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Feuilleton : Son "érudition intelligente" fait "des lecteurs reconnaissants" : Jacques Bainville... (42)

 

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 (retrouvez l'intégralité des textes et documents de ce sujet, sous sa forme de Feuilleton ou bien sous sa forme d'Album)

Illustration : portrait de Jacques Bainville par Marie-Lucas Robiquet; couverture du "Jacques Bainville, La Monarchie des Lettres, Histoire, Politique et Littérature", Édition établie et présentée par Christophe Dickès, Bouquins, Robert Laffont (1.149 pages).

Aujourd'hui : "Intelligence avec l'ennemi" : le "recès" de 1803. suivi de la "médiatisation" de 1806...

 

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"Intelligence avec l'ennemi" : le "recès" de 1803

"Intelligence avec l'ennemi" : le "recès" de 1803

Illustration : couverture du "recès" du 25 février 1803

 

Révolution, Républiques, Empires - pour ce qui est des "affaires allemandes" - ont toujours agi contre l'intérêt national, par germanophilie, et méritent le reproche d' "intelligence avec l'ennemi" :

 

1. Le "Recès" de 1803...


Le "Recès" de la Diète d’Empire est une résolution (ou "recès") de la dernière séance de la Diète d’Empire tenue le à Ratisbonne.
Il avait été décidé, suite à l’accord entre la France et l’Autriche de 1802 et en conséquence du traité de Lunéville, de dédommager les princes allemands des terres qu’ils avaient perdues lors de l’annexion de la rive gauche du Rhin par la France.
Mais, d’une part, certains princes, qui ne possédaient rien sur la rive gauche du Rhin, obtinrent des avantages territoriaux.
D’autre part, le "recès" bouleversait le Saint-Empire dans la mesure où les principautés ecclésiastiques disparaissaient, ainsi que 45 villes libres sur 51.

Michel Mourre monte bien comment ce "recès" fut l’ouverture de la boîte de Pandore et comment il inaugura une dynamique en rupture avec la politique traditionnelle française de division des Allemagnes; le "recès" lançait, en fait, le processus d’unification allemande, et devait très vite se révéler désastreux pour nous, comme on le vit en 1814/1815, et, surtout, en 1870, 1914 et 1939 …

Du "Dictionnaire Encyclopédique d’histoire", Tome I, page 166 :

"…À la suite des Traités de Campoformio (1797) et de Lunéville (1801), la France annexa toute la rive gauche du Rhin…
En vertu des Traités, les Princes qui avaient été dépossédés sur la rive gauche du Rhin devaient être dédommagés : après de longues négociations, le recès impérial de février 1803 remania complètement la carte de l’Allemagne.
Presque toutes les principautés ecclésiastiques ainsi que la plupart des villes libres et des petites seigneuries disparurent pour agrandir la Prusse, la Bavière, le Wurtemberg, Bade, la Hesse-Darmstadt et le Nassau.
Par cette simplification révolutionnaire, qui faisait passer "les Allemagnes" de quelques 300 Etats en 1789 à moins de quarante, Napoléon Bonaparte prenait le contre-pied de la politique de la monarchie, laquelle s’était employée à maintenir en Allemagne le chaos créé par les Traités de Westphalie…"

Pour ne prendre que quatre exemple, au lieu de "la croix des géographes" et de l’Allemagne divisée en plus de 300 entités, quatre régions grandissaient considérablement :
1. La Prusse passait de 2.000 km2 à 12.000, et de 140.000 habitants à 600.000.
2. La Bavière passait de 10.000 km2 à 14.000, et de 600.000 habitants à 850.000.
3. Le Bade passait de 450 km2 à 2.000, et de 30.000 habitants à 240.000.
4. Le Wurtemberg passait de 400 km2 à 1.500, et de 30.000 à 120.000 habitants.

Cette rupture avec la politique traditionnelle de la monarchie était une folie.
Elle fut mise en route par la Révolution et par son "sabre", Napoléon…

 

...la "médiatisation" de 1806...

...la "médiatisation" de 1806...

Illustration : le 12 juillet 1806, Napoléon annonce la signature du traité créant la Confédération du Rhin.
Napoléon pensait naïvement que tous les nouveaux "petits princes" resteraient fidèles à l’Empire.
Mais, au moment des revers, tous déserteront, à l’exception notable du roi de Saxe, qui paiera sa fidélité en étant fait prisonnier par les Coalisés...

