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Maîtres et témoins (III) : Léon Daudet

L'article de l'Encyclopedia Universalis

L'article de l'Encyclopedia Universalis

DAUDET LÉON (1867-1942).

Après des études de médecine interrompues, qui lui inspirent "Les Morticoles" (1894), violente et savoureuse satire des milieux médicaux où apparaissent sa verve et sa causticité, Léon Daudet envisage une carrière littéraire que confirme bientôt "Le Voyage de Shakespeare" (1895), fresque fantastique sur les problèmes de la création esthétique.
Journaliste-né, il fait ses débuts à "La Libre Parole" de Drumont. Conduit au nationalisme par l'affaire Dreyfus, son retour au catholicisme se situe avant sa rencontre avec Maurras; ensemble, ils lancent le quotidien "L'Action française", en 1908.
Avec Daudet, le Parti royaliste fait une recrue de choix, qui saura donner "un corps à ce qui n'était encore qu'une doctrine" (E. Weber). Du quotidien, il fait une tribune qui se prête parfaitement à son goût pour la polémique; il y mène de nombreuses campagnes contre l'espionnage allemand avant 1914, contre le défaitisme en 1916-1917, contre le pacifisme de Briand après la guerre.
Sans relâche, il développe son antisémitisme qui dérive en droite ligne de Drumont. En 1912, il se présente à la députation; élu, il anime de son talent oratoire une chambre où il est le porte-parole de l'extrême droite.
La mort tragique de son fils Philippe, dans des circonstances mystérieuses (1923), le bouleverse; il en accuse la police et le gouvernement, et les attaque violemment dans ses articles; inculpé, il se rend après un siège épique, est condamné à la prison, d'où il s'évade pour la Belgique. Très atteint par la défaite, il se retire en 1940 en Provence et s'occupe de moins en moins de la direction du journal et du mouvement.
Fils d'Alphonse Daudet, ayant épousé en premières noces la petite-fille de Victor Hugo, il est, dans le domaine des lettres, d'un rare éclectisme; héritier de Drumont et ami de Massis, il défend Gide; fidèle de Maurras, il voue un culte à Claudel; non seulement il impose Proust aux Goncourt, mais il lance Bernanos et sacre Céline.
S'il n'a guère réussi dans le roman malgré le succès de scandale remporté par "Les Bacchantes" (1932), Daudet, qui dans sa jeunesse avait rencontré Hugo et Zola, Gambetta et Renan, a laissé, avec le cycle des "Souvenirs" (1914-1941), une œuvre importante de mémorialiste.

Pierre-Robert LECLERCQ

NDLR : Même remarque que précédemment : dans cet article succinct, malgré tout relativement "honnête", on est surtout surpris qu'il ne soit pas fait mention de l'abandon par Léon Daudet de l'antisémitisme ("de toutes manières", dit-il lui-même, lorsqu'il raconte, justement, comment il s'est détache de l'antisémitisme de ses débuts...); ni de son respect - et de sa réelle amitié pour une personnalité de tout premier plan, comme Georges Mandel...
Comme tous les autres, cet Album est, précisément, fait pour établir ou rétablir les faits; en ce qui concerne Léon Daudet ici, comme en ce qui concerne Jacques Bainville ou Charles Maurras dans les Albums qui leur sont consacrés.
Après avoir lu cette "note" de Pierre-Robert LECLERCQ, on consultera donc avec intérêt et profit les photos consacrées à l'amitié de Léon Daudet avec Marcel Schwob, celle où il trace un bel éloge de celui que Bainville appelait avec déférence "M. Georges Mandel", celle où l'on a tenté d'expliquer la genèse de son abandon de l'antisémitisme etc....