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  • Histoire & Actualité • Mort de Fidel Castro : l'anticommunisme est un humanisme, sauf en France !


    Par Gilles-William Goldnadel 

    Le « lider Maximo » est mort ce 25 novembre. Gilles-William Goldnadel constate [Figarovox, 28.11] qu'au pays de Georges Marchais, le procès du communisme reste à instruire, comme en témoignent les éloges funèbres prononcés en hommage au boucher de La Havane. Gilles-William Goldnadel a raison. Serait-il d'accord pour que l'on instruise concomitamment les procès des tueries et crimes révolutionnaires français ? Ceux-ci sont l'origine et la matrice de ceux-là. LFAR  

     

    495725162.jpgCe n'est pas la première fois qu'ils nous font cette mauvaise farce. C'est toujours la même chose, on la croit morte. On se dit que cette fois ils ont compris. Qu'ils ne recommenceront pas. La sotte grandiloquence. Les hommages obscènes. Le déni de la réalité. Eh bien, non, ils ont recommencé.

    Ils ont pleuré Castro. Même la sœur, Juanita, n'ira pas à l'enterrement de son frère : «il a transformé l'île en une énorme prison entourée d’eau ». Mais certains, en France sont plus fraternels envers Fidel que la sœur du geôlier.

    Avant que de tenter d'expliquer l'inexplicable, un bref rappel de la réalité minimisée. Castro n'était pas seulement qu'un dictateur sud-américain. C'était un boucher et un équarisseur. Il ne s'est pas contenté de torturer et d'exécuter ses opposants, il a vendu leur sang, comme le rappelait le Wall Street Journal dans un article du 30 décembre 2005 : le 27 mai 1966, 3,5 litres de sang par personne furent médicalement ponctionnés sur 166 détenus par décision de Fidel Castro et vendus au Vietnam communiste au prix de 100 $ le litre. Après la prise de sang, 866 condamnés, en état d'anémie cérébrale, paralysés et inconscients, furent emmenés sur des brancards et assassinés.

    Miguel A. Faria dans Cuba, une révolution écrit à la page 415 de son livre : « Depuis que Fidel Castro a pris le contrôle de l'île en 1959, les estimations les plus crédibles précisent que de 30 000 à 40 000 personnes ont été exécutées par le peloton d'exécution ou dans les geôles cubaines. »

    Dès les premiers jours de la révolution, Castro ordonna des exécutions sommaires dans le but d'établir une culture de la peur qui annihila rapidement toute résistance. Les révolutionnaires d'opérette qui le soutiennent en France lui pardonnent avec indulgence ses exactions en même temps qu'ils maudissent ordinairement la peine de mort appliquée aux assassins de droit commun. Ils passent volontiers sous silence que dans les décennies suivantes, Castro s'assura de la soumission de son peuple en prolongeant l'État de terreur.

    Profitons du deuil cruel qui frappe la galaxie communiste et ses compagnons pour régler aussi son compte à celui dont l'icône christique ornait les thurnes estudiantines des seventies et encore de nos jours les T-shirts de quelques attardés. Che Guevara avant que de faire le guérillero en Bolivie, dirigeait dès 1959 la sinistre prison de la Cabana, où il avait acquis le tendre sobriquet de « carnicerito » (le petit boucher). Selon Stéphane Courtois, auteur du Livre noir du communisme, ladite prison était un lieu où la torture et les mutilations étaient quotidiennes. Selon Archiva Cuba, une association basée dans le New Jersey, et qui s'est donné comme mission de documenter les crimes de Castro, en 1959, à la Cabana, au moins 151 personnes innocentes furent assassinées.

    Parmi les 94 enfants dont on a pu établir la mort, 22 ont été exécutés par les escadrons de l'idole de l'extrême gauchisme.

    Quant à la situation actuelle, et sans même évoquer la faillite économique, Christophe Deloire, président de Reporters Sans Frontières, rappelait samedi que Cuba demeurait au 171e rang (sur 180) au classement mondial de la liberté de la presse.

    Ils ont pleuré Castro. Je ne parle pas des communistes. De Pierre Laurent, fils de Paul : « l’artisan de l'une des plus importantes révolutions initiées au XXe siècle… La démonstration de la possibilité de bâtir une société juste et souveraine pour tous les peuples ».

    Je ne parle pas de notre Président de la République actuel, tout content d'avoir imaginé effleurer l'Histoire en touchant un vieillard et dont les euphémismes dégoutants dans son hommage funeste : « manquements aux droits de l'homme… désillusions » montrent à quel point les socialistes évaporés n'ont pas totalement coupé le cordon ombilical ensanglanté.

    Je parle des compagnons de déroute, je parle des camarades de carnaval : Christiane Taubira, jamais économe d'une hyperbole : « le dernier géant du XXe siècle… ». Je parle de Clémentine Autain, invitée gentiment sur France Inter dimanche matin pour admonester ceux qui fêtent Kissinger mais cognent sur Castro et qui mériterait d'être engagée comme humoriste de la radio active de service public pour ce tweet mémorable et émouvant : « à Fidel Castro, pour la révolution cubaine, la résistance à l'impérialisme U.S, l'expérience « socialiste » d'un autre siècle. Hasta siempre !»

    Je parle enfin de Jean-Luc Mélenchon, dont Onfray disait samedi au Point qu'il avait « fumé la moquette », en tous les cas un havane hallucinogène, en écrivant ce twitt halluciné : « Fidel ! Fidel ! Mais qu'est-ce qui s'est passé avec Fidel ? Demain était une promesse. Fidèle ! Fidel ! L'épée de Bolivar marche dans le ciel. »

    Je conseille encore à tous ceux qui ne l'aurait pas regardé, de visionner l'hommage du futur candidat fraîchement adoubé par les communistes à la rapière envolée dans les cieux : Samedi matin, à l'ambassade de Cuba. Une homélie larmoyante. C'est sans doute lors d'un même petit matin blafard de 1953, que des staliniens aux yeux rougis rendirent hommage au petit père des peuples qui attend aujourd'hui son fidèle suivant.

    J'imagine déjà certains scandalisés par cette dernière ligne.

    Le scandale habite ailleurs. Il demeure dans le fait que, précisément, il n'y ait pas scandale quand ces hommages publics au boucher de La Havane sont rendus par des personnes publiques qui ont pignon sur rue.

    Et l'explication vient. D'abord l'anti-occidentalisme pathologique, dans sa version antiaméricaine. Tout fut pardonné à Fidel au nom de la lutte sacrée contre l'impérialisme yankee. Tout, y compris le massacre et la mise au pas de son peuple. Mais cette anti occidentalisme radical n'est pas seulement politique, il est aussi racial.

    Qu'on me permette de me citer dans mes Réflexions sur la question blanche (2011) : « Il faut se faire à la déraison : un sombre salaud cubain, vénézuélien, bolivien ou mexicain basané, qui sait ? mâtiné d'indien, ne sera jamais aussi honni qu'un bon vieux salaud chilien tel que Pinochet, poursuivi jusqu'au bord du tombeau, et que Sartre charriait pour « sa gueule de salaud latin » classique, à la Franco. ».

    Ensuite et surtout en raison du fait que le procès du communisme reste à instruire en France. Il s'agit d'une triste spécificité française.

