Aveuglement ou impuissance ? par Louis-Joseph Delanglade
L’attelage que forment à Bercy MM. Sapin et Montebourg est révélateur de la schizophrénie des européistes, de droite comme de gauche, qui gouvernent la France depuis des lustres : c’est toujours le même grand écart entre des engagements auxquels on souscrit mais que l’on essaie de respecter le moins possible. Cependant, la foi jamais démentie en une « Europe » rêvée reste solide, au point d’occulter certaines réalités d’ordre financier, économique et géopolitique qui pourraient bien remettre en cause purement et simplement l’existence en l’état de ce que l’on nomme « Europe ».
Sur le plan économique et financier, le problème, on le sait, vient de l’euro – conçu dès l’origine comme un avatar du mark allemand. Que fait la B.C.E. (dont le siège est à Francfort, ce qui n’est pas anodin) ? Rien, ou presque, confortant ainsi une stratégie monétaire favorable à l’Allemagne. La plupart des économistes soulignent en effet que, pour des raisons structurelles et démographiques évidentes, celle-ci a intérêt à un euro fort (certains disent qu’elle pourrait supporter un euro à 1,4 $) - à comparer avec le taux « idéal » pour les pays latins qui se situerait autour de 1,1 $ ! Mais, ajoutent-ils, comme les exportations allemandes hors U.E. ne cessent d’augmenter, c’est bien elle, l’Allemagne, qui finira un jour par avoir intérêt à une remise en cause de l’actuelle zone euro.
Sur le plan géopolitique, le coup de boutoir de M. Poutine en Crimée pourrait bien être à l’origine d’une onde de choc, aux répercussions frontalières considérables. En contestant ouvertement les frontières nées de l’effondrement de l’empire soviétique, M. Poutine a prouvé, si besoin en était, qu’on est loin de la prétendue « fin de l’Histoire ». Le risque est grand de réveiller chez d’autres (Allemands, Polonais, Hongrois, etc.) de vieilles velléités plus ou moins irrédentistes à l’égard des frontières de 1945. On n’en est pas là, certes, ou pas encore… Mais le récent dépècement de l’ex-Yougoslavie montre que les équilibres que l’on pense durablement établis restent toujours plus ou moins instables.
Admettre que l’« Europe » actuelle, c’est-à-dire l’U.E., n’est pas gravée dans le marbre relève en fait du bon sens le plus élémentaire. Loin des attitudes extrêmes – l’euro-religion officielle qui nous coûte déjà cher et qui pourrait nous coûter encore plus cher ou la posture radicale de Mme Le Pen dont la sortie organisée de l’Europe serait pour le moins hasardeuse – on peut, tout au moins dans un premier temps, envisager une politique raisonnable et pragmatique. Celle-ci devrait d’abord viser à remettre en cause l’ensemble des traités « européens » jugés contestables, voire inacceptables, au regard de l’intérêt national français – et cela au nom même de ce que la France représente pour l’Europe. Mais cette exigence de renégociation devrait s’accompagner de la réaffirmation que notre intérêt passe par de solides alliances sur le Vieux Continent, sans exclusive y compris à l’égard de la Russie.
Commentaires
Bien que schizophrène anodin,je tiens à approuver cet article dans la mesure ou il proclame dans sa fin le contraire de ce qu'on pourrait attendre en première lecture.La France fait-elle partie de l'Europe,oui ou non ? Dans l'affirmative,a-t elle un rôle moteur a y jouer ?
Nous devrons, tôt plutôt que tard, en venir à ce que JM Le
Pen proclamait dès le début : l' Europe des patries et en finir avec ce parlement de godillots inutiles et nuisibles qui siège à Bruxelles. C'est aussi le programme de MLP. Quant à critiquer le rôle de Poutine qui, lui, défend les intérêts de la Russie, on ferait mieux de s'interroger sur les motivations des Etats - Unis qui n'ont rien à faire en Europe et dont la présence inopportune ne fait qu'allumer des foyers de tensions belliqueuses dont le but est de détruire l' Europe et la Russie. Le véritable intérêt des nations européennes est de vivre en harmonie avec la Russie et de se dégager de l'emprise de Washington pour qui le Bien public et les peuples n'existent pas. Leur dieu c'est le profit monétaire.
M.Laporte,
vous paraissez bien sûr que les Etats-Unis n'ont rien à faire en Europe ! Avez-vous des trous de mémoire,et connaissez-vous les Etats-Unis ?
Je me permets de vous conseiller de donner un peu de hausse à votre longue vue.
Je persiste à dire que les Etats - Unis n'ont rien à faire en Europe surtout en Europe de l' Est. Ce sont les Européens qui ont la mémoire courte; les Américains ont bombardé Berlin, Dresde, Hambourg, utilisant des bombes à fragmentations et incendiaires, sans raison puisque la guerre était terminée; provoquant la mort de milliers de personnes, effroyablement brûlées, transformées en torches vivantes, jusqu'à l'agonie. Souvenons - nous des crimes contre l'humanité de la vermine anglo - américaine, il n'y aura jamais de prescription pour ces salauds !!
S'ils sont intervenus dans la guerre, ce n'est certes pas pour nous sauver, mais pour prendre pied chez nous et s'y installer. De Gaulle --- que je suis loin de cautionner sur bien des points --- ne s'y est pas trompé; il a quitté l' OTAN. C'est exactement ce que tous les pays dx' Europe devrait faire.