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Maîtres et témoins (III) : Léon Daudet

Quelques bons mots de la verve "daudetienne"

Quelques bons mots de la verve "daudetienne"

Il n'est quasiment pas de guide touristique qui ne cite, à propos de Lyon, la spirituelle et célébrissime formule de Léon Daudet :
"Lyon est une ville arrosée par trois grands fleuves; le Rhône, la Saône et le Beaujolais...".

Impossible de rapporter ici toutes les trouvailles, perles ou bons mots des Mémoires.
En voici cependant quelques unes...

1. Sur un raseur, dans "Salons et Journaux", page 82 : "Faut-il inviter Thiébaud la semaine prochaine ?..." demandait Mme de Loynes, avec des yeux implorants. Quelqu'un répondait : "Madame, n'est-il pas venu la semaine dernière ?" - "Mais si, le pauvre, il avait l'air si content en partant !" - "Nous étions contents aussi quand il est parti..."

2. D'une conversation avec le dessinateur Forain, parlant d'une dame mal élevée : "C'est une de ces personnes qui croient que la politesse faisait partie des privilèges abolis par la Révolution" ("L'entre-deux-guerres", page 90).

3. Une "authenthique haute en toc..." et "l'outrecuidologie" ("Au temps de Judas", chapitre II).

4. "Entrez sans crainte, mais non sans monnaie" (à propos du restaurant Daburon, quartier des Halles d'autrefois, "prince de la truffe parfumée et des saucissons authentiques" ("Paris vécu", Première série, rive droite, page 15).

5. "...Pascal Grousset, ex-ministre des Relations extérieures et du Commerce, "avec plus d'extérieur que de relations", disait Rochefort (idem, page 25).

6. (A la Chambre, au député de Centre-droit Noblemaire, un jour que Daudet ne lâchait plus la parole) : "...C'est lui qui m'adressa cette phrase épique : "Monsieur Daudet, laissez-nous travailler !" Je demandai naïvement : "A quoi ?..." ("Paris vécu", Deuxième série, rive gauche, page 152).

7. "J'y réussis, mais quel turbin !" ("le professeur Charcot m'avait dit : "Vous ne connaîtrez jamais le sphénoïde"...). (idem, page 47).

8. "...l'avocat aux causes nutritives..." ( à propos de Paul Boncour, dans "Député de Paris", page 18)

9. "...Non seulement je m'en fiche, mais je m'en contrefiche; et même je m'en hyperarchicontrefiche..." (de "Vers le Roi", chapitre V consacré à l'Académie Goncourt, dont il fut l'un des membres les plus influents, son article dans l'Action française étant "le seul qui fît vendre", selon les professionnels...).

10. "Qui donc a dit qu'en politique il faut prévoir le monstre ?" ("Député de Paris", page 74).

11. "...la République, cette émeute figée..." ("Vers le Roi", page 268).

12. Sur Judet, directeur du journal l'Eclair : "...Il ne remarque pas l'analogie de sa notoriété d'antan et de la peau de chagrin." ("Salons et Journaux", page 93).

13. Et encore sur Judet : "Judet Ernest, le seul, l'incomparable, le pic de la Meije et du Gaurisankar... Le malheur voulut qu'il me rencontrât sur sa route, moi pygmée, moi infime, moi minuscule ver de terre, tel Goliath le petit David.
Pendant sept ans, j'eus la joie incomparable de pouvoir l'étudier, le retourner sur ses larges coutures, environ quatre fois par semaine.
En vérité, j'ai habité Judet, j'ai judeté dans sa judetière, comme un judouillard de judoire..." (de "Salons et Journaux", page 86).

14. Le pire ? le libéralisme, cette "anarchie molle" : De "Au temps de Juda", page 87 : "...Je préfère cent fois un révolutionnaire convaincu...à un libéral.
Il y a de l'étoffe dans le premier. Il n'y en a pas dans le second.
La pire anarchie, c'est l'anarchie molle..."

