Feuilleton : Son "érudition intelligente" fait "des lecteurs reconnaissants" : Jacques Bainville... (6)
(retrouvez l'intégralité des textes et documents de ce sujet, sous sa forme de Feuilleton ou bien sous sa forme d'Album)
Illustration : portrait de Jacques Bainville par Marie-Lucas Robiquet; couverture du "Jacques Bainville, La Monarchie des Lettres, Histoire, Politique et Littérature", Édition établie et présentée par Christophe Dickès, Bouquins, Robert Laffont (1.149 pages).
Aujourd'hui : La photo de Bainville, Académicien, et celle dédicacée à Léon Daudet... La remise de l'épee... La réception
Bainville Académicien : la photo de Pierre Ligey..
...et la même dédicacée à Léon Daudet :
"À Léon Daudet, en souvenir de trente ans d'amitié, de l'Immortel et de la petite rampe de la rue de Bellechasse"
Remise de l'épée d'Académicien...
En novembre 1935, Bainville reçoit son épée d’académicien des mains de François Léger, alors secrétaire général des étudiants d’AF, en présence du maire de Vincennes, M. Bonvoisin.
Elle a été fabriquée, comme celle de Maurras, par Mellerio dits Meller, le plus ancien joaillier du monde.
C'est Maxime Réal del Sarte qui l'a conçue, comme celle de Maurras.
Réal del Sarte était le descendant d'Andrea del Sarto, qui fit partie de la cohorte d’artistes italiens appelés par François premier pour illustrer les Arts, sous toutes leurs formes, dans le Royaume.
Il était sculpteur, fidèle en cela à la vocation artistique de sa lignée : c'est lui qui fonda les Camelots du Roi, dont il devint le chef.
Il a réalisé la garde des épées d’académicien de Maurras et de Bainville :
Un des thèmes favoris de l'auteur est la Minerve ailée comme une victoire : Minerve est appuyée sur une lance symbolique dont le fer est formé d'une fleur de lys en brillants.
La sérénité l'habite, malgré les assauts de deux chimères symbolisant les ennemis de la vérité, de l'ordre, de la sagesse.
Sur la coquille, posées sur deux plumes enlacées, se détachent les initiales de l'auteur.
Sur la lame, figure l'inscription "offert par les étudiants français le 7 novembre 1935".
Réception sous la Coupole, et éloge de Poincaré
C'est le 7 novembre 1935 que Bainville est reçu parmi ses pairs : il n'a plus que trois mois et deux jours à vivre....
Conformément à l'usage, il prononce l'éloge de son prédécesseur, Raymond Poincaré, cet ancien président de la République qui avait publiquement rendu hommage à l'Action française pour son attitude "d'Union sacrée" durant la Guerre de 14.
Et, bien que se sachant condamné à très court terme par le cancer qui ne lui laissait aucun espoir, c'est sur un splendide et - en l'occurrence - très émouvant acte de foi, en même temps qu'hymne à la vie, que se termine ce Discours.
En voici les deux derniers paragraphes :
"...Messieurs, j'évoque ceux des vôtres qui ont formé comme la garde du sentiment national et de l'idée de patrie. Que de manquants ! Autour de Raymond Poincaré se rangeaient Joffre, Foch, Lyautey. Autour de lui se rangeaient encore Albert de Mun, Barrès, Clémenceau, Jules Cambon. Patriae labentis prasidium et decus ("Protection et gloire de la patrie qui s'effondre", ndlr). Il semble que Rome, qui a tout dit, l'ait dit pour eux.
Nous n'aurons ni l'amertume du poète grec ni le pessimisme, même salubre, de la devise latine. Ce qui a été conservé et sauvé ne l'a pas été en vain. Il est des oeuvres et des pensées qui se prolongent au-delà de la tombe. Il est toujours des mains pour recueillir et transmettre le flambeau. Et pour les renaissances, il est encore de la foi."