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Racines (I) : Les très riches heures du Duc de Berry...

Le mois de décembre

Le mois de décembre

C’est le mois où l’on tue le cochon. Ici, l’artiste a préféré une scène de chasse (cynégétique) – le noir sanglier, symbole du roi d’Angleterre n’a pas été choisi par hasard - sur le domaine de Vincennes dont le château royal achevé par Charles V pour y entreposer son trésor est, avec le Louvre, l’autre grande forteresse qui défend Paris.
Cette miniature rappelle un dessin de Giovannino dei Grassi conservé à la bibliothèque de Bergame. De plus, l’artiste a donné à la scène le même cadre que Jean Fouquet pour la miniature représentant Job dans les Heures d'Etienne Chevalier.


La scène de chasse à courre est dominée par le château dont la verticalité conjuguée à la scène d’hallali symbolise la force physique et morale du roi.


Au premier plan, nous assistons à la curée du sanglier tandis qu’un veneur achève de sonner l’hallali. Les chiens s'acharnent sur le sanglier, bête alors très redoutée et considérée comme nuisible puisqu’elle ravageait les récoltes et les enclos des paysans.

Pour souligner la force sauvage qui se dégage de la scène, un des veneurs, vêtu de rouge, retient la frénésie du chien provoquée par l’odeur du sang. Parmi les chiens, on note trois lévriers ; les autres sont des chiens courants.
Le plan intermédiaire est ici occupé par une épaisse forêt dont les arbres n’ont pas encore perdu leurs feuilles.


La chasse au sanglier se pratiquait à courre et était une chasse d'hiver. On se servait de l'épieu ou de l'épée pour tuer l'animal. Par rapport à la fauconnerie, la vénerie offrait un plaisir plus sportif, plus violent et plus dangereux. C'était pour l'aristocratie une manifestation de sa force guerrière.
Le veneur devait soigner les chiens, entretenir les chenils, tresser des filets, relever les traces et débusquer le cerf, crier et sonner. Sans son Livre de la chasse (1387-1391), Gaston Phébus insiste sur l'éducation du veneur. Un maître, dès l'âge de sept ans, doit lui apprendre à aimer et à soigner les chiens par tous les moyens, y compris le châtiment corporel. L'enfant deviendra successivement valet de chien, puis vers vingt ans, aide ; enfin, il sera veneur, portant cor, couteau. C’est l’homme le plus important de la chasse à courre et son existence est dévouée à son métier.
Gaston Phébus distingue cinq races de chiens de chasse : l'alan, le lévrier, le courant, le chien d'oiseau et le mâtin. Hormis le lévrier, ce sont des chiens lourds et lents. On choisissait les chiens les plus forts et les plus sauvages pour chasser l'ours, le loup et le sanglier. Le prince place en tête le lévrier pour ses qualités esthétiques et sa sociabilité, et ensuite les chiens courants qui sont la base des meutes.
La viande de sanglier était très appréciée par la noblesse qui aimait beaucoup le gibier. A l’époque, on mangeait peu de légumes et rarement des sucreries et des laitages. Le poisson était extrêmement cher. Les paysans se nourrissaient essentiellement de pain et de légumes secs (fèves, haricots blancs, lentilles) agrémentés d’un morceau de lard. Ils ne connaissaient pas encore la pomme de terre et les pâtes "étai(en)t encore un plat exotique".