Philippe assassiné : le geste qui honora Herriot..
A la Chambre, Edouard Herriot, ténor du parti radical (et plus tard du parti radical-socialiste), et donc adversaire politique évident du royaliste Daudet, eut cette noble réaction que relate brièvement Daudet, dans
"Député de Paris", page 213 :
"...Quelques jours auparavant Herriot, pendant une suspension d'audience, était venu à moi, d'un élan spontané :
- "Daudet, on vous a fait une saloperie, je vous serre la main..."
Ainsi Edouard Herriot, dès le début de "l'affaire", eut une conduite exemplaire, révélant son humanité. Il devait d'ailleurs, par la suite, à la fin de 1929, faire partie du "groupe des quatre", qui, à l'initiative de Georges Mandel, demanda et obtint de Daladier la grâce présidentielle, permettant à Léon Daudet de rentrer enfin en France, après "Vingt-neuf mois d'exil". D'autres adversaires politiques surent aussi se montrer amicaux et compatissants envers Daudet, tel André Lefèvre, député socialiste, proche de René Viviani...
"L'Humanité" du 8 septembre 1925 titra sur "une énigme historique", tandis que le journal "Le Libertaire" voulut faire passer Philippe Daudet pour un anarchiste, en révolte secrète contre ses parents, étouffé par eux et empêché de mener au grand jour la vie qu’il souhaitait, et d'afficher ses vraies convictions, révolutionnaires et anarchistes; le journal publia une lettre signée de onze surréalistes, dont Aragon, qui ne craignirent pas d'écrire : "Nous sommes de tout cœur avec Germaine Berton et Philippe Daudet; nous apprécions à sa valeur tout véritable acte de révolte" !
Sinistre texte, d'un sinistre personnage qui sera, en 44/45, au "Comité national des écrivains", chargé de la sinistre besogne de la sale "épuration" dans les milieux littéraires...