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Rechercher : qu'est ce que le système ?

  • Un mathématicien égaré en économie, par François Reloujac *

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    Le 13 octobre dernier, l’académie Nobel a attribué le prix d’économie au chercheur français Jean Tirole. Une manifestation de « la France qui gagne » aussitôt saluée par le président de la République et par le Premier ministre. Mais personne ne s’est véritablement interrogé sur la raison qui permet d’affirmer que les travaux de Jean Tirole illustrent la pensée économique française, même si, officiellement, celui-ci a été récompensé pour ses travaux sur « le pouvoir de marché et la régulation ».

    Jean Tirole est un ancien élève de l’école polytechnique. Il est allé mettre en œuvre ses acquis théoriques d’exploitation des statistiques économiques au Massachusetts Institute of Technology, le fameux MIT. C’est là qu’il s’est familiarisé avec la théorie des jeux, un ensemble d’outils qui analyse les situations dans lesquelles l’action optimale pour un agent dépend des anticipations qu’il forme sur la décision d’un autre agent. étant entendu que cet agent peut être aussi bien une personne physique qu’une entreprise.

    S’il n’a pas pris la nationalité américaine – contrairement à un autre prix Nobel d’économie « français », Gérard Debreu – c’est qu’il est revenu en France pour y créer, sur le modèle des universités américaines, la « Toulouse School of Economics » (TSE). Cette dernière est uniquement financée par des grandes entreprises. Les cours y sont dispensés en anglais à des étudiants qui, pour 60 % d’entre eux sont étrangers, par des professeurs dont bien peu sont de nationalité française.

    Rien d’étonnant, donc, dans le fait que cette école soit soutenue par des grandes entreprises ouvertes à l’international et ayant sur leurs marchés respectifs une position de monopole ou de quasi-monopole. La théorie des jeux et les études statistiques pointues qui sont développées à l’école toulousaine leur sont très utiles : elles leur permettent d’améliorer continuellement leur capacité à analyser toutes les combinaisons possibles des réactions de leurs « partenaires » (administration, fournisseurs, consommateurs). Le jeu est d’autant plus « payant » qu’un joueur principal – une entreprise en position de force sur un marché – est mieux « informé » que les autres. C’est pourquoi cette école cherche à tempérer cet avantage que possède le plus fort par un mécanisme dit de « régulation » dont le but avoué est de maintenir une apparence de libre concurrence.

     

    Que récompense le prix Nobel d’économie ?

    Jean Tirole est un grand mathématicien, un excellent professeur et un chercheur consciencieux. Mais sa distinction révèle les limites du prix Nobel qui ne couronne plus des économistes dont les travaux  cherchent à améliorer le système ou le bien commun économique, mais qui distingue désormais uniquement des spécialistes travaillant sur des secteurs particuliers, fussent-ils utiles à tous ou simplement à un petit nombre.

    De fait, pour Jean Tirole comme pour nombre de ses prédécesseurs, l’économie, relevant de la « science », doit toujours l’emporter sur le politique. Il se rattache donc, comme l’a dit le professeur Christian Stoffaes, « à la gauche utopique pré-marxiste et au positivisme » et, comme la plupart des « ingénieurs-économistes », adhère « à l’idéologie du progrès par la science ». C’est pourquoi Jean Tirole a toujours considéré que le « régulateur » économique – en France, l’Autorité de la concurrence – devait être mis à l’abri de toute influence politique. Il a d’ailleurs tiré les conclusions de cette logique pour justifier la création d’une Union bancaire européenne qui ne dépendrait pas des états : « Il ne faut pas, a-t-il dit, que les gouvernements puissent intervenir dans la réglementation prudentielle car les gouvernants ont leurs propres objectifs qui peuvent après entraîner des difficultés importantes pour les banques ».

    Ainsi, depuis plus de vingt ans, le prix Nobel d’économie ne couronne que des spécialistes de micro-économie. D’une part, parce que l’analyse des statistiques individuelles permet de donner une tournure plus scientifique à la recherche que l’étude des statistiques nationales. D’autre part, parce que de telles études ont une apparence plus « démocratique » que les analyses macro-économiques : pour les « démocrates », en effet, l’intérêt général n’est que la somme des intérêts individuels. Si l’on « maximise » le profit de chacun, on « maximisera » le bien-être de tous. Pour le plus grand bonheur des (grandes) entreprises. 

    C’est l’avis de Manuel Valls qui a remis au goût du jour un projet déjà porté par Nicolas Sarkozy mais qui est maintenant revêtu de l’autorité du prix Nobel : la fusion des contrats à durée indéterminée et des contrats à durée déterminée dans un contrat de travail « unique » !

     

    Que penser du contrat de travail unique ? 

    Derrière cette « réforme » se cache en fait la suppression des CDI, accusés de rigidifier le marché du travail en « surprotégeant » ceux qui en bénéficient, et la généralisation du CDD. Elle est bien vue des grandes entreprises multinationales qui y voient le moyen de délocaliser plus facilement leur production vers des pays où les charges sociales sont moins élevées ou de remplacer les travailleurs autochtones par des immigrés moins exigeants, mais elle se heurte, naturellement, à l’hostilité des syndicats de salariés. Avec une telle réforme, on se rapprocherait du système américain. Mais, si le marché du travail américain est plus fluide et moins contraint que le nôtre, cela ne signifie pas obligatoirement que sa fluidité est « la » cause du plein emploi. à l’inverse, les études statistiques relatives à l’activité des multinationales montrent effectivement qu’elles se portent mieux si elles peuvent « presser le citron et jeter la peau ». Autrement dit, remplacer leurs salariés dès qu’ils sont jugés moins performants. On a beau dire que le marché du travail, en France, protège trop l’emploi et pas assez le salarié, ce n’est pas cette mesure qui, à elle seule, changerait la donne en profondeur. Le chômage ne diminuerait pas uniquement du fait d’une telle « réforme ». Il ne diminuera que si les produits fabriqués en France trouvent preneur au prix auquel ils sont obtenus et s’ils correspondent à un besoin réel des consommateurs. Agir uniquement sur la nature juridique des contrats du travail, c’est s’intéresser à un symptôme dans le but de n’avoir pas à affronter les causes du mal. Qu’un mathématicien, égaré dans le monde économique de la grande entreprise se laisse tenter, soit ; qu’un homme politique, responsable du bien commun, lui emboîte le pas, non !   

    Le prix Nobel d’économie 2014 vient donc couronner un Français qui a fait le choix, à un moment crucial de sa carrière, de revenir en France… Mais dont on peut se demander si, même inconsciemment, il n’est pas plus au service des intérêts américains qu’un Français ayant assimilé les acquis intellectuels américains pour les faire servir au rayonnement de la France dans le monde. ♦

     

    Source : Politique magazine

  • Auteurs : Henry Bonnier, « éminence grise » du royalisme international, par Péroncel-Hugoz

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    Péroncel-Hugoz consacre ce coup de chapeau - rédigé au Maroc où il réside - à Henry Bonnier, « éminence grise » de la pensée monarchique universelle, prix de l'Académie française pour l'ensemble de son œuvre, qui consacre son trentième livre au Maroc d'hier... Et surtout d'aujourd'hui. Lafautearousseau

     

    Je ne connais Henry Bonnier que par ses livres, nombreux et variés, il est vrai, ou par ceux, idem, qu'il a suscités éditorialement de la part de personnages politico-historiques aussi différents que Mohamed-Réza Chah, Gorbatchev, le comte de Paris, le président turc Ozal et, bien-sûr, le roi Hassan II, avec "Le Défi", ce maître-livre pour tous ceux qui veulent appréhender le Maroc du XXe siècle. Je suis au courant, bien sûr, aussi, du rôle d'« éminence grise » que M. Bonnier JOUE, avec toute la discrétion efficace convenant à ce sobriquet, dans le mouvement, évidemment informel, monarchiste international; dans l'illustration intellectuelle de cette famille politico-spirituelle.


    Certes, le futur Hassan II, en vacances dans le Midi français pendant que son père, le sultan Mohamed ben Youssef, prenait les eaux à Vichy, eut l'occasion de connaître le jeune Henry à Apt (Vaucluse) mais c'est son dévouement désintéressé d'adulte envers l'idée royale qui lui valut, et jusqu'à nos jours, la confiance du Palais chérifien. Bonnier pourrait sans doute reprendre à son compte la fameuse phrase de Lyautey que, du reste, il cite : « J'ai réussi au Maroc parce que je suis monarchiste et que je m'y suis trouvé en pays monarchique. Il y avait le sultan, dont je n'ai jamais cessé de respecter et de soutenir l'autorité. J'étais religieux et le Maroc est un pays religieux.» Sur cette lancée, l'auteur explique très bien pourquoi aucune dynastie, aucun gouvernement ne peut durer, nulle part, sans une part de "sacré", de "mystère", de "silence". Le général de Gaulle pensait exactement la même chose. Sans leur faire l'honneur de les citer nommément, Bonnier vise indirectement cette douzaine de plumes marocaines ou françaises qui, depuis 2000, ont périodiquement lancé des torpilles contre le règne actuel, pratiquant chacune à leur tour un savant et pervers amalgame entre le vrai et le faux, méthode bien connue des systèmes marxistes afin de troubler les esprits mal informés, de désacraliser ce qui doit le rester, de dénigrer le travail accompli.

    Certes, il reste encore beaucoup de bidonvilles en Chérifie, certes la question saharienne n'est pas réglée - mais à côté que de progrès pour une bien meilleure écoute des souhaits populaires, quelle détente du climat politique national, que d'avancées spectaculaires en matière par exemple de communications terrestres ou maritimes, damant le pion sur ces points à la richissime voisine algérienne !... Ses cent séjours au Maroc, sa culture encyclopédique, l'importance qu'il a toujours attachée aux grandes religions révélées, son intimité politico intellectuelle avec des figures marocaines comme Mahjoubi Aherdane ou feu notre confrère Moulay Ahmed Alaoui, ont permis à Henry Bonnier d'accéder à une vision de haut vol, et en même temps détaillée, d'un demi-siècle, à la fois tumultueux et fructueux, d'Histoire du Maroc. Cela donne "Une passion marocaine", essai d'une longueur modérée (257 pages) sans verbiage et sans délayage.

    Chaque mot compte, que ce soit sur Hassan El Dakhil ("L'Entrant"), le premier Alaouite établi au Maroc, sur le ministre déchu Driss Basri (là Bonnier manque un peu de charité), sur l'opposant réhabilité Abraham Serfaty (là Bonnier louange abusivement, selon moi, ce stalinien impénitent...), sur le combat inlassable, loin d'être toujours reconnu, des monarques chérifiens depuis Moulay Youssef jusqu'au Sire actuel, un combat titanesque pour au Maroc marier Authenticité et Efficacité, Modernité et Fidélité. Presque la quadrature du cercle et pourtant aucun de ces princes régnants n'a jeté la cognée, ne s'est laissé décourager par la violence ou la mauvaise foi des attaques, des critiques, même celles venant d'un membre de la lignée alaouite... Bonnier est de ces privilégiés de l'esprit qui ont saisi de longue date que le contraire de "conservateur" n'est pas "progressiste" mais "destructeur" et que c'est "rétrograde" qui s'oppose à "progressiste". Les royautés exemplaires, pérennes, solides de Tokyo à Londres via Rabat, Copenhague ou La Haye ont toujours été des systèmes "conservateurs-progressistes " nimbés de foi sacralisatrice. 

    Oui parfois c'est vrai, Henri Bonnier, ce serviteur universel de la grande idée monarchique, donne parfois l'impression de verser dans la courtisanerie voire le sentimentalisme, mais il se reprend vite... Ce n'était sans doute qu'une ruse pour faire mieux apprécier du lecteur sa philosophie de l'Histoire, sa description des Grandes Nations comme le Japon, l'Angleterre, le Maroc, le Siam, l'Arabie ou l'Espagne qui ont su préserver en elles leur flamme royaliste; c'est ce qui fait leur saveur sans pareille, qu'aucune république ne peut offrir.    

