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Le legs d'Action française (IV/X) : Un mouvement doté d’une singulière force d’attraction

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(Conférence de Gérard Leclerc, donnée au Camp Maxime Réal Del Sarte - 2019)

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Je ne reviens pas, faute de temps, sur le détail de cette fondation, mais je dirai que cette Action française que Maurras va diriger – à la fois dans son fonctionnement quotidien et dans l’élaboration de sa doctrine –, va se distinguer très rapidement par un puissant pouvoir d’attraction. Car Maurras est un prodigieux éveilleur d’esprit : il va s’adjoindre deux personnalités de très grand talent, Léon Daudet et Jacques Bainville, qui vont démultiplier son propre pouvoir de séduction intellectuelle et culturelle.

Séduction dans le domaine littéraire, d’abord. Léon Daudet est un formidable critique littéraire, à redécouvrir complètement. On a récemment réédité ses essais critiques, une merveille ! Le Daudet critique littéraire est, à mes yeux, encore supérieur au mémorialiste, voire même au pamphlétaire. Daudet, que l’on voit en général comme un personnage rabelaisien, truculent et virulent, est d’abord un homme d’une extraordinaire profondeur culturelle. Relisez ses articles sur Dostoïevski, par exemple, c’est époustouflant. C’est là, d’ailleurs, que l’on voit la complexité de l’Action française : derrière son objectif politique déterminé, qi faisait son unité, elle laissait s’exprimer des sensibilités très diverses, voire opposées. Quand Henri Massis, plus tard, voudra défendre l’Occident contre un certain slavisme, il se trouvera en désaccord complet avec Léon Daudet, homme d’une immense érudition, parfait connaisseur de la littérature russe comme d’ailleurs des littératures anglaise, espagnole, etc.

C’est dans le domaine des relations internationales – et d’abord, à l’époque, des relations avec l’Allemagne – que la lucidité politique manifesté par Maurras dans Kiel et Tanger se voit puissamment relayée par un jeune historien, Jacques Bainville, originaire d’une famille républicaine et anticléricale de Vincennes. C’est à la suite d’un voyage de jeunesse en Bavière – qui lui inspirera son premier livre, magnifique, sur Louis II de Bavière –, que Bainville va rallier la monarchie, rejoindre Maurras et devenir un personnage-clé du dispositif de l’Action française. Ses connaissances historiques, sa puissance d’analyse, sa capacité à situer des repères et décrire des liens sont exceptionnelles… C’est tout l’empirisme organisateur : le discernement en politique fondé sur une connaissance critique de l’histoire, permettant de faire apparaître les enchaînements historiques, de rendre visibles les causes profondes des événements.

Séduction intellectuelle et lucidité politique sont donc les deux atouts fondamentaux de l’Action française. Il faut y ajouter la création d’une force politique dans la rue, avec les camelots du roi et la Ligue d’Action française. Ce qui va permettre au mouvement, après s’être affirmé dans le domaine des idées et du discernement politique, de se faire entendre sur la place publique et d’agir sur le cours des choses. Par exemple en réussissant à imposer la fête de Jeanne d’Arc comme héroïne nationale.

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