Macron, le roi de la gaffe !, de Christian Vanneste.
On en avait déjà ri à l’époque. Aujourd’hui on ne peut réécouter le pontifiant et sentencieux Le Gendre sans être saisi d’un élan de pitié : en Décembre 2018, il reconnaissait que le macronisme avait commis une erreur : « avoir probablement été trop intelligents, trop subtils, trop techniques… » C’était le temps où les Français étaient encore pour certains fascinés par le brillant jeune homme, « Mozart de la finance », orateur impeccable, metteur en scène jupitérien, dont l’affaire Benalla suivie par la révolte fiscale des Gilets Jaunes, avaient commencé à fissurer l’image, à abattre le décor.
Depuis, les Français ont perçu l’aspect théâtral du personnage et sifflent ses prestations. Philosophe et banquier, amateur de littérature et de citations… Petit-à-petit les artifices ont été déjoués. Il s’agit d’un homme dénué de la première qualité requise d’un politique : l’expérience. Il lui restait l’intelligence, ou plutôt la brillance d’un énarque parvenu à l’inspection des finances après des concours difficiles, membre éminent du cabinet élyséen du président Hollande, et ministre de l’économie ensuite. Or cela aussi a sombré. Le parcours n’a pas été si parfait, en grande partie fondé sur le copinage plus que la sélection, jalonné de coups douteux et même foireux, comme l’élimination de Fillon, ou la vente d’Alstom à General Electric, contre l’avis de Montebourg..
Le désenchantement est profond. Le roi, que beaucoup ressentent désormais comme un usurpateur, est nu. La question se pose : est-il si intelligent ? On peut en douter, et penser au contraire que ce qui caractérise le régime, c’est la bêtise, dont le chef d’Etat livre un véritable festival dans son comportement autant que dans ses propos. C’est au point qu’on est tenté d’expliquer la multiplication des gaffes par un déséquilibre psychologique, un narcissisme qui le pousse sur la scène à contre-temps, quand il devrait se faire oublier. Cela avait commencé dès le début avec les salariées illettrées de Gad, les nordistes alcooliques, et les chômeurs qui n’avaient qu’à traverser la rue… Cela avait continué avec les Pieds-Noirs complices d’un crime contre l’humanité, les Gaulois réfractaires et les gens qui ne sont rien. La magnificence jupitérienne du Maître des horloges, auréolé de gloire par une cour médiatique plus servile que jamais, faisait passer ces incartades pour des peccadilles, son arrogance pour le revers du génie. Toutefois, Jupiter avait dégringolé de l’Olympe lorsqu’après avoir réprimandé un jeune l’appelant Manu, il avait cru bon s’afficher à l’Elysée entouré d’un groupe de rappeurs haut en couleurs, débitant des paroles d’une vulgarité et d’une indécence inouïes, complètement déplacées, même pour la Fête de la Musique, au sein du palais présidentiel. Plus transgresseur encore, un surprenant enlacement avec des jeunes loubards de Saint-Martin dont la chaleur semblait provoquer chez lui une extase. Bon, ça n’empêchait pas « notre » président de côtoyer les grands de ce monde et de leur distribuer des leçons souvent en anglais….
Mais ce qui était excusable au nom de la jeunesse et de l’inexpérience n’était pas accidentel. C’est le fil rouge du candidat : alors que les illusions se sont dissipées sur le génie, et même sur le talent, les gaffes restent. Elles sont devenues le fond… La dernière en date est le maillot de corps du Festival d’Angoulème arborant le dessin d’un homme éborgné par un LBD où BD n’évoque pas la bande dessinée, mais la violence policière… On ne peut, en même temps, être celui qui a jeté depuis plus d’un an les Français dans la rue et dont chaque déplacement exige un déploiement de forces de l’ordre, et s’associer à la satire de la police sans susciter chez les policiers une réprobation d’autant plus forte que l’usage très sélectif et parfois excessif de la répression policière contre les Gilets Jaunes, plutôt que contre les Blacks-blocs, éveille le soupçon d’une manipulation éhontée en vue de récupérer le parti de l’ordre.. Auparavant, il y avait eu la comparaison stupide entre la guerre d’Algérie et la Shoah : de quoi blesser doublement les Pieds-Noirs de confession juive…. Alors, il a fallu qu’il compense en souhaitant que l’assassin de Mme Halimi passe devant les tribunaux. Voilà que le garant de l’autorité judiciaire exerçait une pression sur la Cour de Cassation au mépris du fonctionnement d’un Etat de droit dont il aime à se proclamer le champion contre les vilains illibéraux… Une bourde pour sauver une sottise, et pour montrer qu’en Europe, un pouvoir exécutif sans partage doté d’un parlement croupion, et dirigeant la justice, un Etat illibéral, donc, il y en a un : la France ! De la même façon, c’est lui qui amène sa majorité de l’Assemblée à corriger le tir sur le congé parental à la suite du décès d’un enfant. Cette anecdote nous a appris en même temps, que la troupe de godillots entrée au Palais Bourbon en 2017 était bête et disciplinée, et qu’il n’y avait aucune séparation des pouvoirs. Bizarrement aveuglé par le risque comme un animal par les phares d’une voiture, voici le président qui provoque en disant : « essayez la dictature… » Justement, les Français ont de plus en plus le sentiment d’essayer un pouvoir personnel, omniprésent, et qui multiple les lois liberticides…. Comment appelle-t-on ça, déjà ?
Il y a des provocations grandioses, historiques, comme le « Vive le Québec libre » du Général, et puis il y a celles qui comme des pets foireux provoquent juste la gène autour de soi. « L’Otan en mort cérébrale » en fait partie. Quant à la procréation sans père impliquée par la loi bioéthique, il l’a défendue en prétendant qu’un père pouvait ne pas être un « mâle », répétant machinalement les idées et les mots de l’idéologie à la mode dans son microcosme progressiste parisien. C’est vraiment bête. Alors, il essaie de marcher sur les pas des grands prédécesseurs : c’est le Vel d’hiv de Chirac, en 1995, le Jerusalem de Chirac en 1996, puis sa « maison qui brûle » en 2002 : « remakes » en série pour un acteur de série B en mal de carrière. Lorsque l’histoire se répète, la seconde fois c’est une comédie, et pour les Français, elle n’est pas drôle…
Commentaires
BRAVO, tout est dit Emmanuel MACRON est le dernier avatar de la sinistre comédie républicaine, la dégringolade continue: CHIRAC, SARKOZY, HOLLANDE et maintenant le Napoléon en modèle réduit, très réduit.