UA-147560259-1

Ok

En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l'utilisation de cookies. Ces derniers assurent le bon fonctionnement de nos services. En savoir plus.

Littérature • Lire avec Léon Daudet

 

2293089609.14.jpgIl peut aussi paraître de plutôt bonnes recensions dans Les Echos. Comme celle-ci qui restitue un peu du fabuleux écrivain, polémiste, homme politique, que fut Léon Daudet. Injustement oublié il est vrai par le plus grand nombre. Son souvenir reste vivant dans les milieux d'Action française. Trop rares sont ceux qui l'ont lu. Mais redisons-le : point de culture sans lecture.  LFAR

 

sans-titre.pngPlus grand monde ne lit aujourd'hui Léon Daudet, qui traîne derrière lui une réputation sulfureuse, et méritée, de polémiste réactionnaire, voire d'extrême droite. Le fils d'Alphonse Daudet avait pourtant une plume déliée et un sens de la critique que ses contemporains admiraient et redoutaient à la fois. Nous en avons un excellent exemple dans cette collection de textes parus entre 1927 et 1929, republiés aujourd'hui par les éditions Séguier, jamais en reste lorsqu'il s'agit d'allier originalité et audace. Il y a dans les auteurs choisis par Daudet des gens qui sont de nos jours de presque parfaits inconnus. Heureusement, on trouve aussi en grand nombre des noms fameux, de Shakespeare à Flaubert. Quand il restait sur les terres des lettres, ce lecteur compulsif oubliait ses préjugés idéologiques, comme le rappelle Jérôme Leroy dans sa préface, rapportant ce mot étonnant de la part de ce nationaliste forcené: «La patrie, je lui dis merde quand il s'agit de littérature." Daudet est remarquable dans ses exercices d'admiration comme dans les descentes en flammes qu'il réserve à quelques gloires. Palme de l'hommage le plus ému et le plus vrai: les propos sur Marcel Proust, déjà son ami de vingt ans quand celui-ci obtient le prix Goncourt pour À l'ombre des jeunes filles en fleurs. Le journaliste voit aussitôt dans À la recherche du temps perduun chef-d'oeuvre de la littérature française du xxe siècle. Il le présente avec justesse comme «une fresque composée de miniatures, si paradoxal que semble ce rapprochement de mots». Même s'il note, avec un brin de misogynie très répandu à l'époque, que cette oeuvre géniale et touffue ne conviendrait sans doute pas «aux demoiselles dont on coupe le pain en tartines". Parmi les gloires incontestables aux yeux du royaliste rallié à l'Action française de Maurras figure, au sommet, Cervantès, mis sur le même plan que Shakespeare. Homme de goût avant tout, Daudet doit convenir que le décadent Baudelaire est un poète incomparable, gâché par ses addictions, tandis que l'époux malheureux de la petite-fille de Victor Hugo n'arrive pas à cacher une certaine réticence face aux envolées de La Légende des siècles.

La dent du pamphlétaire

Le ton monte encore d'un cran à l'évocation de Flaubert, qu'il dépeint en romancier emprunté comme un ado: «Sa vie ne fut qu'une longue puberté, avec les tourments, les erreurs, les boutons et les rêveries décevantes de cette crise sexuelle qui perturbe la sagesse et l'originalité enfantines." Ce n'est rien toutefois à côté des moments où le pamphlétaire aux 130 livres a la dent vraiment dure. Le traitement réservé à Zola en donne un échantillon: «Quand Hugo disait de Zola que le pot de chambre lui masquait le ciel étoilé, il avait parfaitement raison», tranche Daudet. Il lui reproche son «goût maladif du laid et du triste» attribué à sa personnalité de «sensuel déçu». Pour finir - et l'achever! - il conclut: «On ne peut le lire qu'à quatre pattes.» Mais ce bouillant démolisseur d'icônes était également un découvreur: il fait connaître à ses compatriotes Robert Louis Stevenson, repère le jeune journaliste Joseph Kessel, signale avant tout le monde l'immense talent de Paul Morand. «L'esprit véritable, soudain, en fusée et en flèche, est une détente indispensable à la causerie", observe-t-il dans ses notes. De fait, Daudet a un don incomparable pour détendre et faire causer.  H. G  

Commentaires

  • Une plume incomparable, une acuité dans les détails, une aptitude dans les rapprochements inattendus et un talent fougueux font de Léon Daudet un des grands écrivains et pamphlétaire, à l'égal de Léon Bloy, de la littérature française. On se régale en le lisant et en s'enrichissant. Tout peut être lu de lui. Je conseille néanmoins ses mémoires et un de ses romans méconnus au titre évocateur de son expérience de médecin : " Les morticoles ". Difficile à trouver, publié jadis aux éditions Fasquelle, mais repris probablement dans ses oeuvres complètes.

  • N’oublions surtout pas, dans l’hommage que mérite ce grand critique, les 2 articles qu’il a consacrés à Voyage au bout de la nuit après avoir échoué à lui décerner le Prix Goncourt. Le premier parut dans l’AF avant la réunion des Goncourt, le second dans Candide le 22 décembre 1932. En voici le début :
    « Voici un livre étonnant, appartenant beaucoup plus, par sa facture, sa liberté, sa hardiesse truculente, au XVIe siècle qu’au XXe, que d’aucuns trouveront révoltant, insoutenable, atroce, qui en enthousiasmera d’autres et qui, sous le débraillé apparent du style, cache une connaissance approfondie de la langue française, dans sa branche mâle et débridée. »
    Écoutez Daudet : lisez Céline !

  • Bien d'accord avec Jacques Léger et de Wargny. Commentaires instructifs !

  • Et si vous voulez faire connaître Daudet à d'autres, utilisez les 313 photos de notre Album ! ("Maîtres et témoin (III) : Léon Daudet") : il vous suffit de recopier le lien ci-après, et de l'envoyer à qui vous le jugerez utile...

    http://lafautearousseau.hautetfort.com/album/maitres-et-temoins-iii-leon-daudet1/

  • Les mémoires de Léon Daudet sont chez Laffont sous le titre " Souvenirs et polémiques "
    La description , entre autres , des " salons " de la 3e république fin XIX et premières décennies XX avec leur " intelligentsia " est un florilège ; l'on peine à interrompre la lecture .

Écrire un commentaire

NB : Les commentaires de ce blog sont modérés.

Optionnel