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«Macron dans l’impasse médiatique», par Vincent Trémolet de Villers.

Source : https://www.lefigaro.fr/

Est-ce le contraste entre la solennité du défilé militaire et la froideur prosaïque du décor ? La volonté, des intervieweurs de ramener la conversation aux facilités dialectiques ? (Philippe ou Castex ? Content, pas content ? ISF, pas ISF ? Candidat, pas candidat ?) Le sentiment de connivence qui se dégageait parfois du débat ?

2.jpgCette intervention qui devait restaurer, à l’ombre du drapeau tricolore, la dignité de la liturgie républicaine n’a malheureusement pas enrayé la banalisation de la parole publique. Emmanuel Macron, dans l’acte de contrition qu’il a prononcé avec intensité, a peut-être donné la clef : le souci d’apaiser un corps social qui, depuis trois ans, souffre d’inquiétantes convulsions.

Le masque pour tous avant l’août, foi d’animal; un impôt qui subsiste pour les moyens riches; une réforme des retraites « mal emmanchée » qui prendra tout son temps; le retour des emplois aidés…

Rien pour provoquer la révolte, rien, non plus, pour déclencher l’enthousiasme. Si la vitamine sarkozyste caractérise, dit-on, le gouvernement Castex, la prestation présidentielle empruntait plutôt au narcotique chiraquien.

Mais le plus frappant, le plus désolant aussi, ce sont les mots qui n’ont pas été prononcés. Quelques heures plus tôt, des gendarmes avaient défilé place de la Concorde, des soldats et des soignants avaient déplié un drapeau français. Trois couleurs qui disent la noblesse du service de l’État. Il y a quelques jours, Mélanie Lemée, gendarme de 25 ans, est morte pour avoir voulu, simplement, faire respecter la loi.

Philippe Monguillot, chauffeur de bus, a perdu la vie pour avoir exercé l’autorité la plus infime : celle qui consiste à demander un ticket, le port d’un masque. Ni les journalistes ni le président n’ont songé à évoquer, hier, ces drames, symboles alarmants d’une violence qui partout s’installe, précipités tragiques de nos renoncements. Dans la surréalité médiatique, pas une minute pour cette réalité criante. La seule évocation de l’ordre public a concerné le délit de faciès. Comment s’étonner alors que la défiance redouble, que l’abstention galope ?

Commentaires

  • Hier, 14 juillet, j'ai apprécié la parade militaire sobre avec juste ce qu'il fallait de solennité à travers les visages solides et concentrés des soldats et officiers défilant. C'était court mais parfait sans accent martial superflu. Par contre la séquence avec les héros sanitaires à la fin m'a paru non pas ridicule -ce serait injuste envers les médecins, infirmiers(es) et autres soignants présents- mais bizarre et dérangeante. Ces soignants semblaient faire de la figuration d'une façon peu valorisante, vêtus de leur blouse blanche de travail à peine repassée alors qu'ils auraient dû porter eux aussi un bel uniforme au moins aussi solennel que ceux portés par nos impressionnants soldats et tous les officiels présents. Comme s'il s'était agi de leur rendre les honneurs (bien mérités) mais en leur faisant comprendre de rester à leur humble place de soignants dévoués.
    Les regards et sourires appuyés du président à leur endroit qui les a contraint à sourire sagement en retour m'ont mis mal à l'aise, comme devant une scène de spectacle trop minutieusement préparée et millimétrée.

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