retrouvé sa place avant Noël, de façon à ce que la Sainte Famille enfin réunie pour la Nativité puisse être offerte à la contemplation des fidèles. Le président de la République italienne, Sergio Mattarella, a tenu à assister, lui-même, à cette résurrection d’un monument de l’art sacré.

    L’Italie, toute République qu’elle soit, sait d’où elle vient. 

    Camille Pascal (

    Valeurs actuelles)

     

  • Terrorisme & Société • Attentats évités ? Le pire est à venir

     

    Une réflexion de Dominique Jamet

    Face aux menaces grandissantes, aux coups reçus, aux carnages subis, à la certitude de leur renouvellement, à la perspective de longues années de crainte où l'insouciance ne sera plus de mise, un peuple se soumet ou se ressaisit. Qu'en sera-t-il du peuple français ? Son Histoire plaide pour le sursaut. Mais se répétera-t-elle ? Le peuple français sera-t-il seulement capable de résistance et de réaction en l'état actuel de décomposition structurelle et mentale de la société civile ? N'est-il pas, d'autre part, trahi par ses élites, stérilisé par son système politique ? La France pourra-t-elle s'en sortir sans transformations radicales, sociétales, politiques et institutionnelles ? Telle est la troisième série de réflexions à laquelle nous conduisent celles, au nombre de deux, que développe ici Dominique Jamet avec son habituelle lucidité.   LFAR 

     

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    « Fusillade sur la Grand-Place de Bruxelles : cinq policiers et trois passants innocents tués »… « Carnage à Munich : trente-cinq morts dans les attentats-suicides de la gare principale »… « La bombe du tueur fou de New York fait vingt-trois victimes sur Time Square »… « Ankara : le massacre de la Saint-Sylvestre »… « Djakarta : le terrible bilan de la prise d’otages »…

    Autant de gros titres, autant d’éditions spéciales du journal télévisé, autant de faits divers sanglants, autant de nouveaux drames, autant de nouveaux deuils auxquels, s’il faut en croire les informations diffusées par les autorités des différents pays concernés, nous avons échappé de plus ou moins près, à la veille du Nouvel An, grâce aux précautions policières ou aux arrestations préventive qui ont fait échouer les plans des fanatiques. Partie remise ?

    Les attentats déjoués, les attentats évités – de justesse ou non – ne laissent pas plus de souvenirs dans les esprits que de traces de sang sur les trottoirs de nos villes, et c’est fort bien ainsi. Mais les alertes de cette fin d’année 2015 incitent à deux types de réflexion.

    On a abondamment et peut-être même surabondamment daubé les insuffisances et les ratages des services de renseignement occidentaux, et notamment français ou belges lorsqu’il est apparu que la quasi-totalité des auteurs des pires attaques perpétrées ces dernières années, de Khaled Kelkal aux frères Kouachi en passant par Mohammed Merah, Coulibaly, Abaaoud, Mehdi Nemmouche, étaient dûment repérés, signalés, fichés comme radicalisés, dangereux. Ces critiques étaient compréhensibles et probablement inévitables, après coup. On n’a pas toujours pris en compte le cloisonnement et le manque de moyens des services concernés, le manque de volonté et de directives au sommet des États, et les deux difficultés majeures que constituent d’une part la disproportion entre les effectifs disponibles pour la surveillance des suspects et le nombre de ceux-ci, d’autre part l’incompatibilité entre les contraintes propres aux régimes démocratiques et la mise hors d’état de nuire des criminels potentiels avant qu’ils ne soient passés aux actes. Autant de raisons qui appellent et justifient le renforcement des moyens humains et matériels des forces de l’ordre et l’adoption de mesures d’exception liées à des circonstances exceptionnelles. La moindre impartialité nous commande de prendre également en compte, dans la mesure du possible, les succès discrètement enregistrés par la police et la neutralisation d’un certain nombre d’assassins en fait ou en devenir, la partie immergée de l’iceberg.

