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Maîtres et témoins (III) : Léon Daudet

8 juillet 1937 : l'hommage à Maurras libéré...

8 juillet 1937 : l'hommage à Maurras libéré...

Le discours de Daudet conclut la réunion de soixante mille Parisiens tenue au Palais des Sports (Vel' d'Hiv), sous la présidence de la Maréchale Joffre, pour fêter la libération de Charles Maurras, après deux cent cinquante jours de prison à la Santé :

"...Vous avez entendu ce soir bien des chefs de partis différents s'associer dans la reconnaissance que le pays doit à Charles Maurras.
Je l'aime fraternellement, vous le savez; je l'aime fraternellement d'abord pour les immenses qualités de sensibilité, de finesse qui sont en lui.
Et puis parce que.... il est pour moi le symbole de mon pays.
Je crois fermement, et je vous le dis avec tristesse et sincérité, dépouillé, croyez-moi, de tout esprit partisan, je crois fermement que la France dans la situation où elle est ne peut être sauvée des dangers qui la menacent, et qui sont pires qu'en 1914, que par le fait que Maurras soit au pouvoir.
Je ne parle pas, je vous le répète, en partisan.
Ma conviction, puisée dans l'Histoire, est ce qui fait que je me suis donné à Maurras - et sachez bien que je ne me suis donné à aucune autre personne vivante que lui , parce que je me fiche à peu près de tout.....
Je me fiche de tout le monde, comme je me fiche de toutes les dignités, comme je me fiche de tous les honneurs.
Je tiens cette indifférence de mon père, Alphonse Daudet, qui ne voulut jamais être de rien, et comme Alphonse Daudet je considère ceux qu'on appelle les puissants de l'heure comme des impuissants de la nuit !
Je me fiche de tout, sauf de ma Patrie.
Mais lui, Maurras, représente la Patrie, et c'est pour cela que je me suis donné à lui.
Il est un autre grand citoyen, malheureusement disparu, dont la figure doit être ici évoquée en ce jour de grande clarté et de grande union française, vous l'avez déjà nommé, c'est l'irremplaçable Jacques Bainville.
Pendant trente ans, à la même table, j'ai travaillé en face de lui, et j'ai vu se lever dans son esprit lumineux cette connaissance profonde de l'Histoire de France qui l'a élevé à un sommet où seul Fustel de Coulanges a atteint.
Je crois en mon Pays.
En vous voyant ce soir, et en sentant - comme ceux qui ont l'habitude des grandes réunions - le sentiment puissant qui vous anime, hommes de France, car lorsque les autres sont petits, vous restez grands, et c'est bien là une qualité française; en vous voyant, vous, public "de masses", pour le coup, mais "de masses" non étrangères, et "de masses" profondément civilisées, je me suis dit que l'heure de la délivrance était proche.
L'artisan de cette délivrance il est ici : c'est Maurras.
Vous êtes bien fatigués de discours, et je ne veux pas vous en faire un, mais je mettrai la fin de cette réunion sous la bénédiction d'un homme qui a formé l'esprit de Maurras, et qui aimait Maurras non seulement comme son héritier, mais comme son fils, je veux dire de Frédéric Mistral.
Les vers de lui que je vais vous lire, et même vous chanter, ont trait au fondateur du félibrige, c'est-à-dire de la renaissance du provençal, mais le dernier a trait à l'oeuvre de mon frère de coeur et de travail qui est ici à côté de moi, et il en est en quelque sorte la prévision :

"Sont morts les beaux diseurs

"Sont morts les bâtisseurs,

"Mais le temple est bâti....."