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Feuilleton : Son "érudition intelligente" fait "des lecteurs reconnaissants" : Jacques Bainville... (27)

 

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 (retrouvez l'intégralité des textes et documents de ce sujet, sous sa forme de Feuilleton ou bien sous sa forme d'Album)

Illustration : portrait de Jacques Bainville par Marie-Lucas Robiquet; couverture du "Jacques Bainville, La Monarchie des Lettres, Histoire, Politique et Littérature", Édition établie et présentée par Christophe Dickès, Bouquins, Robert Laffont (1.149 pages).

Aujourd'hui : "Nous l'appelions Pococurante..."; "A la grande mémoire de Jacques Bainville"; La dédicace de "Sodome et Gomorrhe", de Proust...

 

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"Nous l'appelions Pococurante..."

"Nous l'appelions Pococurante..."

Les dictionnaires donnent, pour le sens du mot "Pococurante" : "Celui qui ne se soucie de rien, qui n'estime rien. Mot créé par Voltaire, qui en a fait un nom propre" :
"On parle, dit Candide, du seigneur Pococurante qui demeure dans ce beau palais sur la Brenta, et qui reçoit assez bien les étrangers ; on prétend que c'est un homme qui n'a jamais eu de chagrin". (Voltaire, Candide, ou L'optimisme)



Le souvenir de Jacques Bainville, Plon, 1936 - Énigme de Jacques Bainville, par Charles Maurras :

"...Grand citoyen et bon serviteur de l'État, c'était aussi un maître du style et de la langue. C'était un maître de l'histoire. Mais il lui plaisait d'inventer des fables légères, lourdes d'un grand sens. Attentif et puissant investigateur des temps présents comme des temps morts, et des idées de tous les temps, il arrivait qu'on le rencontrât dans la forme du juge difficile, pesant dans sa juste balance les affaires, les hommes, leurs vertus, leurs esprits, en garde contre eux et contre lui-même : nous l'appelions Pococurante, dans sa grave jeunesse, pour la mesure haute et rare de ses goûts délicats, de ses choix dédaigneux.
Mais il ne tombait point dans l'excès de prudence : l'enthousiasme était tempéré de critique, la critique illuminée par l'enthousiasme, et de quel ton uni, posant toujours sur quelque substance solide bien que subtile comme l'air !
Son art des modérations naturelles ou volontaires pouvait tromper : pendant un temps, quelques uns auront pris pour un simple miroir de lumières extérieures cette sublime source du vaste feu secret. Les curiosités de la connaissance l'emportaient, mais ne l'éloignaient pas des mystères du sentiment : il était passionné du désir de voir clair, aussi, dans les âmes..."

 

"A la grande mémoire de Jacques Bainville".....

"A la grande mémoire de Jacques Bainville"...

 

Jean de La Varende a dédié ainsi le chapitre VIII de son magnifique "Les manants du Roi" (L'enterrement civil - 1927) :

"À la grande mémoire de Jacques Bainville.
Cette cérémonie fut; et bien d'autres semblables Qu'ici en demeure la forte émotion, et la faible trace. L.V."


Le roman a été publié en 1938, soit deux ans après la mort de Bainville; il relate, dans ce chapitre VIII qui lui est dédié, l'enterrement civil d'une vieille personne "qui avait tenu à rester fidèle"... à l'Action française, à qui l'Église catholique refusait les sacrements, depuis le 8 mars 1927 (après avoir mis à l'index le journal et quelques livres de Charles Maurras, le 29 décembre 1926).
Comment ne pas voir que la "forte émotion" dont parle La Varende s'applique aussi à Bainville, qui ne put avoir ses obsèques religieuses dans sa paroisse de Sainte Clotilde, et dont la dépouille, avant son départ pour le cimetière de Marigny, dans la manche, resta dans la cour de l'immeuble de la rue de Bellechasse, où il mourut.
Pourtant, il était de notoriété publique que Bainville souhaitait des obsèques religieuses, comme l'affirme Henry Bordeaux :

"...Je me souvenais avec précision qu'aux funérailles de Paul Bourget, Jacques Bainville m'avait dit :
"Je souhaite que les miennes soient ainsi, mais avec moins de musique." Comment n'aurais-je pas vu là un voeu d'obsèques religieuses ?..."

Extraits du chapitre VIII, L'enterrement civil :

"Galart relisait cette lettre du comte de Brillot : "On refuse les obsèques religieuses à Mme de Coeurville : nos amis tiennent à faire tout ce qui est possible; nous nous réunissons à Parcilly, mercredi, vers 10 heures : voulez-vous être des nôtres ?"
Mme de Coeurville ?... Il connaissait; mais qui donc était-ce ? Parcilly ? Oui, derrière Evreux... Il vit se dégager confusément, d'une pénombre chargée de meubles, une vieille figure un peu bouffie; très poudrée; de jolis yeux clairs... Et cette pauvre vieille avait tenu à rester fidèle ?... Bien sûr, qu'il allait s'y rendre ! lui apporter un hommage dernier...
...Le grave baron d'Heneval... expliquait posément, sincèrement, la mentalité de l'évêque : "Sa Grandeur avait jadis soutenu le mouvement condamné, ébloui par le courage, le dévouement, la décision des ligueurs. C'étaient eux qui l'avaient fait sortir, avec la procession, à Conches, malgré les menaces de la municipalité rouge. La condamnation touchait particulièrement le prélat. Il souffrait, et craignant de ne pas assez obéir, il dépassait peut-être la tendance imposée"...
...Les ligueurs n'étaient point tristes; ils semblaient animés d'un peu de griserie même... Galart, qui vivait presque reclus, loin des bavardages, écoutait, regardait avec étonnement. Il s'attendait à une violence, une douleur, soeurs des siennes; et vainement il cherchait de la rancune. Tous ces gens se trouvaient chassés d'une religion dont les commandements et les prières avaient formé leurs âmes; d'une religion qu'ils soutenaient depuis toujours; pour laquelle leurs pères avaient risqué leur vie. Fils de Chouans et de zouaves pontificaux, ils ne paraissaient pas affectés d'une disgrâce si ostracisante, et si complète. Galart, cherchant à comparer leur sérénité, en vint aux premiers chrétiens sous la persécution : une joie de souffrir dans la certitude d'une récompense éternelle; dans une effusion qui les rapprochait tous..."

 

 

La dédicace de "Sodome et Gomorrhe", de Proust

La dédicace de "Sodome et Gomorrhe", de Proust

Marcel Proust, par Jacques-Émile Blanche, Musée d'Orsay.

 

En 1922, Marcel Proust, découvert et "lancé" par Léon Daudet, dédicace ainsi son "Sodome et Gomorrhe à Jacques Bainville :

"A monsieur Jacques Bainville, à la Raison anticipatrice dont les évènements suivent après coup l'ordre infaillible, effroyable et gracieux"...

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