UA-147560259-1

Ok

En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l'utilisation de cookies. Ces derniers assurent le bon fonctionnement de nos services. En savoir plus.

Totalitarisme ou Résistance ? Vendée, "Guerres de Géants"...

Une Vendée dans les Flandres: Louis Fruchart (III)

Une Vendée dans les Flandres: Louis Fruchart (III)

(Article de J. Doisne Dhaine, paru dans "Plein-Nord", n°163) :



Le 30 janvier 1791 est né à Merville, dans une ferme au lieu-dit "Robermetz", Louis Célestin Joseph Fruchart surnommé par la suite "Louis XVII".
Les parents sont Pierre Joseph Fruchart natif de La Gorgue et Caroline Deschildre. L'abbé Desprez baptise le nouveau-né qui a pour parrain Jean-François Seingier et pour marraine Anne Joseph Fruchart.
La famille Fruchart a sept enfants, Louis vient au second rang. Rien ne laisse supposer à cette époque que ce bébé serait un jour célèbre.

L'année 1813 s'achève pour l'empire sous de néfastes présages, Napoléon repasse le Rhin avec le reste de son armée et décide de continuer la lutte. Il décrète une levée de trois cent mille hommes mais la France n'a plus de soldats. La révolte éclate au fond des campagnes.

A la tête des insurgés nous retrouvons Louis Fruchart. Ce dernier est un brave paysan, ses traits sont expressifs, il est d'une haute stature et d'une force athlétique intrépide, il ne craint pas le danger. Chrétien convaincu et ardent royaliste, au moment où l'empereur pour faire face à toutes les puissances unies de l'Europe réclame les célibataires valides. Louis trouve l'heure propice pour servir la patrie en la délivrant du joug qui l'accable et rendre le trône aux princes légitimes. Il consulte alors son père qui l'encourage dans son projet. :
"Mon fils, je t'approuve ; va et si tu succombes que ton dernier cri soit : Vive les Bourbons ! ".

Il part donc en guerre, tel Jean Chouan, vêtu de la blouse des paysans avec accrochée à son chapeau une cocarde blanche avec cette inscription : "Je combats pour Louis XVIII" (ce qui lui valut son surnom de Louis XVII).

Le tocsin sonne dans tous les villages soulevés, et tous les hommes en état de faire le coup de feu se réunissent au nord, à l'est et à l'ouest d'Estaires. Fruchart à la tête d'une troupe se porte à l'Est. Pendant ce temps, le chef du détachement venu de Lille, pensant que ses hommes allaient disperser d'emblée les adversaires eut la malencontreuse idée de partager ses soldats en deux corps qui se dirigèrent l'un sur Merville, l'autre sur Estaires. Débordées par des forces supérieures les troupes impériales cherchent un refuge dans l'hôtel de ville de Merville. Fruchart disperse ses hommes dans les maisons avoisinantes. De part et d'autre la fusillade se poursuit jusqu'au crépuscule.
Les réfractaires comptent sept hommes tués et vingt blessés. Les assiégés subissent de nombreuses pertes et profitent de la nuit pour battre en retraite. Par la suite plusieurs batailles furent livrées et le succès final resta toujours aux rebelles.

A la tête apparaissait sans cesse Fruchart, son nom et son personnage inspirait la peur. On raconte qu'un jour vêtu en paysan mais armé sous sa blouse, il est interpellé par deux gendarmes chargés de l'arrêter. Ces gendarmes qui ne le connaissaient pas, après avoir échanger quelques mots, lui demandèrent s'il ne pouvait leur indiquer la retraite de "Louis XVII". "Je puis vous le montrer répondit-il, suivez-moi". Il les attire près d'une embuscade de ses partisans et leur dit : "Ce "Louis XVII" auprès de qui je devais vous conduire, le voici, en garde ! ".
Il tire son pistolet de dessous sa blouse et met les deux gendarmes hors de combat avant de regagner paisiblement ses compagnons.

Cependant les alliés russes, polonais, saxons partis de Courtrai, pénètrent en Flandre du côté de Bailleul. Le 16 février 1814 le baron de Geismar, colonel aux gardes de l'empereur de Russie et commandant un corps de cavalerie légère de six à sept cents hommes vint prêter main forte aux conscrits insurgés. Il adresse aux habitants de l'Alleu cette proclamation:
"On fait savoir que tout conscrit et tous autres, qui voudront se battre pour la cause des Bourbons seront commandés par Louis Fruchart portant le sobriquet de "Louis XVII", qui marche avec un corps de troupes alliées. Ils seront bien nourris, habillés et payés".

Fruchart profita de ce nouveau concours pour faire triompher dans la vallée de la Lys et dans toute la région d'alentour la cause de la monarchie, mais également adoucir les rigueurs de l'invasion. Après la première restauration et au retour de Napoléon de l'île d'Elbe, les volontaires de l'Alleu coururent de nouveau aux armes et rejoignirent à Gand le monarque fugitif. Ils composèrent deux régiments sous les ordres de Bourmont et du prince de Croi Solre. Louis XVIII rétabli sur le trône n'oublia pas Louis Fruchart. Pour le récompenser il le nomma capitaine de ses gardes.

Plus tard Fruchart exploite une petite ferme aux environs de Merville. Au décès de sa mère, Louis quitte cette ville et s'installe chez sa soeur Catherine Haute-Rue à Lestrem. Il est tour à tour journalier, puis ouvrier de brasserie à la Brasserie du Pont-Riqueult où il conduit les voitures attelées d'un cheval et d'un mulet.
Le 8 janvier 1851, midi sonnant, Louis Fruchart mourut auprès de sa soeur Catherine épouse Leroy dans leur maison Rue Haute à Lestrem.