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Racines (I) : Les très riches heures du Duc de Berry...

Le mois de mars

Le mois de mars

Les premiers travaux paysans de l'année. On y voit les semailles, et le labour. Ce sujet, peut-être conçu par Paul de Limbourg, et réalisé par un peintre anonyme, vers 1440, fait en quelque sorte la synthèse du monde princier et noble et de la vie paysanne.
A l'arrière-plan se dresse le château de Lusignan en Poitou, une des résidences favorites du Duc de Berry jusqu'à sa mort en 1416; il devint alors la propriété de Jean de Touraine, puis, au décès de celui-ci en mai 1417, celle du dauphin Charles, le futur Charles VII. C'est un bel exemple de château féodal du XVème siècle, dont on distingue, de droite à gauche, la Tour Poitevine d'où s'échappe la fée Mélusine, la Tour de l'Horloge, la barbacane (ou fortification avancée) et la double enceinte. Le respect des proportions a amené certains critiques à penser que l'artiste s'est servi d'un appareil d'optique. Mais il faut surtout souligner que la précision des détails n'ôte au château rien de sa puissance et de sa position symbolique qui dominent l'enluminure.
Devant le château, on assiste aux premiers travaux des champs: le berger, aidé de son chien, garde un troupeau de moutons; plus bas, des ouvriers taillent la vigne; à droite, dans un autre enclos, une vigne déjà taillée et une maisonnette. En-dessous, un paysan se penche sur un sac, sans doute pour en prendre le grain qu'il va semer. A l'intersection des différentes pièces de terre, un petit monument, un montoire, sert de borne. Enfin, au premier plan, un paysan guide deux boeufs qui tirent une charrue.

La fée Mélusine. En 1393, Jean d'Arras dédie au Duc de Berry un roman de Mélusine, que récrit vers 1401 un autre auteur, Coudrette. Selon Jean d'Arras, "il est arrivé que des fées prennent l'apparence de très belles femmes et que plusieurs en aient épousé. Elles leur avaient fait jurer de respecter certaines conditions (...) Tant qu'ils observaient ces conditions, ils jouissaient d'une situation élevée et d'une grande prospérité. Et aussitôt qu'ils manquaient à leur serment, ils perdaient leurs épouses et la chance les abandonnait peu à peu". C'est ce qui arriva à Raymondin qui, violant le pacte, découvrit le secret de la fée Mélusine, qui se métamorphosait en seprente le samedi. La fée disparut alors, et il perdit le bonheur qu'elle lui avait apporté. Les romans tendent à faire de Jean de Berry l'héritier légitime de Mélusine, fondatrice du château.


Le paysan à la charrue est un laboureur d'un certain âge qui porte une cotte bleue et un surcot (tunique) blanc. Il tient de la main droite l'aiguillon pour diriger les boeufs, et de la gauche, le mancheron de la charrue, qui s'était améliorée par l'utilisation du fer qui renforça l'action de ses pointes d'attaque, le coutre, le soc, et le versoir. L'équipe formée par l'outil, les boeufs ou les chevaux et l'homme, constituait la cellule économqiue de base. Sans doute le paysan continue-t-il à utiliser les boeufs à cause de la lourdeur de la terre.

La vigne. Au Moyen-Age, le vignoble français était plus étendu qu'aujourd'hui, et les vins de Poitou, d'Aunis, ou de Saintonge, qui étaient surtout blancs et qui étaient exportés par La Rochelle, étaient très réputés et appréciés des Anglais et des Flamands; dans les années 1380, ce sont au moins dix mille tonneaux de vin de Poitou qu'on vendait anuuellement à Damme, avant-port de Bruges. Mais ces vins subirent la concurrence de ceux de Bordeaux dès le XIIIème siècle et de ceux de Bourgogne à la fin du XIVème siècle.