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À la découverte du fonds lafautearousseau (6) : dès 1930, Bainville dénonçait Hitler, ses "camps", la "persécution d'Israël"......

lafautearousseau, c'est plus de 28.000 Notes ou articles (et autant de "commentaires" !), 22 Albums, 48 Grands Textes, 33 PDF, 16 Pages, 366 Éphémérides...

Il est naturel que nos nouveaux lecteurs, et même certains plus anciens, se perdent un peu dans cette masse de documents, comme dans une grande bibliothèque, et passent ainsi à côté de choses qui pourraient les intéresser...

Aussi avons-nous résolu de "sortir", assez régulièrement, tel ou tel de ces documents, afin d'inciter chacun à se plonger, sans modération, dans ce riche Fonds, sans cesse augmenté depuis la création de lafautearousseau, le 28 février 2007...

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Aujourd'hui : dès 1930, Jacques Bainville est le premier à dénoncer Hitler "l'énergumène... le monstre... le minotaure..."; mais aussi "les camps" et "la persécution d'Israël" ...

(deux documents, tirés de notre Catégorie Lire Jacques Bainville et/ou de notre Album Maîtres et témoins (II) : Jacques Bainville, 186 photos)

(retrouvez l'ensemble de ces "incitations" dans notre Catégorie :

Á la découverte du "Fonds lafautearousseau")

Premier document

Nous achevons aujourd'hui notre "mise au point", commencée hier, après les propos de Laurent Delahousse sur Chaplin, qui aurait, en 36, "avant tout le monde", compris les enjeux de l'Hitlérisme. La vérité est toute autre : dès 1918, Jacques Bainville et l'Action française - mais aussi beaucoup d'autres... - expliquèrent qu'il fallait démembrer l'Allemagne, et que le Traité de Versaille promettait une guerre "pour dans vingt ans".

Mais, ni le Pays légal français, ni les autorités étrangères ne voulurent entendre. Bainville ne s'est trompé que sur un point : il appelait le parti que formerait Hitler "social-nationaliste", alors que celui-ci prit le nom de "national-socialiste", les quatre premières lettre du mot "nazional", en allemand, donnant le raccourci tristement fameux de "nazi"... 

Alertées, dès le début, comme elles le furent, comment les autorités politiques de France et d'Europe pourraient-elles dire : "nous ne savions pas..." 

 

hitler antijuif.JPG

 

1. Journal, Tome III, 1927/1935, note du 9 novembre 1933 :

- "La Grande-Bretagne poursuivra l'oeuvre du désarmement", affirme sir John Simon.

Deux hommes, hier, ont connu des chiffres qui les ont rendus également heureux. L'un est le coiffeur de Tarascon, l'autre est Hitler. Ils ont chacun gagné le gros lot.

Figurez-vous la joie qu'a sentie le Führer en suivant par la radio le discours de sir Jonh Simon à la Chambre des Communes. Discours prodigieux, presqu'inconnu dans les annales de l'Histoire. Le ministre des Affaires étrangères du gouvernement britannique se félicitait d'abord que l'Angleterre eût fait tout ce qui était en son pouvoir pour relever l'Allemagne. Hitler, lui aussi, a ce relèvement pour but. Puisque l'Angleterre et lui veulent la même chose, c'est parfait. Il n'y a même pas à chercher querelle au Führer sur les moyens dont il se sert pour conduire son peuple vers les sommets. De fait, sir John Simon a oublié la persécution d'Israël autant qu'Arthur Henderson a oublié les camps de concentration où sont parqués les social-démocrates..." (la note se poursuit par 27 lignes, sur l'inconséquence et l'aveuglement des gouvernements français et anglais qui désarment, au lieu d'armer...) 

 

2. Journal, Tome III, 1927/1935, note du 26 novembre 1933 :

"Hitler a pu faire jusqu'ici ce qu'il a voulu, heurter de front le sidées reçues, braver l'opinion du monde, persécuter les juifs, mettre ses adversaire politiques dans des camps de concentration, jeter par terre la Conférence de Genève, crier raca sur la Société des Nations et lui porter un coup terrible, tout cela impunément. Il est prouvé que l'Allemagne arme avec activité et méthode. Péché véniel. On lui demande simplement aujourd'hui de ne pas armer trop  et de faire preuve de modération dans sa préparation militaire... Hitler  a déjà partie aux trois quart gagnée. Il en conclut que les puissances capitulent parce que leur résistance politique et morale est brisée. Il ne s'arrêtera pas là dans ses déductions." 

 

3. Journal, Tome III, 1927/1935, note du 5 janvier 1934 :

Le garde de fer qui a tué Jean Duca a frappé ce qu'il peut y avoir en Roumanie, dans un coeur et un esprit ardemment roumain, de plus français par les habitudes de penser, et ce qu'il peut y avoir aussi de plus francophile en politique . Ce n'est peut-être pas ce que l'assassin voulait, mais c'est ce qu'il a fait.

Les amis de la France seront-ils supprimés l'un après l'autre ? On dit que leurs noms sont inscrits sur une liste noire. En tout cas, ceux qui sont poursuivis par la haine de la croix gammée se trouvent encore être nos amis.

Ainsi, autour du meurtre de Jean Duca, se nouent bien d'autres drames, de même que l'attentat auquel le chancelier Dolfuss a échappé récemment était une lueur dans la nuit de l'Europe danubienne.

