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Bioéthique : La France confrontée à une culture de mort (13), par François Schwerer

Le sénat va connaître dans les jours à venir le projet de loi de bioéthique. Notre ami François Schwerer nous a adressé - avec un message de sympathie - l'ensemble des textes qu'il été amené à écrire sur cette question.

Cet ensemble constitue une véritable somme, aussi bien par son importance que par son intérêt.

Nous en avons commencé la publication le vendredi 10 janvier, et nous la poursuivrons du lundi au vendredi inclus, comme nous l'avons fait, par exemple, pour l'étude de Pierre Debray, Une politique pour l'an 2000.

Et, pour suivre et retrouver ces textes plus commodément, nous regrouperons la totalité de cette étude, vu son importance, dans une nouvelle Catégorie : François Schwerer - Bioéthique : culture de mort : vous pourrez donc retrouver donc l'ensemble de cette chronique en cliquant sur le lien suivant :

François Schwerer - Bioéthique : culture de mort...

Voici le plan de l'étude (hors Annexes et textes divers, qui viendront ensuite); nous le redonnons chaque jour, afin que le lecteur puisse correctement "situer" sa lecture dans cet ensemble :

 

  1. Les étapes de la décadence
  • Un processus téléologique

1/. « Qui n’avance pas recule »

2/. De la pilule à la GPA : l’asservissement des femmes

3/. La révolte des femmes et les mouvements féministes

4/. Le transhumanisme, stade ultime de la destruction

  • La stratégie progressiste

1/. La campagne médiatique préalable

2/. La modification de la loi

3/. Le recours à une novlangue

4/. Le discrédit de l’adversaire

5/. La politique des petits pas

6/. Le viol de la conscience des enfants

  1. « Pour une nouvelle croisade »

A - Une faible résistance

1/. Des hommes politiques sans conviction

2/. Des manifestations apparemment inefficaces

3/. Un refus de mettre en danger son propre confort

4/. Un faux respect de l’apparente liberté d’autrui

5/. Si le Seigneur ne bâtit pas, c’est en vain que s’agitent les bâtisseurs

B – Un combat dont l’enjeu dépasse le fonctionnement de la vie sociale

1/. Il est plus facile de descendre une pente que de la remonter

2/. Un combat ayant une dimension eschatologique

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Schwerer.jpg1/. Des hommes politiques sans conviction

 

Si l’on regarde rapidement la position de la plupart des hommes politiques actuels, on constate que soit ils changent d’idées à une vitesse telle qu’ils donnent le tournis soit ils ne veulent pas imposer leurs idées aux autres. Quelques exemples récents. Edouard Philippe qui est le premier ministre qui a endossé la responsabilité de présenter la loi bioéthique (1) de 2019 est le personnage qui déclarait le 10 février 2013 : « Nous nous opposons résolument à la PMA pour les couples homosexuels féminins ».

Lors du vote de la loi Taubira, Bruno Lemaire quant à lui expliquait : « Je ne suis pas favorable à la PMA pour les couples homosexuels ». Au gouvernement lors du dépôt du projet de loi bioéthique, il accepte désormais de se « laisser bousculer » ! Gérald Darmanin était même allé en février 2013 jusqu’à déposer un amendement à la loi Taubira de façon à interdire la PMA aux couples homosexuels, « afin de ne pas rentrer dans une logique du droit à l’enfant ». Deux autres ministres du gouvernement Philippe, Jean-Baptiste Lemoyne et Jacqueline Gouraud, avaient aussi manifesté clairement leur opposition à l’extension de la PMA. Un poste de ministre vaut bien un reniement !

De son côté François Bayrou explique, à tout propos, que sa foi catholique lui interdit, à titre personnel, d’être favorable à toutes les évolutions sociétales actuelles mais, qu’en tant qu’homme politique, il ne peut pas s’y opposer. Il rejoint le clan de ceux qui pensent : « Personnellement je suis contre, mais en tant qu’homme politique je ne m’y oppose pas » et qui, une fois la loi votée, déclarent qu’on ne peut pas revenir dessus.

Faut-il considérer que les premiers ont changé d’avis ou que le second a établi une barrière infranchissable entre sa vie privée et son action publique ? Dans L’Incorrect de juillet 2019, Benoît Dumoulin a une autre interprétation : pour eux, « l’essentiel est de se situer sur l’échiquier politique, en fonction des positions adoptées à leur droite et à leur gauche ». Ils se montrent ainsi les dignes héritiers de Valéry Giscard d’Estaing qui voulait que la France soit gouvernée au centre. Cette position leur permet « de ne pas trop offenser la gauche tout en rassurant une partie de la droite ». Et il donne la raison fondamentale de cette attitude : l’essentiel est « de pouvoir rassembler un maximum d’électeurs ». Qu’importe la politique suivie pourvu qu’on soit élu ! Il y a, hélas, des « catholiques revendiqués [qui] sont aujourd’hui prêts à s’asseoir sur les vérités évangéliques et sur leur foi chrétienne pour parvenir au pouvoir » (2).

Dans son homélie pour la fête de saint Louis, Monseigneur Aupetit, a posé à leur sujet la vraie question. Certains hommes politiques, a-t-il dit, « au nom d’une éthique de responsabilité due à leurs fonctions, (…) n’hésitent pas à balayer les convictions personnelles dont ils se réclament. Comment faire confiance à des personnes qui ne respectent pas leurs propres convictions ? Nous pouvons être sûrs qu’ils ne défendront pas les nôtres. L’éthique n’est pas à géométrie variable, oscillant entre une éthique de responsabilité et une éthique de conviction. Il n’y a qu’une seule éthique, celle qui s’appuie sur cette question fondamentale qui a construit les civilisations : Que faut-il faire pour bien faire ? ». Dès lors, tout catholique qui, lors d’un scrutin, apporte sa voix à un candidat de ce type, doit être conscient qu’il soutient quelqu’un qui le trahira inéluctablement un jour ou l’autre et le trahira sur un sujet fondamental, sur une question « non négociable ». Il s’en rend donc complice.

Il faut noter que c’est cette attitude qu’avait très largement sous-estimé le pape Léon XIII lorsque, dans son encyclique Au milieu des sollicitudes, il avait préconisé le ralliement des catholiques de France à la République.

Monseigneur Aupetit nous a alors donné saint Louis en exemple : « Puis, le roi saint Louis nous a montré que l’Evangile est le chemin de la vie, de la vie privée, certes, mais aussi de la vie publique et de ses responsabilités, fussent-elles considérables ». Il n’y a pas de multiples façons de combattre la culture de mort qui nous menace aujourd’hui.

 

(1) : Le 1er septembre 2019, le philosophe et mathématicien, Olivier Rey, confiait au Figaro : « La bioéthique n’a pas été inventée pour soumettre les biotechnologies à des principes éthiques mais pour faire en sorte que l’éthique ne vienne pas entraver le développement des biotechnologies. En clair : la bioéthique est là pour approuver ce que l’éthique tout court réprouve. »

(2) : Monseigneur Aupetit, homélie pour la fête de saint Louis, 25 août 2019.

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