Feuilleton : Son "érudition intelligente" fait "des lecteurs reconnaissants" : Jacques Bainville... (26)
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Illustration : portrait de Jacques Bainville par Marie-Lucas Robiquet; couverture du "Jacques Bainville, La Monarchie des Lettres, Histoire, Politique et Littérature", Édition établie et présentée par Christophe Dickès, Bouquins, Robert Laffont (1.149 pages).
Aujourd'hui : Depuis Voltaire, rien d'aussi voltairien...
Depuis Voltaire, rien d'aussi voltairien...
D'André Bellessort, de l'Académie française :
"...Depuis Voltaire nous n'avions rien eu dans la forme d'aussi voltairien (1).
Mais peu d'esprits ont été plus étrangers à tout parti pris et avaient plus impartialement étudié l'histoire.
Bainville en quelques mots, toujours adaptés à son public, exposait un problème, une situation, en dégageait les difficultés ou le danger, et ne craignait pas de formuler des prévisions que les évènement se chargeaient toujours de réaliser. Le lendemain du traité de Versailles il lui a suffi de deux lignes pour en montrer le vice. Une seule question de lui; et l'impuissance, l'infirmité de la Société des Nations sautait aux yeux.
Je l'ai lu durant trente ans; grâce à lui je n'ai jamais été surpris des conséquences d'aucun acte de notre politique extérieure..."
(1) : Élie-Joseph Bois, Rédacteur en chef du "Petit Parisien" parlait pour sa part de "la finesse voltairienne du conteur"...
"Il aimait dîner en ville..."
De René Benjamin :
"...Mais je l'ai rencontré souvent à dîner chez des amis, et c'est Bainville à table que j'ai connu. C'était un Bainville aimable et détendu...
Il aimait dîner en ville. On en avait l'impression dès qu'il s'asseyait à table. Son visage, aux traits nobles, s'éclairait d'un sourire, exprimant cet espoir secret, quand le repas commence, que les hôtes seront charmants et les mets délicats...
C'était le soir qu'il écrivait ses livres : du moins me l'a-t-il négligemment appris.
À l'inverse des articles qu'il faisait dans la journée, à des heures précises, ne perdant pas de vue sa montre près de son encrier : c'est lui qui en passant me l'a dit...
Je l'ai entendu dire, sans appuyer, que la campagne l'ennuyait, avec le lent travail de son printemps et de son été, avec ses fécondes élaborations.
Aimait-il la ville ? C'est probable. Il aimait l'esprit et les rencontres humaines.
D'une curiosité paisible et inlassable, il est vraisemblable qu'il appréciait les apparences de la vie, car il s'intéressait à tout : mais de quoi n'était-il pas revenu ? Il essayait posément d'éclairer ce qui est mystérieux : il était lui-même un mystère..."