    Il n'y a qu'en France que les archives du KGB n'aient pas été exploitées, après l'effondrement de l'URSS ce dont se désolait ma chère Annie Kriegel. Même dans l'Italie si communisante du compromis historique, les archives ont parlé, et l'on sait quel compagnon de route ou quel journaliste émargeait au budget soviétique. Il n'y a qu'en France où des syndicats politisés peuvent reconnaître leurs liens avec le PC sans être pour autant démonétisés. Il n'y a qu'en France où le parti communiste peut encore oser s'appeler par son nom et s'affubler d'un marteau et d'une faucille. Il n'y a qu'en France où des artistes sentencieux peuvent se produire à la fête du journal de l'organe central du parti communiste sans risquer la sentence. Il n'y a qu'en France où le parti de la gauche morale peut s'allier électoralement avec un parti communiste sans rougir ni être déconsidéré.

    Car c'est en France encore que ceux qui ont combattu extrêmement le communisme et ses épigones d'extrême-gauche ont été médiatiquement rangés dans le ghetto de l'extrême droite.

    Ce fut notamment le sort de Stéphane Courtois, qui faillit connaître la mort civile pour avoir écrit Le livre noir du communisme.

    Pour avoir eu le courage suicidaire d'estimer à 100 millions le nombre d'êtres humains assassinés pour imposer le communisme. Paul Kangor dans The Communist estime que le livre de Courtois est largement en dessous de la réalité. Courtois évaluait à 20 millions les crimes de Staline, mais Alexandre Yakovlev , adjoint de Gorbatchev, cité par Kangor, estime le carnage entre 60 et 70 millions d'humains.

    L'anticommunisme est un humanisme. 

    Post-scriptum citoyen : dimanche à 13h sur TF1, on pouvait voir les cubains réfugiés en Floride, ces anciens boat-people, fêter la mort du dictateur. Pas sur la chaîne de service public France 2 à la même heure. Seulement des cubains éplorés. Pour ceux qui, comme moi, n'arrivent pas à accepter comme un fléau naturel, la mainmise de l'idéologie sur le bien indivis des citoyens payant la redevance, je signale la naissance du « Collectif des usagers du service public audiovisuel » (contact@collectif-uspa.fr).

    Gilles-William Goldnadel est avocat et écrivain.

  • Histoire • Rois de France, de Balzac, republié par Péroncel-Hugoz : Présentation [I]

     

    C'est en 1837 que Balzac publia Rois de France, un ouvrage concis fort intéressant, consacré aux six derniers « Louis » rois de France, de Louis XIII à Louis XVIII. Malheureusement peu réédité par la suite, cet ouvrage était devenu, de ce fait, indisponible, depuis 1950.

    « 1837 est une des plus glorieuses années de Balzac, celle où il publie également Histoire de la grandeur et de la décadence de César Birotteau », écrit dans sa préface notre confrère Péroncel-Hugoz, qui a pris l'heureuse initiative de faire rééditer Rois de France, au Maroc, par les Editions Afrique Orient. Nos lecteurs peuvent d’ailleurs lire Péroncel-Hugoz ici-même, régulièrement, puisqu’il nous fait l’amitié de sa participation – très appréciée – à Lafautearousseau.

    Nous donnerons quatre extraits de Rois de France, des « bonnes feuilles », dans nos prochaines parutions du week-end :

    I. La « secte » des Encyclopédistes et la décomposition morale des « élites » et de la société au XVIIIème siècle ;
     
    II. Les erreurs de Louis XVI face à la Révolution ;

    III. L'infanticide perpétré à l'encontre du petit roi Louis XVII ;

    IV. Louis XVIII.

    On verra que, même si l'on n'est pas forcément d'accord sur l'intégralité de ce qu'écrit Balzac, et même si l'on peut, parfois, être surpris par ce qui pourrait apparaître comme de la naïveté (les Prussiens auraient voulu « délivrer » Louis XVI ?) des tonalités, des analyses, des développements que l'on verra par la suite chez un Bainville, chez un Maurras sont déjà là, exprimées par Balzac, dès 1837... 

    A lire demain dans Lafautearousseau … 

    La « secte » des Encyclopédistes et la décomposition morale des « élites » et de la société au XVIIIe siècle [I]

    et aussi  ...

    Sortie au Maroc de « ROIS DE FRANCE suivi de NAPOLEON » , essai de Balzac paru en 1837 et indisponible depuis 1950

  • Histoire • Rois de France, de Balzac : La « secte » des Encyclopédistes, la décomposition morale - élites et société -

     

    C'est en 1837 que Balzac publia Rois de France, un ouvrage concis fort intéressant, consacré aux six derniers « Louis » rois de France, de Louis XIII à Louis XVIII. Malheureusement peu réédité par la suite, cet ouvrage était devenu, de ce fait, indisponible, depuis 1950.

    Notre confrère Péroncel-Hugoz a pris l'heureuse initiative de faire rééditer Rois de France, au Maroc, par les Editions Afrique Orient. Nos lecteurs peuvent d’ailleurs lire Péroncel-Hugoz ici-même, régulièrement, puisqu’il nous fait l’amitié de sa participation – très appréciée – à Lafautearousseau.

    Nous donnerons quatre extraits de Rois de France - des « bonnes feuilles » - dans nos prochaines parutions du week-end. 

     

    415470906.jpg1er extrait : La « secte » des Encyclopédistes, la décomposition morale - élites et société - au XVIIIe siècle [pages 75 à 79]

    « Les idées réformatrices se sont généralisées, et, comme il arrive toujours, elles ont été exagérées par leurs adeptes jusqu'aux derniers excès. Il ne s'agit plus que de l'anéantissement de tous les principes qui ont jusque-là régi les sociétés. La ridicule monstruosité de ses doctrines est comme un bouclier pour la nouvelle secte : car c'est bien une véritable secte avec ses chefs, ses affiliations, ses enthousiastes, ses martyrs, sa perfidie et sa vitalité puissante ; singulière secte, toutefois, dont la doctrine n'est qu'une négation de toutes les autres ! On se demandait ce qu'ils feraient quand ils auraient tout détruit, comme si ceux qui détruisent peuvent jamais réédifier. On peut rire des utopies créatrices, mais non des autres. Comme autrefois le protestantisme, la secte philosophique avait su conquérir le patronage de la noblesse. C'était dans les châteaux et dans les hôtels appartenant aux petits-neveux des compagnons de Coligny, que les théories nouvelles, écloses sous la lampe et dans la poudre des cabinets des penseurs, venaient revêtir un vernis de bel air et se mettre à la mode. Les nouveaux prêcheurs savaient aussi persuader aux Grands que tout l'honneur des réformes serait pour eux.

    C'est ainsi qu'ils obtinrent l'abolition de la Société des Jésuites, dont nous ne pouvons réviser ici l'interminable procès, mais qui se recommandait pour les connaissances universelles dont elle était dépositaire. Ces religieux avaient élevé, pour ainsi dire, toute la génération d'alors ; mais l'ingratitude ne devait point effrayer les hommes du dix-huitième siècle, et la condamnation que les Jésuites subirent est presque une absolution aux yeux des hommes réfléchis. Les parlements concoururent aussi à la chute de cette société puissante ; cependant, ils n'étaient point les alliés constants des philosophes, par lesquels ils se trouvaient dépassés ; dans cette circonstance, ils n'avaient été dirigés que par une opposition dogmatique. 

