Au Cinéma : Caravage, par Guilhem de Tarlé
Arts & Ciné : Caravage, un film italien de Michele Placido, avec Isabelle Huppert ( la Marquise Costanza Colonna), Louis Garrel (l’Ombre) et Riccardo Scarmarcio (Le Caravage).
N’ayant bénéficié d’aucune éducation à l’art, j’assiste à ce genre de films comme à un vernissage de mon inculture.
J’ai lu de Michel-Ange Merisi (ou Amerighi), dit Le Caravage, qu’il a « mis au point » la technique du Clair-obscur, et l’on conviendra que Michele Placido ne le trahit pas sur ce point avec un film lui-même clair-obscur, et d’ailleurs beaucoup plus obscur que clair… Mais cette obscurité est bien le sujet du film, dont l’anti-héros s’appelle L’Ombre, qui personnifie l’obscurantisme d’une Église du début du XVIIème… Je n’ai ni la science ni la compétence pour en discuter, mais je ne qualifierais ni d’anodin ni de fortuit cette charge contre l’Église alors que sévit l’obscurantisme islamiste. En outre le film conclut sur la mort de Caravage, assassiné dans le dos par l’Inquisiteur, alors que cet assassinat ne semble mentionné nulle part et qu’un « Dictionnaire des Peintres » d’Adolphe Siret (1866), que je possède néanmoins dans ma bibliothèque, précise qu’il est mort pendant son retour à Rome « d’une fièvre violente ». Désinformation, quand tu nous tiens !
Caravage… un film curieux sur un peintre, qui ne fait réellement voir aucune de ses œuvres et se complaît soit dans les coucheries et la luxure soit dans les combats et la violence physique. Ce, encore une fois, trop long-métrage (2H), aurait pu, au moins, être plus didactique sur les nombreuses querelles que l’artiste a entretenues.
J’en retiens surtout pour ma part l’opposition entre un homme - là où il y a de l’homme, il y a de l’hommerie - pêcheur invétéré, et un artiste, suffisamment croyant pour réaliser des peintures religieuses avec des modèles de la rue, les pauvres et les prostituées qu’il a apparemment croisés quelque vingt ans plus tôt avec St Philippe Néri, ceux-là même que Jésus est venu « appeler ». Peut-être que, comme les Pharisiens, les élites religieuses de l’époque, encore traumatisées par la Réforme du siècle précédent, n’ont-elles pas su les reconnaître ?