Qu'adviendrait-il de L'Europe si l'on réalisait le voeu de Bernard Guetta ? Un commentaire d'Anatole
Les commentaires, on le sait, sont nombreux et foisonnants sur notre blog. Ils en prolongent les notes. Et, parfois, ils ajoutent ou signalent l'essentiel. C'ette rubrique se propose donc de donner davantage d'audience aux commentaires les plus marquants.
Ainsi, la note de Louis-Joseph Delanglade, du 14 octobre, "Europe es-tu là ?" a suscité 24 commentaires. On s'y reportera avec profit. La plupart sont intéressants. Nous détachons le premier d'entre eux, celui d'Anatole, qui s'amuse à imaginer le scenario de ce qu'il adviendrait, concrètement, si des institutions fédérales européennes étaient soudainement mises en place...
Imaginons, un instant, que, par un tour de magie, l'accord se fasse entre Etats européens pour réaliser le vœu de Bernard Guetta; que l'on décide d'élire un « vrai » parlement (c'est à dire transnational); que l'on veuille doter l'Union d'un « vrai » gouvernement (donc, formé sans tenir compte du poids respectif des ex-Etats membres) et d'un chef de l’Etat, (dont la provenance nationale ancienne serait en quelque sorte gommée). Bref, si l'on était tous bien d'accord pour "abolir les actuelles entités nationales", que croit-on qu'il adviendrait ? En admettant que, par une sorte d'ivresse collective, probablement bien éphémère (une nuit du 4 août des peuples, Etats et nations !), ces instances puissent être mises en place, sans difficulté, dans un grand élan d'unanimisme européen, qu'adviendrait-il ensuite, à l'heure de gouverner, de décider, de définir une ou des politiques ? Croit-on que les peuples oublieraient longtemps leurs intérêts propres, dès lors que des décisions seraient prises qui leur paraîtraient, à tort ou à raison, contraires à leurs intérêts vitaux ou à leurs simples habitudes ? Croit-on que ces décisions seraient obéies ? S'imagine-t-on qu'un parlement transnational le resterait longtemps, à l'heure des choix ? Qu'un gouvernement hétéroclite resterait durablement uni, qu'il aurait autorité sur tous ? Quant au Chef de l'Etat (ni Chef ni Etat), qui qu'il soit, d'où qu'il sorte, quelle légitimité aura-t-il pour décider pour l'ensemble ? Ne sera-t-il pas vite suspecté de rouler pour son ex-patrie ?
Rappelons que, dans l'Histoire européenne, malgré d'immenses luttes, jamais l'Empereur ne s'est imposé partout. Et que l'unité allemande (et encore, sans l'Autriche) ne s'est forgée que par la volonté de la Prusse - qui l'a imposée d'une main de fer.
C'est ainsi, d'ailleurs, que se fondent les Empires. Pas autrement.
Commentaires
A quoi sert de poser une question,si l'on y répond d'avance,selon des critères plus ou moins farfelus ou controuvés ?
Si l'Europe se fait,cela ne sera sûrement pas par magie ou ivresse collective.
Quand M. Delanglade dit : "Croit-on que les peuples oublieraient longtemps leurs intérêts propres, dès lors que des décisions seraient prises qui leur paraîtraient, à tort ou à raison, contraires à leurs intérêts vitaux ou à leurs simples habitudes ?"
Je pense immédiatement à l'apathie générale du public quand le résultat du référendum de 2005 fut refusé par Bruxelles, et l'impassibilité stupide du dit-peuple au spectacle de la forfaiture sarkozienne.
La Fédération ne risque pas grand chose si elle sait "vendre" son futur à cinq cent millions de gogos. Croyez bien qu'elle s'y emploie en pleine crise en s'appuyant sur la diversité - le désordre - des politiques nationales.
En revanche, sans la pression de la Règle d'or germanique imposée aux partenaires de l'Eurogroupe, avec les branques au pouvoir, nous serions déjà au fossé.
Erratum : je n'avais pas vu le nom d'Anatole. C'était mieux de le faire signer en bas à droite :)
Nous verrons bien quel genre de Parlement sortira des élections européennes de mai prochain et si la "Fédération" y aura progressé.