    Pendant le règne de Louis XV, l'attitude indécise de la magistrature est non moins remarquable. Elle aussi a senti la monarchie s'effondrer dans ses fondements : tantôt elle poursuit son système d'opposition et de patient agrandissement, cherchant à se soumettre toutes les autres institutions du royaume ; tantôt, voyant ces institutions menacées, elle sent que si elles sont renversées, elle périra elle-même, et alors elle se présente pour les défendre. Malgré son maintien agissant, l'institution des parlements fut la première qui tomba, et ce fut le pouvoir royal qui la renversa, se privant ainsi lui-même d'une barrière puissante contre des ennemis plus dangereux, barrière dans laquelle il devait seulement se garder de s'emprisonner. Les philosophes battirent des mains quand ils virent la chute de ce formidable corps. C'est à la fin de l'année 1770 que fut frappé ce coup d'Etat, déterminé par des querelles particulières, et non par une pensée politique. Louis XV, à cette occasion, fit preuve d'une vigueur qu'on regrette de ne pas l'avoir vu déployer plus souvent et dans des occasions plus importantes...

    ...Ce fut à cette époque que l'on put apprécier à quel point l'esprit national était déchu en France. La nouvelle d'une défaite n'excitait plus, comme aux nobles temps de la monarchie, le deuil et la colère publiques, mais plutôt une joie maligne. La nation avait fait scission avec la couronne ; le roi n'était plus l'Etat. Dès que les choses étaient ainsi, la nation et le roi devaient être ennemis, jusqu'au jour où l'un des deux disparaîtrait devant l'autre. Tous les anciens ressorts étaient brisés ; chacun, sentant vaguement qu'une dissolution générale était proche, avait jeté là les préjugés et les idées antiques que ses pères lui avaient transmis, et dont ses fils avaient pu répudier, de gré ou de force, l'héritage. Les prêtres avaient oublié la religion, les militaires la discipline, les magistrats la justice, et les femmes la pudeur. La noblesse, à laquelle il eût appartenu de rappeler le roi et la nation à leurs devoirs respectifs et de reconstituer la monarchie, ne formait plus un corps assez compact et assez puissant pour rien tenter. A part quelques protestations isolées, on voit les seigneurs se laisser maîtriser entièrement par leurs habitudes, et se borner à rester à la tête du mouvement qui s'opère, sans examiner où ils vont et sans réfléchir que pour être les premiers, ils ne donnent point inévitablement l'impulsion.

    La monarchie recueillait les fruits des mesures prises par Richelieu et par Louis XIV pour l'abaissement du corps de la noblesse. Par leurs alliances et par leurs habitudes citadines, les gentilshommes s'étaient trouvés confondus avec la bourgeoisie et les anoblis, sans conserver aucune démarcation, ni politique ni morale. Ils n'avaient donc plus droit à des privilèges et à des distinctions devenues purement traditionnels. Leur position était des plus difficiles, également insoutenable pour eux et pour la nation. En faisant alliance avec les hommes d'intelligence et d'idées, ils avaient eux-mêmes commis une faute contre leurs propres intérêts. Ils ne virent point qu'ils n'étaient pour ceux-ci qu'un instrument. Après avoir ruiné toutes les institutions dont ils étaient les défenseurs-nés, et sur lesquelles ils s'appuyaient, pensaient-ils qu'on les épargnerait ? Cherchaient-ils en la raillant à se faire pardonner leur domination, réelle autrefois et devenue depuis honorifique ? Espéraient-ils conserver des insignes qui cessaient d'exprimer des idées et des faits ? Ou bien pensaient-ils que toute cette guerre si active n'était qu'un jeu et comme un tournoi de la pensée, qui remplaçait pour leur caractère inquiet les tournois de la lance et de l'épée ? Cette dernière idée fut sans doute la plus générale ; c'était celle qui devait dominer, mais bien souvent interrompue par de terribles pressentiments. 

    A voir cette société brodée, poudrée et musquée, dont Watteau nous a laissé un si aimable portrait, qui eut pu croire qu'elle portât dans ses flancs la plus grande et la plus furieuse révolution que l'histoire puisse raconter ? Comment tant d'énergie et de colère pouvaient-elles couver sous cette enveloppe d'esprit, de galanterie et de gaieté ? Mais on eut frémi peut-être en écoutant plus sérieusement les discours avinés et parfumés qui se tenaient dans les petites maisons, dans ces jolis petits appartements dorés et soyeux, entre une débauche des tables et une débauche amoureuse. Quelle audace dans la parole des gens d'esprit, comme on les appelait alors ! Quelle imprudente folie dans les applaudissements des seigneurs ! Et souvent aussi, que de haine dans le persiflage mielleux des premiers ! Et que de dédain dans la familiarité des seconds ! Les bourreaux et les martyrs auraient déjà pu se deviner... » 

    A lire dans Lafautearousseau … 

    Histoire • Rois de France, de Balzac, republié par Péroncel-Hugoz : Présentation [I]

    et aussi  ...

    Sortie au Maroc de « ROIS DE FRANCE suivi de NAPOLEON » , essai de Balzac paru en 1837 et indisponible depuis 1950

  • Café Histoire de Toulon, mercredi 28 juin, avec Antoine de Crémiers, sur le transhumanisme

    Antoine de Crémiers, est responsable éditorial à la Nouvelle Revue Universelle, du Café Actualité d'Aix-en-Provence et conférencier. Il est également responsable de la formation d'Action Française Provence.

    Le transhumanisme qui arrive est-il le stade suprême du libéralisme ? Sommes nous devant cette "France des robots" que le grand écrivain catholique Georges Bernanos nous annonçait dès 1947 ? La nouvelle génération des jeunes catholiques contestataires de la passionnante revue LIMITE a-t-elle raison de nous alerter ? Que doivent penser les catholiques devant le danger transhumaniste ? Quel rapport avec l'encyclique Laudato Si ? C'est a un véritable et nécessaire exercice de réflexion que l'animateur du Café Actualité d'Aix en Provence, Antoine de Crémiers nous fera participer. 

    Le Grall, Pub associatif des missionnaires de la Miséricorde (adhésion 1 €)
    377 avenue de la République , 83000 Toulon
    La soirée pourra se poursuivre autour d’une pizza (Participation aux frais)
    Contact : cafehistoiredetoulon@gmail.com

  • Action française & Histoire • Jean-Pierre Fabre-Bernadac : « L'affaire Daudet, un crime politique »

     

    Publié le 30 avril 2016 - Réactualisé le 10 juin 2017

     

    IMG.jpgENTRETIEN. En novembre 1923 éclate « l'affaire Philippe Daudet ». Le fils du célèbre homme de lettres et figure de proue de l'Action française Léon Daudet est retrouvé mort dans un taxi. Un prétendu suicide aux allures de crime politique. Jean-Pierre Fabre-Bernadac, ancien officier de gendarmerie, diplômé de criminologie et de criminalistique, a rouvert le dossier à la lueur de sources nouvelles.

    ROPOS RECUEILLIS PAR RAPHAËL DE GISLAIN

    LE 24 NOVEMBRE 1923, BOULEVARD MAGENTA, PHILIPPE DAUDET EST RETROUVÉ AGONISANT DANS UN TAXI. QUE S'EST-IL PASSÉ EXACTEMENT CE JOUR-LÀ ?