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    En avant-première pour les lecteurs de cette chronique, quelques citations du livre de Bonnier qui ne sortira en librairie que fin janvier. 

    FLORILEGE

    "Pas de civilisation possible sans religion !"

    "Il n'est d'Histoire que de l'âme. Le progrès n'est qu'une technique".

    "Parmi les Etats les plus anciens du monde : Chine, France, Maroc, ce dernier est le seul à ne pas s'être trahi".

    "Grandeur et noblesse faites d'humilité et de servitudes. Ainsi va le rite musulman malékite qui façonne depuis plus de mille ans le cœur et l'âme des Marocains".

    "L'actuel roi du Maroc ne gouverne ni ne préside mais "impulse " les décisions (...). Le jeu est subtil, faisant appel tant au spirituel qu'au temporel".

    "Mohamed VI fait preuve d'une véritable gourmandise envers la lecture. Il dévore plusieurs ouvrages à la fois (...). Essais de stratégie, documents d'actualité, biographies, romans, poésie". 

    - HENRY BONNIER, "Une Passion marocaine", Le Rocher, Monaco et Paris, 2015.

    Le 30ème livre d'un penseur royaliste européen mais connaissant bien la relation fusionnelle entre le Peuple marocain et la Maison alaouite .


    - SOULEIMAN BENCHEIKH, "Le dilemme du Roi", Casa-Express, Rabat et Paris, 2014.

    Essai prometteur d'un jeune journaliste marocain réfléchissant sur la fragile balance entre Tradition et Modernité que doit maintenir quotidiennement la Royauté chérifienne pour la tranquillité du pays. 

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    Le360 - Péroncel-Hugoz 

  • L’heure terroriste

     

    par Hilaire de crémiers

     

    hilaire-de-cremiers-510x327.jpgAucune analyse de l’actualité, aucune prévision raisonnable, aucune protestation des populations maltraitées, pressurées, rejetées n’ont jusqu’à présent changé les habitudes politiciennes et l’inconcevable permanence de leur médiocrité. Voilà que la violence absolue surgit... Alors ?

    Il était beau d’entendre Bernard Cazeneuve célébrer triomphalement, le vendredi 28 mars au soir, l’arrestation de Salah Abdeslam. Le propos ministériel était martial : la République allait vaincre le terrorisme ; déjà, disait-il, il était vaincu et cette arrestation en était le signe précurseur. Cependant, il convient d’admirer l’implacable logique des évènements et la non moins fatale inconséquence de nos gouvernants. Le lendemain, samedi 19 mars, le président de la République en personne, avec toute l’autorité que lui confère son rang, – la cérémonie était prévue pour des raisons électorales – célébrait ce qui fut dans la terrible réalité de l’époque la victoire politique du terrorisme – et du terrorisme islamique – en 1962 sur le territoire alors français d’Algérie, victoire que la France entérinait par la fausse paix et les honteux accords d’évian. Le président avait ce style homilétique qui est propre à toute cette bande de faux curés – ou de « faux-culs » si vous préférez – qui nous dirigent, tous, ou à peu près, sortis des bons collèges dont ils n’ont retenu, tout en abandonnant quant à eux toute foi et toute morale, que l’art d’imposer un discours moralisateur pour dissimuler leurs propres lâchetés. Le pathos présidentiel, embrouillé comme d’habitude, incitait les mémoires à oublier pour apaiser et réconcilier. Il n’y avait en l’occurrence et sur ce point d’histoire précis aucun devoir de mémoire ! Pas de victimes, pas d’assassins ni de bourreaux ! Or ce qui s’est passé avant et après le 19 mars 1962 est parfaitement connu. Il suffit de lire sur le site de Politique magazine l’article de Jean Monneret, l’un des historiens les plus méticuleux de cette sinistre période : des dizaines de milliers de musulmans français, qui avaient manifesté leur attachement à la France, en particulier les harkis et leurs familles, livrés sans pitié en pâture à leurs tortionnaires dans l’horreur d’indicibles supplices, des milliers de Pieds-Noirs, hommes, femmes, enfants, enlevés, massacrés sous l’œil indifférent et la complicité passive, parfois active, des autorités officielles, civiles et militaires, des soldats français laissés entre les mains du FLN et à jamais disparus, un mépris souverain pour les innombrables exilés et un rejet ignoble des familles musulmanes sauvées en cachette, voilà la réalité de 1962. Et François Hollande la sait, au moins par son père qui, lui-même, fut à l’époque indigné de tels comportements. L’écrivain algérien Boualem Sansal a parlé de « faute morale » à propos d’une célébration qui conforte à Alger la dictature d’un FLN terroriste et d’un Bouteflika sans scrupule à qui la malheureuse Algérie, mise en coupe réglée, a été depuis lors abandonnée en prébende. Ce n’est pas le seul Algérien à penser ainsi ; il est facile de constater aujourd’hui les effets d’une telle politique : l’Algérie est une bombe à retardement. 

    Complicité de trahison

    François Hollande, un jour donc après l’arrestation de Salah Abdeslam, a fait, avec hypocrisie et sans le nommer, l’éloge du terrorisme et du terrorisme efficace, celui qui finalement réussit à obtenir le résultat qu’il escompte. François Mitterrand, le prétendu maître de cette gauche bourgeoise, à plusieurs reprises, en 1954, en 1956, comme ministre de l’Intérieur – n’est-ce pas, Cazeneuve –, comme ministre de la Justice – n’est-ce pas, Urvoas –, avait déclaré solennellement que jamais la République ne céderait devant le terrorisme : il parlait du terrorisme du FLN. On sait trop bien ce qui est advenu. Et c’est sans doute la raison pour laquelle lui, Mitterrand, n’a jamais consenti à célébrer le 19 mars ; cet homme, si cynique par ailleurs, à défaut d’honneur, savait, du moins, ce que c’était que la honte.

    Après les grandiloquentes déclarations de Cazeneuve et les indignes palinodies de Hollande, les Français qui se souviennent et réfléchissent un tant soit peu, doivent se méfier. Les Français musulmans en premiers, ceux qui aiment la France, qui y sont attachés, sachant qu’ils ne sont dans pareil système, comme tous les Français, que de vulgaires enjeux électoraux. Qu’adviendra-t-il si le terrorisme, comme il est plus que probable, redouble et que villes et banlieues incontrôlées se mettent à s’agiter… ? 

    Alors, comme fait exprès, le dimanche 20 mars, tel un éclair de vérité dans ce ciel si sombre, Philippe et Nicolas de Villiers recevaient avec toute la pompe qu’ils savent déployer dans leur parc du Puy du Fou, l’anneau de Jeanne d’Arc qu’ils venaient d’acheter à Londres, sans que la République française s’y intéressât. La cérémonie d’une dignité parfaite est retracée par Fabrice Madouas sur le site de Politique magazine. Le peuple était là au rendez-vous et les Cyrards aussi, la jeunesse militaire française qui voit dans la Pucelle d’Orléans le plus beau des modèles héroïques de la France séculaire, cette France que le politicien par nature n’aime pas. Philippe de Villiers a su faire vibrer les cœurs et a répondu avec son panache habituel aux réclamations tardives du gouvernement anglais. L’aventure de Jeanne est la réponse précise, exacte, parfaitement appropriée à notre problème français, toujours le même. Le livre que notre ami et collaborateur Jacques Trémolet de Villers a consacré à son procès, en est l’illustration. La chevauchée de la reconquête française ne peut passer que par Reims. Merci aux Villiers d’avoir offert aux Français ce fabuleux cadeau, inattendu autant qu’inespéré.

    Le sang comme prix de leur politique

    Et puis, le lundi 21 mars, avec l’implacabilité des systèmes répétitifs usque ad nauseam, les querelles partisanes reprenaient de plus belle en France sur la loi El Khomri, sur la déchéance de nationalité, sur l’état d’urgence, sur les primaires à droite, à gauche, au centre et pendant que les étudiants et les syndicats annonçaient à qui mieux mieux des manifestations et des grèves, le gouvernement osait prévoir un redémarrage de la croissance et une inversion de la courbe du chômage, tout cela sollicité par les chiffres de la conjoncture agencés à cet effet. Hollande, donc…

    Et voilà que le mardi 22 mars deux attentats terroristes ensanglantaient Bruxelles, obligeant Hollande et Cazeneuve à baisser de ton. Le drame n’est pas derrière nous ; il est devant nous. Les terroristes sortent les uns après les autres des cités qu’ont fabriquées les monstrueuses politiques de nos politiciens ; ils se promènent partout dans l’Europe telle que l’ont constituée ces mêmes politiques d’incapables et d’idéologues ; ils sont charriés aujourd’hui par les flux migratoires qu’ont multipliés encore et toujours les mêmes politiques insensées, jusqu’aux accords Merkel-Erdogan d’une inconcevable duperie et jusqu’aux dernières lois françaises, y compris celle du 18 février, passée inaperçue, votée à la dérobée dans la suite des directives de Bruxelles, en l’absence de presque tous les députés, et qui ouvre encore davantage nos portes devant lesquelles le gouvernement place maintenant vainement des sentinelles !

    La suite… ? Elle est prévisible. Quand paraîtra cet article, fasse le ciel que les évènements ne confirment pas la prévision. « On aura les conséquences », disait Jacques Bainville, citant l’Ecclésiaste : « On aura les conséquences. Celui qui creuse un fossé y tombe ». 

  • Alain de Benoist : Face au prochain krach financier, les États seront impuissants

     

    Alain de Benoist donne ici son analyse de la situation actuelle, économique et financière, de notre univers postmoderne [Boulevard Voltaire - 24.03]. Elle le conduit à envisager la perspective d'un krach voire d'une catastrophe mondiale prévisibles à plus ou moins court terme. Analyse qui concorde parfaitement avec la nôtre, développée depuis plusieurs années dans Lafautearousseau, notamment à travers la réflexion menée par Hilaire de Crémiers dans Politique magazine, ou par Antoine de Crémiers dans différents articles, conférences ou cafés politiques. Conférences et cafés politiques auxquels on pourra se reporter en consultant nos vidéos. LFAR    

     

    1530443371.jpgAucune autorité politique ou financière ne semble avoir tiré les leçons de la grande crise de 2008, qui a failli faire s’écrouler toute l’économie mondiale. Un nouveau krach est-il possible ?

    Il est même probable. Nombre d’économistes s’attendent à une récession générale, à une avalanche de faillites, à un krach obligataire, voire à immense crise d’insolvabilité résultant de l’explosion des dettes accumulées. Certains n’hésitent pas à prédire l’effondrement du dollar, sur fond de retour à la guerre des monnaies et de fragilité grandissante d’un système monétaire dépourvu de tout ancrage extérieur depuis 1971. D’autres n’hésitent pas à parler de désastre historique ou de catastrophe planétaire. L’idée générale est qu’on est assis sur un baril de poudre, la seule question étant de savoir quel sera le détonateur.

    Les signaux d’alarme ne manquent pas : chute du cours des matières premières, ralentissement de l’économie chinoise, effondrement des actions de la Deutsche Bank, pertes enregistrées par les valeurs technologiques, faillites de plusieurs banques régionales italiennes, effondrement de l’industrie manufacturière, etc. Les créances douteuses sont évaluées à mille milliards d’euros dans la seule zone euro. Quant aux produits dérivés, par lesquels s’était propagée la crise des subprimes, ils pèsent aujourd’hui deux millions de milliards de dollars, soit plus de vingt fois le PIB mondial ! Les financiers, qui sont incorrigibles, ont en outre mis au point de nouveaux moyens de contourner les règles qui les gênent (comme le « shadow banking » ou le « trading haute fréquence »). Le krach est en vue, mais tout le monde se goinfre.

