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Maîtres et témoins...(I) : Frédéric Mistral.

Lamartine, enthousiaste de Mireille..

Lamartine, enthousiaste de Mireille..

C'est Lamartine, au sommet de sa notoriété, qui avait lançé Mistral, dans son "40° entretien". Voici le portrait qu'il brosse du jeune poète, en 1859:

"Le lendemain, au soleil couchant, je vis entrer Adolphe Dumas, suivi d'un beau et modeste jeune homme, vêtu avec une sobre élégance, comme l'amant de Laure, quand il brossait sa tunique noire et qu'il peignait sa lisse chevelure dans les rues d'Avignon. C'était Frédéric Mistral, le jeune poëte villageois destiné à devenir, comme Burns, le laboureur écossais, l'Homère de Provence.

Sa physionomie, simple, modeste et douce, n'avait rien de cette tension orgueilleuse des traits ou de cette évaporation des yeux qui caractérise trop souvent ces hommes de vanité, plus que de génie, qu'on appelle les poëtes populaires : ce que la nature a donné, on le possède sans prétention et sans jactance.

Le jeune provençal était à l'aise dans son talent comme dans ses habits; rien ne le gênait, parce qu'il ne cherchait ni à s'enfler, ni à s'élever plus haut que nature. La parfaite convenance, cet instinct de justesse dans toutes les conditions, qui donne aux bergers, comme aux rois, la même dignité et la même grâce d'attitude ou d'accent, gouvernait toute sa personne.

Il avait la bienséance de la vérité; il plaisait, il intéressait, il émouvait; on sentait dans sa mâle beauté le fils d' une de ces belles arlésiennes, statues vivantes de la Grèce, qui palpitent dans notre Midi."

(Cours familier de littérature, tome septième, 1859).