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Notre feuilleton : Une visite chez Charles Maurras (60)

 

(retrouvez l'intégralité des textes et documents de cette visite, sous sa forme de feuilleton ou bien sous sa forme d'Album)

 

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Aujourd'hui : Le "jardin", le "bâtiment carré" et l'enfant (VI)

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Le rachat (IV) :

"...Les onze que voilà ne furent pas mes derniers nés. J'en ai planté encore quelque huit dizaines de l'autre côté de la maison, d'ouest en est, et tous, ils manifestent une énergique volonté de vivre. Infiniment plus sage que son prédécesseur de 1882, mon paysan d'aujourd'hui a planté pour son compte, en avant de son potager, plus de cent autres braves cyprès utilitaires. Arrivons-nous au demi-mille ?
On peut y arriver, car il en est bien d'autres, et beaucoup plus beaux, qui n'existent encore que dans mes rêves, et rien ne peut me délivrer du cher souci de voir grandir leurs fantômes légers en un endroit où je médite de les aligner, jusqu'à notre limite du nord-couchant, sur cette arête de colline qui aboutit près du moulin.
Sans doute, ainsi plantés, les arbustes naissants seront-ils longtemps invisibles. Mon âge ne me permet pas d'espérer de les voir dépasser la masse des autres végétations et découper leur noble dentelle sur mon horizon. Mais avec moi comme sans moi le temps fera son oeuvre, les fûts puissants prendront racine, ils grandiront et peu à peu la forme sublimée atteindra, quelque jour, aux libres espaces du ciel. À la condition qu'il n'y ait ni invasion barbare, ni abattage insensé, que le feu les respecte et qu'une terre favorable ne manque pas à ses coutumes et à mon espoir, il naîtra dans ce lieu choisi, sur cette côte, déjà parfaite de lignes, quelque chose de comparable, et peut-être supérieur, à l'admirable allée, gloire et honneur de Malaucène, que j'ai vue non loin de Vaison, cette double montée de cyprès qui fait oublier tout ce que la Toscane, l'Ombrie et la Grèce ont pu donner de graves, d'élégants et fiers décors forestiers.
À mi-côte, j'aurai pris soin d'élever une stèle en pierre du pays, qui portera ces mots du vieil Olivier de Serres, seigneur de Pradel, dans son Théâtre d'agriculture et mesnage des champs :

 


"LES PLUS DIGNES ARBRES DE TOUT LE GÉNÉRAL DES AUTRES, VESTUS ET DESPOUILLÉS, ET PLUS PROPRES AUX COUVERTURES, SONT LES CYPRÈS ET LAURIERS, DESQUELS LES BONNES QUALITES DES COULEURS, DE SENTEUR ET D'OBÉISSANCE, RENDENT LES OUVRAGES MAGNIFIQUES"



Mais le laurier est ambitieux. Il convient de nous en tenir à nos fiers cyprès dont la majesté est simple et humaine. Puissent-ils, très vieux et très hauts, pointe aiguisée, large poitrine, sans rien de maigre ou de fluet, justifiant leur beau nom de pyramidaux, prodiguer l'ombre, la vigueur, la paresse, la fierté, la confiance, la sécurité à maint arrière-neveu qui se soit rendu digne d'une telle "couverture"..."

 

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