    Il y a deux choses importantes à rappeler à propos de Philippe Daudet pour comprendre ce qui s'est effectivement passé. Le jeune homme avait une grande admiration pour son père et il avait tendance à faire des fugues. Agé de 15 ans lors des faits, il avait l'âme excessivement romanesque, exaltée. Juste avant sa mort, il essaie de partir pour le Canada. Mais une fois au Havre, il s'aperçoit qu'il n'ira pas plus loin...Dès lors, comment revenir chez lui sans subir les foudres de ses parents ? Comment faire pour que cette nouvelle fugue ne déçoive pas trop son père ? Dans son esprit, il s'agit d'être à la hauteur ; son grand-père Alphonse est un immense écrivain et son père Léon une figure royaliste brillante et redoutée. Comme il sait que les anarchistes ont déjà essayé de tuer son père un an plus tôt, il se dit qu'un acte de bravoure, qui consisterait à révéler la préparation d'un nouveau complot pourrait faire oublier cette fugue... De retour à Saint-Lazare, il se rend donc au Libertaire, journal qui hait Léon Daudet, pour infiltrer les cercles anarchistes. Il tombe dans un panier de crabes parce que le milieu est complètement infiltré par la police politique. Avec son air de bourgeois et son projet fumeux d'assassinat de haute personnalité, Philippe Daudet n'a pas dû faire illusion très longtemps. Son identité certainement devinée, on l'envoie vers un libraire, un certain Le Flaoutter, indic notoire, et son sort bascule. La Sûreté générale, l'organe de la police politique, est prévenue, onze hommes débarquent pour arrêter le jeune homme... qui est retrouvé mort dans un taxi.

    LA THÈSE OFFICIELLE CONCLUT À UN SUICIDE. VOUS MONTREZ QU'ELLE EST COUSUE DE FIL BLANC...

    En effet, les incohérences se succèdent. Philippe Daudet a récupéré chez les anarchistes un « 6.35 ». Il tenait-là la preuve de son courage vis-à-vis de son père. Pourquoi ne rentre-t-il pas chez lui à ce moment-là ? Par ailleurs, il était extrêmement croyant et on ne comprend pas ce geste de suicide - un péché absolu -, d'autant qu'il était heureux chez lui même s'il aimait l'aventure. En reprenant le dossier - j'ai pu accéder aux archives nationales de la Police et à l'ensemble des documents de la famille Daudet -, les partis pris de l'enquête m'ont sauté aux yeux. Des témoignages fondamentaux sont écartés, des pistes ne sont pas exploitées et les conclusions sont pour la plupart approximatives. Le « 6.35 » qui a donné la mort au jeune homme n'est manifestement pas celui retrouvé, vu qu'aucune balle ne s'est chargée dans le canon après le coup de feu comme elle aurait dû le faire automatiquement ; la douille réapparaît dans le taxi dix jours après le drame au moment de la reconstitution, alors qu'il avait été soigneusement nettoyé ; aucun des onze policiers postés spécialement ne voit Philippe Daudet entrer ou sortir de la librairie, les horaires ne concordent pas, etc.

    DANS QUEL CONTEXTE IDÉOLOGIQUE S'INSCRIT ETTE DISPARITION ?

    Marius Plateau, le secrétaire général de l'Action française, a été tué de 5 balles un an auparavant par Germaine Berton, une anarchiste. À l'issue d'un procès absolument inique, la meurtrière est acquittée... Le contexte est donc extrêmement tendu. Des élections approchent, qui vont être gagnées par la gauche. Poincaré, qui a eu un lien amical avec l'Action française pendant la guerre - il sait le nombre de soldats et d'officiers qui ont été tués dans ses rangs - change son fusil d'épaule lorsqu'il voit que sa carrière est en jeu. Une tension sous-jacente vient du fait que l'Action française essaie de se rapprocher par le cercle Proudhon du mouvement ouvrier. Cela fait peur au pouvoir. On craint qu'une forme de national populisme ou monarchisme ne s'installe, d'autant que les scandales comme Panama ou le trafic des légions d'honneurs n'ont fait que discréditer la classe politique. Il faut bien voir que les tranchées ont donné naissance à une fraternité nouvelle considérable entre des français d'horizon divers. Le bourgeois et l'ouvrier ont maintenant un point commun : ils ont risqué leur peau de la même manière. Le fascisme, et d'une certaine façon, le national-socialisme sont nés de ce même élan à l'époque. Cette union qui bouleverse les classes effraie et on veut y mettre un terme à tout prix.

    tumblr_nfg1vfr2r11u298jgo1_500.jpgDANS CE CLIMAT, POURQUOI ABATTRE LE FILS DE DAUDET ?

    Disons que, parmi les personnalités de l'Action française, mouvement qui suscitait une inquiétude grandissante, Léon Daudet avait des enfants et que Maurras n'en avait pas... Philippe, avec ce caractère éloigné des réalités, était quelqu'un de facilement manipulable. Voir cet enfant se jeter dans la gueule du loup était une aubaine pour des adversaires politiques. Je ne pense pas qu'il y ait eu de préméditation. Je ne crois pas qu'on ait voulu le tuer au départ mais que les circonstances ont conduit la Sûreté générale à le supprimer, lorsqu'elle a su qui elle tenait... Les Daudet étaient des sanguins ; il est possible que, se sentant démasqué, Philippe se soit rebellé, qu'un coup de feu soit parti et que l'on ait voulu maquiller les choses en suicide... On y a vu le moyen d'ouvrir une brèche et d'affaiblir l'Action française, qui bien sûr était visée in fine.

    IL Y A AUSSI CET INCROYABLE PROCÈS POLITIQUE CONTRE LÉON DAUDET...

    C'est la cerise sur le gâteau. Le père vient de retrouver son fils mort dans un taxi. Il fait un procès au chauffeur et voilà qu'il se retrouve condamné à cinq mois de prisons ! Il faut bien saisir la perfidie de ce jugement, à travers lequel on a opposé de façon fictive un père et un fils, salissant la réputation de l'un et la mémoire de l'autre. Les anarchistes n'ont cessé de répéter au cours du procès que Philippe était des leurs, ce qu'il n'a bien sûr jamais été. Lorsque l'on sait que les anarchistes étaient à l'époque le bras armé de la République, la manoeuvre est particulièrement écoeurante. Léon Daudet va finir par se rendre, mais l'histoire ne s'arrête pas là. Grâce au détournement des lignes téléphoniques du ministère de l'intérieur par une militante de l'Action française, il parvient à s'évader d'une façon rocambolesque. Après quoi il est contraint de se réfugier plusieurs années en Belgique...

    UNE TELLE AFFAIRE POURRAIT-ELLE SE REPRODUIRE AUJOURD'HUI ?

    Le pouvoir donne tous les moyens pour agir en cas de menace. Je crois qu'évidemment de tels évènements pourraient se reproduire aujourd'hui et qu'ils ne sont pas l'apanage d'une époque. Depuis 1945, les disparitions troubles d'hommes proches du pouvoir n'ont pas cessé - on en compte au moins trois. La police politique n'a pas disparu, elle est inhérente à la République. 


    À LIRE : ON A TUÉ LE FILS DAUDET, de Jean-Pierre Fabre-Bemardac, éditions Godefroy de Bouillon, 265 p., 26 euros.

  • Histoire & Actualité • Le 9 juin 721, Eudes d’Aquitaine sauvait l’Occident de la submersion islamique

     

    Par Gérard Couvert

    Nous avons aimé cet article qui évoque avec élégance, bien-sûr au titre de l'Histoire mais aussi à titre de métaphore, cette journée du 9 juin 721 où Eudes d'Aquitaine vainquit les Musulmans à Toulouse [Boulevard Voltaire, 8.06].   LFAR     

     

    94c997b49ad638761fa7e53fce25ad94.jpeg.jpgPeu à peu les hommes émergent du sommeil, la nuit est encore noire, quelques flambeaux dessinent des ombres inquiétantes sur le vieux rempart romain.