15. "...en nationalisant l'Etat par le Roi" ("Vers le Roi", page 172).

16. "Le génie, pour moi, c'est la clarification." (de "Vers le Roi", page 235).

17. "- Oui, mais d'Avenel va l'ennuyer;
- Madame, qui n'ennuie-t-il pas ?..."
(de "Salons et Journaux", chez Mme de Loynes, page 109).

18. Sur l'insincérité des compte-rendus des pages "mondaines" :
"...J'avais imaginé, en compagnie de rédacteurs au "Gaulois", des mondanités sincères, où l'on eût lu des choses dans ce goût :
"Hier, dîner exécrable, chez le duc un tel, qui n'est pas plus duc que nous ne sommes sardines à l'huile. Deux douzaines de crétins notoires ont déchiqueté, à l'aide de fausses dents, un menu infernal, dont voici la navrante composition... Un funèbre ennui n'a cessé de flotter au-dessus de ces tristes mets et de ces vins fabriqués. Dans la soirée, Mme une telle, de l'Opéra, presque aphone, est venue chanter faux une insipidité du maître Massenet, au milieu de l'inattention générale, etc..."
Ca, à la bonne heure ! Ce serait divertissant et exact à la fois..." (de "Salons et Journaux", page 152).

19. Après une visite à Zola, avec Georges Hugo : "Je dis en sortant à Georges, qui riait de bon coeur : ce n'est plus Eugène Sue, c'est Eugène qui fait suer..." ("Au temps de Judas", page 60).

20. "Mon proverbe favori" (dans "Au temps de Judas, page 255) : "...je me permis de lui conseiller, comme remède aux menaces et avertissements, l'offensive, la divine offensive, qui libère l'esprit de ses tourments et dissocie l'adversaire ou l'ennemi, au centre de sa préparation hostile, ou de sa conjuration. Mon proverbe favori est : "Celui-là t'en veut : saute dessus."

21. Sur Armand Dayot, critique artistique : "...Armand Dayot est la nullité même. A un tel point que, son nom une fois prononcé et sa silhouette une fois évoquée, il devient difficile d'exprimer le vide, le néant de ce grand diable flasque, amer et brun. Frotté de diverses connaissances en peinture, en littérature, en histoire, il est comme une redingote qui a pris la poussière d'un mur. Ce qu'il dit, ce qu'il écrit s'évapore instantanément. Il est impossible, encore qu'il soit bavard, de l'écouter et même de l'entendre... Il fait obligatoirement partie de toutes les énumérations, ainsi que le carton ou le papier font partie des emballages. C'est un zéro qui ne multiplie pas... Avec cela, il est intempestif, survenant à point nommé quand on n'a aucun besoin de lui, et le sentiment de son inexistence fait qu'il ne se croit jamais de trop. Ulysse disait qu'il s'appelait "Personne" afin de dérouter la fuerur du Cyclope. Ulysse avait prévu Dayot. Il y a trente ans que ce protecteur des arts, en s'agitant, agite Monsieur Rien." (de "L'Entre-Deux-Guerres", pages 74/75).

22. Sur Victor Hugo :
"...Même en tenant compte de Chateaubriand, Victor Hugo fut le plus vaste "Moi" du dix-neuvième siècle." ("Fantômes et Vivants", page 314).

23. Et encore sur Victor Hugo (même ouvrage, page 319) :
"...Il aimait aussi les éditeurs, mais bien cuits, en ogre véritable. L'infortuné Lacroix en sut quelque chose, qui se ruina avec le triomphe des "Misérables". Le maître lui avait fabriqué un traité qui assurait au-dit Lacroix le manque de pain pour ses vieux jours. Les grands philantropes laïques ont toujours excellé dans la défense enragée de leurs intérêts. La revanche de leurs nuées, c'est leur bas de laine."