L'aventure France en feuilleton : Aujourd'hui (130), Paris livré à la Terreur révolutionnaire...
Tous les "hauts" lieux de la Terreur ne sont pas mentionnés ici, mais on pourra faire, à partir de ce plan, quelques rappels utiles...
1. On commencera par le Nord : Montmartre est devenu - mégalomanie aidant... - le Mont Marat !
Quand on connaît le fanatisme du personnage, sa paranoïa et, pour parler clair, sa folie furieuse, on reste confondu devant ce "culte de la personnalité" que flétriront tant de révolutionnaires, plus tard, eux qui étaient, pourtant, les héritiers directs de la grande Révolution !...
2. Un peu en dessous, à l'est, on voit "le Temple", qui, aujourd'hui, n'existe plus : "on" l'a rasé, pour éviter les pèlerinages royalistes !...
L'histoire raconte qu'un jour, étant venue à Paris avec son beau-frère, le Comte d'Artois (futur Charles X, propriétaire du lieu), la Reine Marie-Antoinette, passant avec lui devant ce donjon sinistre et lugubre eut comme une sorte de pressentiment, et, ressentant de l'effroi, lui demanda pourquoi il ne faisait pas démolir "cette horreur" : le Comte d'Artois lui répondit qu'il y songerait... C'était aux jours heureux...
Le Temple devint la prison de la famille royale après le 10 Août, et c'est là qu'eurent lieu les scènes révoltantes de brutalité et d'inhumanité la plus totale de la séparation de la Reine avec son fils, et du lent et interminable supplice du petit Dauphin, devenu roi légitime, Louis XVII, le deuxième roi martyr (le mot n'étant pas trop fort pour un petit enfant, livré sans défense aucune à des bourreaux sadiques et cruels)...
3. Toujours à l'est, en descendant encore un peu, on voit "la Bastille", lieu des fantasmes de l'histoire officielle et des "ridicules légendes" dont parle Bainville.
En réalité, c'est là qu'eut lieu la première monstruosité de la Révolution, annonciatrice de toutes les autres : le gouverneur du lieu, parlementant avec les "insurgés" obtient leur promesse qu'il n'y aura pas de violences; il leur fait ouvrir les portes : il est massacré avec les siens, et leurs têtes, coupées, sont promenées au bout de piques : la "fraternité" est en marche !
Comme le dit François Furet : "La culture politique qui peut conduire à la Terreur est présente dans la révolution française dès l'été 1789..." et la prise de la Bastille inaugure "le spectacle de sang, qui va être inséparable de tous les grands épisodes révolutionnaires"...
4. Passons maintenant tout à fait à l'Ouest, où l'on voit "le Champ de Mars", théâtre du seul épisode d'importance non sanglant et non sinistre de cette Révolution : la Fête de la Fédération, du 14 Juillet 1790.
Marc Bloch a raison : "Il est deux catégories de Français qui ne comprendront jamais l'histoire de France: ceux qui refusent de vibrer au souvenir du sacre de Reims; ceux qui lisent sans émotion le récit de la fête de la Fédération."
Mais c'était avant que la Révolution ne dérape d'une façon irréversible et ne s'engage définitivement dans le Totalitarisme et la Terreur; c'était à l'époque où l'on pouvait encore espérer que, malgré les horreurs du 14 juillet précédent, la révolution pouvait être canalisée : après tout, on avait vu très largement pire pendant, par exemple, les Guerres de religion. Mais l'espérance fut vite déçue, et les bons sentiments - qui ne font pas une bonne politique - furent vite balayés, pour laisser place à ce que l'on sait...
5. En restant au Sud, mais entre la Bastille et le Champ de Mars se trouvent "les Carmes", lieu des atroces "massacres de septembre", l'un des épisodes les plus sinistres et les plus épouvantables de cette Révolution qui, pourtant, n'en manque pas...
Danton fit courir le bruit qu'il y avait des menaces "contre-révolutionnaires" - évidemment tout à fait inventées - et ce fut un déchaînement d'assassinats horribles, permettant de faire disparaître pêle-mêle prêtres, réactionnaires supposés et adversaires possibles : 1.400 personnes en quatre jours ! Cynique et monstrueux, Danton justifia ainsi cette horreur :
"Ces prêtres, ces nobles, ne sont point coupables, mais il faut qu'ils meurent, parce qu'ils sont hors de place, entravent le mouvement des choses et gênent l'avenir."
6. En remontant au centre de Paris, on voit "la Convention" : elle siégeait aux Tuileries, dans le palais des rois, dans "le château de Paris".