    Eudes n’a pas dormi de la nuit, il sait que ses hommes sont épuisés, il sait qu’ils se battront à un contre deux, il s’interroge sur la fidélité des Basques ; son plan est audacieux, s’il échoue, Toulouse tombera aux mains des musulmans, consacrant la perte de toute la vallée de la Garonne.

    Les trois éponges bénites, ayant recueilli les gouttelettes de vin laissée choir par le pape lors de sa communion, furent taillées à la vue de tous, chaque guerrier chrétien agenouillé en reçut un morceau qu’il avala religieusement, comme une hostie ; tous avaient entouré leur épée dans un pli de leur manteau et lacé solidement leur bouclier rond dans le dos. Certains portaient des armures à écailles, leur lance courte posée délicatement à côté d’eux, d’autres avaient une protection de cuir et un arc à double courbure. Les alliés neustriens sont restés groupés ; non loin, la troupe des Vascons s’agite déjà, se sachant promise à l’assaut frontal.

    Après une heure de marche silencieuse, le duc d’Aquitaine arrête son armée ; ses éclaireurs confirment que le camp arabe n’est pas alerté. La voie romaine est encore bien pavée : pour éviter le bruit, Eudes fait entourer les sabots des chevaux dans des peaux de lapin.

    Ses derniers ordres sont donnés : face à l’entrée du camp, les Basques véloces et adroits lancent l’attaque ; après un détour, la cavalerie fond sur le flanc sud ; enfin, déboulant des coteaux, le gros des forces pénètre par le nord-ouest. Pas de quartier, pas de merci ; l’effet de surprise doit permettre le massacre.

    Les guetteurs berbères ont d’abord cru à des reflets sur les eaux des nombreux ruisseaux du Lauragais, puis, enfin, la poussière et une masse sombre avançant ne leur laissent aucun doute : « ‘iindhar ! » ; en quelques minutes, incrédules puis fébriles, les chefs arabes forment les farq défensives. « Comment, alors qu’ils sont si faibles, osent-ils attaquer ? » Les premières flèches tombent. La farouche furia des Basques emporte la première ligne maure, puis la charge des cavaliers, pieux et déterminés – ceux-là mêmes qui seront les ancêtres des chevaliers croisés –, porte le fer chrétien au cœur du camp musulman ; arrive enfin, à revers, l’infanterie légère. 

    Trois heures plus tard, le fracas des armes s’atténue, les râles des agonisants se mêlent aux cris des dernières escarmouches, et aux suppliques des vaincus que l’on égorge ; l’âcre de l’odeur du fer, du cuir mouillé de sueur, s’ajoute à l’âpre du sang ; au lointain des cavalcades rattrapent des fuyards.

    À son zénith, le vif soleil salue la victoire ; les viscères chauffés gonflent, les nuées de mouches obscurcissent les corps démembrés et entremêlés, des heaumes éventrés montrent les yeux désorbités de visages déformés… Quelques chevaux arabes qui n’ont pas eu le temps d’être montés broutent paisiblement ; déjà le butin est séparé du reste, que l’on incendie.

    C’était il y a 1.296 ans, le 9 juin 721 ; Eudes d’Aquitaine vient de briser le siège de Toulouse, tuant 3.700 envahisseurs musulmans ainsi que leur chef, le wali d’Al-Andaluz. Cette déroute des hordes islamiques donnera à Charles Martel le temps d’organiser son armée pour la bataille de Poitiers, plus connue ; pourtant, plus que le Carolingien, c’est bien Eudes, dernier représentant de la romanité – il n’était pas germain –, qui sauva l’Occident de la submersion islamique.

    D’autres batailles auront lieu, dans le Narbonnais les Omeyyades tenteront une colonisation en faisant venir femmes et enfants ; des villes chrétiennes tomberont par traîtrise ou calcul. Les bas intérêts ou la pleutrerie pousseront certains féodaux à rechercher la clémence ou la protection des chefs musulmans. 

    Depuis 35 ans, les édiles successifs de Toulouse n’ont jamais ménagé leur peine pour accompagner l’implantation musulmane. Il y a quelques jours, une visite « de chantier » mais dont le sens était ailleurs a inscrit la mosquée du Mirail à Toulouse dans sa phase finale.

    Aujourd’hui, 9 juin, le mihrab sera achevé et nul doute que le très contestable imam M. Daffé sera là, pensant au symbole des 3.700 places de sa future mosquée. 

     
    Informaticien
  • LIVRES - HISTOIRE • Arnaud Teyssier : « Richelieu fit du pouvoir un sacerdoce », entretien avec Raphaël de Gislain, po

    Arnaud-Teyssier.jpgArnaud Teyssier, haut fonctionnaire et biographe reconnu (Louis-Philippe, Charles Péguy) dresse un portrait du grand ministre de Louis XIII qui renouvelle l’approche de son œuvre politique. Approche qui peut, bien-sûr, être discutée...

    Vous décrivez Richelieu comme un homme d’une piété profonde, à l’opposé du Machiavel en habit rouge que l’on se plaît habituellement à peindre. Est-ce le secret qui éclaire son action politique ?

    Cela permet de l’envisager d’une manière beaucoup plus cohérente. Ce qui me frappe, c’est la façon dont on « exécute » en général toute la première partie de la vie de Richelieu. On explique qu’il fut un bon évêque de Luçon, non par vocation mais par esprit de devoir familial. On néglige le fait qu’il a passé des mois à Rome à une période de religiosité intense, qu’il a consacré beaucoup de temps à son diocèse, écrit un catéchisme pour ses prêtres, composé des traités théologiques jusqu’à son lit de mort. Ses travaux sont, certes, connus mais le doute est jeté sans aucune preuve tangible sur la sincérité de sa foi. Or l’énergie religieuse dont il fait preuve ne s’explique pas par la seule conscience de sa charge. Cette dimension n’a pas encore été vraiment étudiée. Elle met pourtant en lumière que le cardinal n’a rien d’un arriviste ; il accède au pouvoir en 1624, sept ans après ses premières missions, soit à quarante ans, ce qui n’a rien de fulgurant. Je crois que le problème vient du fait que l’on regarde les hommes d’église d’autrefois avec les yeux d’aujourd’hui. à l’époque, la foi est quelque chose de combatif, d’ardent ; cela fait partie du rôle du prêtre que d’agir pour la communauté, que de s’engager sur le terrain politique. Richelieu a cela ancré en lui.

    Lorsqu’il accède aux responsabilités politiques, au Conseil de la reine-mère Marie de Médicis et comme ministre de Louis XIII, quelles menaces pèsent sur le royaume ?

