L'enterrement de Marius Plateau
De "Paris vécu", deuxième série, rive gauche, pages 179 à 181 (extraits) :
"...Le 22 janvier 1923... Marius est assassiné à coups de revolver dans son bureau de la rue de Rome par la fille de police Germaine Berton que, malgré nos avertissements à ma femme et à moi, il avait commis l'imprudence de recevoir seul et sans l'avoir préalablement fouillée.
C'est le jour des funérailles à Saint-Pierre-du-Gros-Caillou.
Nous sortons de l'église, après la cérémonie funèbre la plus émouvante que l'on puisse imaginer, le catafalque étant sous la garde d'honneur des camarades de Marius, et recouvert du drapeau tricolore.
Une multitude formidable (100.000 personnes, dit-on, ndlr), irritée, anxieuse, emplit l'avenue Bosquet où, de dix en dix mètres, sont groupées les sections de ligueurs, autour d'estrades drapées de noir, portant des faisceaux de drapeaux, et d'immenses couronnes, qui rejoignent, à mesure, par décalement, le long cortège...
Quand nous nous engageons dans l'étroite rue Croix-Nivert, où la foule est dense et comprimée, la surveillance s'impose, vu le nombre de faces patibulaires qui essaient de se mêler à nous.
On les refoule sans aménité, de façon à décourager les amateurs...
Au cimetière de Vaugirard, Bernard de Vesins, président de la ligue d'Action française et tribun, à mon avis, incomparable, prononça une des plus belles oraisons funèbres qui soient..."