    Et cette fois-ci, les États surendettés n’auront plus le moyen de sauver les banques comme ils l’avaient fait il y a huit ans. La dette mondiale atteint aujourd’hui 223.000 milliards de dollars (contre 157.000 en 2008). La dette française, qui a augmenté de plus de 600 milliards d’euros sous Sarkozy, frôle les 100 % du PIB. Il n’y a plus désormais de croissance sans croissance exponentielle de la dette (on paie les dettes au moyen de nouvelles dettes). La spirale de l’endettement crée une économie qui vit au profit exclusif de ceux qui créent la monnaie de la dette.

    Les banques centrales ne sont pourtant pas restées inactives ?

    Pour stimuler l’économie, les banques centrales ont essentiellement eu recours à deux outils : l’assouplissement qualitatif (quantitative easing, QE) et la baisse des taux d’intérêt. Cette stratégie s’est soldée par un échec.

    Les politiques d’assouplissement quantitatif, auxquelles la BCE s’est ralliée fin 2014, ont pour but d’alimenter les institutions financières et les banques en liquidités sous la forme d’achats d’une certaine quantité d’obligations (dettes financières, titres de créances) et d’actifs de long terme, notamment de titres d’État. L’argent ainsi créé est censé contrer les tendances déflationnistes de l’économie. Or, cela n’a pas marché. Les liquidités supplémentaires, loin d’atteindre et d’irriguer l’économie réelle, sont restées circonscrites dans le secteur bancaire et n’ont profité qu’aux détenteurs d’actifs financiers, qui s’en sont servis pour spéculer, ce qui a entraîné la formation de nouvelles bulles (financières, boursières, obligataires et immobilières) représentant autant de menaces.

    L’abaissement des taux d’intérêt, allant jusqu’à l’adoption de taux zéro, voire parfois de taux négatif – ce qui signifie que les banques centrales payent pour prêter aux banques dans l’espoir d’inciter les acteurs économiques à faire circuler l’argent (signalons au passage que, depuis août 2014, la France emprunte elle-même à des taux négatifs) -, n’a pas eu de meilleurs résultats. Il a même paradoxalement abouti à un rationnement du crédit, au détriment notamment des PME, qui représentent près de 60 % de la croissance de la valeur ajoutée dans l’Union européenne. Les taux négatifs sont en outre très défavorables à l’épargne (ils impliquent que sa valeur diminue régulièrement).

    La combinaison de liquidités abondantes et de taux extrêmement bas encourage en fait les États à s’endetter encore plus et suscite une recherche frénétique de profit de la part des investisseurs. Comme la demande d’actifs bien rémunérés dépasse l’offre, le prix du risque baisse. Au moindre incident, les investisseurs ont tendance à vendre en catastrophe. L’effondrement du prix des actifs fait alors boule de neige, contaminant ainsi tous les marchés.

    Le capitalisme mondialisé est-il devenu conjoncturellement fou, ou l’était-il structurellement dès l’origine ?

    Nous sommes devant une crise systémique. Elle vient de ce que la dynamique d’accumulation du capital fonctionne sur des bases fictives de plus en plus précaires, du fait de ses contradictions internes (entre le travail marchandise et le capital marchandise, les forces productives et les moyens de production, le capital variable et le capital constant). Le capitalisme est un mode de production doté de deux formes de richesse : la richesse matérielle et la richesse abstraite (« valeur »), aujourd’hui dominante, qui est exprimée par l’argent et qui repose sur la force de travail. La valorisation du capital a pour but de multiplier cette seconde richesse. Or, ces deux formes de richesse s’écartent toujours davantage l’une de l’autre à mesure qu’augmente la productivité, qui expulse le travail du procès de production (on produit toujours plus avec toujours moins d’hommes), détruisant ainsi sa propre assise.

    La dévalorisation générale de l’argent n’est dès lors plus qu’une question de temps. À terme, c’est tout le problème de la déconnexion progressive du système capitaliste et de la vie humaine qui est posé.  •

    Entretien réalisé par Nicolas Gauthier

    Intellectuel, philosophe et politologue 

    Revue Eléments

     
  • Autriche : ce qui se joue dans les profondeurs du continent ...

    Alexander Van der Bellen et Norbert Hofer

     

    Par Jean Sévillia

    Elu avec 50,3% des suffrages face au candidat du FPÖ, l'écologiste Alexander Van der Bellen sera donc le prochain président d'Autriche. Pour Jean Sévillia [Figarovox, 23.05], le cas autrichien est représentatif des bouleversements qui modifient l'équilibre européen. Le même modèle social-libéral et européiste des partis qui exercent le pouvoir depuis quarante ans s'y trouve fortement remis en cause. Signe des temps pour l'Europe ?   LFAR

     

    XVM06e8d676-796d-11e5-ba18-c49418e196fb - Copie.jpgL'écologiste Alexander Van der Bellen sera donc le prochain président de la République d'Autriche. Jusqu'au premier tour du scrutin, le 24 avril dernier, pas une personne sur 100 000, en Europe, ne connaissait le nom du président sortant dont le mandat s'achève (il s'agit du socialiste Heinz Fischer). A écouter le discours tenu ces jours derniers par des experts dont on se demande s'ils ont mis un jour les pieds dans ce pays, discours relayé par des médias qui dévident en boucle de la pensée automatique, le successeur du président Fischer devait être le sauveur ou à l'inverse le fossoyeur de la démocratie autrichienne.

    Est-ce trop demander de s'informer et de réfléchir ? Le premier choc, authentique, a été l'élimination au premier tour des candidats de l'ÖVP et du SPÖ, le parti conservateur et le parti socialiste qui se partagent le pouvoir depuis 1945 et qui l'ont même exercé ensemble, à travers des gouvernements de coalition, pendant presque quarante ans. Une domination confortée par le système de la Proporz et de la Sozialpartnerschaft qui a permis à ces deux partis, pendant soixante-dix ans, de se répartir tous les postes de la vie publique. Or ce système-là, contesté à gauche par les écologistes et à droite par le FPÖ, les Autrichiens n'en veulent plus. D'autant qu'avec le temps, le SPÖ ayant répudié le marxisme de ses fondateurs et l'ÖVP ayant renoncé à toute référence chrétienne, les deux partis ont fini par communier dans un même modèle social-libéral et européiste. Un consensus qui a atteint ses limites dès lors que, depuis quinze-vingt ans, les marges de la vie politique autrichienne, à chaque scrutin, gagnaient du terrain - sauf à Vienne, grâce au clientélisme très rodé de la mairie socialiste. Le résultat de la présidentielle 2016, avec un écologiste et un représentant du FPÖ au second tour, s'inscrivait par conséquent dans une logique à l'œuvre depuis longtemps.

    Les écologistes autrichiens ressemblent à leurs homologues européens: l'étiquette recouvre toutes les tendances, depuis des idéologues de la gauche extrême (verts à l'extérieur, rouges à l'intérieur) jusqu'aux défenseurs sincères de l'environnement. Avec cette nuance - qui n'est pas mineure - que la vie politique autrichienne est plus apaisée, plus dépassionnée, pour des raisons historiques, mais aussi parce que dans un petit pays (8,6 millions d'habitants), tout le monde se connaît plus ou moins personnellement. Alexander Van der Bellen, policé professeur d'université, ne fera pas la révolution à Vienne, mais entre à la Hofburg, en sa personne, un homme possédant un fort ancrage à gauche.

    Si les origines historiques du FPÖ se situent indubitablement à la droite extrême, les analogies doivent être maniées avec prudence dans un pays qui possède une des législations antinazie et antinégationniste les plus rigoureuses d'Europe, législation non contestée par le FPÖ. Le concept de nation autrichienne, apanage de la droite conservatrice jusque dans les années 1940 (pendant la guerre encore, les socialistes autrichiens en exil se seraient bien vus citoyens d'une Allemagne socialiste) a fini par être intégré par l'ensemble de la société autrichienne, électeurs du FPÖ compris. Norbert Hofer a fait campagne sur le patriotisme autrichien, sentiment qu'il ancre sur l'euroscepticisme et sur l'inquiétude de ses compatriotes face aux flux migratoires qui traversent l'Europe et que la politique d'Angela Merkel a accélérés. Le FPÖ a gouverné l'Autriche au niveau fédéral avec les conservateurs de l'ÖVP entre 2000 et 2006 : l'Europe, qui avait pris des sanctions, devait les lever au bout de quelques mois, quand il fallut bien s'apercevoir que l'Autriche restait l'Autriche… Dans le Burgenland, région de Norbert Hofer, le candidat FPÖ battu à la présidentielle, les socialistes gouvernent avec les élus du FPÖ. Pour les amateurs d'analogie à tout prix, ce serait donc comme si le PS et le FN gouvernaient ensemble une région française. Inconcevable ? C'est donc que l'analogie est fausse.

    Otto de Habsbourg, dont la tête avait été mise à prix par Hitler et dont les fidèles furent envoyés à Dachau après l'Anschluss, dès avril 1938, ne plaisantait pas avec le nazisme. Il y a une quinzaine d'années, je l'avais interrogé sur Jörg Haider. L'héritier de la monarchie autrichienne, qui était resté un observateur aigu de la vie politique de son pays, avait défini celui qui était alors le chef du FPÖ comme « un démagogue populiste ». Pas moins, pas plus. Ce jugement, à mon sens, conserve sa pertinence, même si les responsables actuels du FPÖ ont beaucoup fait pour lisser leur image.

    Van der Bellen élu, Christian Kern, le chancelier socialiste investi la semaine dernière, n'est pas menacé à court terme : il gouvernera avec la coalition nouée entre son parti et les conservateurs de l'ÖVP. Mais ce n'est qu'un sursis. Les prochaines élections législatives, dans le pays, sont prévues en 2018. Que se passera-il alors si les deux partis de gouvernement s'effondrent comme ils se sont effondrés à la présidentielle ?

    Ceux qui se réjouissent aujourd'hui bruyamment de l'élection à Vienne d'un président écologiste - et qui auront bientôt oublié son nom - feraient mieux d'être attentifs. C'est à 16 000 voix près que s'est jouée l'élection. Norbert Hofer ne sera pas président de la République, mais il a averti ses électeurs : « Cette campagne a été un investissement pour l'avenir ». Ceux qui s'intéressent à ce qui se joue dans les profondeurs du continent feraient bien de continuer à suivre ce qui se passe en Autriche. Ce n'est pas pour rien que ce pays se trouve au centre de l'Europe : il est un réceptacle de tout ce qui s'y passe. 

    Jean Sévillia

    Rédacteur en chef adjoint au Figaro Magazine, essayiste et historien, Jean Sévillia est aussi un spécialiste de l'Autriche.

  • Un chef de l’Etat, un vrai !

     

    par Hilaire de Crémiers

     

    1258035644.2.jpgPléthore de candidats à la candidature : à droite, à gauche, bientôt au centre et jusque dans le résidu qui subsiste du parti écologiste où, déjà, trois candidats se sont déclarés.

    Et voilà Macron qui arrive dans l’arène, après Montebourg, son prédécesseur à l’Économie. Il est donc tant de gens qui s’imaginent qu’ils sont faits pour être un jour, l’un ou l’autre, chef de l’État ! Mettons à part ceux qui se présentent comme des témoins de leurs convictions et qui comptent les faire valoir à cette occasion, tel Frédéric Poisson à droite.

