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Maîtres et témoins (III) : Léon Daudet

Le parallèlle avec Saint-Simon...

Le parallèlle avec Saint-Simon...

Parlant de "prodigieux Souvenirs" à propos de ceux de Léon Daudet, Marcel Proust ajoutait :
"Les ressemblances entre Saint-Simon et Léon Daudet sont nombreuses : la plus profonde me semble l'alternance, et l'égale réussite, des portraits magnifiquement atroces et des portraits doux, vénérants, nobles."

Par ailleurs, comparant encore Daudet à Saint Simon, mais élargissant cette fois sa vision à l'oeuvre commune de Bainville, Daudet et Maurras dans L'Action française quotidienne, Proust écrivit ce magnifique compliment :

"Ne pouvant plus lire qu’un journal, je lis, au lieu de ceux d’autrefois, L’Action Française.
Je peux dire qu’en cela je ne suis pas sans mérite.
La pensée de ce qu’un homme pouvait souffrir m’ayant jadis rendu dreyfusard, on peut imaginer que la lecture d’une "feuille" infiniment plus cruelle que Le Figaro et les Débats, desquels je me contentais jadis, me donne souvent comme les premières atteintes d’une maladie de coeur.
Mais dans quel autre journal le portique est-il décoré à fresque par Saint-Simon lui-même, j’entends par là Léon Daudet ?
Plus loin, verticale, unique en son cristal infrangible, me conduit infailliblement à travers le désert de la politique extérieure, la colonne lumineuse de Bainville.
Que Maurras, qui semble détenir aujourd’hui le record de la hauteur, donne sur Lamartine une indication géniale, et c’est pour nous mieux qu’une promenade en avion, une cure d’altitude mentale."

Texte publié dans Marcel Proust, "Un esprit et un génie innombrables : Léon Daudet", in Essais et articles, Bibliothèque de la Pléiade, 1971, p. 603.