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À la découverte du fonds lafautearousseau (19) : Pendant la terrible Guerre de Succession d'Espagne, Louis XIV écrit à la Nation...

lafautearousseau, c'est plus de 28.000 Notes ou articles (et autant de "commentaires" !), 22 Albums, 47 Grands Textes, 33 PDF, 16 Pages, 366 Éphémérides...

Il est naturel que nos nouveaux lecteurs, et même certains plus anciens, se perdent un peu dans cette masse de documents, comme dans une grande bibliothèque, et passent ainsi à côté de choses qui pourraient les intéresser...

Aussi avons-nous résolu de "sortir", assez régulièrement, tel ou tel de ces documents, afin d'inciter chacun à se plonger, sans modération, dans ce riche Fonds, sans cesse augmenté depuis la création de lafautearousseau, le 28 février 2007...

Aujourd'hui : Pendant la terrible Guerre de Succession d'Espagne, Louis XIV écrit à la Nation...

(tiré de notre Éphéméride du 12 juin)

(retrouvez l'ensemble de ces "incitations" dans notre Catégorie :

Á la découverte du "Fonds lafautearousseau")

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1709 : Louis XIV écrit à la Nation

 

La longue et terrible Guerre de succession d'Espagne - qui visait à mettre un Bourbon sur le trône d'Espagne, conformément aux voeux du dernier roi Habsbourg et du peuple espagnol - dure depuis presque dix ans; les forces françaises sont presque partout défaites; l'hiver est peut-être le plus rigoureux que la France ait connu...

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L'épuisement du pays est tel que le Roi a proposé la paix à nos adversaires, mais ceux-ci exigent de lui des conditions humiliantes et impossibles à satisfaire : il faudrait abandonner le roi d'Espagne - le petit-fils de Louis XIV ! -, livrer Bayonne et Perpignan, rétablir dans le royaume la religion prétendument réformée, et remettre aux huguenots les places fortes de Bordeaux et de La Rochelle. Il faudrait faire boucher le port du Havre et raser Dunkerque. Il faudrait céder l'Alsace et la Franche-Comté, le Dauphiné et la Provence !...

1A.jpgLouis XIV aura alors ce mot : Puisque l'on me force à faire la guerre, j'aime mieux la faire à mes ennemis qu'à mes enfants... (ci contre, Philippe V, roi d'Espagne, petit-fils de Louis XIV)

Il adopte donc le parti d'écrire à tous les habitants du royaume une Lettre, dans laquelle il leur explique la situation et leur demande de poursuivre l'effort de guerre.

Cette lettre sera lue en chaire, le dimanche, par tous les prêtres et dans toutes les paroisses du royaume. 

Près de huit à neuf habitants sur dix se rendant à l'église le dimanche, dans la plupart des provinces, on peut considérer que l'ensemble du peuple français a été touché, directement ou par relation directe :

 

 

12 juin 1709

Messieurs, l’espérance d’une paix prochaine était si généralement répandue dans mon Royaume, que je crois devoir à la fidélité que mes peuples m’ont témoignée pendant le cours de mon règne, la consolation de les informer des raisons qui empêchent encore qu’ils ne jouissent du repos que j’avais dessein de leur procurer.

