Bac : l’armée mexicaine, par Rémy Mahoudeaux.
Au San Theodoros, l’armée comptait, lors de la première prise de pouvoir du général Alcazar, pas moins de 3.487 colonels pour 49 caporaux. Quel exemple pour les idéologues de gauche : un microcosme où tous ou presque sont chefs !
Peut-être que cette armée de galonnés n’était pas la plus efficace du monde pour gagner des guerres, et serait-il bien prudent de s’en moquer ?
En 1985, le ministre de l’Éducation Jean-Pierre Chevènement affichait l’ambition « d’amener 80 % d’une classe d’âge au niveau du baccalauréat ». Nous y serions parvenus en 2012, soit 27 ans après. Lycées et établissement d’études supérieures se sont créés, se sont agrandis pour faire face à l’afflux de jeunes. Sauf que pour y parvenir, le bac a surtout été dévalorisé, vidé de sa substance. C’est comme si, pour lutter efficacement contre le réchauffement climatique, vous décidiez chaque année de modifier la graduation de votre thermomètre. Si, dans dix ans, l’eau bout lorsque l’instrument de mesure indique 110 °C au lieu de 100 °C actuellement, les objectifs des grandes messes décarbonées sont atteignables à peu de frais.
Le niveau est en chute libre, mais c’est compréhensible. Si le dernier admis au CAPES de mathématiques a une note de 5/20, si la moyenne des admis est de 8/20, comment espérer des miracles ? Comment déplorer la régression de la France au classement PISA ? L’abandon des exigences élémentaires (par exemple lire écrire compter) puis des filières dites élitistes démontre, s’il en était besoin, le poids de l’idéologie égalitariste teintée de stalinisme de cette maison. Tous égaux dans le crétinisme et l’ignorance !
Nous manquons d’artisans et nous n’en formons pas assez. L’attractivité du métier de plombier est faible quand, avec la promesse du bac, vous a été vendu un accès aux formations supérieures qui se révèlent souvent des voies de garage. La double peine, c’est de payer le maçon polonais ici au titre de la directive services, puis de payer pour les chômeurs ou les occupants de « jobs à la con » dont la formation ou l’emploi n’est pas adéquate avec les besoins de l’économie.
Le complotiste lecteur de George Orwell décèlera dans cette régression une volonté délibérée de soumettre un peuple, promis à devenir incapable de se rebeller parce qu’il ne disposera plus de la maîtrise du langage qui le lui permettrait. Celui qui fréquente Aldous Huxley notera que la démagogie perverse de l’époque voudrait faire croire que tous, demain, seront des Alphas quand ils ne seront que des cohortes d’Epsilons. Qui, pour taper du poing sur la table, dénoncer cette idéologie suicidaire, dissoudre les syndicats d’enseignants, licencier les straß, puis restaurer une méritocratie authentique comme boussole ainsi que l’attractivité du métier d’enseignant ?