    Tout le reste a, paraît-il, des « idées », et affirme unanimement que la solution se trouvera au bout « d’un débat d’idées ». Ils le pensent aujourd’hui, mais s’ils perdent demain, alors ? Croit-on que pour cela ils changeront d’idées ? Quelle hypocrisie ! Ah, « ces débats » dont ils se gargarisent tous ! Comme si, pour remplir la fonction de chef de l’État, il fallait passer un concours ; et encore un concours de « débatteurs », comme on dit pour essayer de parler français ! Ces prétendus « débats » qui n’en sont pas tant ils sont complètement formalisés, vont devenir l’actualité française pendant neuf mois !

    Chacun y va donc de son livre, son programme, ses « idées », ses « réformes », la présentation de ses « cent premiers jours », comme s’il y était. Quand ce n’est pas la même chose, ça se ressemble, puisqu’il s’agit de faire face aux mêmes échéances et aux mêmes nécessités. Car la France est malade, tout le monde le sait. Malade de quoi ?

    De son État impotent et prépotent, de ses finances obérées, de son économie étouffée sous des charges accablantes, de son chômage endémique, de ses fonctions régaliennes dont la justice, l’ordre intérieur, les finances, la défense même et la diplomatie, sont détournées de leur finalité, de son éducation dite nationale qui n’a plus rien de national et qui est devenue un immense « foutoir », de son administration pléthorique et inefficace autant que tatillonne, de ses innombrables gabegies qui alimentent le système clientéliste dont vivent les apparatchiks, enfin, et maintenant surtout, d’une insécurité permanente due à une folle politique d’immigration et à une non moins folle politique de la ville qui font que des quartiers entiers échappent pratiquement à tout contrôle et que n’importe quoi peut survenir à tout instant.

    Les gens avertis le prédisent et le Premier ministre l’a, lui-même, annoncé : les attentats n’ont fait que commencer. Qu’une tension extérieure s’ajoute à la tension intérieure, un drame… et qu’arrive-t-il ? Dans un tel cadre, il n’y a que Hollande qui se croit un chef d’État et qui va encore pérorer, de jour en jour, pour nous le faire accroire.

    Et les autres ? Et Macron qui vitupère le système mais qui en fait partie ? Peuvent-ils l’être davantage ? Et chacun de s’illusionner et de donner ses recettes. « Il n’y a qu’à », « faut qu’on », tout y passe en quarante recettes et cinquante points, sauf que l’essentiel n’est jamais abordé. Puisque à aucun moment ces candidats, qui ne vivent que dans l’espoir d’être élus, ne remettent en doute le régime dont ils attendent tout par principe et qui est la cause véritable et proportionné de tous ces maux qu’ils détaillent en vain. Ils prétendent remédier aux conséquences. Comme toujours ! Conséquences inéluctables « d’une cause qu’ils chérissent ». Alors, au vrai, « tout changer pour que rien ne change » ? Quelle inutilité ! Que d’énergie et d’argent gaspillés ! Tout ça pour être au second tour devant Marine Le Pen, car c’est ce à quoi se résument toutes ces superbes stratégies.

    A l’heure où tout est bousculé dans le monde, comme le Brexit en a donné l’exemple, où les prochains référendums italien et hongrois risquent de bouleverser la donne européenne, où l’élection présidentielle aux États-Unis révèle de nouvelles lignes de force, où les tensions se multiplient sur la planète et où la sécurité et l’avenir même des Français sont en jeu, est-il permis de se payer le luxe de tels concours de beautés, de tels psychodrames partisans, de telles violences politiciennes qui ajoutent encore à la division de la nation ? Tout éclate, tout est éclaté.

    Il y aurait incontestablement mieux à faire. La France a des atouts ; elle aurait une politique à mener, comme le montre encore le dossier de ce numéro de Politique magazine. Elle n’aurait besoin que d’un vrai chef d’État. Dans l’état actuel des choses, rien ne permet hic et nunc d’en dire plus. Mais les circonstances pourraient amener la France à s’en choisir un hors des contraintes des partis. Tout est possible. Il ne faut pas désespérer.  n 

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  • Natacha Polony : « Cette élection américaine qui parle de nous »

     

    Par Natacha Polony    

    Publié le 6.11 - Réactualisé le 9.11 après l'élection de Donald Trump         

    Le phénomène Trump n'est que la traduction d'un mouvement de fond qui ébranle toutes les sociétés occidentales : la révolte des petites classes moyennes déstabilisées dans leur identité [Figarovox - 4.11]. Natacha Polony va loin et profond dans sa critique d'un mondialisme soi-disant heureux, d'un capitalisme devenu totalitaire par la faiblesse des démocraties, les illusions qu'elles véhiculent. Nous ne sommes pas bien loin ici de l'analyse que nous-mêmes pourrions dresser. Reste à prendre en compte le grand mouvement de fond qui monte, dans toutes les sociétés occidentales - dont la France - et oppose désormais identités, libertés, racines, à l'entreprise multiculturaliste, post-historique, post-nationale, qui a cru - et croit peut-être encore - pouvoir imposer sa loi d'airain à la planète entière ou - au moins - à l'Occident. Quel que soit, demain, le résultat de l'élection américaine, cette entreprise déconstructiviste n'est plus, aujourd'hui, assurée de gagner la partie.   Lafautearousseau.              

     

    924153452.jpgDans quelques jours sera tranchée l'élection la plus pitoyable de l'histoire américaine. Un spectacle affligeant offert par la « grande démocratie » qui entend si souvent donner des leçons au monde, et s'imposer en modèle. Mais de cette élection, les Français n'auront eu que le miroir déformant de médias hexagonaux occupés à se boucher le nez devant les sorties effarantes et vulgaires du clown milliardaire. Une façon de nous faire oublier l'essentiel : jamais une élection n'a à ce point montré de proximité entre les forces qui agitent l'Amérique et celle qui travaillent l'Europe dans son ensemble et la France en particulier.

    On peut considérer avec un brin de mépris ces personnages emblématiques de l'Amérique profonde, ces groupies improbables de Trump persuadées que porter une arme est un droit de l'homme. On peut en tirer la conclusion que le suffrage universel donne un pouvoir à des gens trop peu formés pour en mesurer la portée. Ou bien on peut tenter de comprendre pourquoi des millions d'Américains, qui ne sont pas tous demeurés, s'apprêtent à voter pour un homme immonde et pas au niveau. D'autant que ceux qui sont horrifiés à la pensée qu'on puisse laisser un bulletin de vote entre les mains d'un électeur assez déraisonnable pour ne pas voter Clinton sont aussi scandalisés que des gens « majoritairement les moins diplômés » aient précipité le Royaume-Uni dans le chaos en votant le Brexit ou que d'autres puissent voter FN alors qu'on leur répète depuis tant d'années que c'est mal.

    La révolte des petites classes moyennes déstabilisées dans leur identité

    Le phénomène Trump n'est que la traduction d'un mouvement de fond qui ébranle toutes les sociétés occidentales : la révolte des petites classes moyennes déstabilisées dans leur identité par la lame de fond d'une mondialisation qui avait déjà emporté les classes ouvrières. Bien sûr, le discours médiatique leur vend la réduction de moitié de l'extrême pauvreté dans le monde - grand argument des derniers défenseurs de la mondialisation heureuse - ou le merveilleux progressisme de l'émancipation des minorités, jusqu'à l'éclatement de toute communauté nationale en une myriade de groupes de pression aux revendications divergentes mais jamais rassasiés de droits et de réparation postcoloniale : l'abandon de toute politique d'intégration permet de remplacer la question sociale par le noble combat contre les pulsions racistes de ces classes populaires si peu ouvertes à l'Autre. Au moins l'Amérique ou le Royaume-Uni ont-ils les outils pour regarder en face des phénomènes que la France se refuse à mesurer, comme la disparition des classes populaires blanches dans les centres-villes des métropoles.

    La sortie de l'extrême pauvreté pour des millions d'individus dans le monde s'est faite essentiellement sur le dos des classes moyennes et populaires des pays occidentaux dont pouvoir d'achat, protections et repères culturels sont attaqués. Le creusement des inégalités, la destruction de l'école et de son rôle d'ascenseur social, tout contribue à les déstabiliser.

    Les classes moyennes ont été le pilier sur lequel s'est bâtie puis consolidée la démocratie. Elles ont soutenu un régime qui, en renouvelant ses élites, leur offrait l'espoir de voir leurs enfants vivre mieux qu'elles. Tout au long du XXe siècle, elles ont donc choisi le capitalisme contre le communisme, signant une alliance de fait avec les classes dominantes. Tous les progrès sociaux de l'après-guerre, la répartition de la valeur ajoutée, la protection sociale, furent conquis sous la menace du communisme. À partir du moment où celui-ci s'est effondré, les classes moyennes ne sont plus d'aucune utilité. Se remet en place le capitalisme dans sa forme la plus brutale et prédatrice.

    Cela ne peut se faire qu'en maintenant la fiction d'un système démocratique appuyé sur le consentement des électeurs. Une sorte de totalitarisme soft dont on ne perçoit que par intermittence la violence. Quand le Parti démocrate a besoin de truquer les primaires pour éviter l'émergence d'un Bernie Sanders, quand des hiérarques du Parti républicain doivent appeler à voter Clinton, meilleure représentante des intérêts de Wall Street et des lobbys énergétiques et militaires. En Europe, ce sera la résistance farouche d'un Junker, artisan de l'évasion fiscale vers le Luxembourg, pour imposer les traités de libre-échange en évitant au maximum tout processus démocratique qui pourrait servir d'écho au refus des peuples européens.

    Ce qui reste de démocratie dans les pays occidentaux laisse éclater les bouillonnements de ces populations conscientes qu'elles ont perdu la lutte des classes. Ces bouillonnements ressemblent parfois aux éructations de l'histrion Trump. Mais ils pourraient aussi, un jour prochain, mettre en danger le système et ressembler à une de ces révolutions dont la France a le goût. 

    Liens

    l'élection la plus pitoyable de l'histoire américaine

    groupies improbables de Trump

    le Royaume-Uni dans le chaos en votant le Brexit

    Junker, artisan de l'évasion fiscale vers le Luxembourg

  • Education • Jean-François Chemain : » On produit des citoyens frustrés »

     

    par Jean-Baptiste d'Albaret

    A l’heure de la rentrée des classes, Politique magazine a rencontré Jean-François Chemain, un professeur pas comme les autres. Ancien cadre dirigeant d’un grand groupe industriel français, il décidait, en 2006, de se consacrer à l’enseignement dans un collège de ZEP de la banlieue lyonnaise. Rencontre avec un homme qui porte un regard aimant mais lucide sur notre système éducatif.

    Chemain-600x417.jpgPourquoi avez-vous choisi d’enseigner l’histoire dans des quartiers réputés difficiles ?

    C’était sans doute ma vocation. J’ai fait mon collège en banlieue lyonnaise, à Villeurbanne, où, dans les années 70, il y avait déjà une forte immigration maghrébine et cela m’a marqué. Or l’intégration des enfants d’immigrés est aujourd’hui en panne et laisse le terrain à un communautarisme où le mépris le dispute au ressentiment. Situation préoccupante, surtout quand ce communautarisme prend la forme du radicalisme le plus violent. Comment certains de ces jeunes débordant de vie en viennent-ils à avoir des pulsions de mort ? Je crois que l’éducation nationale a un rôle à jouer dans la réussite de l’intégration.

    Comment ?