1A.jpgJ’aurais accepté, pour le rétablir, des conditions bien opposées à la sûreté de mes Provinces frontières; mais plus j’ai témoigné de facilité et d’envie de dissiper les ombrages que mes ennemis affectent de conserver de ma puissance et de mes desseins, plus ils ont multiplié leurs prétentions, en sorte qu’ajoutant par degrés de nouvelles demandes aux premières, et se servant ou du nom du Duc de Savoie, ou du prétexte de l’intérêt des Princes de l’Empire, ils m’ont également fait voir que leur intention était seulement d’accroître aux dépens de ma Couronne les États voisins de la France, et de s’ouvrir des voies faciles pour pénétrer dans l’intérieur de mon Royaume, toutes les fois qu’il conviendrait à leurs intérêts de commencer une nouvelle guerre. Celle que je soutiens, et que je voulais finir, ne ferait pas même cesser, quand j’aurais consenti aux propositions qu’ils m’ont faites : car ils fixaient à deux mois le temps où je devais de ma part, exécuter le Traité, et pendant cet intervalle ils prétendaient m’obliger à leur livrer les Places qu’ils me demandaient dans les Pays-Bas et dans l’Alsace, et à raser celles dont ils demandaient la démolition. Ils refusaient de prendre de leur côté d’autre engagement, que de faire cesser tous actes d’hostilités jusqu’au premier du mois d’Août, se réservant la liberté d’agir alors par la voie des armes, si le Roi d’Espagne, mon petit-fils, persistait dans la résolution de défendre la Couronne que Dieu lui a 1A.jpgdonnée, et de périr plutôt que d’abandonner des peuples fidèles qui depuis neuf ans le reconnaissaient pour leur Roi légitime. Une telle suspension, plus dangereuse que la guerre, éloignait la paix plutôt que d’en avancer la conclusion; car il était non seulement nécessaire de continuer la même dépense pour l’entretien de mes armées, mais le terme de la suspension d’armes expiré, mes ennemis m’auraient attaqué avec les nouveaux avantages qu’ils auraient tiré des Places où je les aurais moi-même introduits, en même temps que j’aurais démoli celles qui servent de remparts à quelques-unes de mes Provinces frontières. Je passe sous silence les insinuations qu’ils m’ont faites, de joindre mes forces à celles de la Ligue, et de contraindre le Roi mon petit-fils à descendre du Trône, s’il ne consentait pas volontairement à vivre désormais sans États, et à se réduire à la simple condition d’un Particulier. Il est contre l’humanité de croire qu’ils aient seulement eu la pensée de m’engager à former avec eux une pareille alliance. Mais quoique ma tendresse pour mes peuples ne soit pas moins vive que celle que j’ai pour mes propres enfants, quoique je partage tous les maux que la guerre fait souffrir à des Sujets aussi fidèles, et que j’ai fait voir à toute l’Europe que je décidais sincèrement de les faire jouir de la paix, je suis persuadé qu’ils s’opposeraient eux-mêmes à la recevoir à des conditions également contraires à la justice et à l’honneur du Nom Français.

1A.jpgMon intention est donc que tous ceux qui depuis tant d’années me donnent des marques de leur zèle, en contribuant de leurs peines, de leurs biens, et de leur sang, à soutenir une guerre aussi pesante, connaissent que le seul prix que mes ennemis prétendaient mettre aux offres que j’ai bien voulu leur faire était celui d’une suspension d’armes, dont le terme borné à l’espace de deux mois, leur procurait des avantages plus considérables qu’ils ne peuvent en espérer de la confiance qu’ils ont en leurs troupes. Comme je mets la mienne en protection de Dieu, et que j’espère que la pureté de mes intentions attirera la bénédiction sur mes armes, je veux que mes peuples, dans l’étendue de votre Gouvernement, sachent de vous qu’ils jouiraient de la paix, s’il eût dépendu seulement de ma volonté, de leur procurer un bien qu’ils désirent avec raison, mais qu’il faut acquérir par de nouveaux efforts, puisque les conditions immenses que j’aurais accordées, sont inutiles pour le rétablissement de la tranquillité publique.

1A.jpgJ'écris aux archevêques et évêques de mon royaume d’exciter encore la ferveur des prières dans leurs diocèses; et je veux en même temps que mes peuples sachent qu’ils jouiraient de la paix, s’il eut dépendu seulement de ma volonté de leur procurer un bien qu’ils désirent avec raison, mais qu’il faut acquérir par de nouveaux efforts.

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Procédé étonnamment moderne et novateur : 250 ans avant que la télé n'entre dans chaque foyer, Louis XIV n'a-t-il pas établi, ainsi, une sorte de record d'audience, difficile à battre, même pour les "audimats" d'aujourd'hui ?  

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