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L’événement Zemmour • Par Jean-Baptiste d'Albaret*

Zemmour

Sur les ondes radiophoniques, à la télévision, dans les médias, on ne parle que de lui. Depuis sa parution, le 1er octobre, son livre a conquis plus de 200 000 lecteurs. Les professionnels de l’édition prévoient une fourchette finale de vente comprise entre 300 000 et 500 000 exemplaires. Un record ! Avec son Suicide français, une somme de 534 pages où il s’attache à démontrer comment la trilogie soixante-huitarde «dérision, déconstruction, destruction » a sapé « les fondements de toutes les structures traditionnelles : famille, nation, travail, État, école », Eric Zemmour réussit un coup de maître. Le chroniqueur du Figaro magazine, qui cache sous une vaste culture classique un sens de l’humour incisif, doit apprécier l’ironie de la situation : plus la camarilla oligarchique bien-pensante le voue aux gémonies, plus ses détracteurs médiatiques se déchaînent, et plus les Français se pressent dans les librairies pour acheter son livre. C’est que le polémiste des plateaux télévisés fait décoller les audiences. Il est populaire. Ses thèses rencontrent un large écho auprès de l’opinion publique.

De quoi s’agit-il ? Le Suicide français est la chronique d’une décomposition qui ne trouve pas d’équivalent dans le passé de la France : perte de compétitivité, déclassement stratégique, dégradation de son école, de sa culture, de sa langue ; la «douce France vire à la France amère », écrit l’auteur dans son introduction. Et cette déliquescence n’est même pas le produit d’un complot savamment orchestré mais le fruit d’une révolution, en apparence avortée. Les « révolutionnaires » de mai 68 n’ont pas réussi à conquérir le pouvoir et c’est ce qui les a sauvés, nous dit Zemmour. Leur génie est en effet d’avoir inventé une idéologie, progressivement intégrée par les élites dirigeantes, et patiemment diffusée par la culture populaire à travers les médias de masse. Haine de soi, déculturation, « grand remplacement » théorisé par Renaud Camus : l’âme française, contrainte d’ingurgiter des valeurs et des mœurs aux antipodes de ce qui l’a fortifiée pendant des siècles, en est chamboulée et subvertie. Le sens des mots eux-mêmes, comme dans un roman de George Orwell, est détourné. On exalte le « vivre ensemble » quand les communautés se séparent et que chacun se replie sur soi. On « fait France » quand tout ce qui touche à son patrimoine historique, culturel et politique est présenté sous un jour odieux.

Pour les « déconstructeurs », il y a une « France d’avant », en noir et blanc, et une « France d’après », toute en couleurs. Quant aux hommes politiques, par compromission ou par conviction, ils leur ont emboité le pas, prêts à sacrifier la patrie à l’humanité, mais une humanité déracinée et close sur elle-même. Tous soumis au primat absolu d’un capitalisme mondialisé et financiarisé et à un processus européen qui nie les souverainetés nationales ! Des institutions de la Ve République – que Zemmour estime pour sa dimension monarchique – il ne reste rien, ou pas grand-chose : un état qui n’est plus assez puissant pour défendre son peuple mais qui l’est encore assez pour le persécuter.

Chacun des chapitres de ce livre érudit et brillant est ainsi une illustration de cette déconstruction obstinée de l’être même de la France. Dans son entreprise de « déconstruction des déconstructeurs », Eric Zemmour va jusqu’à se payer le luxe de citer Maurras en comparant les « quarante rois qui ont fait la France » aux « quarante années qui ont défait la France ».

Pessimiste, Zemmour ? Non, dans le sens où son livre, empreint d’une sourde mélancolie pour la grandeur défunte de notre pays, peut se lire comme une invitation à sortir des impasses mortelles du projet subversif que les « déconstructeurs » lui imposent. La dégénérescence du « politique » – maintes fois analysée dans les pages de ce journal – constituant le fait majeur de ces quarante dernières années, il nous faut réapprendre le sens du bien commun et retrouver le goût capétien de l’unité. Que des Français de tous horizons, se ruant dans les bonnes librairies, ouvrent les yeux sur cette nécessaire révolution, est le signe de la plus saine des réactions. N’est-ce pas le maître de Martigues qui disait qu’en politique « tout désespoir est une sottise absolue » ?  ♦

 

 

* Source Politique magazine Jean-Baptiste d'Albaret

Commentaires

  • Excellent article d'un très bon jeune journaliste. C'est aussi la bonne nouvelle !

  • tres bien et il a raison

    cordialement

    thizy

  • C'est la fin du monde sur quatre décennies que décrit Zemmour. La fin d'un monde où la plupart des enfants savaient lire et écrire, où l'on avait des droits mais aussi des devoirs. Un monde qui garantissait à ceux qui y vivaient, par des frontières sures, une façon d'être qui leur convenait.
    Mais devons-nous, de jérémiades en commémorations, appeler le retour de l'ordre ancien comme le font quelques diplodocus réactionnaires et continuer ainsi à accumuler les défaites? Où plutôt à appeler à un nouveau commencement?
    Car nos idées d'Action Française sont fécondes, tant qu'elles permettent d'interpréter le réel en lui donnant une profondeur qu'il n'aurait pas sans elles. Gardons-nous comme de la peste, de projeter sur ce réel des schémas conceptuels définis par avance.