    Comme le disait Simone Weil : « Il faut donner à la jeunesse quelque chose à aimer et ce quelque chose c’est la France »… Croyez-moi, ces jeunes n’attendent que ça. J’obtiens d’excellents résultats en évoquant Jeanne d’Arc ou Napoléon, fortement minimisés dans les programmes. A l’évocation du dernier carré de la garde à Waterloo, les yeux brillent de fierté. Donnons-leur de bonnes raisons d’aimer notre pays ! Même si dans leur famille ou leur pays d’origine ils entendent toutes sortes de clichés négatifs sur notre histoire – mais la faute à qui ? –, il n’en demeure pas moins que leurs parents ont, à un moment donné, choisi la France. C’est de cette histoire qu’ils attendent qu’on leur parle. Malheureusement, ce n’est pas le projet de ceux qui, au contraire, s’appliquent à déconstruire le roman national en imposant par les programmes un regard critique et distancié sur la France car il faudrait faire accéder notre jeunesse à une conscience supérieure, cosmopolite et mondialisée. Mais la mère de toutes les violences, c’est précisément celle qu’on lui inflige en refusant d’étancher sa soif d’aimer et de connaître. Dans ces quartiers, on risque de produire des citoyens frustrés.

    Ou, à défaut d’aimer la France et de se sentir français, on se revendique musulman…

    En banlieue, beaucoup se définissent en effet par rapport à l’islam. Il y a les convictions mais il y a aussi un fait sociologique : la grande majorité étant de confession musulmane, l’islam est une culture populaire qui homogénéise et structure l’environnement. C’est très net au moment du ramadan quand ceux qui ne le font pas sont regardés de travers. C’est que cette majorité religieuse n’imagine sincèrement pas que l’on puisse ne pas croire en Dieu ni même que l’on puisse venir d’une autre culture. Aussi faut-il montrer des signes d’appartenance. D’où de nombreux européens « de souche » qui se disent musulmans.

    On parle de plus en plus de laïcité à l’école. Ce discours a-t-il prise sur ces jeunes ?

    L’école s’est donné pour but d’éduquer les enfants afin d’en faire de bons petits républicains… Mais ce n’est pas avec des programmes édulcorés qu’on va leur donner le goût de notre pays. De même, quelques heures de morale laïque ne suffiront pas à faire d’une population très ancrée dans son identité culturelle et religieuse d’origine, un peuple unifié autour des « valeurs » promue par l’Education nationale. L’ambition est démesurée ! Certains tombent des nues en découvrant que certaines familles n’ont de cesse de déconstruire ce que leur enfant apprend à l’école. Dans les quartiers populaires, tel Sisyphe, le professeur doit recommencer le lendemain ce qu’il croyait acquis la veille.

    Vous dites que le discours sur la laïcité est inadapté auprès de la jeunesse des quartiers populaires ?

    Oui, car il est complètement à côté de la plaque. Dans un de mes livres (Une autre histoire de la laïcité, NDLR), je démontre que la laïcité, ce n’est pas le combat de l’état pour se libérer de la tutelle de l’église mais exactement l’inverse. Ce combat n’a pas 200 ans mais 2000 ans. Si nous sommes effectivement dans un pays laïc, c’est d’abord parce que ce pays est chrétien, et particulièrement catholique. La laïcité n’est donc pas neutre. D’ailleurs les principes dits « républicains » qu’elle veut imposer sont très largement issus du message évangélique : partage des richesses, accueil des étrangers, reconnaissance et expiation de ses fautes… Sauf que la gauche qui s’en réclame veut les appliquer sans référence à Dieu et les rendre obligatoires sous peine de sanctions pénales ! C’est ce que j’appelle une forme d’augustinisme politique… Pour résumer, contrairement à ce qu’on dit, la laïcité n’est pas une logique de neutralité religieuse mais un principe chrétien. On ne la fera pas accepter tant qu’on ne l’aura pas définie avec précision et vérité.

    Quelles sont, selon vous, les autres tares de l’éducation nationale aujourd’hui ?

    La toute-puissance de l’idéologie en son sein est un véritable drame. Un exemple. Au nom de l’égalité, on a supprimé partout les classes bilangues qui drainaient beaucoup de bons élèves. De mêmes origines sociales et religieuses que les autres, ces élèves « d’élite », mis dans une ambiance de travail et d’excellence, réussissaient souvent brillement leurs études et leur vie professionnelle. Demain, ces jeunes « bons » à l’école et motivés par les études se retrouveront dans des classes dissipées où ils seront aspirés vers le bas. Par idéologie égalitariste, on prive ainsi une part non négligeable de la jeunesse des banlieues de la possibilité de faire de bonnes études !
    Le collège unique est un autre fléau. Certains jeunes ont de l’or dans les mains mais sont obligés de rester au collège jusqu’à l’âge de 16 ans pour étudier des matières qui ne les intéressent pas. Naturellement, ces gamins décrochent et rentrent dans un cercle vicieux de chahut et d’indiscipline. Ils sortent finalement du système scolaire avec un total sentiment de dévalorisation mais aussi d’impunité qui en conduira certains à faire bien autre chose qu’un travail manuel. Concrètement, le collège unique, c’est ça. Mais nous avons affaire à des idéologues. Et le propre des idéologues, c’est de s’entêter à marcher tout droit, même quand le chemin emprunté mène manifestement à l’impasse. 

    Jean-François Chemain a publié plusieurs livres, tous chez Via Romana : La vocation chrétienne de la France (2010), Kiffe la France (2011 et 2015 en version poche), Une autre histoire de la laïcité (2013), L’argent des autres, histoire de la caution à Rome (2015).

      - Politique magazine

     

  • Réflexion de Gérard Leclerc d'un point de vue catholique : Marion Maréchal-Le Pen à la Sainte-Baume

     

    Gérard Leclerc a publié l'article qu'on va lire dans France catholique (éditorial du 31 août). Il s'y exprime donc d'un point de vue catholique mais non sans un vif souci politique au sens où nous nous plaçons ici. Souci, dit-il lui-même, qui a son origine dans la crise gravissime à laquelle nous avons à faire face, et où se joue le destin national. Même si nous faisons ici peu de confiance aux partis politiques quels qu'ils soient, ne serait-ce qu'à cause du système en soi-même pernicieux auquel ils sont comme mécaniquement liés, l'analyse de Gérard Leclerc nous paraît parfaitement juste et pertinente. Il a sans-doute aussi raison, nous semble-t-il, de conseiller qu'il soit tenu compte dans cette affaire (comme dans d'autres), de « la personnalité singulière de Marion Maréchal-Le Pen » dont il estime qu' « elle est sans doute une des mieux structurées intellectuellement et spirituellement dans son organisation ». Acceptons l'augure que les jeunes générations engagées dans l'action politique, lassées des tabous et des idéologies mortifères de leurs aînés, osent un jour, au delà de victoires électorales toujours incertaines, toujours éphémères et toujours remises en question, cette rupture avec le Système qui remettrait la France sur les chemins de son Histoire. Cette génération n'a à vrai dire plus grand chose à voir avec les postulats idéologiques qui encombrent, jusqu'ici, les cerveaux de la classe politico-médiatique. Ce ne leur sera peut-être pas tellement difficile, qu'ils soient d'ailleurs issus de la gauche ou de la droite, d'opérer la rupture décisive dont nous parlons.  LFAR   

     

    GERARD LECLERC.JPGL’invitation faite à Marion Maréchal-Le Pen, pour participer au colloque organisé par le diocèse de Fréjus-Toulon à la Sainte-Baume, a suscité beaucoup de réactions, certaines sans doute sincères, mais beaucoup surjouées. Comme s’il était insupportable d’ouvrir une discussion avec une dirigeante d’un parti définitivement ostra­cisé ! Décidément, on ne se départit pas aisément d’une sorte de réflexe inquisitorial qui consiste à frapper d’interdit moral et canonique l’adversaire politique ! Et ce sont ceux qui se targuent le plus d’ouverture à l’autre, quelles que soient ses différences, qui sont les plus implacables. À l’encontre du conformisme qui continue à sévir dans le catholicisme français, je n’hésiterai pas à affirmer que la venue de la jeune dirigeante à la Sainte-Baume s’inscrit dans un processus inévitable. Il est impossible désormais d’ignorer un secteur d’opinion qui regroupe au moins un quart de l’électorat français. L’attitude, qui consiste à imaginer qu’on pourrait l’entourer d’une sorte de cordon sanitaire isolant des millions d’intouchables, relève d’une étrange mentalité.

    Qu’on m’entende bien. L’inviter à un débat n’équivaut pas à avaliser les idées du partenaire. Il s’agit, bien au contraire, de les soumettre à examen à partir d’une rigoureuse éthique de discussion. C’est grâce à l’échange des arguments que peuvent s’établir des convictions raisonnables. Donner la parole à quelqu’un, ce n’est pas par avance lui donner quitus de son idéologie, c’est lui permettre de sortir de son cercle d’origine pour l’amener, sous le regard de l’autre, de préférence bienveillant, à une confrontation qui délivre de toute logique solipsiste. Par ailleurs, si la thématique de l’immigration est aujourd’hui cruciale dans le débat public, il est d’autant plus utile de la projeter dans une lumière qui tienne compte de son infinie complexité. La radicalité du Front national s’oppose de fait à l’incertitude évidente des autres formations politiques, souvent déconcertées par l’ampleur du défi.

    Il faut aussi tenir compte dans cette affaire de la personnalité singulière de Marion Maréchal-Le Pen. Son rapport à la foi et à l’Église se distingue par un attachement qui n’est sûrement pas superficiel. De ce point de vue, elle est sans doute une des mieux structurées intellectuellement et spirituellement dans son organisation. Le rejet d’une telle personnalité, à coup d’anathèmes, ne s’avèrerait pas seulement contre-productif, il serait désastreux à un moment où le catholicisme français doit faire face à une crise gravissime, où se décide le destin national. 

    Gérard Leclerc, France catholique

     

  • Alain de Benoist - « Front national : pourquoi Florian Philippot a raison »

     

    Nous avons été intéressés - comme souvent - par ces réflexions d'Alain de Benoist dans Boulevard Voltaire. En soi, elles nous paraissent pertinentes et justes; elles constatent une situation et en tirent des conclusions du point de vue de la logique des partis, dans le cadre du Système. Il sont ce qu'ils sont. Alain de Benoist les consdère en l'état. Simplement, même si un certain nombre des positions du Front National concordent avec les nôtres - mais c'est aussi vrai d'autres hommes et mouvements politiques de bords bien différents - comme nous l'avons souvent exprimé ici, et comme c'est notre raison d'être, nous ne croyons pas qu'aucun parti politique intégré, de fait, au Système, soit capable de restaurer profondément et durablement la France. Ce dernier objectif, le seul pour nous qui vaille vraiment, appelle un tout autre engagement. LFAR

     

    Jean-Marie Le Pen privé de sa présidence d’honneur, puis exclu du groupe que le Front national vient de former au Parlement européen, après s’être déclaré « en guerre contre Florian Philippot ». C’est le conflit familial qui repart ?

    Les journalistes et les gens de droite ont un point commun : leur irrésistible tendance à transformer les sujets politiques en sujet « people ». Avec la guerre des générations au FN, ils s’en sont donné à cœur joie : le père contre la fille, la fille contre le père, la comparaison avec les Atrides, avec le roi Lear de Shakespeare, avec Dallas, et que sais-je encore. Après quoi, chacun s’est amusé à distribuer les bons et les mauvais points : « Marine la parricide », la « gentille Marion », le « méchant Philippot », le « fidèle Gollnisch », etc. Autant d’enfantillages, alors que l’on était devant une question de principe assez simple. Aucun parti politique ne peut admettre que l’un de ses membres tienne des propos de nature à nuire à la ligne qu’il a adoptée. Cela vaut pour les simples adhérents comme pour les dirigeants. Si Marine Le Pen ne s’en était pas tenue à ce principe, ce n’est pas de piété filiale qu’elle aurait fait preuve, mais de népotisme. Jean-Pierre Chevènement, quand il a quitté le gouvernement, disait qu’« un ministre, ça ferme sa gueule ou ça s’en va ». Si Jean-Marie Le Pen était en désaccord avec les orientations du parti qu’il a fondé, il aurait mieux fait d’en démissionner. Cela lui aurait épargné d’inutiles humiliations. S’en tenir aux questions de personnes est l’une des pires façons de concevoir la science politique.

