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Redde mea principia, l'éditorial de novembre de Politique Magazine....

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        Redde mea principia ! Cette tragique exclamation de Sidoine Apollinaire qui fut, au ve siècle, préfet de Rome, puis préfet des Gaules, enfin évêque de Clermont, traduit le désarroi d’un homme cultivé qui voit la société gallo-romaine dont il était issu, envahie et subvertie par des barbares ; les Goths allaient jusqu’à occuper villes et villas et viendront un jour assiéger Clermont, sa ville épiscopale, dont il comparait les remparts aux remparts mêmes de la Romanité.

         « Redde mea principia ! ». Alors qu’il n’est encore qu’un civil investi de hautes charges, voilà que dans un long poème où il rêve d’une restauration de sa chère Gaule, en son nom, il s’adresse au Ciel. « Rends-moi mes origines », s’écrie-t-il, ou, si l’on veut, « mes principes », mieux encore « mes fondements ». Assiégé par des hérétiques ariens, ces faux chrétiens qui méprisent la divinité du Christ et qui occupent tout le sud de la Gaule, il ne voit plus à l’horizon de l’histoire l’avenir de la Rome éternelle, du catholicisme, de la société gallo-romaine dont il était l’un des plus éminents représentants. 

        Comme à cette époque les évêques étaient les défenseurs naturels des cités, ils s’écrivaient les uns aux autres, dans une langue latine quelque peu rhétorique et précieuse, pour s’informer. Ainsi Sidoine Apollinaire était en correspondance avec Avit, son cousin, évêque de Vienne, et avec Remi, évêque de Reims. Il meurt en 486, prisonnier des Wisigoths, ferme dans sa foi… mais toujours dans l’attente ; Rome est tombée depuis 10 ans. L’empire romain n’existe plus.

         Ce qu’il ne savait pas, c’est que cette même année 486 où il meurt, Clovis apparaissait à Soissons, que dix ans après Avit et Remi en feraient le premier roi catholique et que ce roi nouveau assurerait l’ordre en Gaule et vaincrait les Wisigoths. Ainsi s’effectuent les tournants de l’histoire.

         « Redde mea principia ! ». À chaque période difficile de l’histoire de France, a retenti, sous une forme ou sous une autre, pareille exclamation. Rends-moi mes origines ; on dirait aujourd’hui : rends-moi mon identité. Et la France, à chaque fois se recentrant sur son identité profonde, se reconstituait dans des règnes restaurateurs et réconciliateurs. Régulière histoire des redressements français.

         Et aujourd’hui ? Plus rien n’apparaît certain. Le monde entier connaît des bouleversements sans précédent. L’Asie s’impose, l’islam se fait à nouveau conquérant, les nations cherchent leur voie. L’économie est un champ de bataille, la finance fait la loi. 

        La France dans tout cela ? Eh bien, elle n’a droit qu’aux luttes des partis dont les querelles s’alimentent de la détresse même des Français ; elle perd peu à peu tous ses principes ; on lui inculque le mépris de son identité, de ses origines.

         Et quand une pièce de théâtre ignoble dont il est inutile de citer l’auteur, vient bafouer le Christ et donc la France dans sa religion originelle, pas une autorité morale ou politique n’intervient. Les jeunes gens courageux qui manifestent leur indignation sont traînés dans les commissariats et le journal La Croix les condamne solennellement. Jusqu’à quel degré d’abjection irons-nous ?

         La crise dont on parle tant, est d’abord une crise de civilisation. 

        Rien ne sera possible tant que la France ne retrouvera pas ses principes. En revanche – et c’est  là toute notre espérance – avec eux tout devient possible. Et même très rapidement. Tout notre passé porte cette leçon. Il crie : « Redde mea principia ! » ■

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