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L’armée syrienne poursuit la reconquête d’Idleb malgré l’armée turque, de Antoine de Lacoste.

La fulgurante progression syrienne se poursuit malgré la résistance des djihadistes, et des dizaines de villages ont été repris le long de la route M5 en direction d’Alep. Le principal objectif annoncé ici la semaine dernière, la ville de Saraqeb, a été atteint jeudi 6 février et l’armée quadrille maintenant cette ville fantôme désertée par la population et les djihadistes.

antoine de lacoste.jpgFace à cette offensive dont la réussite, malgré des pertes non négligeables, surprend les observateurs, la Turquie est en plein désarroi. Plusieurs des postes militaires qu’elle avait installés avec l’agrément russe à la suite des accords d’Astana, sont maintenant en territoire syrien reconquis et donc encerclés par l’armée syrienne.

Une violente confrontation a d’ailleurs opposé les deux protagonistes à coups d’artillerie le 3 février : quatre soldats turcs tués selon Ankara qui a riposté et affirme avoir « neutralisé » une quarantaine de soldats syriens. Selon Le Monde, ce serait plutôt 8 Turcs et 13 Syriens tués. Mais quel que soit le bilan, c’est le caractère inédit de cette confrontation qu’il faut souligner. Erdogan a proféré ces derniers jours des menaces répétées contre Damas, semblant oublier que tous ces combats ont lieu sur le territoire syrien qu’il compte donc occuper encore longtemps.

Parallèlement d’importants convois militaires ont quitté la Turquie pour Idleb capitale de la province du même nom. La situation est très tendue et les deux armées sont maintenant presque face à face.

Il est difficile de prévoir l’attitude à venir de la Turquie : se mettra-t-elle en travers de la reconquête syrienne ? Elle ne l’a pas vraiment fait pour l’instant malgré de multiples mises en garde à la . Ainsi à Saraqeb, l’armée turque s’est retirée après avoir pourtant annoncé qu’elle allait y installer des postes militaires. Le repli précipité des djihadistes d’al-Nosra (devenu Hayat Tahrir al-Cham) a sans doute aidé à se décider dans ce sens mais que décidera Erdogan lorsque l’armée syrienne se rapprochera d’Idleb où de nombreux soldats turcs sont présents ?

D’ici-là une rencontre avec Vladimir Poutine aura probablement eu lieu : les deux hommes prennent soin de discuter dès que la situation l’exige, aucun des deux ne voulant se fâcher avec l’autre.

Toutefois, il ne semble pas qu’Idleb soit le plus urgent pour Damas. Tout d’abord l’armée syrienne n’a pas les moyens humains de se lancer dans une offensive aussi ambitieuse et les Russes, sans le soutien aérien desquels rien n’est possible, ne voudront pas contrer Ankara au-delà de l’acceptable. Or Erdogan ne veut plus de réfugiés syriens sur son sol et l’assaut d’Idleb entraînerait un exode massif des Syriens présents dont beaucoup sont liés aux combattants islamistes.

Damas devrait donc s’orienter vers la fin de la reprise de la route M5 vers Alep. C’est pourquoi des militaires syriens épaulés par des Iraniens dont c’est le grand retour, tentent de percer les défenses islamistes au sud-ouest d’Alep.

Moscou a annoncé que plusieurs conseillers russes ont été tués dans cette zone. C’est assez rare et cela démontre que la Russie est, plus que jamais, au cœur de cette guerre contre l’islamisme qu’elle va assurément gagner.

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