    Et que nous dit la science politique ?

    Elle nous dit d’abord que le grand phénomène politique de ces dernières années est l’apparition d’un populisme du peuple, que les partis populistes s’efforcent aujourd’hui de capter. Et que le populisme n’est pas l’« extrême droite », comme le répètent paresseusement les tenants de l’idéologie dominante. Dans les années 1930, les ligues nationalistes opposaient des idées de droite aux partis de gauche. Le populisme oppose le peuple aux élites, ce qui n’est pas du tout la même chose. Comprendre en quoi le Front national a changé, c’est comprendre qu’il a cessé d’être un mouvement nationaliste pour se muer peu à peu en parti populiste. Bien entendu, il y avait déjà du populisme dans l’ancien FN, comme il y a encore du nationalisme dans le nouveau. Mais l’accentuation n’est pas la même. Qu’une certaine droite ne s’y reconnaisse plus est tout à fait normal. Cela explique les réactions de Jean-Marie Le Pen, tout comme celles de Gollnisch, car leur logiciel a fait son temps. Ils restent attachés à des formes et des thématiques que la vague de populisme actuel a complètement dépassées.

    Le fait est que le FN n’a pas que des amis à droite…

    Depuis la disparition de Ras l’front, les deux journaux les plus hostiles au Front national sont Rivarol et Minute, ce qui devrait quand même donner à penser. Quant à Valeurs actuelles, qui vient d’être vendu à l’affairiste franco-libanais Iskandar Safa, l’homme le plus riche du Liban après la famille Hariri, contre qui un mandat d’arrêt international avait été lancé en 2002 et qui fut interdit de séjour sur le territoire français pendant plusieurs années, son directeur général, le « Young Leader » Yves de Kerdrel, grand ami d’Emmanuel Macron, a bien l’intention d’en faire dans les mois qui viennent le journal de campagne de Sarkozy.

    On évoque un FN qui serait de gauche dans le nord de la France et de droite dans le sud. Cela implique-t-il des stratégies contradictoires ou complémentaires ?

    Ces distinctions sont elles aussi dépassées. Les nostalgiques de l’ancien Front national n’ont pas non plus compris à quel point la sociologie électorale a changé. Le cœur de cible du FN, c’est la « France périphérique » (Christophe Guilluy), la France « déconnectée », celle des territoires ruraux, urbains et périurbains qui, loin des grandes métropoles où continue de se créer la richesse, abrite les « perdants de la mondialisation », autrement dit les catégories populaires socialement les plus vulnérables : ouvriers, employés, retraités, jeunes, etc., soit 60 % de la population. Ces gens-là, qui subissent de plein fouet les effets du chômage, de la désindustrialisation, de la déflation salariale, des « plans sociaux » et de la précarité, se fichent éperdument du clivage droite-gauche et des divergences réelles ou supposées entre Marion Maréchal-Le Pen et Florian Philippot.

    Contrairement à ce que l’on dit, ce ne sont pas des gens qui rejettent la politique, mais qui rejettent la classe politique actuelle (les partis dits « de gouvernement », aux électorats protégés), ce qui est bien différent. Et ce contre quoi ils réagissent, ce n’est pas tant les menaces pesant sur leur identité que la décomposition de la sociabilité, de la communauté de mœurs qui leur est propre sous le triple effet de la mondialisation, de l’« intégration européenne » et de l’immigration – à quoi s’ajoutent encore des réformes « sociétales » inspirées par un individualisme profond (« la gauche ne défend plus guère que des valeurs individualistes », remarquait récemment Jacques Julliard). Comme le dit Vincent Coussedière, l’un des rares auteurs actuels (avec Guy Hermet, Marco Tarchi et quelques autres) à avoir compris sa véritable nature, le populisme « correspond à ce moment de la vie des démocraties, où le peuple se met à contrecœur à faire de la politique, parce qu’il désespère de l’attitude des gouvernants qui n’en font plus ». Tout est là. 

    Boulevard Voltaire

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  • Houellebecq à Matignon, Boutih à l’Intérieur ?

     

    Leurs analyses de la radicalisation islamiste convergent : c'est ce que Pascal Bories expose  dans Causeur.

    On notera simplement le caractère très critique des dites analyses à l'endroit du « corpus de valeurs » et de « l’ordre social très peu contraignant de nos sociétés démocratiques occidentales » et même à l'endroit de « la notion de République [...] inintelligible, comme diluée dans le libéralisme et la modernité ». Décidément, la contestation du régime gagne tous les milieux. « Déliquescence de notre système démocratique » ? Telle est l'expression que Pascal Bories utilise. Nous aussi.  LFAR

     

    pbories_thumbnail.jpgLa semaine dernière, Malek Boutih rendait un rapport sur la radicalisation djihadiste, qui lui avait été commandé par Manuel Valls fin février, dans la foulée des attentats de Paris. Un rapport « choc » pour les médias, bien qu’il ne recèle aucun scoop. Au même moment paraissait le numéro de juillet de la Revue des deux mondes, dans laquelle on peut lire une interview de Michel Houellebecq notamment consacrée aux questions de l’islam et du djihadisme. Là non plus, aucune provoc à signaler, hormis le soutien de l’écrivain à Michel Onfray qui aurait selon lui trouvé « le mot juste » en qualifiant le Premier ministre de « crétin ». 

    A priori, le député de l’Essonne et l’auteur de Soumission ne s’étaient pas consultés, mais leurs analyses très similaires apportent un vent de fraîcheur salvatrice en ces jours de canicule. Lisez plutôt. Boutih : « Là où la société se demande pourquoi part-on mourir à vingt ans au bout du monde, le djihadiste, lui, voit un chemin pour sortir de l’ennui de la pauvreté, de l’absence de perspectives. » Houellebecq : « Le terrorisme et le militantisme sont des moyens de socialisation. Ça doit être très sympa de vivre des moments ensemble, des moments forts contre la police… L’impression d’être ensemble contre tous. Ça crée de vraies relations, une amitié forte, voire l’amour dans le cas des femmes de djihadistes. »

    Malek Boutih développe : « Le corpus de valeurs et l’ordre social très peu contraignant de nos sociétés démocratiques occidentales ne fournissent pas un cadre suffisamment englobant et sécurisant pour s’y ancrer et s’y attacher. » Ou encore, plus loin : « La notion de République est inintelligible, comme diluée dans le libéralisme et la modernité, et le sentiment d’appartenance à une communauté nationale est très affaibli. Or une partie de la jeunesse refuse ces valeurs trop “molles” et cherche à se distinguer. » L’écrivain poursuit, en écho : « Une action violente quelconque peut effectivement être vue comme un moyen de sortir de l’anomie (désorganisation sociale résultant de l’absence de normes communes) désespérante.»

    Dans son texte intitulé Génération radicale, Malek Boutih tire donc la sonnette d’alarme, citant un sondage récent : « 61% des jeunes interrogés participeraient à un mouvement de révolte de grande ampleur. Rien de surprenant lorsque la frustration se combine à l’impuissance du monde politique. Les conditions de la radicalisation sont réunies, pas seulement pour une frange marginalisée, mais pour une majorité de la jeunesse ». Inquiet de « l’anomie » française, Houellebecq remarque : « On est davantage ensemble quand on a beaucoup d’ennemis. » De quoi faire réfléchir les chantres du « vivre ensemble », cette belle intention condamnée à paver l’enfer contemporain tant qu’on ne propose aucun combat commun…

    L’un et l’autre prennent d’ailleurs la défense de la mobilisation monstre du 11 janvier. Houellebecq juge qu’elle était « impressionnante et sincère » et avoue, chose rarissime chez cet incurable blasé : « Cette réaction massive m’a quand même fait plaisir ». Pour Boutih aussi, Todd n’a rien compris : « Face à un tel évènement la simple observation de données statistiques, de cartes et de graphiques, ne suffit pas à construire une analyse politique. » Et le député PS de dénoncer au contraire, sans langue de bois : « Sous l’effet d’une certaine gauche à court d’idéologie, les musulmans sont devenus la figure du peuple opprimé et Israël, puis les juifs par extension, le symbole de l’oppresseur occidental. » Heureusement, après les attentats, « la domination totale » de la gauche dans la sphère intellectuelle « s’est nettement fissurée », assure Houellebecq.

    Leur seul point de divergence ? Pour Boutih, « le succès des recruteurs djihadistes auprès des jeunes repose sur l’adhésion à un projet politique entrant en résonnance avec leurs préoccupations internationales et leur rejet de la société démocratique occidentale, plus qu’à une doctrine religieuse fondamentaliste ». Tandis que pour Houellebecq, il s’agit tout de même de « combattre une secte religieuse ». Ce qui n’est selon lui « pas une chose facile », et pour cause : « Une réponse purement policière à une secte religieuse n’a pas de garantie de l’emporter. Quand on n’a pas peur de la mort, la police on s’en fout un peu. »

    A cette exception près, la réapparition de telles convergences entre hommes politiques et gens de lettres est une excellente nouvelle. Le relatif courage de certains politiciens, comme Malek Boutih, et ce que Michel Houellebecq appelle « la tentation de liberté chez certains intellectuels » pourraient même – qui sait – nous fournir un début de remède à la déliquescence de notre système démocratique : la possibilité d’appeler un chat un chat.  

    Pascal Bories - Causeur 

    * Photo : EFE/SIPA/00711526_000002

     

  • IMMIGRATION • Thierry Baudet : « nos sociétés ont atteint un point de rupture »

     

    Le ministre de l'Intérieur a proposé mercredi dernier un plan pour faire face à la crise migratoire après avoir refusé l'entrée sur le territoire français de 200 clandestins. Pour Thierry Baudet, il faut une politique d'asile basée sur le modèle australien. Hollandais, Thierry Baudet, chef de file du courant néo-conservateur néerlandais, enseigne le droit public à l'Université de Leyde. Il vient de publier « Indispensables frontières. Pourquoi le supranationalisme et le multiculturalisme détruisent la démocratie » aux éditions du Toucan. Il est également très écouté en France. On lira plus loin l'entretien qu'il a donné au Figaro, le 17 juin, entretien dont nous ne pouvons qu'approuver les grandes lignes, fortes et intéressantes. Quant à son objectif de « maintenir la démocratie » et la sauver de la « destruction », nous nous déclarerons d'accord si l'on désigne par là la souveraineté des Etats et la prise en compte des aspirations des peuples, les unes et les autres menacées, en effet, par l'idéologie européiste et mondialiste. S'il s'agit de la démocratie idéologique à la française, du régime des partis, du règne imposé de la doxa politico-médiatique, de ce qu'en bref nous nommons le Système, alors, nous dirons très simplement que nous ne pleurerions pas sa disparition. Si elle devait intervenir, nous dirions, comme Houellebecq, que nous n'aurions rien à regretterLFAR   

     

    Thierry-Baudet.pngDepuis jeudi, de 200 à 250 migrants souhaitant entrer en France en sont empêchés par un cordon de gendarmes français qui leur barre la route. Que révèlent l'afflux de clandestins et les difficultés des pouvoirs publics à faire face à cette situation ?

    Cela montre que les frontières ouvertes ne sont plus tenables. Pour la seule année dernière, environ 170.000 personnes originaires d'Afrique du Nord sont arrivées illégalement sur les côtes de Lampedusa. Seules 70.000 d'entre elles ont demandé l'asile en Italie -les autres se déplaçant via Catane et Milan vers le reste de l'Europe. En l'absence de contrôles aux frontières, rien ne peut les arrêter. L'énorme flux d'immigrants illégaux et l'incapacité italienne à les retenir rendent impossible pour le reste de l'Europe l'absence des contrôles aux frontières.

