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Dans notre Éphéméride de ce jour :

1958 : Mort de Gustave Cohen

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Historien médiéviste, Gustave Cohen est né à Saint-Josse-ten-Noode le 24 décembre 1879 et mort à Paris le 10 juin 1958

En octobre 1912, il est nommé professeur au tout nouveau département de français de l'Université d'Amsterdam, mais en 1914, il quitte ses étudiants pour faire la guerre.

À partir de la fin de la guerre, Cohen occupe des postes à l'Université de Strasbourg et à la Sorbonne. Il crée le groupe théâtral Les Théophiliens (nommé ainsi après la représentation du Miracle de Théophile de Rutebeuf en mai 1933, salle Louis Liard à la Sorbonne) dont René Clermont a été metteur en scène. C'est également en 1933 qu'il fonde, à Amsterdam, la Maison Descartes. À l'Institut français se trouve un buste pour honorer son fondateur.

En exil aux États-Unis pendant la seconde Guerre Mondiale, époque durant laquelle il rédige et publie La grande clarté du Moyen-Âge, Cohen y fonde, avec l'historien de l'art Henri Focillon l'École libre des hautes études (New York) et il anime les entretiens de Pontigny à Mount Holyoke College.

D'origine juive, il se convertit au catholicisme à 64 ans.

 

 Voici l'Avant dire et l'Avant partir de son magnifique "La grande clarté du Moyen-Âge", qui constitue le 44ème de nos Grands Textes :

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Avant-dire

Ce jour d'hui, premier juillet 1940, dans l'affreux malheur de la patrie écrasée et déchirée, foulée aux pieds par l'envahisseur barbare, je voudrais commencer ce livre à l'honneur de la France qui ne peut pas mourir. L'affliction du présent nous invite à chercher un refuge dans un passé lointain dont les deuils, les ruines, les misères et les tristesses se sont effacées dans la nuit des temps et dont ne survivent que les gloires, non point les gloires militaires, car rien n'est plus fragile, mais gloires littéraires, artistiques et philosophiques, qui seules sont éternelles. C'est dans une 10 juin,chartres,sacré coeur,saint louis,terreur,convention,robespierre,directoire,oradour sur glane,division das reich,ss,nazis,montmartreguerre de croisade pour le droit, la foi, la liberté que le pays vient de succomber. Il en connut d'autres, jadis, où il succomba avec honneur dans l'essai de reprendre, d'une façon durable, à l'Infidèle, le Saint-Sépulcre, mais dont lui reste le titre impérissable d'avoir tenté l'oeuvre vaine, haute et désespérée et d'y avoir donné les meilleurs et les plus braves de ses fils. En allant vers le Moyen-Âge nous sommes sûrs de retrouver l'âme même de la France, en son état pur, au moment de sa Genèse, sortant, vierge, blanche et nue, du chaos du destin. Non pas née de rien, mais issue de l'âme gréco-romaine entée sur l'âme celtique dans le plus beau terroir sous le ciel, là où les formes sont naturellement harmonieuses, les nuages pommelés et nuancés, le sol fertile, porteur de vigne et donneur de vin, paré de la blondeur des blés ou du vert des prairies et des forêts, ni trop sec ni trop pluvieux, ni trop brûlé de chaleur ou glacé de frimas, tout en douceur, en raison et en équilibre, pour la perfection et le classicisme. Terre élue de la fécondation sans pullulation, de la réflexion sans âpreté, de la foi sans fanatis10 juin,chartres,sacré coeur,saint louis,terreur,convention,robespierre,directoire,oradour sur glane,division das reich,ss,nazis,montmartreme, et surtout de l'amour.

Mais pour que ce miracle se produisît : la naissance de l'amour courtois (au XIIème siècle) et du culte de la femme, il fallait qu'à l'âme celtique, pénétrée par l'âme gréco-romaine s'alliât encore l'âme chrétienne, venue d'un plus lointain Orient, où la spiritualité autoritaire du judaïsme, et son monothéisme absolu se trempaient de la suavité de Jésus, fils de la Vierge.

Ce n'est qu'ici que pouvait naître, se développer et s'épanouir le culte de Notre-Dame, où la religion et le dogme s'attendrissent de féminité et où l'amour humain se sublime dans l'amour divin avec lequel il arrive à se confondre. 

      

Avant partir

10 juin,chartres,sacré coeur,saint louis,terreur,convention,robespierre,directoire,oradour sur glane,division das reich,ss,nazis,montmartreCe livre a été commencé sous le signe du désespoir, mais pour témoigner des permanences françaises, je le termine ici deux ans après sur des paroles d'espérance et de certitude. La leçon du Moyen-Âge, de ses malheurs, de sa constance dans l'épreuve, de sa foi d'airain est une leçon de réconfort. Profitons-en. En le quittant évoquons une dernière fois Jeanne "la bonne Lorraine", qui sauva le royaume de France, la cathédrale qui dressa cette foi vers le ciel comme une offrande et une imploration, le mystère qui la fit résonner sur la place publique, la littérature courtoise par qui naquirent l'amour absolu et le culte de la femme. Les ténèbres du Moyen-Âge ne sont que celles de notre ignorance. Une clarté d'aurore baigne les âges lointains de notre genèse pour qui sait y porter le flambeau de la connaissance, de l'amour et de la confiance dans les destinées de la patrie.

New-York, 18 juin 1942 

 

Comme en écho à cette évocation de celle qui sauva le royaume, près de soixante-quinze ans après, on célébra comme il se devait, au Puy du Fou, le retour en France de l'anneau de Jeanne d'Arc : voir l'Éphéméride du 20 mars...

Commentaires

  • Un historien cévenol a défendu le Moyen Âge féodal et son cadastre foncier et social contre la Réforme et la démocratie qu'elle annonçait.

    " Le Moyen Âge est le temps où les principes sociaux apportés par les barbares dans l'empire romain, conquis par eux, ont vécu en équilibre sinon en paix avec les principes fort différents proclamés par l'Eglise catholique. Il finit au moment que cette alliance est rompue par la Réforme.
    En faisant un retour sur l'époque féodale si diversement et mal jugée, on peut dire que le système féodal est la tentative d'organisation la plus remarquable que l'on connaisse : partant d'un principe essentiellement moral, l'amour des champs et le mépris des villes, l'indépendance de l'homme et la haine de la collectivité. Il renouvella la face de l'occident.

    Malheureusement, semblable aux édifices gothiques, cette forme n'a jamais été pleinement établie. De l'adolescence, elle est passée sans transition à la décrépitude. On ne connaît d'elle que d'admirables élans ou d'intolérables abus. Elle a définitivement succombé sous les coups de ses ennemis : de l'Eglise qui prêcha l'asservissement des âmes, de la royauté désireuse de rétablir le despotisme, de la bourgeoisie incapable de comprendre la liberté.
    Le Moyen Âge est bien mort, sans espoir de retour et ses ennemis agonisent sous nos yeux. Eglise comme institution temporelle, royauté, bourgeoisie. La démocratie les a dévorés plus qu'à moitié." (Isdidore Boiffils de Massanne, 1869)

    Le livre de Gustave Cohen est assez difficile à trouver, surtout dans l'édition Gallimard de 1945.

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