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Maîtres et témoins (III) : Léon Daudet

A la Chambre : le rire tonitruant et ravageur...

A la Chambre : le rire tonitruant et ravageur...

De "Maurras et notre temps", d'Henri Massis, Tome II, pages 42/43 :

"Dans quel désarroi, lorsqu'il fut à la Chambre, le rire d'un Léon Daudet ne jetait-il pas un Aristide Briand !
Quand Briand , par sa mélodie, croyait tenir l'Assemblée toute entière sous le charme, l'entraîner jusqu'aux nues, quand, engourdie sous la caresse, l'opposition - à droite comme à gauche - se sentait vaincue et expirait au pied de la tribune d'où s'élevait sa musique, quand tout et tous subissaient l'ensorcellement du vide, un rire, un rire d'une force d'éclat, d'une puissance surhumaine, faisait soudain retentir son tonnerre, comme une protestation du ciel courroucé par l'imposture et le mensonge !
Tout était rompu, les têtes se relevaient, les échines se redressaient, les huissiers ne dormaient plus, les sténographes s'agitaient, les pupitres s'ouvraient, les conversations reprenaient leur train, le public se réjouissait dans les tribunes et, en haut, les journalistes pouffaient...
Briand, lui, avait perdu pied; le dos courbé, l'oeil mauvais, il attendait en levant les épaules...
La réplique d'un adversaire fait rebondir l'orateur, mais un rire ?
Bien des vengeances futures ont là leur origine : un contradicteur de cette sorte n'était-il pas invincible ?