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SOLIDARITÉ KOSOVO !... : RÉNOVATION DES ÉCOLES : DES INAUGURATIONS TARDIVES...

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RÉNOVATION DES ÉCOLES : DES INAUGURATIONS TARDIVES

Les trois écoles que nous avons rénovées l’hiver dernier n’avaient pas pu être inaugurées officiellement à cause du Covid-19, les travaux ayant pris fin juste au moment du début du confinement. Début octobre, le Père Serdjan, responsable du bureau humanitaire de Solidarité Kosovo, a enfin pu visiter ces écoles et découvrir le résultat de ces travaux.

« Vous auriez dû venir dans 10 jours, oce (« père ») : ce week-end, nous allons abattre la cabane avec quelques parents, et alors l’école sera comme neuve ! » Par la fenêtre, en effet, on aperçoit une vieille cabane toute de guingois, posée dans le coin de la clôture le plus éloigné du bâtiment. Cette cabane, c’était les toilettes des XX élèves de l’école de Prekovce jusqu’au début du printemps 2020. Aujourd’hui, ces élèves disposent de toilettes flambant neuves au sein même du bâtiment de l’école. Ils n’ont plus besoin de ressortir dehors, dans le froid ou sous la pluie. « Certains élèves se retenaient toute la journée parce qu’ils avaient peur d’aller tout seul là-bas », continue d’expliquer le directeur de l’école au Père Serdjan. Entre l’école et la cabane, un beau gazon dont le vert vif trahit le jeune âge : il a été entièrement replanté après qu’une fosse sceptique a été enterrée en-dessous.

La visite se continue dans le reste du bâtiment, dont l’installation électrique a été entièrement refaite. Le réseau électrique de l’enclave est déjà souvent sujet à des coupure en raison de sa vétusté et de l’indifférence des autorités, qui ne font rien pour l’entretenir, mais même quand l’électricité arrivait jusqu’à l’école, il n’était pas rare que certaines classes restent plongées dans le noir. « C’est du passé, ça ! Maintenant, au moins, si on est dans le noir, on sait que tout le reste du village l’est aussi », plaisante le directeur, avec cet humour un peu noir qui bien souvent permet aux habitants des enclaves de supporter les difficultés de leur quotidien.

La visite est finie. Le directeur emmène le Père Serdjan dans la cour, où tous les élèves ont été réunis par leurs professeurs. Un chant s’élève, un chant traditionnel serbe du Kosovo que tous les enfants connaissent dès leur plus jeune âge. Les adultes, eux aussi, le connaissent par cœur ; pourtant, entendre ces enfants le chanter avec enthousiasme les touche à chaque fois, bien plus qu’ils n’oseraient se l’avouer.

Les mêmes scènes se sont répétées quelques jours plus tard dans l’école de Silovo, que nous avons vue l’an dernier dans un état déplorable : les canalisations, rongées par la rouille, faisaient apparaître presque sur chaque mur et chaque plafond de larges tâches sombres. Ces fuites multiples avaient fini par rendre totalement inexistante l’isolation des classes ; en hiver, le froid mordait les doigts des enfants, malgré les poêles installés dans chaque classe, qui diffusaient autant de fumée que de chaleur. Aux jours de pluie, une odeur de moisie imprégnait les murs et les vêtements, tandis que des flaques se formaient ici ou là au sol. Les élèves travaillaient courageusement dans ces conditions dantesques, mais l’équipe de l’école reconnaissait tristement qu’il n’était pas rare que la moitié de l’effectif manque à l’appel. « Comment pourrions-nous continuer à exiger de nos enfants qu’ils viennent à l’école si c’est pour risquer d’y tomber malades ? », demandaient-ils au Père Serdjan dans le dossier qu’ils lui avaient envoyé pour nous faire leur demande de travaux.

Le jour de l’inauguration, tous les élèves étaient là, en pleine forme malgré le temps gris et humide qui régnait sur la région. Ils attendaient le Père Serdjan sur l’escalier de l’école. Sur une grande feuille, ils avaient dessiné deux mains se rejoignant au-dessus d’un coeur dont une moitié était couverte du drapeau français, l’autre du drapeau serbe ; la phrase « Merci pour tout ce que vous avez fait pour notre école » était écrite dans les deux langues.

Puis les élèves sont retournés travailler dans leur classe, pendant que le directeur faisait visiter les travaux au Père Serdjan. Dans chaque classe, celui-ci a échangé avec les élèves et recueilli leurs impressions, unanimes : « Nous travaillons beaucoup mieux maintenant que nous sommes au chaud », « Avant je n’aimais pas trop aller à l’école, maintenant c’est mieux » ou « Ça fait du bien d’être dans une école qui est belle, ça donne le sourire et ça donne envie de travailler ».

La troisième école, située en pays Gorani, n’a pas encore pu être visitée en raison de son éloignement de Gracanica et de son isolement dans cette région montagneuse, mais nous avons pu avoir son directeur au téléphone. Là aussi, les travaux ont été importants : il a fallu refaire une partie du toit, qui commençait à s’effondrer ; installer un chauffage central pour l’ensemble du bâtiment ; et même acheter une certaine quantité de meubles (tables et chaises) pour remplacer ceux sur lesquels les élèves travaillaient auparavant, qui étaient pour la plupart tellement usés qu’ils tenaient à peine d’une seule pièce. Le directeur nous a remerciés pour ces travaux au nom de toute son équipe et de ses élèves. Les Goranis, vivant à l’extrême Sud du Kosovo, tout près de la frontière avec l’Albanie, ont conservé leur attachement à la Serbie à travers les siècles et ont souffert pour cela de nombreuses persécutions. Seul l’extrême isolement de leurs villages les a protégés, et les protège relativement encore aujourd’hui. « Nous sommes heureux de voir que nous ne sommes pas totalement oubliés, a déclaré le directeur de l’école au téléphone. C’est très important pour nous et pour nos élèves de voir que nous comptons encore pour le peuple serbe et pour le peuple français. » Nous irons bien entendu les visiter dès que possible… sans doute après l’hiver, qui risque comme chaque année de les isoler presque intégralement du reste du Kosovo pendant plusieurs mois.

Début novembre, Serdjan, Milovan et Arnaud se sont retrouvés à Belgrade pour étudier les dossiers des écoles et choisir celles qui seront rénovées cet hiver.

 

À peine rentré de ces visites, le Père Serdjan s’est immédiatement replongé… dans les dossiers des écoles pour la campagne de rénovations de l’hiver 2020-2021 ! À l’heure où vous lirez ces lignes, nous aurons normalement sélectionné les écoles qui bénéficieront de ces travaux pendant l’hiver. Comme chaque année, nous accorderons à cette opération un budget de 100 000 euros. Et nous espérons que nous pourrons inaugurer ces écoles au printemps, comme les années passées !

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