Apparition des régiments d'artillerie (II)...
Illustration : artillerie sous Louis XIV, Régiment des Fusiliers du Roi (1671)
Quatre noms viennent à l'esprit dès que l'on parle d'artillerie, arme d'excellence dans l'Armée française : - Charles VII et les frères Bureau; - - puis Gribeauval,
- qui fut "prolongé" par Valée,
- et, bien sûr, entre ces deux derniers, un certain petit noble Corse, Napolionne de Buonaparte, que les formateurs de l'Ecole de Brienne avaient distingué, seul comptant le mérite et les compétences...
1. Charles VII donna, en 1439, tout pouvoir à Jean Bureau pour réorganiser de fond en comble l'artillerie royale...
C'est grâce aux progrès fulgurants accomplis par Jean et son frère Gaspard (les fameux frères Bureau) que la victoire sera complète et rapide face aux anglais à Castillon (la bataille qui mit fin à la Guerre de Cent ans, en 1453).
C'est pour une bonne part de là que vient à Charles ce surnom de Bien servi...
Toutes proportions gardées, le roi Charles VII, le Bien servi, disposera d'une machine de guerre impressionnante et, pour un temps, invincible, comme Napoléon Bonaparte disposera, trois siècles plus tard, du Gribrauval et de l'ossature de l'armée de Louis XVI...
2. Gribeauval réorganisa l'artillerie française en diminuant le nombre de calibres et en répartissant les pièces entre "campagne" et "siège" ou "de place". Mais il standardise surtout la production des tubes et des affûts, il améliore le chargement de la pièce par l'usage d'une munition encartouchée qui augmente la cadence de tir et il renforce la mobilité de la pièce (en l'allégeant et la dotant d'une prolonge qui permet le tir sans dételer). Enfin, le pointage est grandement amélioré (donc la précision) par l'utilisation d'une vis réglant l'élévation du tube. Les projectiles sont de deux types : boulet et cartouche à balles. Les premiers permettent d'allonger la portée pratique jusqu'à 500-600 mètres en faisant ricocher le boulet sur le sol.
Il le fait avec tant de succès que le système Gribeauval appuiera le succès des armes françaises sous la Révolution, sous l'Empire et jusqu'en 1827 (introduction du système Valée).
3. 1784 : Le jeune Bonaparte reçoit son brevet de "Cadet gentilhomme"
De Jacques Bainville, Napoléon (pages 23/24):
"...Il n'est pas sûr que l'élève de Brienne ait eu une idée arrêtée sur l'arme à laquelle il se destinerait, lorsque Reynaud de Monts le désigna avec la mention "artilleur" pour passer au corps des cadets-gentilshommes à la grande Ecole militaire de Paris. Ses bonnes notes en mathématiques lui avaient valu ce choix. Sa qualité de Corse ne lui avait pas nui. L'inspecteur ne s'était arrêté qu'aux aptitudes et aux mérites... Sous le règne de Louis XVI, l'artillerie était depuis plusieurs siècles l'arme savante. Ne l'était-elle pas avant l'invention de la poudre à canon ? Les "cataphractes" formaient déjà un corps de combattants scientifiques chez les Romains.
A la veille de la Révolution, l'artillerie française, de l'avis général, était la meilleure de l'Europe. Sous la direction de Gribeauval, elle avait encore accompli des progrès. Napoléon aurait d'excellents maîtres pour apprendre le métier d'artilleur. Il ne faut pas oublier plus qu'il ne l'avait oublié lui-même qu'en somme il sortait de l'armée royale et qu'il lui devait ce qu'il savait. C'était le maréchal de Ségur, ministre de la Guerre, qui, le 22 octobre 1784, avait signé son brevet de cadet-gentilhomme. Seize ans plus tard, le premier Consul donnait une pension au vieux soldat de la monarchie, et, le recevant aux Tuileries, lui faisait rendre les honneurs par la garde consulaire. C'était comme un salut à la vieille armée..."