Paris, 11 et 12 mai (II/III) : l'hommage à Jeanne d'Arc, en "deux temps, trois mouvements"...
Allocution de Bernard Pascaud, au pied de la statue de Jeanne d'Arc, Place des Pyramides
Jeanne d’Arc, Jeanne d’Arc. Nous nous répétons la magnifique parole de Maurras :
« Quelque éloignée que doive se sentir une pensée terrestre de cet astre allumé dans un éther aussi pur, ne nous défendons pas d’avouer que nous nous retrouvons sous son magistère. »
Pour Jeanne, il fallait que la bataille fût faite ; pour nous aussi, il faut que la bataille soit livrée. Et pour exactement, pour fraternellement, les mêmes hautes raisons : que sous le roi du ciel, règne, très régulièrement un roi de la terre, dans un royaume organisé avec le minimum de faiblesses humaines et le maximum de bon ordre naturel.
Politique d’abord, c’est le moyen, c’est la pratique de la jeune sainte guerrière. Vite, tout de suite, elle désigne le principe sauveur : la monarchie, et n’a de cesse que son dauphin ne devienne roi.
Politique d’abord, c’est le moyen, c’est la pratique qu’avec une même volonté, et dans le même respect de la primauté surnaturelle, nous faisons notre.
Oui, que cela plaise ou non, à des inconséquents ou à des sots, le roi d’abord, le roi tout de suite. Sinon pas de paix publique retrouvée, pas de respect pour les libertés essentielles et concrètes, familiales, professionnelles, régionales et nationales. Mais à la place, toujours une caricature d’Etat à coloration républicaine, toujours les nuées, l’ombre, les combines, l’inefficacité à servir le Bien Commun, et aujourd’hui les batailles sociétales perdues comme hier les succès militaires furent trahis par des politiciens poisseux. Car ce régime est consubstantiellement un rejet de la loi naturelle. Dès lors que surgit le fait démocratique ainsi conçu, toutes les conséquences antinaturelles s’inscrivent et il est dès lors prévisible qu’à un principe inhumain succède l’inhumanité des actes.
Il faut donc revenir vers l’humain et vers le social. Et le social et l’humain résident d’abord dans une politique familiale, dans la reconnaissance de cette première cellule sociale qu’on appelle la famille. Et en plus de l’Etat, le social et l’humain résident d’abord dans une institution qui met fin aux divisions et compétitions fratricides. Le social et l’humain résident dans la concordance des directions et intérêts de la famille-chef et de la famille française entière. C’est là le retour au réel, c’est là le retour à l’ordre naturel, le retour à l’être de l’homme et de la société, le retour à une vie naturelle droite. Au principe humain peuvent dès lors succéder des actes humains qui, parce qu’ils sont humains peuvent être chrétiens et s’élever jusqu’à la vie de la grâce et du surnaturel le plus pur.
Il faut donc revenir à l’humain. Mais il serait effectivement également lâche de gémir, pleurer, prier si nous ne dressions pas notre bataille face aux passions démentielles du système issu des Lumières. C’est la parole de Jeanne qui nous guide : les hommes combattent, et Dieu donne la victoire. Il n’y a pas de justification qui tienne pour se soustraire aux exigences du témoignage français, aux absolues nécessités du combat royaliste.
Hauts les cœurs royalistes, et hauts les courages, il faut combattre. Nous en sommes à l’heure où ce qui est illégitime est légal, où ce qui est antisocial est à la tête de la société, où les ennemis de l’ordre public commandent à la force publique, où les pervers et les monomanes se dévorent entre eux, et dévorent la France par leurs convulsions.
Où sont la stabilité et la grandeur que les institutions de la Vème République étaient sensées apporter ? Ce qui demeure, c’est l’angoisse et l’insécurité, c’est une société qui se défait et un peuple abandonné. Les Français cherchent un visage, un homme, quelqu’un, et ne voient défiler qu’une sarabande de masques, des avidités partisanes, et personne d’unique et de durable. A nous de leur désigner le visage ; à nous d’aider les Français à rencontrer et retrouver une légitimité amicale. A nous de leur montrer que nos rois furent les Pères de la Patrie ; et que la communion du peuple et du roi est nécessaire à l’action de la monarchie.
Notre conspiration à ciel ouvert récuse l’activisme outrancier. Elle s’affirme comme la nécessaire réaction de santé de la société française. Nous savons que pour guérir, il faut atteindre le mal. Et c’est pourquoi nous convions les Français à ne pas s’attarder aux illusoires promesses de candidats qui jouent toujours la même farce, bourdonnent à l’envi qu’il faut permettre à l’homme de se réaliser, de se promouvoir, mais qui, dans un même temps, procèdent d’institutions qui entraînent ce même homme, de la conception à la tombe, dans le seul ordre numérique et quantitatif. Car, enfin, si aujourd’hui tous les corps naturels sont contestés ou sapés, où sont les responsables ? Ils sont, nous le savons, dans ces idées anglomaniaques et rousseauâtres du XVIIIe siècle. Mais qui assume aujourd’hui cet héritage de la décomposition sociale si ce ne sont les hommes de la démocratie libérale ou ceux socialo-libertaires ?
C’est face à cela qu’il faut faire retentir l’antique protestation de la jeune Antigone. Et comme Antigone, mes chers amis, nous entendons rendre à nos frères morts les devoirs légitimes, ceux qui consistent à assurer l’héritage français, à défendre les principes d’une communauté d’ordre où l’homme a toute sa place, où la loi écrite n’injurie point la loi non écrite, où la rumeur humaine n’injurie point la musique des sphères éternelles, où la famille française réconciliée s’épanouisse sous la garde de la famille-chef.
C’est à cette tâche de reconstruction qu’il nous faut être actif et inviter tous les Français.
Le printemps français auquel rêvent certains sera capétien ou ne sera pas.
C’est la leçon de Jeanne. C’est le devoir d’aujourd’hui.
(demain, la vidéo sur les deux Tables rondes et le Cortège, 53')