    Le royaume est déchiré. Il y a d’abord des guerres intérieures. Les grands du royaume, qui n’ont cessé de s’agiter depuis la mort d’Henri IV, ont été des acteurs du conflit qui a opposé Marie de Médicis à Louis XIII pendant de longues années ; il y a le problème de la puissance protestante, à la fois politique et militaire, héritage de l’édit de Nantes qui menace de faire vaciller le royaume : La Rochelle, au bord de la sécession, risque de provoquer une rébellion généralisée. Les dangers intérieurs sont donc énormes, surtout si l’on tient compte de l’affaiblissement politique de le France durant la régence de Marie de Médicis. La deuxième menace est d’ordre extérieur. Richelieu en prend conscience dès son passage au Conseil du roi en 1616 ; la stratégie d’unité des Habsbourg et de la monarchie espagnole qui vise à enfermer la France dans un étau lui semble un péril imminent. Entre 1624 et 1630, une partie du Conseil du roi, illustrée par Louis de Marillac rejoint par Marie de Médicis, souhaite se consacrer au rétablissement de l’ordre au sein du pays. Richelieu s’en dissocie. Il lui paraît nécessaire de se battre en même temps sur les fronts intérieur et extérieur, malgré les difficultés diplomatiques. Après la journée des Dupes en 1630, lorsqu’il est confirmé dans ses fonctions, sa politique est pleinement adoptée par le roi tandis que les rivaux sont écartés. 

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    Richelieu présente Poussin à Louis XIII

    Quelle relation se met en place entre Louis XIII et Richelieu ?

    On a beaucoup glosé sur cette question et la véracité des sources est parfois douteuse. Il me semble qu’entre le Richelieu du début et le jeune Louis XIII, l’entente n’a pas été immédiate, dans la mesure où le roi a pu être influencé négativement par son entourage. Cette méfiance s’estompe lorsque Richelieu devient une figure principale du pouvoir. Il apprend au roi à se garder de la calomnie comme de ses propres faiblesses ; il existe des échanges extraordinaires à ce sujet… Richelieu incarne progressivement une sorte de directeur de conscience pour Louis XIII ; on retrouve là le prêtre qu’il a toujours été. Ce lien se renforce au moment du siège de La Rochelle, lorsqu’en butte à la dépression, le roi trouve un appui solide en son ministre. Pour lui qui n’a jamais eu d’entourage fiable, ce soutien est une découverte. La journée des Dupes témoigne peut-être moins de la force de caractère insoupçonnée du roi contre la cour que de cette confiance exceptionnelle qui s’est nouée entre les deux hommes. L’idée répandue selon laquelle Richelieu aurait manipulé Louis XIII est à mon avis contraire à la nature de leur relation. Richelieu avait un respect absolu de l’autorité royale et savait que son œuvre était d’aider le roi à advenir, à être à la hauteur de sa charge.

    Quelle philosophie du pouvoir Richelieu développe-t-il ?

    Pour mettre un terme à la décadence du royaume, la première idée du cardinal est que « chacun doit revenir en sa charge » pour que les institutions soient incarnées comme elles le doivent. Sa deuxième grande réflexion concerne l’administration de la société humaine, l’organisation de la vie collective, qui doivent s’accomplir parallèlement à l’exécution des devoirs du chrétien. Son premier devoir est d’aimer les autres en pratiquant la charité active ; être utile à sa famille, à sa communauté. L’ordre des affaires publiques fonctionne sur le même modèle, il revient à faire passer le service d’autrui et les intérêts collectifs avant les intérêts privés. C’est une leçon très simple. On observe cette correspondance en lisant le Traité de la perfection du chrétien et le Testament politique. Je ne crois pas que Richelieu avait deux dimensions, une politique et une religieuse, mais qu’il en avait une seule : celle du prêtre.

    N’aurions-nous pas besoin de Richelieu dans la France d’aujourd’hui ?

    Je crois que De Gaulle avait dit que de toute façon, si Richelieu revenait, il serait battu aux élections ! Dans un pays comme la France, qui n’a pas rompu avec une conception monarchique du pouvoir, la survivance de l’idée du prince est un facteur essentiel d’unité, étant donnée la faiblesse de nos institutions. Ce dont nous avons besoin aujourd’hui, et que Richelieu nous enseigne, c’est de retrouver une conception sacerdotale du pouvoir. Bien sûr, on imagine mal le retour à la tête de l’état d’un prêtre ardent comme l’était le cardinal, mais il faut que l’on reconsidère cette idée qu’il nous transmet que l’unité du pays et la suprématie de l’intérêt général possèdent une dimension sacrée. Ce qui est étonnant, c’est que cette conception chrétienne de la politique est restée dans la société française laïcisée d’aujourd’hui. C’est un paradoxe et une grande difficulté. Comment l’incarner dans un système moderne et déchristianisé ? Aucun régime, ni la monarchie parlementaire, ni le Second Empire, ni la République, ni même De Gaulle, n’ont réussi à « resacraliser » le pouvoir… 

    Richelieu, l’aigle et la colombe, d’Arnaud Teyssier, éditions Perrin, 24,50 € 

    (Politique magazine - )
  • Actualités du blog • Grands auteurs ou acteurs de l'Histoire : une bibliothèque qui s'enrichit et qui est à la dispositi

    Trombinoscope grands auteurs.jpg

    Les auteurs présents dans notre bibliothèque 

    Sauf exception, chaque vendredi, nous vous livrons une réflexion, une pensée brève, parfois une analyse plus étoffée, et certaines jours des vers, de l'un de nos grands auteurs français et européens, ou encore de quelques-uns des acteurs qui font ou ont fait l'Histoire, et qui, souvent, furent aussi des écrivains, des scientifiques, ou des artistes.   

    Notre galaxie personnelle et collective ne se limite pas, bien-sûr, aux quelques noms, aux quelques maîtres, pour ainsi dire, directs, à qui l'on voudrait nous limiter, ou auxquels, nous-mêmes, par facilité, pourrions être tentés de nous limiter. Ce genre de - d'ailleurs fausse - fidélité n'est pas fécond. Nos vraies références sont riches et multiples, dans l'espace et dans le temps. Il nous importe de nous y référer. Et lorsque on s'y attache, l'idée, la crainte, l'impression de notre isolement se dissipent, se relativisent et se métamorphosent en une forte impression de solidarité, de filiation heureuse avec tout un univers constitué de quelques-uns des esprits les plus marquants de notre culture, française et européenne.   

    Tel est l'esprit et l'objet de cette bibliothèque de textes et d'auteurs que nous constituons peu à peu, chaque vendredi. • 

    Déjà présents :

    •  Edgar Poe   •  le Dalaï Lama  •  Goethe   

    •  Tocqueville   •  Baudelaire  •  Anouilh

    •  Vaclav Havel   •  Claude Lévy-Strauss

    •  Charles Péguy   •  Dostoïevski  •  Racine     

    •  Malraux   •  Unamuno   Frédéric II

    •  La Satire Ménippée   •  George Steiner  

    •  Shakespeare  •  Balzac •  Auguste Comte 

    •  Jacques Perret   •  Paul Verlaine •  Louis XIV   

    •  Georges Bernanos   •  Anatole France  

     •  Pierre Manent •  Charles Maurras

    •  Alexandre Soljenitsyne •  Winston Churchill

    •  Le Pape François  •  Alfred de Musset 

    Une majorité de Français et de grands esprits européens (anglais, allemand, espagnol, tchèque et russe). Plus le Dalaï Lama ...

    Bien d'autres auteurs éclectiques et profonds sont à venir. « Du bonheur d'être réac ? » C'est, à des titres divers, ce qui les rassemble. Lecteurs, étudiants, universitaires, n'hésitez pas à consulter cette bibliothèque. Elle est faite pour vous; elle est à votre disposition !

    Icône en page d'accueil, colonne de gauche, partie haute.  

  • ALLEZ DONC A CHANTILLY ! Histoire d'une expo : Puzzles au musée, par Véronique PRAT*

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    **** FRA ANGELICO, BOTTICELLI, CHEFS D’ŒUVRE RETROUVES, Domaine de Chantilly, jusqu’au 4 janvier 2015.  