    Nous devons réaliser que la seule solution soutenable est d'adopter le modèle australien: aucun statut de réfugié ne peut être accordé à ceux qui arrivent de façon illégale par la mer. Nous devrions adopter une politique d'asile sur la base de notre propre invitation, pas en fonction des entrées. Cela restaurera notre autonomie, fera cesser l'industrie de la “traite des réfugiés” et permettra d'éviter à ces nouveaux boat-people de perdre la vie dans des taversées hautement périlleuses. C'est seulement en adoptant une politique de ce type que nous pourrons arrêter le flot actuel.

    Dans votre livre, Indispensables frontières, vous incriminez l'Europe et l'espace Schengen. Mais étant donné l'ampleur du problème, l'Europe n'est-elle pas seule à pouvoir y répondre ?

    Tout d'abord: il est essentiel de faire la distinction entre «l'Europe» et l'«UE». L'UE n'est pas «l'Europe» et se considérer comme «européen» ou même «pro-Europe» ne signifie pas être pro-UE. À mon avis, il est même impossible d'être à la fois pour l'Europe et pour l'UE qui est une organisation profondément anti-européenne, hostile à toutes les caractéristiques essentielles de notre continent que sont la démocratie, l'identité nationale, la libre entreprise, la transparence, la reddition de comptes. Confondre l'un (l'Europe ) avec l'autre (UE) est donc une grande erreur intellectuelle.

    Retour à votre question. Non, je ne pense pas que l'UE est «la seule» chose qui peut «répondre» au problème actuel. Au contraire, l'UE est même la cause du problème. Pour commencer, les accords de Schengen, on le voit, empêchent les États membres de prendre les mesures nécessaires pour faire face aux conséquences les plus immédiates de la situation actuelle et le nombre d'immigrants illégaux qui passent à travers nos frontières est de plus en plus massif. Deuxièmement, la Cour européenne des droits de l'homme, par le biais des règles de Dublin (et des décisions connexes), oblige les États membres à étudier toutes les demandes d'asile. Cela n'a pas manqué de créer un effet d'appel dans les pays d'émigration. Troisièmement, l'UE cherche jalousement à être le seul pilote de toutes les initiatives militaires visant à neutraliser les passeurs alors que, de toute évidence, elle manque à la fois de la capacité et de la légitimité pour une telle action. L'UE empêche ainsi les États de répondre de manière adéquate et résolue.

    Vous écrivez, « En raison de l'immigration de masse et des aspirations politiques naturelles des musulmans devenus très nombreux, nous prenons le risque d'un retour à l'état de guerre civile paneuropéenne ». N'est-ce pas un peu exagéré ?

    Non, le risque est réel. Il ya des limites à ce que les sociétés peuvent absorber. Assez tristement, l'«intégration» est en grande partie un mythe, une notion dont tout le monde parle, mais qui ne se produit plus dans la réalité, du moins pas en masse. Beaucoup d'immigrants de deuxième et de troisième génération se sentent encore moins attachés aux pays qui les ont accueillis et nourris que leurs parents ou grands-parents. Les taux de criminalité sont scandaleusement élevés parmi ces groupes, le succès scolaire très faible et la dépendance aux transferts sociaux disproportionnellement importante. L'islam est en progression, l'antisémitisme et l'anti-occidentalisme aussi.

    Nous sommes dans un conflit de basse intensité permanente. Les élites peuvent encore largement échapper aux conséquences de leurs politiques (des flux entrants massifs d'immigrés extra-européens au coeur des communautés qu'ils étaient censés de protéger) en vivant dans les quartiers huppés, en envoyant leurs enfants dans des écoles protégées tout en jouissant de leur retraite dans des résidences privées. Dans les années à venir, on observera inéluctablement plus de polarisation, plus de méfiance, plus d'animosité. Violence et terrorisme auront une incidence sur toutes les couches de la société. La stabilité est l'illusion de tous les âges, et pour des raisons évidentes, nous préférons tous être optimistes, croire qu'in fine le mode de vie libéral, chrétien (ou post-chrétien) prévaudra, que les nouveaux arrivants seront simplement assimilés et que tout ira bien. Mais en réalité, nos sociétés ont atteint un point de rupture.

    Nous vivons dans un apartheid de facto. Les populations autochtones prétendent ne pas voir, ou même apprécier, la dilution de leur culture nationale; elles font semblant de ne pas voir, ou d'apprécier, la transformation de leurs rues, les mosquées qui surgissent, les écoles, les hôpitaux et les systèmes sociaux qui s'effondrent. Mais, pour l'essentiel, cette «tolérance» indigène est un énorme mensonge comme l'est désormais l'«intégration» supposée des immigrants. Et en attendant , les gens votent avec leurs pieds.

    Nous assistons à un grand spectacle théâtral et plus vite qu'on ne le croit, le rideau va tomber. Quand cela arrivera, les choses deviendront très rudes et désagréables. Voilà ce que la gauche a favorisé dans nos pays, accéléré par l'UE et ses frontières grandes ouvertes. Cela doit cesser de toute urgence si nous voulons maintenir la paix sociale, la démocratie et la primauté du droit.   

    Alexandre Devecchio  - Le Figaro

     

  • DF : un parti d’extrême-droite qui siège à gauche, par Yves Morel*

     

    Partout en Europe - comme, d'ailleurs, en de nombreux autres points du monde - ce sont les identités, les peuples, les nations qui se renforcent.

    Les élections législatives danoises du 18 juin dernier ont vu une percée du parti populaire danois (Densk Folkeparti, DF) qui, avec 21,1 % des suffrages exprimés, enlève 37 sièges de députés, et devient le second parti du Danemark, derrière le parti social-démocrate et devant le parti conservateur libéral Venstre.

    Bien entendu, les médias et les milieux politiques européens, se sont émus de « la montée de l’extrême droite » dans ce petit pays nordique paisible et prospère. Qu’on se rassure, le Danemark ne deviendra pas un pays xénophobe fondé sur le culte des races nordiques, l’exaltation de l’épopée des Vikings, le paganisme scandinave ou un luthéranisme exclusif.

    Tout d’abord, le parti populaire danois, quoique constituant le groupe le plus important du Folketing (Parlement danois), a refusé de former le nouveau ministère, faute d’avoir trouvé un accord de législature avec les autres formations de droite. C’est donc Lars Løkke Rasmussen, déjà trois fois Premier ministre, qui, le 28 juin, a constitué le cabinet, très minoritaire, composé uniquement de membres du Venstre, qui, avec 19,5 % des suffrages, enregistre son plus mauvais score depuis sa fondation et ne dispose plus que de 34 sièges de députés, soit 1/3 de moins qu’auparavant. Ce ministère, privé de majorité d’entrée de jeu, ne durera guère et devra louvoyer constamment entre les divers groupes du Folkenting. Mais surtout, le Densk Folkeparti n’a rien d’un parti extrémiste.

    Un parti centriste

    En effet, il est, au Danemark, classé au centre, à droite du parti social-démocrate, mais à gauche du Venstre et des partis conservateurs. Au Folketing, ses députés siègent à gauche de ceux du Venstre. Il est intéressant de noter que, lors de la première législature à laquelle il ait participé (1998-2001), il a soutenu, sans y entrer, le ministère social-démocrate de Poul Nyrup Rasmussen. Puis, de 2001 à 2011, il a soutenu les cabinets conservateurs d’Anders Fogh Rasmussen (homonyme, mais non parent du précédent), toujours sans en faire partie. Depuis 2011, il a choisi la ligne de l’opposition à ces mêmes gouvernements.

    Né en octobre 1995 d’une scission au sein du Parti du Progrès (Fremskridtspartiet), formation militant pour l’abolition de l’impôt sur le revenu, la réduction du poids de l’administration et un strict contrôle migratoire, il combine le souci de la défense de l’identité danoise et celui de la préservation du système de protection sociale édifié au fil des décennies. Attaché à la démocratie parlementaire, il ne se réclame d’aucune idéologie. Il n’est ni raciste ni xénophobe. Sa fondatrice et première présidente, Pia Kiaersgaard, a passé le relais, en 2012, à Kristian Thulesen Dahl, âgé aujourd’hui de 46 ans, économiste, membre des conseils d’institutions aussi diverses que l’université d’Aalborg, de l’aéroport de Billung et de la Banque nationale danoise, conseiller à la Cour nationale des Impôts. Thulesen Dahl, notable, père de famille tranquille, réfléchi, pondéré, ne présente pas le profil d’un agitateur populiste, moins encore d’un aspirant au pouvoir personnel. Sans véritable charisme, il jouit d’une autorité naturelle qui en impose à ses partisans et le fait reconnaître comme un homme sérieux et fiable. Il n’est ni un Le Pen ni un Umberto Bossi ; et ses préoccupations sociales l’opposent à un Gianfranco Fini ou à un Silvio Berlusconi, ultra-libéraux.

    Défense du modèle social danois et de l’identité nationale et culturelle danoise

    Car le parti populaire entend défendre le système de protection sociale, auquel tiennent tous les Danois. Il a d’ailleurs récemment conclu un accord avec le parti socialiste populaire (situé à gauche du parti social-démocrate) pour réclamer une revalorisation substantielle de l’indemnité contre le chômage. Mais il entend remettre ce modèle sur les rails, autrement dit recentrer ses missions et ses moyens sur les Danois de préférence aux immigrés, et sur les fractions nécessiteuses de la population, oubliées ou négligées depuis deux décennies, telles les retraités à faible pension et les salariés aux revenus les plus modestes. Ces deux catégories de la population ont quelque peu pâti de la sollicitude compassionnelle politiquement correcte des pouvoirs publics à l’égard des chômeurs, des demandeurs de premier emploi, et surtout des immigrés, abusivement considérés comme relevant d’un devoir d’assistance incombant au pays d’accueil, apparenté à une obligation morale.

    Cette préférence paraît désormais d’autant plus inadmissible que nombre d’immigrés, et spécialement les musulmans, refusent le modèle d’intégration par assimilation, à la base de la politique danoise d’immigration. Ils cherchent à tirer tout le profit possible du modèle social danois sans consentir à aucun effort d’intégration, soucieux non seulement de conserver leur identité et leur mode de vie d’origine, mais encore de les promouvoir et de les imposer à la population par la prohibition de fait des habitudes de vie jugées par eux en contradiction avec leur religion. Ces musulmans-là, de plus en plus nombreux, ne se privent nullement de vilipender les mœurs, les coutumes, la langue, la patrie danoises, de faire l’éloge des pays islamistes, de demander pour eux la multiplication des lieux de culte, d’arborer des tenues vestimentaires caractéristiques du monde arabe. Sous leur pression, des crèches, garderies, cantines scolaires et hôpitaux ont éliminé des repas servis aux usagers tous les plats à base de chair de porc, notamment les pâtés, saucisses, boulettes et fricadelles, pourtant emblématiques de la cuisine danoise ; certains de ces services et établissements en sont arrivés à ne plus servir que de la viande hallal au public, lors même qu’il se compose d’une forte majorité de non-musulmans. Et, dans la foulée, ils ont accepté d’interdire les arbres de Noël. Pire : un groupe musulman semi-clandestin a tenté de créer à Copenhague des zones d’application de la charia contrôlées par une « police de la vertu ». Le même groupe a lancé des appels au meurtre des Danois et préconisé l’instauration d’un régime islamiste au Danemark.

    Cette situation a suscité chez les Danois une réaction de défense compréhensible qui excède largement le parti populaire et que les gouvernants ont prise en compte. En 2009-2010, Inger Støjberg, jeune ministre de l’Emploi du cabinet Rasmussen (libéral) a pris diverses mesures salutaires : réduction des aides sociales aux chômeurs immigrés de plus de 30 ans refusant l’apprentissage du danois, subordination de la gratuité des soins à une période probatoire de plusieurs années pour les immigrés, réduction, pour ces derniers, des congés maternité et des prêts aux étudiants. Le 10 juillet 2013, elle a justifié sa politique dans une tribune du journal Politiken.

