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Maîtres et témoins...(II) : Jacques Bainville.

Pacifiques contre Pacifistes : la "Loi des 3 ans"

Pacifiques contre Pacifistes : la "Loi des 3 ans"

(Illustration : la "Une" de L'Action française du 7 mars 1913; l'AF mena farouchement campagne pour la "loi des trois ans" qui, heureusement, finit par être votée - mais, de justesse comme le note Bainville... - le 19 juillet 1913....)

La guerre venait. Tout le monde le savait, le sentait : Bismarck voulait "finir" 1870 et, trouvant que la France se relevait trop vite, fut plusieurs fois à deux doigts de refaire une guerre contre elle. Une fois le Chancelier limogé par le nouvel empereur, Guillaume II, les dangers ne disparurent pas pour autant, bien au contraire.
Face à une Allemagne puissante, qui pouvait aligner près de 850.000 hommes, il était indispensable d'augmenter les effectifs de l'armée française, qui dépassait tout juste les 400.000 soldats.
Bien entendu, tous les "pacifistes" (Jaurès), internationalistes (L'Humanité) et ceux que Maurras appelait "les princes des nuées", se payant de mots et croyant qu'il suffit de dire "la paix ! la paix !" pour l'avoir, étaient "contre les trois ans".
Les vrais "pacifiques", par contre, étaient "pour" : ceux qui savent bien que le meilleur moyen d'avoir la paix est de disposer d'une armée puissante, qui dissuade l'agresseur et, donc, permet de "faire" la paix.

De "La Troisième République", Chapitre XI, Le frein avant la catastrophe, pages 279/280 :

"...Une chose était à faire sans retard, et l'état de l'opinion, la disposition des Chambres la rendaient possible. Publiques ou secrètes toutes les nouvelles montraient que l'Allemagne se préparait à la guerre. Il importait de mettre la France en mesure de résister à l'invasion et de tenir tête à la supériorité numérique de l'ennemi. En 1905, on avait dit que la loi militaire qui établissait le service militaire de deux ans ferait "la nation armée" par le nombre et la valeur des réserves. Très vite, le principe avait cédé, les périodes d'entraînement des réservistes avaient été réduites. Seul, d'ailleurs, le retour à la loi de trois ans permettait de couvrir la frontière. Aristide Briand, appelé au gouvernement, fut renversé sur la réforme électorale, à laquelle le Sénat restait réfractaire, avant d'avoir rétabli l'essentiel du système militaire de 1889. A sa place Louis Barthou fut chargé du ministère et se donna pour tâche le renforcement de l'armée. Non sans lutte, il obtint le vote du Parlement au mois de juillet 1913. Il était temps...."