    Deuxième réflexion : en difficulté, voire en recul sur le terrain, Daech redouble de nocivité et cherche à compenser ses échecs militaires par des attentats aussi spectaculaires que possible. Le groupe État islamique a donné clairement mission à ses adeptes, peu visibles et parfois même fondus dans la masse de la population, de frapper aussi fort et aussi souvent qu’ils le peuvent. Les serpents et les fauves ne sont jamais aussi dangereux que lorsque, blessés, acculés, ils se sentent perdus. Ce qui pourrait passer pour une démonstration de force n’est parfois que le sursaut du désespoir. Ne nous faisons pas d’illusions pour autant. Nous sommes encore loin de l’hallali. Le pire est encore à venir et il en sera ainsi, pour reprendre la citation bien connue où Brecht visait une autre malfaisance, tant que sera fécond le ventre d’où a surgi la bête immonde.  •

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      Journaliste et écrivain - Boulevard Voltaire
  • Etat d'urgence

     

    par Bernard Pascaud *

     

    2920517656.jpgOui à l’analyse des récents succès électoraux du Front National quand ils cessent d’être uniquement considérés comme des votes de rejet mais aussi comme des votes de conviction. Plus précisément comme la traduction politicienne de profondes tendances à l'oeuvre dans la société française d’aujourd’hui, parmi lesquelles le besoin d’identité, le désir de sécurité, la soif de justice, l’amour de la France.

    Oui, mille fois oui également à ce qu’on lit sous les plumes les plus lucides : le multiculturalisme est un échec, l’islamisme remplit le vide créé par le laïcisme, le patriotisme resurgit, Maastricht, Schengen, le mondialisme ne font plus illusion, le système des partis est de plus en plus déconsidéré, toute une population et spécialement sa jeunesse se sont réveillées et s’engagent au service de la Cité. Des veilleurs à la multiplication des écoles hors contrat en passant par toutes les possibilités d’Internet, les formes de résistance à la déconstruction de notre société sont multiformes.

    Toutes ces résistances vont-elles un jour se « connecter » ? Si oui, autour de quoi, de qui, de quelles idées ? Autour d’un nouvel homme prétendument providentiel ? Certains en appellent ainsi à Eric Zemmour, d’autres à Philippe de Villiers… Mais qui ne voit que leur candidature n’aboutirait qu’à quelques pourcentages de voix ? Il est peu probable que de tels hommes se laissent entraîner dans l’aventure. L’un a déjà donné, l’autre est trop futé pour cela. Le premier a tiré des leçons salutaires de son immersion dans le système foireux des partis, l’autre connaît trop bien son histoire politique française où se sont épuisées vainement tant de bonnes volontés patriotes.

    La coordination se fera-t-elle, comme certains le souhaitent ou le craignent, par l’émergence d’une « droite hors les murs » localisée quelque part entre la gauche du Front National et la droite des Républicains ? La belle affaire ! Ce ne serait qu’une énième tentative de sursaut dont la seule satisfaction serait de donner bonne conscience à des électeurs pleins d’illusions.

    Alors, droite molle, droite dure, droite hors les murs, droite extrême ? L’affrontement droite-gauche est-il l’horizon indépassable de la politique ? Est-on condamné à cela ou à la désertion du terrain politique ? Dans les deux cas on se retrouve toujours nus devant la Politique. On n’en sort pas.

    Pour en sortir est justement le titre d’un livre de Charles Maurras. Il y est dit qu’ « il n’y a rien de plus urgent que de remplacer la République par le Roi » Et il se clôt par ce diagnostic toujours actuel : « Beaucoup de gens ont cru pouvoir se rendre utiles sous le régime en vigueur. Mais ce régime est conçu pour les épuiser vainement. Qu’ils voient la vérité ! Et qu’enfin elle leur impose ces ruptures libératrices qui leur rouvriront l’avenir ! » Pour aider nos compatriotes à voir la vérité, voici un petit questionnaire que je vous propose de tester autour de vous. Même limité à sept interrogations, il peut constituer un salubre dessillement.

    Pensez-vous qu’en période d’insécurité préoccupante comme celle d’aujourd’hui le sommet de l’Etat doit être prioritairement centré sur des questions électoralistes ?

    Les « valeurs de la République » vous apparaissent-elles la référence la plus utilement « structurante » - pour le peuple français plutôt que les références à la nation et aux communautés de destin naturelles et historiques ?

    Estimez-vous comme dépassée et répréhensible toute référence à l’identité nationale ?

