Au cinéma : Conclave , par Guilhem de Tarlé
A l’affiche : Conclave un film anglo-américain du réalisateur allemand Edward Berger avec Ralph Fiennes, Stanley Tucci, Lucian Msamati, Sergio Castellitto et Carlos Diehz ( les cardinaux Lawrence, Bellini, Adeyemi, Tedesco et Benitez),
adapté du roman éponyme de Robert Harris (2016).
« S’il n’y avait que la certitude sans le doute, il n’y aurait pas de mystère, et sans mystère la foi n’aurait aucune raison d’être »… Sans doute de plus intellectuels pourraient m’expliquer en quoi ces propos du cardinal Lawrence illustrent-ils ce Conclave… Personnellement je trouve le lien artificiel, mais je considère néanmoins qu’ils méritent d’être cités pour eux-mêmes en attendant d’entendre leur exégèse à l’occasion d’un prêche du dimanche.
Et maintenant revenons au film…
« Où il y a des hommes, il y a de l’hommerie »
Jésus le savait bien et les douze apôtres, qu’il a pourtant « choisis », n’étaient pas des saints à commencer par les fils de Zébédée qui veulent être assis à sa droite et à sa gauche, et surtout Judas qui le trahira, ou encore Simon-Pierre, le 1er pape, qui le reniera…
Rien d’étonnant donc que les cardinaux qui élisent les successeurs du pape ne soient pas « au-dessus du maître », victimes et « coupables » eux aussi du péché originel dont seuls sont exempts le Fils de l’Homme et sa mère.
L’Église est sans péché, elle n’est pas sans pécheurs.
Conclave nous raconte donc les ambitions, les jalousies, les rivalités, les querelles et les intrigues qui traversent cette assemblée d’hommes en quelque sorte « emprisonnés » – à double tour – pour élire le nouveau pape. On sait que c’est l’Esprit Saint qui détient la clef de la fumée blanche.
Ce docufiction est en cela passionnant qui nous enferme avec eux et nous fait partager ces luttes pour le pouvoir. On y retrouve avec intérêt les « libéraux » ou « progressistes » avec les cardinaux Bellini et Lawrence, dans la continuité du pape qui vient de décéder. On y retrouve, en face, les « tradis » ou « réactionnaires », dont le cardinal Tedesco, que j’ai failli applaudir, et surtout le cardinal Adeyemi. Il n’est pas anodin que celui-ci soit africain… tellement, aujourd’hui, face à nombre d’évêques de Rome et d’ailleurs, le cardinal Sarah, guinéen, fait figure de « chef » des cardinaux fidèles aux enseignements traditionnels de l’Église. Dommage que son âge (79 ans) risque de l’exclure du Collège. Je n’en pense pas moins que la déchristianisation de la France et de l’Europe, illustrée par ces nouveaux « missionnaires » que sont les prêtres africains dans nos paroisses, conduira rapidement un conclave à élire un africain au pontificat… ce qui fera pâlir d’effroi les laïcards antiracistes.
Conclave… un long-métrage peut-être prémonitoire, certainement instructif et donc à voir, même s’il faut regretter avec certains, notamment sur Allo Ciné, la fin absurde et ridicule, « d’un opportunisme contemporain navrant ».