    Les retables de la Renaissance ont souvent été morcelés au cours des siècles, au gré du marché de l’Art ou de l'histoire du goût, puis répartis entre diverses institutions, Grâce à des emprunts, l'exposition du Domaine de Chantilly reconstitue magnifiquement plusieurs de ces grandes structures. 

    L’aventure de l'une d'elles, thébaïde, de Fra Angelico, est superbe : en 2012, le panneau central est acheté par un amateur dans une vente aux enchères à Marseille. Il apparaît évident que ce panneau n'est qu'une partie d'une composition plus vaste, qui se révélera être une suite d’épisodes de la vie des premiers Pères du désert, découpée puis éparpillée en six morceaux au XIX° siècle par un marchand indélicat Un savant puzzle a permis à Michel Laclotte, brillant connaisseur du 0uattrocento, de réunir les différents fragments de l'œuvre, aujourd'hui conservés entre Chantilly, Anvers, Cherbourg et Philadelphie. Avec l'espoir que l'exposition fasse réapparaitre le sixième fragment, encore manquant. Parmi d’autres exemples, prétextes à voir des dessins de Michel-Ange et de l'entourage de Léonard de Vinci, les deux cassoni (coffres de mariage) de Filipino Lippi et Sandro Botticelli, ou le retable de Sassetta pour l’autel de San Francesco à Borgo San Sepolcro (le mariage mystique de saint François), qui ont eux aussi retrouvé leur splendeur dbrigine.  u

     

    Source :  Le Figaro Magazine

     

  • Actualités du blog • Grands auteurs ou acteurs de l'Histoire : une bibliothèque qui s'enrichit et qui est à la dispositi

    Trombinoscope grands auteurs 08.02.2015.jpg

    Les auteurs présents dans notre bibliothèque 

    Sauf exception, chaque vendredi, nous vous livrons une réflexion, une pensée brève, parfois une analyse plus étoffée, et certaines jours des vers, de l'un de nos grands auteurs français et européens, ou encore de quelques-uns des acteurs qui font ou ont fait l'Histoire, et qui, souvent, furent aussi des écrivains, des scientifiques, ou des artistes.   

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    Tel est l'esprit et l'objet de cette bibliothèque de textes et d'auteurs que nous constituons peu à peu, chaque vendredi. 

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    •  Tocqueville   •  Baudelaire  •  Anouilh

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    •  Charles Péguy   •  Dostoïevski  •  Racine     

    •  Malraux   •  Unamuno   Frédéric II

    •  La Satire Ménippée   •  George Steiner  

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    •  Jacques Perret   •  Paul Verlaine •  Louis XIV   

    •  Georges Bernanos   •  Anatole France  

    •  Pierre Manent •  Charles Maurras 

    •  Alexandre Soljenitsyne •  Winston Churchill

    •  Le Pape François  •  Alfred de Musset

     Michel Houellebecq  

    Une majorité de Français et de grands esprits européens (anglais, allemand, espagnol, tchèque et russe). Plus le Dalaï Lama ...

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  • C'est aujourd'hui : notre second site, lafautearousseau, grands auteurs ou acteurs de l'Histoire

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    Comme nous l'avons annoncé le 17 juillet dernier, nous inaugurons aujourd'hui le nouveau site Lafautearousseau grands auteurs ou acteurs de l'Histoire.

    En effet, depuis un peu plus d'un mois, nous avons pris l'initiative de mettre en ligne, chaque semaine, ordinairement le vendredi, une courte réflexion, en prose ou parfois, aussi, en vers, de grands auteurs ou acteurs de l'Histoire, réfléchissant sur notre temps, s'inquiétant de l'avenir, analysant le passé et le présent ou rappelant une vérité de tous les temps.

    Nous avons souhaité que ces textes ne soient pas empruntés aux auteurs que nous citons le plus souvent, dont nous pouvons dire, au sens de Georges Steiner, qu'ils sont nos maîtres. Sauf exception, vous n'y trouverez donc pas de textes de Maurras, Bainville, Daudet ou Thibon, si souvent présents dans nos écrits et dans nos pensées. 

    Nous nous réfèrerons plutôt à d'autres influences, d'autres grandes figures, françaises ou non, proches de nous ou pas, qui sur une question importante déterminée, pensent ou ont pensé comme nous, élargissent notre horizon et nous enrichissent. Et comme nous n'avons pas voulu qu'au fil des mois, ces notes s'enfouissent et se perdent dans les fonds d'archives de lafautearousseau quotidien, nous les regroupons dans ce second site, en lien avec ce blog. Vous pourrez toujours les consulter, y réfléchir, les utiliser.

    L'ouverture de ce nouveau site ? C'est aujourd'hui. Vous pourrez désormais y accéder en cliquant sur l'icône qui le figure (colonne de gauche, partie haute) et sa lettre de diffusion sera adressée tous les deux jours aux abonnés, en alternance avec celle de Lafautearousseau quotidien. Les deux blogs sont en lien et synergie; vous pourrez très simplement passer de l'un à l'autre. Bonne lecture ! 

     

  • Où Jacques Bainville nous rappelle que seul l'extraordinaire arrive et que l'Histoire ne finit pas

     

     

    « Ceux qui ne croient pas à la possibilité de la guerre, des invasions, des annexions, des écroulements d'empires, croient en somme à la stabilité du monde tel qu'ils l'ont connu et à l'éternité de la carte de géographie telle qu'ils l'ont vue dessinée à l'école. Quand les catastrophes arrivent, les mêmes n'admettent pas que ce puisse être sérieux et pensent toujours que le monde ne va pas tarder à rentrer dans son assiette, comme les fleuves rentrent dans leur lit après une inondation. »

     

    Jacques Bainville

     

    L'Action française, 3 mai 1918. Nous avons seulement pris la liberté de mettre au présent cette phrase écrite au passé.

     

  • HISTOIRE • Bainville a eu à commenter aussi un Sommet des Amériques, comme celui qui se tient au Panama ...

    Comme tout un chacun nous avons suivi, par médias interposés, les nouvelles du Sommet des Amériques qui vient de s'ouvrir au Panama. Nous avons écouté - sans surprise - le président Obama réaffirmer avec de fortes, traditionnelles et même assez martiales paroles, le rôle universel des Etats-Unis et leur fierté d'avoir à l'assumer pour la paix du monde, la démocratie et - naturellement - pour le bonheur des peuples. Des peuples, des sociétés civiles, a-t-il ajouté très impérial, avec lesquels les Etats-Unis se doivent de dialoguer directement, comme, accessoirement, ils le font aussi avec les Etats qui les représentent ... Ces derniers ne sont-ils pas d'ailleurs, en quelque sorte, comme jadis Rome avait les siens, des Etats vassaux dont on tolère la survivance, pour ne vexer personne ? 

    Alors nous nous sommes souvenus de la description et du commentaire que Jacques Bainville avait donné en son temps d'un semblable sommet panaméricain et, lors du même sommet, du comportement d'un Obama de l'époque, aujourd'hui bien oublié, le président Coolidge. Sommet et président tellement ressemblants à ceux d'aujourd'hui ! Le lecteur n'a pas grand mal à transposer. Et nous avons eu envie de relire ce texte si bainvillien et si actuel. Et, mieux encore, comme l'on trouve tout dans Lafautearousseau, ce qui rend ce blog irremplaçable, nous l'avons retrouvé d'un clic. Le voici. Lisez, réjouissez-vous ! 

