Calendal, Invocation (II)....
Pèr la grandour di remembranço Tu que nous sauves l'esperanço; Tu que dins la jouinesso, e plus caud e plus bèu,
Mau-grat la mort e l'aclapaire, Fas regreia lou sang di paire;
Tu qu'ispirant li dous troubaire, Fas pièi mistralejà la voues de Mirabèu;
Car lis oundado seculàri
E si tempèsto e sis esglàri
An bèu mescla li pople, escafa li counfin,
La terro maire, la Naturo,
Nourris toujour sa pourtaduro
Dou meme la : sa pousso duro Toujour à l'oulivié dounara l'oli fin;
Amo de-longo renadivo,
Amo jouiouso e fièro e vivo, Qu'endihes dins lou brut dou Rose e dou Rousau !
Amo di sèuvo armouniouso
E di calanco souleiouso,
De la patrio amo piouso,
T'apelle ! encarno-te dins mi vers prouvencau !
Par la grandeur des souvenirs, Toi qui sauves notre espérance; Toi qui, dans la jeunesse, et plus chaud et plus beau,
Malgré la mort et le fossoyeur, Fais reverdir le sang des pères; Toi qui, inspirant les doux Troubadours,
Telle que le mistral, fais ensuite gronder la voix de Mirabeau.
Car les houles des siècles,
Et leurs tempêtes, et leurs horreurs,
En vain mêlent les peuples, effacent les frontières :
La terre maternelle, la Nature, Nourrit toujours ses fils
Du même lait; sa dure mamelle Toujours à l'olivier donnera l'huile fine.
Ame éternellement renaissante, Ame joyeuse, et fière, et vive, Qui hennit dans le bruit du Rhône et de son vent !
Ame des bois pleins d'harmonie Et des calanques pleines de soleil, De la patrie âme pieuse : Je t'appelle !
Incarne-toi dans mes vers provençaux !