    La percée du modéré parti populaire n’est rien d’autre que le signe fort de cette saine réaction nationale de défense. 

     

     - Docteur ès-lettres, écrivain, spécialiste de l'histoire de l'enseignement en France, collaborateur de Politique magazine et la Nouvelle Revue universelle.

     

  • Hollande a fait son choix

     

    Un  point de vue de Dominique Jamet

    En tout cas une analyse qui donne à réfléchir. Et même à se poser la question de fond, celle qui sous-tend le débat politique français depuis des mois : comment un tel Système où même les situations les plus graves ne réduisent pas à leur néant les calculs politiciens, les combines électorales, les ambitions et les égos, mais, au contraire, les motivent et les exacerbent, susciterait-il la confiance et l'adhésion des Français ? Le fossé entre peuple et Système continuera de se creuser. Par la force des choses et des événements, viendra alors le temps des échéances. Des échéances plus décisives que celle de la réélection ou non de Monsieur François Hollande. LFAR 

     

    3312863504.jpgIl a longuement hésité. Pesé le pour et le contre. Pris des avis de sens contraire. Entendu les arguments des uns et des autres. Souri complaisamment aux uns comme aux autres. Laissé croire à ses interlocuteurs, quels qu’ils fussent, ce qu’ils avaient envie de croire. D’un côté, il y avait un marqueur traditionnel de la gauche. De l’autre, la possibilité d’une manœuvre politicienne fructueuse. Entre la fidélité aux grands principes, au risque de paraître manquer de détermination face au terrorisme, et l’éventuel avantage électoral qu’il pourrait tirer d’une posture de fermeté, François Hollande a balancé, au point que même deux des ministres les plus directement intéressés, Bernard Cazeneuve et Christiane Taubira, ont pu s’y tromper et que la dernière nommée a entrepris la tournée des dupes qui l’a menée à Alger et au bord de la rupture. Puis le Président a tranché – on sait dans quel sens.

    Est-ce parce qu’il s’était solennellement engagé devant le Congrès à priver de leur citoyenneté française les terroristes bénéficiant d’une double nationalité ? François Hollande n’est pas de ceux qui font obligatoirement ce qu’ils ont dit et un éventuel manquement à sa parole n’aurait fait que s’ajouter à la liste de ses promesses non tenues et de ses reniements plus ou moins assumés.

    Est-ce parce qu’il y a quoi que ce soit à attendre d’une mesure qui non seulement ne s’appliquera qu’à un nombre extrêmement réduit d’individus mais ne fera ni chaud ni froid à des gens qui s’excluent sciemment, par la pensée et par leurs actes, de la communauté nationale ? Évidemment non.

    Tout simplement, dans le contexte actuel, le Président ne pouvait ignorer que la déchéance de nationalité des criminels djihadistes était devenue un symbole, que l’opposition à l’affût s’apprêtait à exploiter toute reculade sur ce terrain et que l’opinion aurait suivi. D’où ce choix spectaculaire qui, après l’instauration de l’état d’urgence et la reprise du contrôle de nos frontières, entérine le ralliement du chef de l’État et de son gouvernement à des solutions qu’ils n’étaient pas les derniers à dénoncer, il y a six semaines, comme d’extrême droite et, il y a encore huit jours, comme typiquement de droite.

    François Hollande n’ignorait naturellement pas qu’il allait faire hurler ceux des socialistes qui sont encore de gauche et ceux qui se situent encore plus à gauche que les frondeurs. Mais peu lui chaut, désormais, de heurter ou de désespérer Benoît Hamon, Martine Aubry, Christian Paul, Cécile Duflot ou Jean-Luc Mélenchon alors qu’il lui importe beaucoup, au contraire, de caresser dans le sens du poil et de séduire Jean-Pierre Raffarin, Xavier Bertrand, Christian Estrosi, Jean-Louis Borloo, François Bayrou et jusqu’à Alain Juppé.

    À court terme, la droite et même le Front national sont pris au piège. Il serait désormais absurde et contre-productif que, dans ce vaste secteur de l’opinion, on aille rejeter une révision constitutionnelle faisant entrer dans notre droit des mesures que l’on réclamait à cor et à cri. Si peu de temps après que les électeurs socialistes ont permis aux « Républicains » de triompher dans le Nord et le Midi, nous allons donc les voir voler au secours de la gauche – un rendu pour un prêté – ou se déjuger et passer pour préférer les vieux clivages à l’intérêt national. L’inflexion en faveur de laquelle Manuel Valls et Ségolène Royal ont bataillé est un petit caillou de plus sur le grand chemin de la recomposition.

    À plus longue échéance – une échéance de dix-sept mois -, le Président, visant déjà le second tour, considère que l’essentiel des voix de toute la gauche lui est acquis et lui reviendra, bon gré mal gré, fût-ce en grognant, fût-ce la rage au cœur et la bave aux lèvres, face à Marine Le Pen, et que le réservoir de voix qui lui assurera la victoire finale se situe à droite et sera partie prenante dans la majorité de demain.

    En tout cas, cet épisode devrait fermer définitivement la bouche à ceux qui douteraient encore de sa volonté. De se présenter. 

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      Journaliste et écrivain - Boulevard Voltaire

     

  • László Trócsányi : « Bruxelles bafoue la souveraineté des Etats »

     

    par Jean-Baptiste d'Albaret

     

    626951329.jpgAncien ambassadeur de la Hongrie en France, László Trócsányi est aujourd’hui ministre de la Justice dans le gouvernement hongrois du Premier ministre Viktor Orbán. Il est donc en première ligne dans la gestion de la crise migratoire qui ébranle l’Europe et les institutions européennes.

    Quelle est votre réaction après les attentats qui ont frappé Paris le 13 novembre ?

    La stupéfaction évidemment. C’est non seulement votre pays qui a été visé mais c’est aussi, à travers lui, nos valeurs, l’ensemble de nos démocraties européennes. Les attentats du vendredi 13 novembre ont provoqué de la terreur dans la société.

    Certains de ces terroristes seraient passés par la Hongrie en se mêlant aux réfugiés…

    Voilà le problème. Il est évident qu’aucune administration n’est capable de faire face à un afflux de plus d’un million de personnes. Il est tout à fait probable que des terroristes se fondent dans la masse des réfugiés. Malheureusement, les institutions européennes ont tardé à réagir, et l’Europe donne l’impression de courir après les événements. Dans l’urgence, les chefs d’état européens ont multiplié les réunions afin de trouver des solutions à cette crise sans précédent. Cela fait des belles photos dans les journaux, mais il aurait été préférable d’agir avant que la situation devienne si difficilement contrôlable.

    Votre pays est très critiqué pour sa gestion de cette crise migratoire…

    La Hongrie est victime de caricatures malhonnêtes alors qu’elle ne fait qu’assumer la difficile mission de protéger les frontières de l’Europe en tant que pays extérieur de l’espace Schengen. Elle s’attache à l’intégrité territoriale, élément fondamental de la souveraineté, et elle pense qu’un État doit toujours être en mesure de contrôler qui peut venir sur son territoire. D’autant plus qu’un tel contrôle est prévu dans le Code des frontières Schengen, et doit donc être effectué par tous les pays membres en vue de contribuer, notamment, à « la lutte contre l’immigration illégale ». Or, face à la crise migratoire qui se profilait, Bruxelles a prétendu agir seul, bafouant la souveraineté des états membres pourtant parties prenantes dans cette affaire.

    La Commission a tenté de mettre en place un système de répartition des migrants entre les états membres. Ce que le groupe de Visegrád, dont vous faites partie, a refusé…

    Le système de quotas que la Commission européenne a tenté d’imposer sans demander l’avis de quiconque est brutal et coercitif. Il ne tient compte ni de la liberté individuelle des migrants, ni de la souveraineté des états membres. C’est un procédé technocratique coupé de la réalité. Il ne suffit pas de répartir les migrants comme des pions sur une carte de l’Europe étalée devant soi pour résoudre le problème. La Commission a voulu montrer qu’elle maîtrisait la situation. Mais en procédant de façon abrupte et péremptoire, elle a affaibli la confiance dans les institutions européennes. Le résultat c’est que ce sont les accords de Schengen qui pourraient être remis en cause. Ce serait un énorme coup dur pour toute l’Europe, y compris bien évidemment pour l’Europe centrale et la Hongrie.

    Et l’érection de murs aux frontières avec la Serbie et la Croatie. était-elle indispensable ?

    Dans la confusion générale, il fallait réagir. Les migrants traversaient des propriétés privées, ce qui créait des tensions avec les riverains, tensions attisées par le Jobbik, l’extrême-droite hongroise… Ne cachons pas la poussière sous le tapis : si nous cédons au politiquement correct qui sévit dans une partie de la presse d’Europe occidentale, nous cédons du terrain sur le plan politique dans notre pays. Le gouvernement de centre-droit auquel j’appartiens a donc décidé, à contre-cœur, de dresser une clôture à la frontière avec la Serbie et avec la Croatie pour pouvoir rétablir un contrôle effectif. Mais nous avons également installé des centres de transit qui permettent d’enregistrer les demandeurs d’asile – formalité prévue par la « directive procédures ». Depuis que ces décisions ont été prises, les migrants contournent notre pays en passant par la Slovénie, ce qui pose tout de même des questions sur leur volonté de coopérer avec les autorités européennes. Toujours est-il que la Hongrie a enregistré un nombre record de migrants, 180 000 personnes à ce jour. Cela aussi nous est reproché : les prises d’empreintes digitales sont présentées comme « inhumaines ». Mais, que je sache, la libre circulation des personnes à l’intérieur de l’espace Schengen est réservée aux seuls ressortissants des états membres. Si personne ne respecte les règles censées régir l’Union européenne, à quoi sert-il d’en édicter ?

    La responsabilité de l’Allemagne, ouvrant grand ses portes puis les refermant précipitamment, n’est-elle pas écrasante ?

    La situation politique allemande, avec un gouvernement issu d’une large coalition, est complexe et alourdit les processus de décision. Mais il est évident que personne n’a vocation à accueillir « toute la misère du monde » comme l’a dit un jour un homme politique français. Prétendre le contraire n’est pas raisonnable. C’est une question de volume et d’intégration. J’ai vu en France, dans une ville comme Saint-Denis, les tensions qui peuvent exister entre communautés repliées sur elles-mêmes… à notre avis, il serait irresponsable de vouloir reproduire ce modèle partout en Europe. D’autant plus que la Hongrie n’a pas les mêmes liens historiques et intérêts stratégiques dans les régions d’origine de ces migrants que certains autres pays…

    Les pays de l’Europe centrale s’opposant aux décisions unilatérales des institutions européennes… N’y-a-t-il pas là les prémices d’un conflit à venir au sein de l’Europe ?

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    Budapest - Le Parlement de Hongrie

    Cette crise a ouvert un conflit entre quelques-uns des états membres et les institutions bruxelloises sur la question de l’intégration européenne. D’un côté, la Commission entend assumer davantage de pouvoir. De l’autre, des pays comme la Hongrie souhaitent que les nations conservent leur souveraineté tout en reconnaissant qu’il faut travailler ensemble sur certaines compétences. J’irai même plus loin en affirmant que la démocratie en Europe sortirait grandie d’un renforcement du rôle des états dans les institutions européennes. Car que fait-on des parlements nationaux dans le cadre actuel ? Deux visions s’opposent donc. Et dans ce grand débat sur l’avenir de l’Europe, la Hongrie compte bien faire entendre sa voix qui est celle de l’Europe des Nations. 

    Rédacteur en chef de Politique magazine