     

    Du Journal, Tome III (1927/1935); Note du 18 janvier 1928, pages 34 à 36)

    etats unis,coolidgeOn ne peut manquer d'être frappé de l'assurance avec laquelle le président Coolidge s'est exprimé dans son discours d'ouverture du congrès panaméricain. Cette assurance paisible est celle que donnent la puissance et la richesse. De loin, une vue superficielle des choses laissait croire que les États-Unis, à l'assemblée de La Havane, seraient jugés par les Républiques latines, qu'ils auraient des comptes à rendre ou des excuses à fournir pour leur politique d'intervention au Nicaragua, en Haïti et ailleurs. La grande République de l'Amérique du Nord a tout de suite paré le coup. Tout au moins, en présence du président Coolidge, la question ne sera pas posée.

    La grande République des États-Unis a la majesté de la république romaine. M. Coolidge s'est rendu à La Havane avec un déploiement de force, un appareil de luxe qui font penser au voyage d'un proconsul. Il a derrière lui le Sénat de Washington, qui rappelle le Sénat romain. Et il parle aussi de paix, comme en parlait Rome, qui a, en effet, pendant plusieurs siècles, donné la paix au monde d'alors, mais en intervenant partout où cette "paix romaine" était troublée. 

    Virgile avait donné la formule d'une doctrine de Monroe lorsqu'il conseillait aux Romains de se souvenir qu'ils étaient destinés à gouverner les peuples. Cet orgueil tranquille est l'accompagnement de la grandeur. A quoi sert de se dissimuler que les États-Unis sont très grands, qu'ils ont en hommes et en ressources des disponibilités immenses et qu'ils n'ont à subir le contrôle de personne ? On ne peut, en somme, que rendre justice à leur modération. C'est celle d'Auguste disant a Cinna : "Je suis maître de moi comme de l'univers." 

    Le respect - le Code dit très bien "la crainte révérentielle" - que les États-Unis inspirent, se traduit, à chaque instant, par des soumissions imprévues. On croyait que le Mexique, très avancé et un peu bolchévisant du président Calles, tenait tête à la République voisine. Il est devenu doux comme un agneau. Il y a un parti yankee au Nicaragua, et ce n'est peut-être pas le moins influent. Ne dites pas aux citoyens de la République de Panama qu'ils sont sous influence étrangère; ils  se fâchent. Ne dites pas aux citoyens de la République de Colombie que la politique du dollar, aidée par la politique du gros bâton, a séparé d'eux les citoyens de Panama; vous les offenseriez. Le récent manifeste de M. Romain Rolland et de quelques autres défenseurs de la liberté des peuples à disposer d'eux-mêmes court grand risque de n'être pas entendu.

    Mais on s'explique aussi que les Etats-Unis, habitués à trouver autour d'eux si peu de résistance, n'acceptent pas de discussion avec la vieille Europe, qu'ils se tiennent dédaigneusement à l'écart de la Société des Nations, que, pour les dettes, dites de guerre, ils proposent des chiffres qui sont à prendre ou à laisser, qu'ils construisent autant de navires de guerre qu'il leur plaît dès que l'Angleterre n'admet pas leur formule de limitation des armements navals, qu'ils aient leur conception du "bannissement de la guerre" et qu'ils l'imposent, bref qu'on ne gagne jamais à vouloir ruser ou finasser avec eux.

    On a trop encensé autrefois la liberté américaine. On la comprenait comme la liberté civique, l'idéal de la démocratie etc... Mais, être libre c'est être fort. Parce qu'ils sont forts, les États-Unis possèdent une liberté souveraine qui en arrive à ne pas se distinguer beaucoup de l'impérialisme, sinon par le fait que le président Coolidge, à la différence du président Hindenburg, ne porte pas d'épaulettes, d'éperons ni de sabre. 

    Illustration ci-dessus : le président Coolidge

     

  • HISTOIRE • 7 novembre 1659 : anniversaire du traité des Pyrénées, par Georges Garnier-Rousseau, dans Boulevard Voltaire

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    La paix des Pyrénées inaugurait avec éclat les prémices du Roi-Soleil, et le triomphe final des Bourbons sur les Habsbourg.   

    « La peste soit du Français ! » marmonne Don Luis Méndez de Haro y Sotomayor. Voilà des mois que traînent les négociations, et ce fourbe mitré est parvenu à arracher sa signature. Le fourbe mitré, c’est le cardinal Giulio Mazarini. Ses manières mielleuses, son accent italien roucoulant, sa façon de traîner autour du pot masquent un esprit habile, retors et passionnément dévoué aux Bourbons. Et ont peu à peu usé les nerfs de l’ambassadeur adverse.

    Mazarin, lui, est tout sourire : il voit enfin la signature de l’ombrageux ambassadeur espagnol sur le traité qu’il a mis des mois à négocier, pour la plus grande gloire du roi Louis XIV, son filleul. Il a même obtenu pour le jeune souverain la main de l’infante Marie-Thérèse, ainsi qu’une coquette dot de 500.000 livres. L’Espagne ne pourra jamais payer, mais il compte bien s’en servir comme d’un atout diplomatique dans le futur.

    Ce traité, la paix des Pyrénées, clôture définitivement la guerre de Trente Ans. Cette guerre, terminée en 1648 avec le glorieux traité de Westphalie, laisse l’Espagne en dehors de la paix. Celle-ci étend toujours sa domination au Sud (Cerdagne et Roussillon, entre autres) et à l’Ouest (Flandre et Franche-Comté). Elle a encore de réelles capacités de nuisance. La mort du grand Richelieu puis du roi Louis XIII, en France, encourage la noblesse bafouée par ce roi centralisateur à relever la tête, quitte à pactiser avec l’Espagne.

    Mais c’est sans compter sur les qualités diplomatiques de Mazarin, au service de la reine mère et du jeune Louis XIV. Il rallie d’abord Turenne, le plus grand capitaine de son temps, qui s’est lassé de la révolte nobiliaire. Ainsi que l’Angleterre de Cromwell, qui apprécie la « tolérance » de la France (elle a toujours soutenu les protestants contre les Espagnols et les Autrichiens). Après un début difficile, Turenne écrase les troupes du prince de Condé (un brillant capitaine français passé du côté espagnol). Sa conquête des Flandres espagnoles est si rapide qu’on est obligé de modérer son enthousiasme, les alliés des Bourbons voyant d’un mauvais œil une France trop victorieuse.

    On entame donc les négociations avec une Espagne à bout de souffle, et l’habile Mazarin arrache ainsi, le 7 novembre 1759, outre un mariage royal à son avantage, l’Artois, le Roussillon, une part de la Lorraine, du comté de Cerdagne et de nombreuses places fortes flamandes. La France en sort agrandie sur tous les fronts.

    Enfin, toute chose heureuse finit par un mariage. Celui de Louis XIV et de Marie-Thérèse. Ce symbole d’une paix glorieuse devait paradoxalement conduire à une nouvelle guerre moins heureuse pour la France : Louis XIV, grand-père, devait voir son petit-fils, en vertu du sang espagnol de sa grand-mère, hériter du trône d’Espagne. Un tel legs ne pouvait se refuser. Mais les ennemis de la France ne pourraient l’accepter.

    En attendant, la paix des Pyrénées inaugurait avec éclat les prémices du Roi-Soleil, et le triomphe final des Bourbons sur les Habsbourg. ♦ 

    Par 

    Étudiant