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Maîtres et témoins...(II) : Jacques Bainville.

Etudes au Lycée Henri IV.....

Etudes au Lycée Henri IV.....

1. Georges Grappe livre de précieux renseignements sur le Bainville de cette époque dans sa contribution - "Adolescence" - au Recueil d'hommages de Plon (pages 73/74/75) :

"....Nous avions fait connaissance en entrant dans une classe de "cagne", où nous étions quelques candidats bacheliers qu'on avait admis à l'honneur de suivre l'enseignement donné aux "vétérans". L'amour de la littérature nous lia tout aussitôt....
Nous vivions en pleine griserie ces journées de printemps littéraire...
Ces quadrilatères du lycée Henri IV, aux pauvres arbres chlorotiques, où, dans l'ombre émouvante de la Tour Clovis et de Saint-Etienne-du-Mont, parmi les cris et les jeux, s'étaient embrasées nos âmes, comme ils nous étaient demeurés chers ! Que de fois nous avons ramené sur l'écran de notre mémoire l'antique Cosmos, autour duquel nous bataillions comme au temps d'Hernani ! Et ces visages de nos maîtres qui, à leurs leçons, savaient mêler des commentaires vivants....
Ce dernier jeudi encore, Bainville me parlait de l'un de ces professeurs qui nous enseignaient la réthorique, M. Paul Monceaux, dont il était devenu le collègue à l'Institut. Pour ramener entre nous cette noble figure d'helléniste, quels mots attendris il avait su trouver !..."

2. Dans le même ouvrage, Amédée Britsch évoque aussi "les années Henri IV" de Bainville, en ces termes :

"Ma camaraderie avec Jacques Bainville remontait à quarante ans. Je l'avais connu, dès octobre 1895, au lycée Henri IV, dans la réthorique de Paul Monceaux, où nous voisinions, tandis que le professeur, pour décider les mots à sortir de sa bouche, donnait du pied dans la chaire...."

3. Et, toujours dans le même ouvrage, de Lucien Corpechot :

"...Sur l'exemplaire de l'édition définitive de la Troisième République, qu'il m'envoya l'été dernier, Bainville a signé : "Son vieil ami de près de cinquante ans, si je compte le lycée Henri IV". Nous nous y étions connus en 1889, lui élève de septième, moi vieux philosophe. Mais il avait pour condisciples mes frères, beaucoup plus jeunes que moi, et j'entendais souvent parler du "petit Bainville", car il étonnait ses camarades autant que ses maîtres par la précocité de son intelligence et par sa facilité à apprendre. On me l'amena au parloir, sous les arceaux de la cour d'honneur, un jeudi d'hiver, et j'ai le souvenir d'un petit garçon frileux, tout rond, le visage emmailloté d'un cache-nez, au-dessus duquel brillaient des yeux profonds, pleins de rêves.....
L'année suivante, quand je fus sorti du collège et que j'allai voir mes frères, Jacques Bainville venait un instant causer avec nous dans l'allée qui servait de parloir, et reprenait sa promenade mélancolique avec un grand diable de camarade dont j'ai oublié le nom.....
Puis, mes frères quittèrent Henri IV. Je ne vis plus le nom de Bainville que sur le palmarès, où il était fréquemment répété, jusqu'au jour où je le retrouvai sur la couverture d'un livre consacré à Louis II de Bavière, et sur les sommaires de la petite revue grise de l'Action française.
Le livre, je le lus; et je crus à une confusion, car le Jacques Bainville d'Henri IV, quel âge pouvait-il avoir ? A peine vingt ans ! Et cet ouvrage sur Louis II attestait une telle maturité d'esprit, une telle maîtrise, qu'il était difficile de l'attribuer à un auteur aussi jeune...."