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La nation, voilà la survie ! par Bernard Pascaud

meetingaf5-6397c.jpgQui cherche à discerner les grandes lignes d'intelligibilité des forces de la Révolution actuellement en œuvre dans le monde, en Europe et en France, peut en repérer aisément deux principales. L'une concerne la personne humaine : il s'agit de « déconstruire les stéréotypes de genre », de chosifier l'embryon, de promouvoir l'avortement et l'eugénisme, le « droit au suicide », « l'assistance médicalisée pour terminer sa vie dans la dignité », de « créer une nouvelle civilisation », bref de nier la nature humaine dans ce qu'elle a de plus sacré à rebours de l'anthropologie la mieux établie. L'autre grand axe est d'ordre géopolitique et correspond au mondialisme, c'est-à-dire la remise en cause du droit des États à avoir leur identité, leur indépendance et leur modèle politique propre.

Au regard de ces deux grandes manœuvres de déconstruction de la société humaine, on mesure combien l'idée nationale qui sous-tend notre projet politique peut constituer la réponse la plus pertinente. A condition, bien sûr, d'entendre par nation non point l'amalgame indifférencié d'individus-électeurs, mais cette famille de familles qui est la reconnaissance de tous les corps sociaux où vit et s'épanouit la personne humaine.

 

Qu'on relise avec attention les pages lumineuses de Maurras sur le régime royal dans le Petit manuel de l'enquête sur la Monarchie. Tout est dit sur les libertés fondamentales des familles, des communes, des pays et des réglons, des associations professionnelles, confessionnelles et morales, le tout dans le cadre national, le plus vaste cercle communautaire. N'est-ce point ce que veulent aujourd'hui ceux que la décréation en cours inquiète et révolte ? Cohérent et soucieux d'efficacité, Maurras ajoutait que ces libertés en bas nécessitaient une autorité en haut, c'est-à-dire un Etat qui en soit le garant, le défenseur et le gendarme, Son royalisme {le nôtre l), procède de ce double souci, social et politique. Il est heureux et hautement emblématique qu'un prince de France, SAR Eudes d'Orléans, s'investisse avec énergie dans ce que la saine réaction de la Manif pour tous a produit de plus intelligemment fécond : le Courant d'écologie humaine. «  Prendre soin de tout l'homme et de tous les hommes » en est la devise. Elle est implicitement la remise en cause d'un Etat négateur de la nature humaine, législateur malfaisant et éteignoir des libertés communautaires concrètes.

L’Être français, contesté depuis sa plus petite expression (l'embryon), malmené dans tous les corps sociaux qui le constituent, est aussi menacé dans son identité nationale et civilisationnelle. C'est pourquoi, dans un esprit convergent à celui de l'écologie humaine, un Hervé Juvin est habilité à plaider pour la sauvegarde de la diversité des cultures et des civilisations (1). Une mondialisation rouleau-compresseur s'applique en effet à vouloir les faire disparaitre. Dans ces sourdes manœuvres l'actualité ne montre-t-elle pas combien les États-Unis et l'UE en sont les instigateurs les plus zélés ? Ils ont beau dispenser des leçons de non-impérialisme, on voit bien depuis longtemps l'intention des premiers à vouloir organiser une mondialisation à dominante américaine. L’Ukraine dans l'OIAN leur serait, pour cette raison, un nouveau succès. Quant à l'UE, prétendument Empire sans impérialisme selon Baroso, ne manifeste-t-elle pas une volonté impérialiste en sanctionnant la Suisse au prétexte qu'elle a osé voter comme ne le souhaitait pas Bruxelles ? Et après avoir soutenu un coup d'État contre un pouvoir qu'elle avait pourtant reconnu comme légal, ne montre-t-elle pas dans l'affaire de Crimée, une fois de plus, son déni des réalités historiques et son mépris pour la volonté populaire exprimée par référendum ?

La menace est moins dans le risque que la Russie redevienne l'URSS que dans ce qu'est déjà devenue l'Union européenne, une nouvelle URSS. Telle est la thèse et le titre d'un livre publié dès 20ü5 par le dissident russe Vladirnir Boukovski (2). ll est sans doute utile d'en faire connaître un rapide résumé : selon lui, avec l'URSS et l'UE on a affaire à deux monstres, gouvernés par une poignée de personnes choisies entre elles au sein d'une même nomenklatura, et n'ayant de compte à rendre à quiconque. L’URSS avait le Soviet Suprême qui ne faisait qu'approuver les décisions du Politburo. L’UE a un parlement élu où le temps de parole d'un intervenant est ridiculement bref. Comme l'URSS, l'UE fonctionne grâce à un personnel pléthorique et privilégié, muté d'un poste à l'autre quoi qu'il fasse, même mal, ou qu'il ne fasse rien. L’URSS a été créée par la contrainte et souvent l'occupation armée. L’UE se crée par la contrainte et la pression économique. On disait que le but de l'URSS était de créer une nouvelle entité historique : le Peuple soviétique. L’UE veut créer une nouvelle entité historique : les Européens ! L’URSS voulait détruire les États-Nations, comme l'UE le programme aujourd'hui. Là-bas on disait que seul un Etat fédéral éviterait la guerre; on dit la même chose dans l'UE. Le système soviétique était profondément corrompu, et il en est de même pour l'UE. En URSS il y avait le goulag; celui de l'UE est un « goulag intellectuel », le politiquement correct, lequel n'est pas moins puissant à ostraciser tout déviationniste. Et Boukovsi de conclure : l’UE est le vieux modèle soviétique à la sauce occidentale. Mais il prédit aussi qu'elle porte en elle sa propre perte...

 

La nation constitue à la fois le cadre d'une saine anthropologie et le rempart contre un monde uniformisé voire unipolaire. Mais qui, sinon un Roi, impartial et souverain, peut être le serviteur de la nation française ?

 

Bernard Pascaud

 

1. Hervé JUVlN : La grande séparation. Pour une écologie des civilisations, Gallimard 2013

 2. Vladimir BOUKOVSKI '. L'Union européenne, une nouvelle URSS ?, Le Rocher, 2005

Bernard Pascaud est président de La Restauration nationale; cette réflexion est parue dans la Lettre n° 85 de la Restauration nationale.

 

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