NDLR : sur le mot lui-même de "Médiatisation", voici la définition qu'en donne Michel Mourre dans son Dictionnaire Encyclopédique d'Histoire, page 2905 (Tome K-M) :
"MEDIATISATION : Nom donné, dans l'Empire germanique, à l'incorporation d'un ancien Etat souverain, relevant directement de l'empereur, dans un Etat vassal.
Par le recez du 25 février 1803 et par la création de la Confédération du Rhin (12 juillet 1806), Napoléon pratiqua largement la médiatisation, supprimant 45 des 51 villes libres de l'Allemagne et plus de 70 principautés et comtés. Il simplifia ainsi la carte politique de l'Allemagne, donna des compensations aux princes dépouillés par la France de leurs territoires de la rive gauche du Rhin (notamment à la Bavière) et prépara l'unité allemande."
Agir ainsi, c'était, tout simplement, agir directement contre les intérêts de la France; c'était commettre un crime contre elle : les conséquences s'appelleront 1814, 1815, 1870, 1914, 1939...

 

2. ...suivi de la "médiatisation" de 1806...

 

Révolution, Républiques, Empires - pour ce qui est des "affaires allemandes" - ont toujours agi contre l'intérêt national, par germanophilie, et méritent le reproche d' "intelligence avec l'ennemi" : 2. La "médiatisation" de 1806...

(Ndlr : si le mot "recès", on l'a vu, signifie, "décision, résolution...", le mot "médiatisation", en ce qui concerne l'Allemagne signifie "faire qu'un prince, une ville ou un fief de l'ancienne Confédération Germanique ne dépende plus directement de l'empereur..."; en clair, Napoléon, en créant la "Confédération du Rhin", signe la mort du Saint Empire Romain Germanique, vieux de près de mille ans, et - tel l'apprenti sorcier, déchaînant des forces qu'il n'arrive plus à maîtriser - lance le processus, qui lui échappera vite, de l'unification allemande...).

Le "recès" de 1803, c'était donc la folie de l'Empire germanique reconstitué, alors qu'il avait été patiemment détruit par les Rois...

De Jacques Bainville, "Bismarck et la France", dans "Jacques Bainville, La Monarchie des Lettres...", page 28 :

"...Suivant la remarque d'Auguste Himly, l'éminent géographe-historien, c'est toujours à la Révolution française qu'il faut remonter pour comprendre l'Allemagne contemporaine.
Si les Hohenlohe n'avaient été médiatisés en 1806, avec tant d'autres princes, par la volonté de Napoléon, imprudent niveleur du chaos germanique (1), quelle eût été leur histoire au XIXème siècle ?
Souverains de cent mille sujets, ils se fussent occupés de défendre leur indépendance et leurs privilèges, cherchant secours tantôt en Autriche contre la Prusse, tantôt en Prusse contre l'Autriche, tantôt ligués avec la Bavière, tantôt visant à s'arrondir à ses dépens, au besoin subventionnés par la France vers laquelle des princes catholiques, cultivés et chez qui le goût des choses françaises était naturel, se sentaient attirés (2)..."

(1) : En même temps que les Hohenlohe, l'acte constitutif de la Confédération du Rhin du 12 juillet 1806 priva de leur indépendance et de leurs droits de souveraineté, avec les trois villes libres d'Augsbourg, de Nuremberg et de Francfort, les illustres familles de Tour et Taxis, de Furstenberg de Schwarzenberg, d'Auerspeg, de Solms, de Ligne etc...
Cet acte de 1806 aggravait encore le recès de 1803 et le Traité de Presbourg qui, par toutes sortes d'échanges de territoires et d' "apurements de frontières", aidaient l'Allemagne à sortir de son chaos, groupaient sa poussière d'Etats, avançaient d'une étape l'unité future et détruisaient l'oeuvre des Traités de Westphalie, sécurité de la France (sur le recès de 1803 et l'acte de 1806, voir Himly, "Histoire de la formation territoriale des Etats de l'Europe centrale", Tome I, pages 326 et suivantes).

(2) : Il y a même eu un Hohenlohe au service de la France et qui devint complètement français, Louis-Aloys de Hohenlohe-Waldenbourg-Bartenstein, qui après avoir commandé un régiment de l'armée de Condé et occupé divers postes en Hollande et en Autriche, servit la France à partir de 1814. Naturalisé sous la Restauration, il mourut en 1829, maréchal et pair.

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