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Maîtres et témoins...(II) : Jacques Bainville.

Années 2010, on en parle : Dans "Le Point"...

Années 2010, on en parle : Dans "Le Point"...

Jacques Bainville et notre identité. Par Laurent Theis, le 19 avril 2007.


Jacques Bainville ne vécut que cinquante-sept ans, et pourtant les trois guerres franco-allemandes traversèrent sa vie et fécondèrent sa pensée.
Né en 1879, il grandit dans le souvenir et la méditation de la défaite de Sedan, et de ce qui l'avait rendue possible : en 1908, il publie ainsi son deuxième livre, « Bismarck et la France ». Durant la Grande Guerre, c'est de la Russie tsariste en décomposition qu'il mesure l'ampleur du désastre en dépit de la victoire, elle-même gâchée par un traité de Versailles déplorable et dangereux : il s'ensuit, en 1920, l'ouvrage qui le rendra célèbre, « Les conséquences politiques de la paix ».
La montée des totalitarismes, qu'il avait pressentie, se vérifie dans les années 30, et il perçoit le péril mortel pour la France de l'avènement du nazisme ; c'est l'occasion pour lui de rééditer en 1933, en l'augmentant, un ouvrage précédent, « Histoire de deux peuples continuée jusqu'à Hitler », complétée, en 1935, par « Les dictateurs ».
Dans ces livres, et dans d'autres, il ne s'écarte jamais longtemps de sa préoccupation principale : que faire de la relation entre la France et l'Allemagne ?
Mort en février 1936, il échappa à l'ultime catastrophe.

En 1924, répondant à une commande, il publia son « Histoire de France », pour inscrire dans une perspective deux fois millénaire les crises qu'il analysait dans ses essais successifs.
Ce monarchiste éclairé, titulaire de la rubrique de politique étrangère dans L'Action française depuis sa création, en 1908, développe un récit national où les idées tiennent plus de place que le détail des faits, où la raison l'emporte sur les passions, où le sens de la continuité n'ignore pas les contingences.
S'échappant de la rigidité maurrassienne et servie par un style tout de limpidité, cette « Histoire de France » illustre aujourd'hui comme hier le parti pris de l'intelligence et montre ce que peut le grand journalisme quand il se met au travail.