    Estimez-vous que la représentation parlementaire soit le reflet fidèle de la nation française ?

    Croyez vous que les partis politiques soient une réserve de personnel prêt à se dévouer au Bien commun plutôt qu’à satisfaire des ambitions personnelles ?

    Pensez-vous qu’une réforme de fond des institutions soit utile et qu’un changement de personnel politique suffirait à résoudre nos problèmes ?

    Êtes-vous persuadé que le maintien du système politique actuel soit la condition pour vous permettre de voir la fin de la dette, des déficits, du chômage, et la France renouer avec une politique de grandeur ?

    Si vous répondez oui à toutes ces questions, vous n’avez aucune raison de cesser d’être républicain, quel que soit le parti auquel vous consentez votre suffrage.

    Si vous répondez non à ces questions, vous avez toutes les raisons de rejoindre la Restauration Nationale, car vous estimez qu’il y a un état d’urgence permanent en France : celui créé par son délabrement institutionnel. 

    * Président de la Restauration Nationale

    Restauration Nationale, trimestriel

  • La reine et le président

     

    par Louis-Joseph Delanglade

     

    On peut reprocher à la monarchie britannique de n’être tout simplement pas une république ou, à l’inverse, de n’être guère plus qu’une sorte de démocratie couronnée. Il n’empêche… Jeudi 21 avril, M. Calvi consacre son émission quotidienne (« C dans l’air », France 5) à la Grande-Bretagne, fêtant ainsi à sa façon les quatre-vingt dix ans de la reine Elizabeth II. Un reportage parmi d’autres montre que l’éloge de la souveraine prononcé par M. Cameron à la Chambre des Communes soulève une approbation unanime : aucune opposition, même de la part des plus « républicains » des députés travaillistes. M. Calvi, (faussement ?) naïf, demande à ses invités si ce qui fascine de ce côté-ci de la Manche, ce n’est pas justement que les Britanniques, dans leur grande majorité et dans les grands moments de leur Histoire, se rassemblent ainsi autour de leur souverain(e), quand les Français ne font le plus souvent que se déchirer à propos de leur président.  

    On pourrait répondre à M. Calvi que désormais M. Hollande fait lui aussi (presque) l’unanimité, mais contre lui, son problème étant de prêter le flanc à toutes les critiques. Un reproche récurrent concerne son manque d’autorité, inquiétant pour un chef de l’Etat - même pas capable de se faire respecter par Mme Salamé, la journaliste mal élevée de l'émission « Dialogues citoyens » (France 2, 14 avril). De toute façon, ayant accédé à la fonction suprême en politicien démagogue du Parti socialiste, il a été bien évidemment incapable de tenir, dans presque tous les cas, ses fameuses promesses électorales (« Moi, président, je… »). Avec lui, ce n’est pas seulement un homme, c’est aussi le parti qui l’a mandaté et son idéologie qui font faillite sous nos yeux. 

    Mais pas seulement : tout un système donne l’impression d’être à bout. Il a souvent été reproché à la Ve République, par ses adversaires, d’être « monarchique ». Convenons que, par certains des pouvoirs qu’elle confère à son président et par son éloignement originel manifeste à l’égard des partis, elle a constitué un réel progrès par rapport aux IIIe et IVe Républiques. Cependant, trop faible dans ce qu’elle a de fort, elle aura été incapable de résister à la réappropriation du pouvoir par les grands partis. Le président élu aura au fond toujours été l’homme d’une faction, mais il est arrivé qu’il l’oublie; désormais, la mise en pratique d’une élection « primaire » a pour effet de favoriser et d’étaler au grand jour tous les calculs partisans, le résultat de l’élection elle-même y paraissant de fait subordonné : ainsi dit-on déjà que celui qui gagnera la primaire des « Républicains » sera élu contre Mme Le Pen au second tour ! 

    On peut se moquer des Britanniques et du charme désuet de leur monarchie. Ils se retrouvent pourtant en elle qui incarne, au delà des rivalités partisanes, l’unité du pays. Elle rassemble. « Notre » république peut bien proposer des concepts qui fleurent bon l’utopie (« Liberté, Egalité, Fraternité »), personne n’y croit. Elle reste le régime des partis, rien d’autre. Elle ne rassemble pas, elle oppose.