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Dans la dernière parution de la Revue des Deux Mondes : analyse de l'antisémitisme au sionisme, Pierre Boutang.

Vu sur la page FB de Bertrand de Réviers.

Au printemps 2016, Fabrice Luchini déjeunait avec François Hollande. L’acteur raconta qu’il était en train de lire un livre de Pierre Boutang. La réponse fusa : « Vous lisez Boutang ! C’est l’écrivain préféré de mon père ! » Georges Hollande était loin de partager les options socialistes de son fils.

Trois décennies auparavant, Pierre Boutang était sorti de l’ombre à laquelle le condamnaient son œuvre philosophique difficile et ses positions politiques. En 1987, il avait enregistré avec George Steiner deux débats qui, bien que cela ne fût pas leur but, montraient ce que peut être, ce que doit être, un service audiovisuel public. Ils montrent aussi, à plus de trente ans de distance, que c’est terminé et que, dans ce domaine-là comme d’autres, il ne nous reste que les yeux pour pleurer.
Boutang fut un philosophe, c’est-à-dire, selon la définition moderne – en laquelle ni Platon, ni Descartes, ni Spinoza ne se reconnaîtraient – un personnage écrivant des livres ou des articles et qui, de manière parallèle, enseigne la philosophie comme discipline académique. Boutang fit surtout un voyage surprenant et peut-être sans équivalent, qui le conduisit de l’antisémitisme à la judéophilie et au sionisme.
Pierre Boutang naquit en 1916. Des recherches généalogiques ultérieures révéleront qu’un de ses ancêtres fut un marrane. Pierre Boutang père était maurrassien et son fils apprit à lire en déchif-frant les numéros de L’Action française qui traînaient à la maison. La pensée politique de Charles Maurras est connue : mépris de la République, antisémitisme impardonnable, mais également germano phobie militante. Maurras fut un des premiers à comprendre quel danger mortel représentait Hitler. « Si, écrivait le colonel Rémy, dès l’après-midi du 18 juin 1940, je me suis jeté dans une barque pour aller continuer la lutte ; si, pen-dant quatre ans, aucune pensée ne m’a inspiré que celle de porter à l’envahisseur tous les coups en mon pouvoir, c’est que, pendant les vingt années qui avaient précédé notre défaite, M. Maurras avait su m’apprendre dans L’Action française ce que signifiait le grand mot de servir. »
Le jeune Pierre Boutang fut un élève doué et rebelle. Il accomplit une scolarité brillante qui l’amena au lycée du Parc, à Lyon, où il eut pour professeur de philosophie Vladimir Jankélévitch, qui devint un ami. Boutang « monta » ensuite à Paris et écrivit dans des journaux liés à l’Action française, où il déployait l’antisémitisme ordinaire dans cette presse, sans que cet antisémitisme l’empêchât de se lier avec des personnalités juives. Pendant sa période lyonnaise, Boutang rencontra, outre Jankélévitch, Jean Wahl, qu’il aidera à faire passer aux États-Unis durant la guerre. Aux Décades de Pontigny, Boutang connut Martin Buber, dont il dira : « Son œuvre philosophique et théologique nous intéressait moins que sa personne, qui surplombait généreusement les désastres, les abîmes du temps [...] > LIRE LA SUITE

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