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L'aventure France racontée par les cartes...

1515 : De la guerre à la "Paix perpétuelle"...

1515 : De la guerre à la "Paix perpétuelle"...

De Jacques Bainville, Histoire de France, chapitre VIII, François 1er et Henri II : la France échappe à l'hégémonie de l'empire germanique :

"...À la veille de la mort de Louis XII, on s'apprêtait à reconquérir le Milanais. François 1er, prudent malgré sa jeunesse et son désir de briller, s'assura qu'il n'y aurait pas, cette fois, de coalition à craindre et franchit les Alpes hardiment.
Il ne tarda pas à rencontrer les Suisses qui étaient là comme en pays conquis. Curieuse histoire que celle de ces cantons, qui, enivrés de leurs victoires pour la liberté, avaient pris goût à la guerre et, d'opprimés, étaient devenus oppresseurs.
Histoire qui s'est répétée vingt fois, qui a été celle de presque tous les peuples affranchis.
Les Suisses étaient de rudes soldats et François 1er put être fier de les avoir mis en fuite à Marignan après une bataille de deux jours. Il y gagna Milan et une réconciliation avec le pape : le premier Concordat, qui durera jusqu'à la Révolution, date de là. Il y gagna aussi l'estime de ceux qu'il avait battus. Une paix perpétuelle fut signée à Fribourg avec les cantons suisses : de part et d'autre, exemple presque unique dans l'histoire, le pacte a été observé...."

C'est en vertu de cette "Paix Perpétuelle", conclue entre les Suisses et François Premier, le 29 novembre 1516 (Paix de Fribourg), que des contingents suisses furent recrutés en permanence par la monarchie française.
Cette Paix ne sera rompue qu'à la Révolution, et du fait de la folie sanguinaire des révolutionnaires (massacre des Suisses en 1792, invasion du territoire helvétique en 1798...).
En trois siècles et demi, un million de Suisses serviront la France, et la Monarchie, dont 600.000 périront au combat ou des suites de leurs blessures.
Parmi les différents régiments, celui des Gardes Suisses était un régiment d’élite, devenu permanent en 1616.
Formé de soldats de grande taille, triés sur le volet, il fut chargé jusqu’à la fin de l’Ancien Régime d’une triple mission :
* garde et service d’honneur auprès du Roi, à l’extérieur des châteaux royaux avec le régiment homologue des Gardes Françaises
* maintien de l’ordre à Paris et en Île de France
* participation à la guerre en première ligne, comme les Gardes Françaises, pour une partie, au moins, du régiment

Jusqu’en 1755, il n’y eut pas de casernes pour ces soldats en région parisienne : ils étaient logés chez l’habitant.
Il y eut une Compagnie à Rueil, et d'autres à Vanves, Issy, Colombes, Argenteuil, Saint Denis…
L’arrivée des Gardes Suisses à Rueil s’est faite dès le début de la création du régiment et leur présence a été constante jusqu’au drame du 10 août 1792 (leur massacre aux Tuileries).
Deux cents militaires cohabitèrent ainsi pendant plus d’un siècle avec la population du village de Rueil, estimée à 1300 habitants vers 1700.
Puis, en 1755, selon la volonté de Louis XV, trois casernes identiques furent construites, à Rueil, Courbevoie et Saint Denis. Elles reçurent chacune, au minimum, un bataillon de gardes.

Ce sont ces soldats qui tomberont devant les Tuileries, puis qui seront massacrés, pour les survivants, par une foule hystérique, après que Louis XVI leur ait ordonné de déposer leurs armes...
A Lucerne, en Suisse alémanique, un monument a été élevé, en 1821, en souvenir de ces Gardes Suisses morts aux Tuileries, au service du roi Louis XVI, ou assassinés dans les rues : encastré dans la roche, un lion couché, blessé à mort (une flèche est tanquée dans son flanc gauche, qui nous fait face). Ses traits sont marqués par la douleur, une douleur à la fois physique et morale. Au creux de sa patte droite, il serre une fleur de lys, symbole de la monarchie française.
Une inscription : "A la foi et au courage des Helvètes qui, pour ne pas trahir le serment, tombèrent en combattant avec la plus grande bravoure" (Helvetiorum fidei ac virtuti, qui, ne sacramenti fallerent fidem, fortissimi pugnantes ceciderunt)

C'est une très belle sculpture, le lion semble presque vivant et mourant sous nos yeux. C'est de lui que parlait l'écrivain américain Mark Twain, disant que c'était le «morceau de pierre le plus triste et le plus émouvant du monde».
Au moins, certains Suisses moururent-ils au combat, face au soleil. L'assassinat ignominieux de leurs camarades constitue l'une des infâmies les plus sordides et les plus ignobles de cette Révolution, qui n'en manque pas.
On ne peut qu'évoquer à ce propos le mot de Chateaubriand:
"Il y a des temps où l'on ne doit dispenser le mépris qu'avec économie, vu le grand nombre de nécéssiteux..."

Le Musée Franco-Suisse de Rueil Malmaison, dans l'ancien poste de garde de la caserne des Suisses, perpétue le souvenir de cette grandiose amitié de deux siècles et demi, stupidement et sauvagement rompue par une Révolution idéologique, matrice des Totalitarismes modernes....