Mireille, le songe de Clémence (I)...
L'enracinement dans la terre de Provence : Voici le château des Baux, ruine grandiose sur son rocher escarpé, que Clémence rebâtirait et dont elle ferait sa capitale.....
"Se quauque rèi, pèr escasènço, de iéu veni'amourous...."
Si quelque roi, par hasard, devenait amoureux de moi..., M'envendriéu, iéu la rèino, i Baus, moun paure endrè !
Je m'en viendrais, moi la Reine, aux Baux, mon pauvre pays!
Di Baus fariéu ma capitalo !
Sus lou roucas que vuei rebalo,
De nou rebastiriéu noste vièi castelas :
I'apoundriéu uno tourrello
Qu'emé sa pouncho blanquinello
Ajougneguèsse lis estello !
E pièi, quand voudriéu un pauquet de soulas,
Au tourrihoun de ma tourriho, Sènso courouno, ni mantiho, Souleto emé moun prince amariéu d'escala.
Souleto em'éu, sarié, ma fisto ! Causo de bon e de requisto Peralin de perdre sa visto
Contro lou releisset, couide à couide apiela !
Des Baux je ferais ma capitale !
Sur le rocher où il rampe aujourd'hui,
Je rebâtirais à neuf notre vieux grand château:
J'y ajouterais une tourelle Qui, de sa pointe blanche,
Atteignît les étoiles !
Et puis, quand je voudrais un peu de distraction,
Au donjon de ma tourelle, Sans couronne, ni mantille,
Seule avec mon prince j'aimerais à monter.
Seule avec lui ce serait, je vous jure ! Chose plaisante et délicieuse
Que de perdre au loin sa vue, Contre le parapet coude à coude appuyés !