  • Ce qui frappe le touriste en arrivant en France c'est l'atmosphēre désagréable des villes et en particulier de Paris où la politesse et le respect de l'autre sont totalement absents. Il semble que le peuple Francais connu autrefois pour son élégance n'ait plus rien à voir avec ce qui a fait jadis sa réputation .
    La vie moderne est la même partout avec son stress et ses difficultés mais en France la mauvaise éducation l'emporte dans tous les domaines et l'agressivitê la vulgarité et la saleté sont cumulées pour rendre encore plus insupportable la vie quotidienne.
    Monsieur Zemmour a entièrement raison d'insister sur les lacunes de l'éducation mais il ne dira jamais assez que chacun est responsable et que vivre en société est l'affaire de tous.

  • La France est invivable non seulement à travers tout ce que dit monsieur Zemmour mais parce que les Francais sont grossiers mal élevés souvent vulgaires et sales et qu'ils rendent ce magnifique pays détestable par leur agressivité et le non respect de l'autre.
    Cela commence en voiture sur les routes ou dans les villes pour continuer dans les files d'attente où on resquille , les boutiques où on ne trouve pas de sièges pour s'asseoir , les cafés où les serveurs vous oublient les hôtels où personne ne vous aide à porter les bagages ..
    Chacun est responsable de la situation actuelle et le gouvernement n'est que le reflet de ce qu'est devenu la nation .

  • Fidèle et patiente recension du livre d’Eric Zemmour. L’exercice de cet observateur pertinent de la société française a ceci de difficile que, se lancer dans l’identification des ruptures est toujours téméraire, a fortiori sur une période d’une quarantaine d’années. Le risque est d’en identifier qui n’en sont pas réellement, et l’oubli d’évènements importants guette tout autant le chroniqueur. Il me semble que Zemmour évite ces deux écueils, en tout cas je ne vois pas ce qu’il aurait oublié. Passons sur le néologisme de «déconstruction» pour parler de décadence qui prospère sur la destruction d’un certain nombre de piliers; parfaitement identifiés dans ses 530 pages. Mais je souhaiterais revenir plus particulièrement sur les attaques d’une extrême violence que ce livre et son auteur ont subies, attaques de toute évidence concertées. L’accusation était (trois semaines plus tard, les vociférations ont cessé) de celle qui se veut sans appel, la mise en cause d’une lecture univoque de la période de l’occupation. Evidemment accusatrice. Dans sept pages du livre (sur 530 !), un titre ironique «Robert Paxton, notre bon maître», il ne fait que recenser l’excellente recherche du docteur en histoire franco – israélien Alain Michel, aujourdhui rabin installé à Tel Aviv. D’une famille lorraine, où son frère avocat, ami de Gérard Longuet est toujours installé, Alain Michel nous offre un travail éclairant, d’une incontestable précision par la documentation qu’il met au jour, et qui écroule la clé de voute de ce qu’il appelle la doxa Paxton, Marrus, Klarsfeld visant à incriminer les autorités de Vichy, Pétain en premier lieu, dans les rafles de la communauté juive (Vichy et la shoa, 2012). Prenant ainsi le contrepied du roman installé depuis les années soixante dix. Les 7 pages de Zemmour ne nous apprennent rien (mais qui les a lues ?), sans avoir médité sur le bouquin d’Alain Michel. La légende est en train de s’effondrer malgré l’acharnement déployé à incriminer la France, et l’aide précieuse d’un Président de la République insensé dans un discours du Vel d’Hiv de Juillet 1995. Et pourtant … Que dit Annie Kriegel dans ses mémoires ? (Ce que j’ai cru comprendre p. 172) « … Dussé-je me tenir moi-même pour insensée, je me demande parfois si contrairement à l’idée commune, la part de sacrifice dans la politique et la conduite du maréchal Pétain n’ont pas eu des effets plus certains et positifs sur le salut des juifs que sur le destin de la France … il me parait peu douteux que Vichy, quelle qu’eussent été les concessions faites à l’occupant … ait été, dans l’année la plus dramatique cruciale, l’année 1942, un point d’appui qui s’est plutôt ajouté au point d’appui majeur qu’était au quotidien la société civile française, ses structures et institutions non gouvernementales … ». Mettant par terre les 30 années de prise en main de l’Histoire de l’Occupation par les extrémistes de la Communauté. En filigrane de l’acte d’accusation lustré par le Crif, l’affirmation que la destruction industrielle d’une communauté était une décision connue. Or tous les témoignages d’acteurs directs convergent pour dire qu’il n’en était rien. Tout était ignoré et la réalité de la réunion de Wannsee ne fut découverte qu’à l’ouverture des six camps d’extermination en 1944. Lire Raymond Aron, Frossard, Chambon, Poliakov. Horreur d’une discrimination entre Français et étrangers ? Démarche pénale mise en place par Daladier voire avant, et la création d’une quarantaine de camp de rétention. Vichy n’a rien inventé. Il se trouve que 70 ans après les drames, la documentation ne fait pas défaut pour y voir clair. Dernier ouvrage, celui de Marc Ferro (Pétain en vérité).
    Avec cet ouvrage Zemmour a aggravé son cas. Il y a quelques années, il avait tenté une opération comparable pour mettre en lumière un excellent livre de l’historien franco-israélien Simon Epstein «Un paradoxe français, 2008 ». Dans lequel celui ci analyse froidement comment la droite maurassienne, souvent antisémite, nationaliste exécrant l’internationalisme, mais héritiers des anciens combattants, haineux des Allemands fut la première créatrice de la Résistance. En parallèle, une gauche anti militariste, pacifique, internationaliste, philosémite rejoignit sans scrupule la collaboration voire y participa. La tentative de Zemmour ne fut pas jugée dangereuse par la communauté car très intellectuelle et réservée plutôt à des spécialistes. Alors que relayer Alain Michel pour démolir Paxton et ses séides, c’est écrouler le patient travail d’accusation contre la France ciselé depuis 40 ans. Le rabbin Michel savait que le roman allait disparaître d’un coup …

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