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Décentralisation ou autonomie régionale, par Frédéric Poretti-Winkler.

« Ce qui me frappe, c'est qu'à la variété des paysages cor¬respond une diversité de tempéraments régionaux qui, ras¬semblés, constituent la France. Chaque province a ses traditions, qui sont le produit d'une histoire spécifique et qu'il nous faut préserver. C'est d'ailleurs ce qu'ont tou¬jours fait les Capétiens. Notre pays est un puzzle dont les rois ont associé les pièces à force de patience, en veillant à respecter les identités régionales.

frédéric winkler.jpgLa conception que les jacobins ont de la nation est toute différente : ils en ont une idée désincarnée, dont le triomphe supposerait l'éradication des traditions locales et des convictions person¬nelles. Ils ont voulu changer l'homme pour construire une nation selon leurs vœux, alors que les Capétiens ont tou¬jours considéré qu'on ne pouvait pas rassembler le pays sans en respecter les hommes : leur projet est fondé sur les réalités physiques et humaines que je décrivais à l'instant. La France n'est pas seulement une idée à laquelle il suffi¬rait d'adhérer pour devenir instantanément français. C'est une construction fragile, dont il faut respecter l'histoire et la culture. Ce que l'on nomme aussi son génie. » (Jean de France, Un Prince Français). En effet, beaucoup plus que la nécessité industrielle ou économique, la véritable raison du phénomène de désincarnation de la nation réelle est la centralisation dont souffre tout notre pays. Celle-ci conduit, par la force de la loi, toutes les activités à se regrouper autour de quelques grands centres administratifs. Déconcentrer certaines prérogatives de l'Administration centrale au niveau de quelques grandes villes, ce n'est pas réellement résoudre le problème, c'est le déplacer. Il est urgent que toutes les communes de France puissent se développer librement selon leur vocation spécifique.( Signalons l’intervention du sénateur-maire de Lyon, M. Collomb, qui parlait de « l'État français hyper jacobin »). Mais les grandes villes elles-mêmes, sur lesquelles pèsent des charges de plus en plus lourdes, sont loin d'être dotées des moyens financiers et de l'indépendance budgétaire qui seules assureraient leur développement harmonieux. Nos villes n'ont donc les moyens ni d'enrayer l'inquiétant processus de métropolisation (couplée avec une rurbanisation envahissante qui « mange » les campagnes avoisinantes) qui les hypertrophie, ni de le dominer par les mesures, c'est-à-dire par les investissements appropriées. Il s'agit donc de poser deux questions essentielles :
- Doit-on se contenter d'accepter la prétendue fatalité de cette double incapacité à stopper la concentration et à dominer le phénomène urbain et ses suites rurbaines ?
- Doit-on s'intégrer sans discussion dans les cités monstrueuses construites ?
- Mais, d'autre part, un Etat central dont les seuls éléments de continuité et d'unité, si artificiels soient-ils, résident dans son administration et sa bureaucratie, peut-il réellement par tendance, par nécessité renoncer à son emprise financière et administrative ?
- Peut-on sérieusement imaginer qu'il prenne la tête de la « Révolution communale » que la réalité sociale d'aujourd'hui appelle comme une urgente, une impérieuse nécessité ?
On l'a vu, nos régions se sont développées fort inégalement, pour une bonne part en raison de ressources naturelles inégales, mais aussi pour une part, la plus large, en raison de données administratives et politiques tout à fait injustifiées. De plus, à la centralisation parisienne semble bien désormais s'ajouter une centralisation européenne tout aussi dévorante et plus inhumaine, plus technocratique et lointaine. Signalons qu’au niveau des régions, on pourrait compléter en parlant de la centralisation grandissante amorcée sous Sarkozy qui ôtait la plupart des moyens financiers mis à leur disposition. Elles ne maîtrisent plus que 12% de leurs recettes et les communes ont eu l'obligation de rejoindre des intercommunalités avant le 31 Mai 2013, sous peine de le faire de force sous l'autorité du préfet…Ainsi, nous avons là une décentralisation sans autonomie, malgré les nouvelles féodalités locales et ses figures parfois caricaturales telles que, dans les années 2000, Georges Frèche.
F. PORETTI - Winkler (Projet de Société, à suivre)

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