La courte "entente" entre Maurras et André Gide...
Durant la Grande Guerre, Gide se rapprocha de Maurras, dans le contexte particulier de l’Union sacrée. En juillet 1914, il déclare lire "avec le contentement le plus vif la lettre de Barrès invitant au ralliement". Il se réjouit alors de "voir, devant cette menace affreuse, les intérêts particuliers s’effacer, et les dissensions, les discordes." Chez Gide comme chez d’autres, le patriotisme se conjugue avec une volonté diffuse de réagir contre le déclin national. En septembre 1916, il évoque par exemple "la lente décomposition de la France", ou encore "l’abominable déchéance où reculait peu à peu notre pays" , à laquelle la guerre lui semble pouvoir remédier.
Avec de telles dispositions, il se réjouit logiquement que les lettres du lieutenant Dupouey, mort au champ d’honneur, lui donnent "enfin l’occasion d’écrire à Maurras". Le 2 novembre 1916, il écrit à ce dernier : "Le temps est venu peut-être de se connaître et de se compter, vivants ou morts", en lui envoyant par la même occasion un mandat destiné à payer son abonnement à L’Action française. Maurras lui répond chaleureusement, le 5, jour où la lettre de Gide est publiée dans L’Action française.
Durant la guerre, dans son journal ou sa correspondance, Gide ne cessa de saluer l’excellence des articles de Maurras et plus généralement de L’Action française. Gide déclare ainsi lire "chaque jour" L’Action française "avec une approbation presque constante".
Par delà le patriotisme, il y a bien adhésion idéologique, Gide pouvant célébrer, à l’usage de Lucien Maury inquiet de la, "l’organisation de résistance que travaille à former l’Action française", qu’il présente non comme le meilleur, mais comme le seul rempart possible contre ce danger : "L’Action française est, somme toute, le seul journal en France qui se soit bien tenu pendant la guerre.", écrira Gide...
Ce sera dans les deux années qui suivent la fin de la guerre, que la position de Gide à l’égard de Maurras et de l’Action française évoluera rapidement, jusqu'à la rupture définitive, mais ce court moment d'entente entre les deux hommes méritait d'être rappelé...
C'est en page 2 du numéro du Dimanche 5 novembre 1916 que Maurras donne le contenu de la lettre d'André Gide commençant par "Mon cher Maurras" et que le Maître annonce ainsi :
"...Les troisième et quatrième textes arrivés ensemble nous viennent de plus loin. L'un d'outre-tombe. L'aitre d'une région philosophique et littéraire où nous n'esdérions nullement conquérir cette rare amitié. Un nom propre la définit pour tous les lettrés, il suffit de nommer notre confrère le poète, romancier et moraliste A. Gide. Des cahiers d'André Walter aux Caves du Vatican, la carrière littéraire d'André Gide dessine une courbe brillante mais dont les contacts avec l'Action française ont été jusqu'ici rares ou fugiutifs, et nos relations personnelles, datant de notre plus ancienne jeunesse à l'un et à l'autre furent aussi clairsemées qu'il était possible. Cependant, à traveres les contradctions, ni l'estime ni la sympathie n'ont manquées, et voici la lettre datée du jour des Morts par laquelle l'auteur de La Porte étroite me communique ce témoignage d'un héros de la guerre arrivé du pays de l'ombre :..."
Vous pouvez lire le court texte de cette lettre dans la première colonne de gauche de la page 2, dont elle occuppe le deuxième tiers, central; elle s'achève par un P.S. : "...Ci-joint un billet pour le meilleur usage, sur lequel vous voudrez bien prélever le montant d'un abonnement à l'AF..."
https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k7592450/f2.item.zoom
À connaître également, cette très courte lettre de Gide à Maurras, publiée de façon anonyme dans L’Action française du 21 décembre 1917, en page quatre : elle se trouve en haut de la première colonne (de gauche), à la 39ème ligne, après le sous-titre "les timides"
Maurras la présente ainsi :
"Immédiatemment à la suite de cette lettre, nous sommes heureux de pouvoir publier les lignes que nous adresse un de nos écrivains les plus subtils et les plus raffinés, que tout, avant la guerre, séparait et même éloignait de l'Action française, mais qui y est venu en toute loyauté et qui, vrai conducteur d'âmes, s'efforce d'y incliner les Français qui suivent ses directions..."
le texte de cette courte lettre ici :
https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k7596381/f4.item.zoom
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