C'est là que fut soi-disant jugé Louis XVI, et que le courageux de Sèze s'écria : "...Je cherche parmi vous des Juges, et je ne vois que des accusateurs !...".
Il faut dire que Robespierre avait "cadré" ses troupes avant le pseudo-procès : il faut que Louis meure, et vous n'avez pas à le juger, car, le juger, ce serait admettre la possibilité qu'il soit innocent; auquel cas, ceux qui ont fait la Révolution seraient coupables !...
Ce sophisme imparable sera repris par Staline - contre les dissidents, envoyés au Goulag... - et par Hitler - contre les Juifs -.
Saint Just avait appuyé Robespierre : "Je ne vois pas de milieu : cet homme doit régner ou mourir...". Il mourra....
C'est aussi là que fut aussi, soi-disant, jugé Marie-Antoinette : condamnée elle aussi comme Louis XVI avant même d'entrer dans la salle, elle fut défendue par un autre homme d'honneur, Chauveau-Lagarde, qui plaida tant et si bien - deux heures d'affilée - qu'on l'arrêta sur le champ à la fin de sa plaidoirie. Marie-Antoinette le remercia par ses mots : "Comme vous devez être fatigué, Monsieur Chauveau Lagarde ! Je suis bien sensible à toutes vos peines..".
C'est ainsi que, dans ce lieu d'où sont partis les ordres les plus abominables - comme ceux organisant le Génocide vendéen... - on a pu voir "des fleurs en enfer"...
7. Sont mentionnés le Club des Jacobins et le Club des Cordeliers : ceux des plus enragés extrémistes.
Chateaubriand, témoin oculaire de cette triste époque, les évoque ainsi :
"Auprès de la tribune nationale, s'étaient élevées deux tribunes concurrentes, celle des Jacobins et celle des Cordeliers, la plus formidable alors, parce qu'elle donna des membres à la fameuse Commune de Paris, et qu'elle lui fournissait des moyens d'action. Si la formation de la Commune n'eut pas eu lieu, Paris, faute d'un point de concentration se serait divisé, et les différentes mairies fussent devenues des pouvoirs rivaux.
Le club des Cordeliers était établi dans ce monastère, dont une amende en réparation d'un meurtre avait servi à bâtir l'église sous saint Louis, en 1259...
Les tableaux, les images sculptées ou peintes, les voiles, les rideaux du couvent avaient été arrachés; la basilique, écorchée, ne présentait plus aux yeux que ses ossements et ses arêtes. Au chevet de l'église, où le vent et la pluie entraient par les rosaces sans vitraux, des établis de menuisier servaient de bureau au président, quand la séance se tenait dans l'église. Sur ces établis étaient déposés des bonnets rouges, dont chaque orateur se coiffait avant de monter à la tribune. Cette tribune consistait en quatre poutrelles arc-boutées, et traversées d'une planche dans leur X, comme un échafaud. Derrière le président, avec une statue de la Liberté, on voyait de prétendus instruments de l'ancienne justice, instruments suppléés par un seul, la machine à sang, comme les mécaniques compliquées sont remplacées par le bélier hydraulique. Le club des Jacobins épurés emprunta quelques unes de ces dispositions des Cordeliers." (Mémoires d'Outre-Tombe, La Pléiade, tome I, pages 295/296).
8. Finalement, comme lieux majeurs des horreurs révolutionnaires, seuls manquent sur ce plan les sites où s'éleva la guillotine.
Il y en eut deux essentiellement :
• la Place de la Nation, de son nom d'origine Place du Trône, et appelée alors Place du Trône renversé, où furent guillotinées 1306 personnes, parmi lesquelles André Chénier et les seize Carmélites de Compiègne, dont le martyre fit la trame du chef d'oeuvre de Bernanos.
La "Foire du trône" d'aujourd'hui conserve le souvenir de cette appellation primitive de la Place dans son nom...
• et la Place Louis XV, aujourd'hui Place de la Concorde, à l'époque Place de la Révolution.
Le nombre des personnes qui furent décapitées à Paris pendant la Révolution peut être de 2.498, dont 1.119 place de la Concorde, 73 place de la Bastille et 1.306 place de la Nation (pour René Sedillot : 2.639 à Paris, et 42.000 en France).
Parmi les personnes qui furent suppliciées place de la Concorde : Louis XVI, Marie-Antoinette, Madame Elisabeth, Madame Roland, Charlotte Corday, Lamoignon de Malesherbes, Lavoisier, Philippe-Égalité, Brissot de Warville, Danton, Robespierre, Jacques-René Hébert, Saint-Just, la Comtesse du Barry...
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L'aventure France racontée par les Cartes...
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