Le roi de Roumanie avait fait appel, devant les difficultés du pays, au parti libéral. Il persiste dans son intention, et elle est digne d'un roi. Car il ne faut pas se dissimuler que ce prince a dû prendre beaucoup sur lui pour revoir dans ses conseils les fidèles de Jean Bratiano qui, autrefois, avaient jugé nécessaire d'écarter du trône l'héritier présomptif.

Il y a près de trois quarts de siècle qu'un rameau des Hohenzollezrn s'est détaché pour accepter la couronne de Roumanie. Jamais, au fond, l'Allemagne ne s'est résignée à voir ses souverains se nationaliser. Elle a toujours prétendu les tenir sous sa coupe, même avant le racisme. Ils lui ont échappé toujours. Elle ne les reprendra pas par la bombe et le poignard. Mais on voit trop se dégager, dans cette partie de l'Europe, sous l'emblème et le prétexte de l'antisémitisme, l'intrigue servie par la terreur.

 

DEUXIÈME TEXTE

 

hitler LECTEUR DE BAINVILLE.jpg

 

1. Journal, Tome III, 1927/1935, note du 26 Juin 1930 :

« Tandis que le chancelier Brüning est toujours à la recherche d’un ministre des finances, il se passe en Allemagne des choses singulières. Pays déconcertant, pays à surprises, auquel on ne peut faire confiance qu’en se méfiant beaucoup. Les succès électoraux que remporte Hitler ne sont-ils pas un phénomène prodigieux ?

Quel est le programme de cet agitateur ? Toutes les outrances. Il est à la fois nationaliste et socialiste : c’est même le double nom du parti qu’il a fondé. Il est pour la revanche et contre le capitalisme. On a dit que son drapeau pourrait être le drapeau rouge avec la croix gammée, signe de ralliement des antisémites. Hitler joue sur tous les tableaux de la démagogie violente. Et tout ce qui ferait qu’ailleurs, dans un pays sensé, il ne serait suivi que par une poignée d’énergumènes, lui attire en Allemagne une clientèle qui s’accroît tous les jours. »

 

2. Journal, Tome III, 1927/1935, note du 3 décembre 1930 :

"Comment empêcher l'Allemagne de se donner un régime national-socialiste et de se vouer à Hitler, si elle en a envie ? C'est une démocratie libre. Elle a le droit de disposer d'elle-même. Hommes et femmes votent et revotent. "Mon corps est à moi."

Le programme des nazis ne tient pas debout. Toute la doctrine hitlérienne, si cela peut s'appeler une doctrine, est une suite de négations, une collection d'anti. C'est une pure démagogie, mais qui semble très bien adaptée au caractère allemand et faite pour lui plaire. Plus c'est absurde, plus c'est outré, et plus cela réussit. L'Allemagne n'est pas un pays où il soit vrai de dire que tout ce qui est exagéré ne compte pas. Il n'y a même que l'exagération qui, chez elle, paraisse avoir des chances de réussir." 

 

3. Journal, Tome III, 1927/1935, note du 27 février 1935 :

"Qui eût dit qu'Adolphe Hitler, l'énergumène en chemise brune, recevrait un jour la visite du ministre des Affaires étrangères de Grande-Bretagne ? Qui l'eût dit après le massacre du 30 juin, après l'assassinat du 25 juillet ? (respectivement, "Nuit des longs couteaux" et assassinat du chancelier autrichien Dollfuss, ndlr) On a pour l'Allemagne hitlérienne plus d'égards encore que pour l'Allemagne républicaine. On lui passe tout.

Pour les Allemands, quelle justification de la violence ! Pour les autres, quel étrange moyen de fonder la paix sur la moralité !

Le gouvernement britannique croit que le moment d'une grande tentative d'accord pacifique en Europe est venu. Il faut s'entendre ou périr. En tout cas, ajoute-t-il, on ne risque rien à sonder les dispositions du Führer... C'est vrai pourvu qu'on ne lui fasse pas sur l'essentiel des concessions imprudentes et qu'on ne ferme pas les yeux à la réalité de ses armements, tandis que lui-même aura toute facilité de tromper des partenaires trop complaisants." 

 

4. Journal, Tome III, 1927/1935, note du 2 mars 1935 :

"...Sir John Simon sera dans quelques jours à Berlin. Il verra Hitler, c'est-à-dire le monstre lui-même. Quel espoir y a-t-il de conclure un traité de désarmement avec le Minotaure ou de le signer autrement que pour se faire dévorer ?" 

 

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 "agitateur", qui "joue sur tous les tableaux de la démagogie violente"; "énergumène" au "programme qui ne tient pas debout"; "monstre", "Minotaure"...

"Inutile Cassandre - pour reprendre le mot de Chateaubriand - Bainville en particulier, toute L'Action française en général, ont passé les vingt ans séparant 1918 de 1939 à avertir, prévoir, conseiller... un Pays légal, certains militaires et une certaine partie de l'opinion publique qui n'ont voulu ni voir ni rien entendre...

On comprend Otto Abetz, qui n'avait rien oublié, lorsqu'il déclarait, presque dix ans après la mort de Bainville : "L’Action Française est l’élément moteur, derrière les coulisses, d’une politique anti-collaborationniste, qui a pour objet, de rendre la France mûre le plus rapidement possible, pour une résistance militaire contre l’Allemagne"...

Moyennant quoi, Maurras fut condamné pour "intelligence avec l'ennemi", et L'Action française interdite à la Libération !...

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