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L'aventure France racontée par les cartes...

La marche vers l'Est : la France et le Rhin (II)

La marche vers l'Est : la France et le Rhin (II)

On ne refait bien sûr pas l'Histoire, et Bainville mettait sagement en garde contre l' "uchronie". Cependant, rien n'interdit, comme le font courammment les Britanniques, de se poser la question : " What if ?...". Que se serait-il passé si ?.....

Dans le cas où, par exemple, le cours des choses n'aurait pas été interrompu par la Révolution, et où, comme le disait Maurras, "Louis XVI aurait eu quatre ou cin successeurs...", comment imaginer "ce mouvement vers l'Est, cette action d'influence et d'assimilation qui est la raison d'être et comme la loi de toute l'histoire de France." dont parle Bainville, dasn l'extrait précédent ?

On ne peut que constater que, disons depuis l'avènement de la dynastie des Bourbons, et surtout à partir de Louis XIV, la "marche vers l'Est et le Nord-Est", c'est-à-dire vers le Rhin, la mythique "frontière naturelle", s'accompagnait d'une influence française toujours croissante dans ces régions.
Les Bourbons continuaient d'ailleurs la politique initiée par Henri II qui occupa "les trois Evêchés", en 1552, avant leur réunion définitive lors des Traités de Westphalie en 1648....

Il sont nombreux, les exemples de cette attraction française, de l'influence qu'exerçait la France sur les populations et les élites des territoires de la rive gauche du Rhin qui, aujourd'hui, sont hors de nos frontières alors qu'ils auraient pu, et dû, faire partie du territoire national :

* Everard Jabach, banquier natif de Cologne, vient se fixer à Paris, où il meurt, naturalisé Français, après avoir vendu à Louis XIV sa somptueuse collection de Peintures et Desseins.

* Les Liégeois Arnold de Ville et Rennequin Sualem viennent de Wallonie, pour construire "la machine de Marly" qui doit approvisionner en eau les jardins et fontaines de Versailles.

* Jean-François Oeben, natif d'Aix-la-Chapelle, vient lui aussi à Paris - où il mourra - pour exécuter, à la demande de Louis XV, le meuble qui est certainement "le plus beau meuble du monde", eu égard à la quantité d'heures qu'il a nécessité et à l'ingéniosité de son mécanisme, qui font de lui un meuble unique au monde; c'est son élève Riesener, natif de Gladback, en Westphalie, qui terminera l'ouvrage : il deviendra l'ébéniste préféré de Marie-Antoinettte et mourra, lui aussi, à Paris, comme tous ces artistes qui considéraient la France, et Paris, comme "leur" pays...

* Adam Lux, aux premiers jours de la funeste Révolution, quittera sa Mayence natale pour venir demander le rattachement du Palatinat à l'Assemblée nationale. Les choses allant vite, en ce temps-là, il sera rapidement dépassé par les subtilités des intrigues partisanes, et finira... sur l'échafaud ! La nouvelle République traitait bien mal ceux qui ne demandaient qu'à devenir français, souhaitant concrétiser par là le voeu de Danton, d'atteindre nos frontières narurelles !

* Le représentant le plus surprenant, peut-être, de ces "élites" rhénanes francophones et francophiles de la rive gauche du Rhin, qui "regardaient vers la France", à l'époque, est Jean-Baptiste du Val-de-Grâce, baron de Cloots. Férocement anti-catholique, il s'était lui-même "rebaptisé" Anacharsis Cloots...
Il était né au château de Gnadenthal, près de Clèves, le 24 juin 1755.
Féru d'antiquité - comme la plupart des révolutionnaires... - il avait tiré ce nom d'Anacharsis d'un philosophe grec et, comme lui, il voulait réformer les peuples et les États selon les modèles et les visions de la démocratie antique.
Toujours modeste, - là aussi, comme beaucoup d'autres révolutionnaires... - il s'octroya, en toute simplicité, le surnom d' "orateur du genre humain" : rien de moins !
Ardent révolutionnaire, il s'opposa à Robespierre, d'abord, par son athéisme virulent; puis, par son amitié avec Hébert.
Robespierre le fit guillotiner - avec les Hébertistes - le 24 mars 1794.
Connu, dès avant la Révolution pour ses opinions francophiles, dès 1786, dans un ouvrage intitulé "Vœux d’un Gallophile", il demandait le rattachement de la rive gauche du Rhin à la France....

La vérité est que - comme le dit Bainville - l'on peut légitimement penser que si le cours des choses n'avait pas été interrompu comme il l'a été, et surtout de la façon dont il l'a été, c'est toute la rive gauche du Rhin, de la frontière nord de l'Alsace jusqu'à Cologne, qui serait peut-être française aujourd'hui.... On peut comprendre que la sauvagerie et la bestialité de la Révolution, et la guerre d'un quart de siècle qu'elle a déclenchée, aient refroidis les sentiments d'estime et d'admiration qu'éprouvaient pour la France et sa Civilisation les populations rhénanes, sous Louis XIV, Louis XV et Louis XVI.....